Chapitre 59 ( ⚠ )

( Je préviens qu'un passage du chapitre peut déranger certaines personnes)

Au petit jour, Antonio m’a aimée, me donnant l'impression de vouloir garder l'empreinte de mon corps sur sa peau. Ce que j'ai fait, sans aucune retenue, en le chevauchent avec passion, en laissant flotter dans l'air, nos soupirs et nos gémissements qui se sont mêlés pour ne faire qu'un.

Et puis, il m'a susurré des mots aux creux de mon oreille. Tous ces mots que j'aime tant entendre.
Puis, d'un simple baiser sur mes lèvres, il s'est levé du lit, me souhaitant une "buona giornata" (1). Pour ensuite quitter cette chambre sur un "Ti voglio bene" (2), murmuré du bout des lèvres.
Alors, j'ai agrippé son oreiller, l'ai enveloppé dans mes bras, pour respirer son doux parfum. Et je me suis endormie, bercée sous des songes reposants mais rapidement remplacés par des rêves perturbants. Alors je me suis redressée et suis sortie de la chambre, laissant derrière moi des souvenirs d'une étreinte éternellement gravée entre ces quatre murs.

Actuellement assise dans ce joli jardin, j'écoute ma musique, écouteurs vissés sur mes oreilles, en tentant de chasser de mes pensées négatives, une France Lahay mettant ses doigts manucurés sur la peau de mon italien.
Les yeux clos, je filtre les mauvaises images pornographiques pour ne garder que les plus belles, celles de ce matin.

« C'est dingue ce que le cerveau peut vous faire imaginer de pire. »

Je soupire de mélancolie, quand soudainement, une tape sur mon épaule me fait redescendre au présent.  J'ouvre les yeux et retire mes écouteurs connectés pour croiser le regard rassurant d'Amelia.

-Ne vous inquiétez pas Axelle. Je connais bien mon fils. Il ne se passera rien.

-Si vous le dites, réponds-je en laissant aller un long soupir entre mes lèvres paraissant interminable.

Elle sourit gentiment. Retire son tablier de cuisine. Tire une chaise. Pour enfin s'installer en face de moi. Puis déposant sa main sur mon genou elle plante un regard chaleureux dans le mien.

-Il a des sentiments pour vous Axelle. Je l'ai vu dans ses expressions.

Elle lève les yeux en l'air, examinant un court instant un oiseau installé non loin de nous, puis ajoute, comme soulagée :

-Il vous regarde avec tellement d'attention. Et n'oubliez pas, il va vous emmener au carnaval. Des choses qu'il n'a jamais faites avec aucune autre femme.

Elle rit sous cap, imaginant je pense, toutes les photos et autres articles de son fils et sur ses différentes conquêtes.

-Il est accro à vous, ma chère !

Ensemble, nos têtes pivotent vers l'oiseau, qui entame une douce mélodie joyeuse.
-Et vous pouvez me faire confiance, Axelle, ajoute-t-elle en reprenant son attention sur moi.
C'est un homme à femmes. D'ailleurs, jamais il n’a aimé s'éterniser avec le sexe opposé. Les magazines à scandales l'ont démontré plus d'une fois.

Un léger miaulement se fait entendre, démontrant que nous ne sommes pas les seules à avoir remarqué le chant mélodieux. 
Minuit arrive, à pattes de velours. Tout en se léchant avec délectation ses babines.
J'en connais un qui se ferait bien un en-cas de ce petit chanteur. Qui d'ailleurs, provoque mon petit félin en sifflant de plus belle et sautillant sur la branche comme le conte du compositeur russe Sergueï Prokofiev (3).

-Mais j'avoue aussi, continue Amelia, que c'est un milieu où la tentation est bien grande. Je reconnais qu'il n'y a pas de place pour l'amour et encore moins pour les faibles.

Tout en surveillant d'un œil Minuit, je réponds :

-Oh mais j'ai confiance en lui. Il me l'a démontré plus d'une fois. Et encore hier en annonçant l'arrêt du cinéma. Mais c'est en elle que je n'ai pas confiance.

J'avale ma salive et mes larmes, qui se pointent en traître au bord des yeux, me font renifler disgracieusement.

-Avouez que cette femme est tellement…

-Neutre, Axelle, répond Amelia en me coupant gentiment la parole et tapotant de sa main mon genou. Artificielle. Sans rien qui peut le faire croire en quelque chose de réel. C'est juste une actrice qui l'a manipulé et qui le fera encore et encore avec d'autres hommes. 

J'acquiesce. Car sur ce sujet, Amelia a bien raison.
Je soupire, rassurée, et j'accroche son regard lumineux, et d'une voix timide et hésitante j'ajoute :

-Ce matin, avant de partir, il m'a dit "Ti voglio bene" enfin un truc comme ça. Vous pouvez me donner la traduction.

Elle se redresse, agrippant ma main pour que je quitte mon siège à mon tour et dans un sourire mutin réplique :

-Il vous aime… c'est tout.

Elle remet ensuite son tablier puis d'un "pschit !! pshit !!" déterminé, fait fuir mon chat qui se carapate tel un voleur.

-Allez venez, je vais vous apprendre à faire une pâte. Vous allez voir, c'est extrêmement facile. Vous pourrez ensuite l'adapter pour faire autre chose.

-Je vois qu'Antonio vous a parlé de ma façon de cuisiner.

Elle prend un air amusé luttant contre un fou rire.

-Vous allez apprendre rapidement Axelle, je n'en doute aucunement.

Tout à coup, j'étais transformée en un vrai paquet de nerfs, me demandant quelle confidence avait-il pu lui faire encore.
Mais dix minutes plus tard, j'avais moi aussi un tablier autour de la taille, examinant Amelia confectionner sa pâte à pizza.

-Je prépare la mienne et vous préparez la vôtre. Suivez bien l'ordre des ingrédients.

Méthodiquement, elle ajoute de la farine, puis de l'eau, de la levure boulangère et quelques épices, et suivant pas à pas ce qu'elle fait, j'exécute les mêmes gestes de mon côté. Enfin, pratiquement.

Elle la pétrit. La malaxe avec une grande finesse. Elle me fait l'effet de travailler de l'argile, qui va se transformer en quelque choses de grandiose.
De mon côté, mes mains travaillent une vulgaire pâte à modeler qui me colle aux doigts.

-Rajoutez un peu de farine, ayez confiance en vous, Axelle.

Elle se stoppe quelques secondes et ajoute :

-Vous devez avoir l'impression de la caresser.

Elle exécute le geste. Et d'une expression moqueuse ajoute :

-Imaginez que c'est la peau d'Antonio.

Petit à petit, ma pâte à pizza devient enfin une boule homogène et régulière.

-Vous voyez ! C'est simple.

J'acquiesce, fière du résultat obtenu.

-Maintenant, on la laisse reposer dans un linge et on la travaillera pour en faire une magnifique pizza. D'ailleurs c'est une pâte idéale pour faire un bon pain.

-Parlez-moi d'Antonio. Comment était-il enfant ?

Amelia lève les yeux vers moi, puis les baisse sur le plan de travail.

-Son père n'a pas toujours été un homme facile à vivre. Mais à part ce côté colérique, il a été un brave homme. Travaillant durement pour nourrir sa famille.

Je vois, par sa manière de retravailler ma pâte puis la couvrir, qu'elle occupe ses mains pour les empêcher de trembler.
J'avale ma salive. Ferme les yeux un bref instant. Hésitante à lui poser cette question qui peut-être va la replonger dans des souvenirs qu'elle veut sans doute oublier.

-C'était un homme violent ?

-Pas quand il était sobre, Axelle.

Elle cligne des yeux.

-Il aimait son fils. Il a partagé sa passion de la photo, d'ailleurs son laboratoire est toujours là. Je n'ai rien retiré. Ce qui permet à Antonio de développer ses négatifs quand il vient ici.

Elle se détourne de moi, avance vers le frigo et l'ouvre, pour en prendre des ingrédients, me cachant par la même occasion son visage. De mon côté, je reste à ma place et surtout silencieuse. Dans certains moments, je pense qu'il faut savoir rester à sa place.

-Malheureusement, quand certains jours, il revenait ivre. Ce n'était plus le même homme. Il devenait tyrannique.

Sa tête tombe lourdement en avant. Et je soupire.

-Je suis désolée de vous avoir réveillé vos mauvais souvenirs, Amelia.

Elle fait volte-face et essuie brièvement ses larmes.

-Parfois, je me demande si cela n'est pas de ma faute si Antonio est tombé dans ce milieu. Et je sais que je ne connais pas tout de lui. Il me cache des secrets. Mais c'est un adulte maintenant.

Je réduis l'écart qui nous sépare, et telle une amie envers une autre amie, pose ma main sur son épaule pour la réconforter.

-Ce n'est jamais la faute d'une femme si un homme est violent. Mais seulement de sa faute à lui. Vous pouvez être fière de ce qu'est devenu Antonio, Amelia.

Elle esquisse un sourire timide.

-Je suis tellement heureuse qu'il vous ait rencontrée, Axelle. Vous allez le remettre sur les rails. Il a besoin de stabilité. Et je sais que vous allez lui en donner.

Les bras chargés d'ingrédients frais et aux arômes fabuleux, elle revient vers le plan de travail, un grand sourire affiché sur ses lèvres.

-Allez, laissons le passé au passé. Maintenant occupons-nous du principal. Nos pâtes.

Puis, comme si de rien n’était. La voilà qui fait danser sa pâte en la lançant en l'air. Celle-ci virevolte, revient à plat sur ses mains pour s'allonger et lui donner petit à petit l'allure de la future pizza. Amelia me donne l'impression de jongler avec des balles. Je suis tout simplement stupéfaite. Puis elle la dépose enfin sur un plat spécial, se tourne vers moi et d'un air jovial m'annonce :

-À vous maintenant !

À suivre…

Traduction.
(1) bonne journée
(2) je t'aime bien
(3) Sergueï Prokofiev est un auteur russe qui a composé le texte et la musique de Pierre et le loup en 1936.

Et voilà mes chères lectrices, l'histoire prend un nouveau tournant, avec des nouvelles révélations. 
En attendant le chapitre suivant, je vous souhaite encore à vous tous, une bonne et heureuse année 2022 avec de nombreux rires, sourires, bonne humeur et surtout une merveilleuse santé 
A bientôt , et encore milles merci à toutes celles qui me laissent des peites étoiles 🌟, et des avis.

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