chapitre 76

Flares par The Script

Axelle. 

Assis l'un en face de l'autre, nous dégustons la pizza qui, je l'avoue, est excellente. 
On sent que la pâte a été travaillée avec attention. En quelques bouchées, je sens la touche personnelle d'Antonio, mon italien.

Je porte à ma bouche mon dernier morceau. M'essuie les commissures des lèvres. Et pose ma serviette à côté de mon assiette.
Antonio n'a toujours pas fini la sienne. 
Il prend son temps, comme il aime le prendre avec les choses qu'il apprécie.

Discrètement, je l'examine. Il regarde dans le vague. Paraît chercher ses mots. Il me donne l'impression d'être devenu ce petit garçon de cette photo, voulant avouer une bêtise. Mais qui ne sait pas comment faire. Il reste silencieux.

De temps en temps, il a ce petit tic nerveux qui surgit sur le coin de ses lèvres, démontrant son anxiété.
Mais cette fois-ci, c'est pour quoi ?
Est-ce le fait de ne pas lui avoir encore donné ma réponse ?
Où est-ce autre chose qu'il cherche à me dire ?

Je porte mon verre d'eau à mes lèvres, tandis qu'Antonio, de son côté, termine le dernier morceau de sa pizza.
Puis s'essuie la bouche pour déposer ensuite la serviette sur la table.
Il s'installe confortablement sur sa chaise, dos posé sur le dossier. 
Son regard croise enfin le mien.
Je le soutiens, attendant cette révélation, ou cette explication sur ma non-réponse.

- Je veux que tu te laisses emporter. Je veux que tu plonges dans un océan de bonheur. Je veux que la passion t'emporte. Je veux que tu deviennes accro à notre amour, à celui que je vais te donner.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas trop où il veut en venir. 
Puis perplexe, je regarde, posée sur la table, la bouteille de bière, vide. Le houblon lui serait-il monté au cerveau d'un seul coup ?

- Je ne comprends pas trop ce que tu essaies de m'expliquer, Antonio.
-Tous les hommes ne sont pas pareils, Axelle.

Je m'installe à mon tour dos à ma chaise, alors que Minuit vient s'installer sur mes genoux. 

-Explique-toi !?

Je caresse mon chat qui se met à ronronner.

- Ce que j'essaie de te dire, c'est qu'il y a quelque temps tu m'as dit oui. Et qu’aujourd'hui tu me demandes du temps pour réfléchir.
- Antonio ! J'ai peut-être envie de savoir si je peux te faire confiance.
- Je ne viens pas de te le prouver, là !? s'écrie-t-il.

Je sursaute. Je n'aime pas quand il hausse le ton.
Je tourne sept fois ma langue dans ma bouche, pour contenir au fond de ma gorge, des mots, qui pourraient sans doute balayer toute cette histoire d'amour. Mais je riposte amèrement :

- Je ne suis pas une de tes actrices de cinéma, que tu allonges sur un lit et à qui tu fais tes courbettes devant une caméra pour avoir une réplique comme dans l'un de tes scénarios bidons et merdiques.

D'un geste énervé, je me redresse, ce qui fait fuir Minuit qui battant lentement la queue de droite à gauche de mécontentement, va s'installer sur le canapé.
Puis sans un regard pour Antonio, je débarrasse la table.

-Ex actrices, répond-il plus calmement.

Je lève la tête, vers lui, affichant un regard furieux.
Et tout en continuant à débarrasser la table, je réponds :

- Si tu es venu ici, simplement pour me baiser et attendre une réponse positive de ma part…

Antonio pose sur moi un regard tranchant.
Agrippant ma main qui se pose devant lui pour attraper mon assiette, il rétorque :
- Je pense qu'au niveau baise, tu n'as pas dit non !?
Je me libère d’un geste sec.
-Comment veux-tu que je te montre que…
Il se redresse, alors que de mon côté je suis déjà partie en cuisine.
- Axelle, nous n'avons pas fini notre discussion.

Je fais volte-face.

- Tu appelles cela une discussion, Antonio ?
- Merda ! Je me suis excusé. Que veux-tu d'autre ?
- Que tu sois patient. Juste ça. C'est tout.
- Ne me fais pas ça mi amor, ne te renferme pas...

Antonio cherche le mot approprié.

- Coquille ? dis-je à sa place.

Il acquiesce.

- Est-ce que je t'ai donné l'impression de m'être renfermée dans ma coquille quand on a fait l'amour tout à l'heure !?

Il réduit la distance qui nous sépare, en quelques enjambées. De mon côté, j'ai franchi le seuil de ma cuisine, pour tout installer dans mon lave-vaisselle.

- C'est quoi le problème !?

Je soupire. J'ai presque les larmes au bord des yeux.

- Une certaine femme m'a dit que je ne savais pas murmurer à tes oreilles.
- C'est quoi cette merde !? Qui t'a raconté...
Se rappelant de qui je parle, Antonio lève les bras en l'air, dépité, et les laisse retomber contre ses cuisses, émettant un claquement violent.
- Disordine (1) ! Tu vas encore m'en vouloir longtemps ?

Il agrippe mon bras, pour me retourner face à lui, puis attrapant mon menton de sa main, m'oblige à le regarder dans les yeux.

- Sache que la seule chose que je veux entendre murmurer à mes oreilles, ce sont tes gémissements et tes soupirs quand j'entre en toi et rien d'autre.
Je baisse le regard.
- Non ! Regarde-moi.
Je plonge mes yeux dans son regard vert.
- Laisse dire. Laisse parler. N'écoute rien.
Il embrasse mes lèvres chastement.
- Je t'aime. Et ça, tu peux en être certaine.
J'attrape son poignet.

- Je t'aime aussi, Antonio, mais j'ai besoin de prendre mon temps.

Il se recule et ses yeux affichent de la mélancolie.

- Tu veux que je parte ?

Je serais stupide de le laisser s'en aller. On vient de passer un moment extraordinaire.
Je fais non de la tête. Il embrasse une deuxième fois mes lèvres, et je passe mes bras autour de son cou pour l'attirer un peu plus vers moi.
Il se détache, affichant le sourire qu'il ne destine qu'à moi seule.

- Tu te contredis toi-même, mi amor.
-Je sais, mais mon cœur balance entre oui et attendre.
-Alors j'espère qu'il prendra la bonne décision.

Il se détache de moi et quitte la cuisine. Alors tout à coup, je me sens seule. C'est le grand vide autour de moi.
Je suis prise de vertiges.
J'ai chaud.
Puis j'ai froid.
Je le regarde s'éloigner.
Prendre la direction de la chambre. J'entends la douche couler, et il réapparaît, habillé, prêt à quitter mon appartement.

Pour ma part.
Je suis à la même place. 
Debout.
Perdue.
Nos yeux se croisent.
Il attrape sa veste. 
Sa casquette.
Ses lunettes.
Remet ses artifices.
J'inspire.
J'expire.
Mes doigts s'ouvrent et se referment.
Et je suis prise de tremblements.
J'appose ma main sur le cœur, l'autre sur mon ventre et laisse enfin couler mes larmes de désespoir.

Antonio, soupire et se rapproche de moi puis doucement, il me parle.
Il m'avoue mes craintes.
Ce qui me fait hésiter.
Ce qui m'empêche de mettre un pied devant l'autre.
Et attentivement, je l'écoute.

-Il y aura toujours autour de moi une armada de femmes, de fans, de groupies. Il y aura toujours une photo prise à mon insu, qui te fera mettre le doute dans notre amour. Mais tu devras l'accepter. Parce que c'est ma vie.
Mes larmes glissent les unes derrière les autres.
- Je comprends que tu veuilles attendre. Je comprends que le doute se soit installé au fond de toi. Mais tu dois avoir confiance en moi. Ou alors…
Il essuie mes larmes, puis les embrasse.
- Ou alors, cela ne sert à rien de continuer.
Il pose sa main sur mon ventre.
- Tu te rappelles de ce que je t'ai dit à Venise ?
Il comprime mon ventre du plat de sa peau.
- Que je serais l'homme le plus heureux de la terre si je devais être papa. Et ça, jamais je ne l'ai dit à aucune autre femme.
Il relâche mon ventre et caresse ma joue humide.
- Oui j'ai des défauts. Oui je ne suis pas un homme parfait. Oui j'ai couché avec des multiples partenaires. Mais là...
Je sais que derrière ses lunettes, ses yeux sont plongés dans les miens. Il secoue la tête et affiche un sourire. Le sourire dont je suis la seule à avoir droit.
- C'est toi, et aucune autre.

Sa voix résonne dans mon âme, dans mon cœur. Et j'avoue qu'il a raison.
Car certes, mon italien n'est pas parfait.
Il est parfois colérique.
Parfois jaloux.
Mais il a quitté le cinéma pour notre histoire d'amour.
Et maintenant il est là, devant moi.
À s'excuser à sa façon.
Alors bien sûr que cette histoire va nous apporter du bien comme du mauvais.
Si je lui dis oui, c'est justement pour le pire et le meilleur.
Alors j'enveloppe son cou de mes bras, je me mets sur la pointe des pieds.

- Oui, dis-je dans un murmure.
-Oui !? m'interroge-t-il.
- C'est oui, Antonio.

Et j'embrasse ses lèvres rieuses.

Traduction :
(1) Bordel

À suivre…

En attendant la suite, je vous souhaite à tous un excellent réveillon de Noël 🎄 .
A bientôt..
😉 ...

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