chapitre 70
Pray par EMO.
Axelle.
C'est fatiguée que je franchis le seuil de mon petit appartement.
Je pose ma valise puis la boîte de transport de Minuit que je libère rapidement.
Celui-ci se faufile dans sa caisse, pour faire sa petite affaire, et après avoir gratté dans sa litière, va s'installer sur le canapé comme le Pacha qu'il est.
-Tu as bien raison.
Je m'avance, passe mes doigts dans son poil soyeux.
Il étire ses pattes. Fais le gros dos puis ronronne de plaisir.
- Bon retour chez nous, mon bonhomme.
De mon côté, je m'installe aussi, puis le prends dans mes bras pour le déposer sur mes genoux.
Il semblerait que caresser un chat est un anti-stress.
Alors je pose ma tête sur le dossier du canapé et ferme les yeux pour plonger quelques heures en arrière, tout en continuant à le papouiller.
- Axelle ? Mais où est Antonio ? m'interroge sa mama, étonnée de me voir rentrer seule.
- On s'est disputés, dis-je en haussant les épaules.
Je ne vais quand même pas lui dévoiler la totalité. Qu'il m’a laissée sur ma faim, avec mon intimité humide. Elle appose ses mains sur sa taille attendant la suite de l'explication.
- Avant la projection, il y avait des gogo-danseurs, l'un m'a choisie pour monter sur la scène et puis... Bon vous imaginez la suite, n'est-ce pas ?
- C'est un italien ma chérie ! C'est un sang chaud.
- Oh je pense qu'il n'y avait pas que cela, l'alcool y a mis sa touche personnelle.
- Hmmmm ! Je vois.
- Du coup, j'ai quitté la fête. Enfin, si on peut appeler cela une fête.
Minuit vient se frotter sur mes mollets.
Je l’attrape, le porte à mon nez et respire son poil noir et brillant.
- Et j'ai décidé de quitter Venise. Je veux retourner chez moi.
Elle m'analyse. J'attends qu'elle me juge.
- Je suis vraiment désolée, vous m'avez bien accueillie, mais, je pense…
Je regarde son visage qui affiche une expression bizarre, je sens qu'elle va me faire des reproches. Mais c'est tout le contraire.
- Tu as bien raison. Laisse-le revenir à toi, répond-elle sous mon étonnement. Ça lui fera les pieds. Tu veux partir quand ?
Je fronce les sourcils et hésitante j'ajoute :
- Le plus rapidement possible.
Deux heures plus tard je suis à l’aéroport de Venise-Marco-Polo puis une heure après, dans l'avion pour retourner à ma vie tranquille. Même si je l'avoue que le cœur n'y est pas trop.
Elle m'a enlacée.
M'a demandé d'être forte.
Et surtout de tenir bon.
- Je connais bien mon fils, Axelle. Et je vais même te donner un conseil d'une mama italienne, laisse-le revenir en rampant...
Un miaulement me fait revenir au présent, et j'ouvre les yeux tout en prenant une grande inspiration et décide d'éteindre mon téléphone.
Laissé en mode silencieux, le temps du vol du retour, je m'aperçois qu'il y a plusieurs appels manqués d'Antonio.
Des tonnes de messages, sans oublier la messagerie vocale qui doit certainement être saturée. Je me redresse, satisfaite.
Car, là maintenant, c'est à moi de jouer.
D'ailleurs, je voudrais bien être une petite souris à présent et être encore à Venise, pour voir sa tête, en ne me voyant plus sur place.
Sans oublier les remontrances qu'a dû lui faire sa mama.
J'acquiesce pour moi-même.
Passant par la salle de bains, je me stoppe devant mon miroir et souris à mon double qui a bonne mine. Des températures agréables, en plein mois de février ! C'est assez rare, mais ça m’a permis d'avoir de jolies couleurs sur la peau.
Après avoir pris une douche, je déballe ma petite valise et range mes vêtements dans les tiroirs attitrés, puis vais me coucher. Même si le jour commence à se lever, pour ma part, j'ai besoin de repos et surtout de beaucoup de sommeil.
Je m'allonge donc dans mon lit froid, et suis rapidement réchauffée par Minuit, qui m'a rejointe et qui se colle à moi.
J'éteins la lumière. Mais voilà, malgré la fatigue, mon sommeil ne veut absolument pas venir. Je me tourne et me retourne. Donc légèrement énervée, mais surtout curieuse, je décide de récupérer mon téléphone pour y lire les sms, et écouter les messages vocaux laissés par Antonio.
Je rallume mon portable. Me remets dans mon lit. Et me positionnant assise, j'appuie sur l'icône pour les découvrir.
"Axelle ! Où es-tu ?"
"Axelle ! Que fais-tu ?"
"Axelle ! Réponds-moi !"
"Mi Amor ?"
Et bien d'autres SMS où il s'inquiète.
Il désire savoir où je suis.
Il semble perdu et déboussolé de ma disparition subite.
Puis j'écoute ma messagerie vocale, où il a laissé un message en italien. L'alcool lui a fait perdre ses repères.
Suivi d'un autre en français, et encore un autre où son ton est monté de plusieurs octaves. Puis enfin vers deux heures du matin, un dernier message vocal :
- Axelle ? Pourquoi es-tu partie ? Pourquoi ne pas avoir cherché à discuter avec moi ? D'accord, tu as raison, j'ai trop bu. Et oui je me suis comporté comme un idiot. Mais…
Il avale sa salive et j'entends dans sa voix des trémolos.
- Mia mama m'a dit que j'étais un idiota, qu'une femme comme toi ça doit se mériter. Merde ! Je ne peux même pas te rejoindre. Du moins pas maintenant. Mais sache que je vais me battre jusqu'au bout pour te récupérer.
J'entends un long soupir suivi de quelques mots en italien, je suppose qu'il doit s'insulter de tous les noms.
- Et on discutera longtemps et si tu veux encore de moi…
Il y a un blanc.
- Non, je ferai tout pour que tu veuilles encore de moi. Alors je reprendrai où l'on s'est arrêtés tous les deux. Passe une bonne nuit mi amor. À très vite.
Puis la communication est coupée.
Je caresse Minuit, éteins mon téléphone et ajoute :
- Je crois que je le tiens par les…
-Miaou ! ajoute mon chaton en clignant des paupières.
-Oui c'est ça.
Puis j'éclate d'un long rire nerveux et m'endors quelques minutes plus tard.
Au cours des semaines qui ont suivi, je n'ai plus eu de nouvelles d'Antonio. Et je vous avoue que je n'ai pas cherché à en avoir. Même si mes doigts m'ont brûlé plus d'une fois pour lui envoyer des textos. Mais j'ai tenu le coup.
D'ailleurs, je peux même être fière de moi.
La première semaine j'ai repris mon petit boulot dans mon association pour chiens guides.
La deuxième semaine, je suis sortie en essayant au maximum de me retirer Antonio de mon cerveau.
Je n'allais quand même pas me morfondre dans mon coin.
Bon, ok, je vous avoue que les choses n'ont pas été faciles tous les jours. Surtout quand j'entends son dernier album qui passe en boucle sur les ondes françaises.
Bref, au bout des deux autres semaines j'ai tenté de l'oublier. Je dis bien
« tenter ».
Car malgré ma détermination, je me morfondais en rentrant chez moi, avec Minuit installé sur mes genoux. Regardant les photos sur mon téléphone.
Et pleurant toutes les larmes de mon corps.
Nous sommes vendredi, il est 20 heures, et je descends du bus pour rentrer chez moi.
J'avance paisiblement jusqu'au bout de la rue, puis tourne au coin de celle-ci pour déboucher enfin sur mon allée principale.
Février vient de laisser place au mois de mars, dévoilant ses petites touches du futur printemps. Avec les premiers bourgeons des arbres.
Les premières tulipes.
Les premières jacinthes au parfum enivrant.
Sans oublier la clarté qui commence à gagner sur la pénombre, sur ces quelques minutes de plus de soleil.
Mon regard sur le sol, je progresse tranquillement.
Je fouille ensuite dans mon sac, pour y récupérer mes clés et me stoppe enfin devant la porte de chez moi, quand subitement…
- Buona serata ! (1)
Mon dieu ! Cet accent. Cette voix. J’ai mon corps qui se met à vibrer, comme un instrument à cordes. Je lève la tête d'un seul coup et laisse tomber mes clés au sol.
« Merde alors ! Mon italien est bien devant moi. »
Il s'abaisse pour les récupérer, alors que de mon côté, je reste debout, sans pouvoir réagir, mes lèvres entrouvertes.
Il se redresse et je n'en loupe aucune miette.
Il porte sa casquette dissimulant ses cheveux bruns. Sa barbe naissante qui lui couvre les joues.
Et ses lunettes noires qui lui camouflent son regard.
Sa tenue incognito, celle qui m’a fait craquer, à notre première rencontre.
Ce fameux jour de pluie et de brouillard.
Je sais qu'il me regarde aussi.
Il se racle la gorge.
Affiche un sourire cent mille voltes.
Et je reprends enfin mes esprits, après m'être aperçue que j'ai oublié de respirer.
Il me tend mes clés.
Je tends ma main.
Nos yeux ne se quittent pas.
Et mon trousseau tombe dans ma paume.
« Stop ! Reprends tes esprits ! » hurle ma conscience.
Je me secoue mentalement.
Et lui tourne le dos pour ouvrir ma porte et franchis le seuil, sous un accueil chaleureux de mon chat, qui d'ailleurs en passant, a pris quelques centimètres et un peu de poids.
Antonio, lui, attend mon autorisation.
J'ouvre un peu plus en grand ma porte, et regarde par-dessus mon épaule.
- Tu veux rentrer !?
Il acquiesce d'un sourire et pénètre dans mon appartement. Puis retire tous ses accessoires et les pose sur mon petit meuble d'entrée.
De mon côté, je me libère de mes bottes, de mon manteau et progresse à l’intérieur de mon chez-moi, en ayant à ma suite, Minuit et Antonio.
-Tu as mangé ?
- Non.
- Tu veux manger avec moi ?
- Si tu veux.
- Ça te dit une pizza ? Je sais bien les faire maintenant.
Mes lèvres s'étirent, en replongeant quelques mois en arrière, avec sa mia mama dans la cuisine, moi couverte de farine et lui....
« Mon dieu ! Reviens au présent. »
- Je n'en doute pas, Axelle.
Je me lave les mains.
Je sors ma farine.
Mon sel.
Mets un peu d'eau dans une coupelle.
De l'huile d'olive. Et de la levure.
Plus des ingrédients qui vont me servir à la garnir.
Antonio, n'a toujours pas dit un mot.
Il est là.
Sans être là.
Que va-t-il m'annoncer !?
Est-ce réellement fini entre nous ?
Après avoir malaxé ma pâte méticuleusement, je l'enveloppe d'un torchon et la laisse gonfler tranquillement.
A suivre.
Traduction :
(1) Bonsoir !
Hello mes chères lectrices ! Alors, vos impressions !? Je suis bien curieuse de les connaître. En tout cas, je me suis énormément amusée en l'écrivant. Et de mettre un peu Antonio au pied du mur.
En tout cas, un très grand merci à vous toutes.
Celles qui votent.
Celles qui me laissent des petits messages .
Et biensur, à celles qui osent donner leurs impressions.
A très bientôt.
Et un petit coucou aux lectrices fantôme 👻.
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