chapitre 50

Sleeping Alone par Lykke Li.

Antonio.

J'embrasse ses lèvres qui ont su me changer les idées, qui m'ont permis d'oublier cette pensée sombre. Celle de l'avoir mise en danger. 
Puis je m'assois au bord du lit et je regarde, un court instant, mes pieds posés sur cette moquette.

Dans un grand silence, les doigts d'Axelle parcourent mon dos, pour les laisser glisser sur ma peau.  J'appose mes coudes sur mes genoux et enfouis mon visage entre mes doigts.

-Je n'ai pas envie de te laisser seule. 

Je redresse la tête et tout en contemplant le mur, je murmure :

-Fuyons !

Le bruissement des draps m'indique qu'elle bouge. Ses lèvres se posent alors au creux de mes reins et mon sexe est déjà prêt pour une troisième mêlée. 
Je souffle, me redresse et sans un regard pour éviter la tentation, je m'habille rapidement. Je progresse vers la sortie de la chambre quand…

-Antonio ? 

Ma main agrippe la poignée et j'attends. 
J'appose mon front sur la porte encore fermée. Je ferme les yeux et réfléchis à comment nous sortir de ce capharnaüm dans lequel France nous a mis.
Puis je l'ouvre.

Minuit se faufile entre mes jambes et je l'attrape rapidement par la peau du cou comme le ferait sa mère. 

-Veille bien sur elle. 

Je le repose au sol. Il crache.
Et se met à courir vers sa maîtresse pour sauter sur le lit, et se réfugier dans ses bras. 
Elle le câline. 
Glisse sa main dans son pelage noir corbeau et le papouille comme Axelle l'a fait avec mon sexe.  Alors je claque ma langue sur mon palet. 

-Petit chanceux. 

Je regarde quelques secondes la scène touchante :
Les ronronnements de Minuit, la façon dont il se love auprès d'elle. Puis je lève le regard pour croiser ses yeux radieux. 

-Je vais faire en sorte que l'on ne soit plus harcelés. 

-Antonio ? Vais-je devoir rester enfermée dans cette chambre tout le temps du séjour ?

-Non.

-Et penses-tu que l'on va pouvoir se promener tranquillement dans les rues de Venise ?!

-Oui. Je n'ai pas réservé les costumes du carnaval juste pour le plaisir de te voir avec. 

Je vais pour quitter la chambre, et j'ajoute :

-Et ce n'est pas une promesse en l'air, Axelle. Maintenant, repose-toi bien. 

Refermant la porte, j'ajoute pour moi-même : "Il mio cuore è nelle tue mani" (1)

Je marche vers le petit bar, l'ouvre et regarde les mignonnettes qui me font de l'œil. Je me secoue mentalement et agrippe une petite bouteille d'eau.   

Je dévisse le bouchon et, le goulot aux lèvres, je bois plusieurs gorgées. 
Je me dirige vers la sortie de la suite et attrape au vol mon téléphone et ma casquette.

Même si dorénavant elle ne me sert plus à rien, c'est juste pour me camoufler derrière elle, si je suis embarrassé par une question impertinente.
Et je sors en veillant à laisser, sur la poignée, la pancarte à sa place.

Devant moi se tiennent les deux gardes du corps qui m'analysent simultanément sans dire un seul mot. 

-Faites attention à elle. J'y tiens comme à la prunelle de mes yeux, dis-je en italien. 

-Ne vous inquiétez pas monsieur. Personne ne franchira cette porte. Sauf si on me piétine, répond l'un des deux gars dans ma langue maternelle. 

J'arque un sourcil et pince mes lèvres pour éviter de rétorquer.

-Il ne lui arrivera rien monsieur. 

Je porte la petite bouteille à mes lèvres pour boire encore quelques gorgées d'eau fraîche, alors que le second gorille me rejoint, pendant que le premier se positionne juste devant cette porte. 

Nerveusement, je fais craquer le plastique à moitié vide que je tiens dans la main droite et glisse la gauche dans ma poche de pantalon. 
L'homme à mes côtés fixe son oreillette et ajuste son micro planqué dans sa manche de veste noire. 

-Nous partons. Monsieur Morrone sera dans la salle, dans à peine cinq minutes. 

Il attend la réponse et nous progressons vers l'ascenseur.

Agité, je regarde les numéros décroître les uns derrière les autres pour s'arrêter au chiffre sept. Mais cette fois-ci, ce n'est pas le septième ciel.

Les portes s'ouvrent. L'homme sort, regarde à droite et à gauche puis me donne l'autorisation de franchir l'espace qui nous sépare. 

Le crac-crac du plastique que je comprime se fait entendre. Et intérieurement je me demande ce qu'il peut bien m'arriver. 

"Ce n'est pourtant pas la première fois que je vais faire un communiqué de presse !?"
"Bordel, je suis à fleur de peau."
"J'ai l'impression que je vais péter un plomb." 
"Ressaisis-toi mec..."

Angoissé, je prends sur moi puis nous arrivons devant la porte. Elle s'ouvre. Et l'attachée de presse est devant moi. Aussi blême que je le suis.  
Ses cernes apparentes me démontrent qu'elle ne s'est pas reposée. 

-Entre !

Ce que je fais. 

-Merci, dit cette dernière à l'encontre de l'homme qui reste sur le seuil, alors qu'elle referme la porte.

-Ça va ?

-Je n’sais pas trop. 

-Oui je comprends.  

Elle se détourne de moi et avance vers une table centrale.

-Je crois que c'est la première fois que l'on vit une situation comme celle-ci. 

Devant elle, posé sur la table, un petit paquet de papiers. 

-J'ai récupéré ce que j'ai pu, mais tu penses bien que certaines vont passer au travers de notre vigilance. 

Elle prend son stylo et je la rejoins pour m'installer à ses côtés. 
Puis je retire ma casquette que je pose sur la table.
Oui. Je sais. Cela est un manque d'éducation. Mais j'avoue que je ne suis plus vraiment maître de mes réactions. 

-Tiens ! 

Elle fait glisser les feuilles et je baisse la tête pour y jeter un coup d'œil. 

Certaines questions sont en anglais. D'autres en français. Mais bien sûr, la majeure partie de celles-ci sont en italien. 

J'agrippe le stylo minutieusement, qu'elle tenait entre ses doigts, puis je commence à faire le tri entre celles qui peuvent m'être posées, et celles qui me paraissent indiscrètes. 
Je griffonne. J'élimine les plus indésirables. J'ai l'impression de modifier un manuscrit ou des paroles de chansons. 
Sauf qu’ici, la suite de ce qui va se passer, dépendra de mes choix de questions, et surtout des réponses. 

-Tu as bientôt fini ? Nous avons rendez-vous dans trente minutes.

Je quitte du regard la dernière feuille et lui rends le tout. 

-Elle est où ? 

-Tu parles de France ?! Elle doit se promener dans les couloirs en tentant de savourer sa victoire à l'avance. 

Je réajuste ma casquette, me redresse, alors que Mona attrape le petit talkie-walkie rangé dans sa poche arrière de jean. 

-Nous partons, signale-t-elle dans le combiné. 

Une voix nasillarde lui répond, suivie d'un bip sonore qui clôture la conversation.  Je me redresse et, nerveusement, replace la chaise correctement. 

-Antonio !? 

Je lève la tête. 

-Ça va aller. Décompresse. Sinon les journalistes vont se douter de quelque chose. 

Je soupire pour reprendre un peu d'assurance. 
Mais rien n'y fait. 

-Tu devrais aller te rafraîchir un peu. 

J'acquiesce et me dirige vers la petite salle d'eau. 
Je me regarde dans le petit miroir et replace ma casquette, qui n'a pas besoin de l'être. 
J’ouvre le robinet d'eau froide, joins mes deux paumes en forme de petit récipient et les glisse sous le jet. Puis méthodiquement, je m'asperge et frotte mon visage.
La serviette, posée sur le côté, me permet ensuite de m'essuyer. 

Une vingtaine de minutes plus tard, je suis devant la porte de l'arène. 
On l'ouvre pour moi et je pénètre en premier. 
La salle est vide, seules des chaises trônent au beau milieu, m'indiquant le nombre de journalistes qui vont être présents. 
Je vais pour traverser la pièce mais me stoppe.
France est déjà installée, bavardant avec le réalisateur qui lui aussi est là. 
Je tourne la tête sur une Mona qui me paraît aussi surprise que je le suis. Elle hausse les épaules.

-Je n'étais pas au courant. 

Décidément, ce petit manège commence à sérieusement m'énerver. Mais sans trop prêter attention je continue ma progression avec nonchalance, et m'installe à la place qui m'est attitrée par une petite étiquette posée sur la table. 
S'ensuivent Mona et mon garde du corps, de chaque côté de moi. 

Puis les fauves sont lâchés. Des brouhahas se font entendre, les chaises que l'on bouge. Les bousculades pour être installés tout devant. 
On pourrait croire que ce sont des gosses qui viennent de rentrer. 

On attend que le calme revienne. On ajuste les petits micros posés devant chacun de nous. 
Pour ma part, j'agrippe ma bouteille d'eau et d'un geste de la tête, j'indique que je suis enfin prêt. Et les doigts se lèvent. 

Je plisse les yeux, dû aux flashs qui jaillissent comme des stroboscopes et j'abaisse, à l'aide de ma main droite, ma visière devant mon visage pour atténuer ces faisceaux éblouissants.

Traduction :
(1) Mon cœur est entre tes mains. 

À suivre. 

Alors je rassure certaines de mes lectrices. 
Non je ne vais pas quitter wattpad.  C'est ici que j'ai fait mes premiers pas.
C'est ici que j'ai fait des belles rencontres.
Certaines sont parties pour des raisons personnelles et d'autres sont restées et me sont encore fidèles, depuis le début. Et puis des nouvelles sont arrivées.
Alors ne vous inquiétez.

A très bientôt pour la suite.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top