chapitre 5


Pour un infidèle (cœur de pirate)

Quand je franchis le dernier étage de son appartement parisien, je reste bouche bée. 

Il est tout simplement magnifique. Grand, spacieux et surtout inondé d'une clarté par une immense baie vitrée donnant sur une vue hallucinante. 

Tout un quartier de Paris baigne dans l'illumination des lampadaires, des fenêtres ouvertes sur l'extérieur.
Sans oublier la Tour Eiffel, dominant la capitale de ses 324 mètres, habillée de toutes ses lucioles multicolores et clignotantes et dévoilant sa beauté grandiose.

Je me déchausse sur le pas de la porte. Je regarde rapidement mes escarpins, dorénavant foutus, et qui me donnent l'impression de me murmurer "famine". Puis je m'avance doucement.

Mes pieds, encore enveloppés dans leurs bas nylons, rencontrent un carrelage froid et chaud à la fois.  C'est une sensation non désagréable me procurant une sensation de bien-être.

Examinant les lieux d'un regard admiratif, je distingue quelques photographies noir et blanc de couples s'embrassant au clair de lune ou bien assis sur un vieux banc de Paris de la rue Montmartre.
On décèle dans ces clichés une certaine réserve, une pudeur camouflée qui est, malgré tout, dévoilée en discrétion au regard de ceux qui les examinent. 

-C'est vous qui les avez prises ?

Je l'entends qui avance à mon encontre.

-Oui ! Cela vous plaît ?

Je lui fais face, et acquiesce les yeux émerveillés par tant de talent.  Puis je m'enveloppe dans mes bras. J'avoue que je commence à être frigorifiée, malgré cette douce chaleur qui se répand dans son appartement.

-Oh ! Je suis impardonnable.

Ses yeux glissent sur mon corps emmailloté dans des vêtements mouillés, qui je suis sûre, ne camoufle plus rien du tout.

-Je vous montre la salle de bain, vous allez pouvoir vous réchauffer. 

Il me devance et je le suis dans un couloir qui s'allume automatiquement dès notre progression.
Sa silhouette apparaît en pleine lumière et je prends le temps d'examiner son postérieur caché derrière son jean d'une grande qualité.
Il ouvre une porte sur le côté et m'autorise à rentrer dans la pièce.
Sa main survole le mur de l'entrée et le plafonnier diffuse dans des petits spots incrustés au plafond, une lumière aux watts tamisés, me dévoilant la salle de bain.

A pas feutrés, je m'avance sur un magnifique carrelage en marbre italien où trône, au milieu de cette grande pièce, en haut de quelques marches, une baignoire qui me semble être un jacuzzi.
Je fais un tour sur moi-même. L'endroit est digne d'un hôtel 4 étoiles. Je reste tout simplement sans voix.

Il ouvre une armoire à la peinture laquée crème et attrape une grande serviette de bain en éponge, suivie d'un peignoir à la texture soyeuse dans lequel, je sais, je vais m’y sentir merveilleusement bien.

-Je vous laisse. Prenez-votre temps, je vais préparer les pâtes et un bon café.

Il me fait un clin d'œil et ressort en veillant à refermer derrière lui. J’enclenche le verrou, souffle. Me détourne de la porte et m'y adosse pour enfin me rendre compte que cette pièce pourrait contenir ma chambre entière.

Au début, j'hésite. Je ne sais pas par où commencer. Puis apercevant une étagère au-dessus d'une grande vasque en pierre remplie de produits de beauté masculins, je m'avance.

Ma main se risque à toucher une bouteille, mes doigts se referment autour, pour la porter à mes narines qui n'attendent qu'une chose. Me dévoiler cet effluve.
Un petit coup de spray sur mon poignet intérieur pour enfin sentir ce parfum délicat que j'ai déjà eu l'occasion de découvrir dans sa voiture.

L'effet est immédiat, je me mets à fantasmer sur Antonio. Alors je ferme les yeux un bref instant, rêvant secrètement que sa bouche se pose sur la mienne.

Subitement, un parfum alléchant de cuisine italienne percute mon nez et j'ouvre les yeux en même temps que s'ouvre mon appétit.
Mais ceux-ci rencontrent mon image catastrophique dans un miroir juste là, au-dessus de ce lavabo en marbre aux pigments très Napolitain.
Ma main devant la bouche, je camoufle un cri d'horreur en découvrant ma doublure.

Mon mascara a dégouliné, donnant à mon regard l'aspect de deux cocards dignes d'un boxeur après un combat.
Mon rouge à lèvres a bavé sur les commissures de celles-ci.
Mon fond de teint a laissé des sillons se former donnant l'impression d'avoir pleuré à chaudes larmes.
Et mes cheveux ?

Je passe mes doigts à l'intérieur de ma tignasse, où un nid d'oiseaux semble s'être installé. En quelques mots, je suis horrible et pourrais avoir le premier prix du carnaval des horreurs.

Et je ne vous parle pas de mes vêtements. 
Mon soutien-gorge apparaît en transparence qui laisse lui-même dévoiler mes tétons pointant à force de divaguer sur mon sauveur de cette nuit.

Alors sans attendre, je me dévêtis, balance mes fringues sans ménagement pour les laisser tomber lourdement au sol. Retire mes bas troués et filés. Dégrafe mon soutien-gorge, fais glisser mon slip rejoignant à leur tour le tas de vêtements.

Dix minutes plus tard, je patauge dans une baignoire dans laquelle j'ai mis des sels senteur jasmin, pour m'y abandonner, avec plénitude, tout en posant l'arrière de ma tête sur le rebord de cette baignoire aux dimensions XXXL. C'est agréable. Reposant. Et relaxant.

Ce sont trois petits coups à la porte qui me font rapidement reprendre pied.

-Axelle, vous êtes noyée ?

Je tourne la tête, souris et sors de l'eau avec un certain regret.

-Non, je crois que je me suis légèrement laissé aller.

J'attrape la serviette de bain, sors de la baignoire, m'essuie le corps, les cheveux, puis m'enveloppe nue dans ce peignoir épais et moelleux qui sent bon le propre et le frais. Puis j'ouvre la porte après l'avoir déverrouillée.

Il me dévisage, ses narines palpitent aux doux effluves que je dois dégager. 

-Nous allons manger ? L'interrogé-je.

-Oh oui ! Excusez-moi.

Il cligne des yeux, entrouvre ses lèvres, me donnant l'impression de reprendre ses esprits et d'un signe de la main, me demande d'avancer. 

Progressant devant lui, mon peignoir dévoile discrètement le haut de mes genoux, à chacun de mes pas. J'avoue que c'est agréable de sentir la texture de ce peignoir sur ma peau nue, car habituellement je porte toujours un pyjama.

J'aime être sexy, bien sûr comme toutes les femmes en général, mais seulement quand je sors.

Je sens son regard posé sur moi, ça me met mal à l'aise, mais ce n'est pas désagréable de se sentir désirable.

Je vais pour continuer devant moi, mais sa main se pose sur mon avant-bras et malgré le tissu épais, la chaleur se répand en moi comme une braise incandescente.
Son corps se colle à mon dos.

-Par ici ! Murmure-t-il tout contre mon oreille en l'effleurant de ses lèvres.

Il m'invite à le suivre vers une porte, puis des escaliers montant vers un étage supérieur.
Où m'emmène-t-il comme ça ?
Il ouvre une porte coulissante d’où surgit une brise légère suivie d'un éclairage au clair de lune.

Je me stoppe, stupéfaite. Ce que j'ai devant mes yeux est tout simplement grandiose.
Il a installé une table pour deux, sur laquelle sont déposées des bougies, dont les flammes dansent doucement. La pluie semble s'être arrêtée, ce qui me permet d'avancer sur un sol sec. Sans doute encore une technologie que j'ignore.

Il est vrai que jamais je n'ai fait de repas aux chandelles, d’ailleurs je trouve cela gnian-gnian, mais de la part de cet homme que je connais maintenant depuis quoi, 2 heures ? C'est vraiment charmant.

Mes yeux continuent d’examiner ce lieu atypique. Un jardin de fleurs. Des bandes de pelouse. D’immenses bacs en bois où sont plantés des arbustes taillés en boule et qui donnent, à ce lieu, un côté campagnard. Sans en oublier des rosiers aux couleur vives. 
Jamais je n'aurais pu imaginer que dans cette capitale, il pouvait y avoir des toits-terrasses aménagés. Et je suis loin de mes surprises.

Des grands panneaux opaques résistants aux intempéries sont installés tout le tour pour garder cet endroit discret aux yeux des curieux, tout en gardant cette vue spectaculaire visible à ceux qui montent ici.

Une lumière discrète et continue dissimulée en sous-sol, attire mon attention, mais je ne veux pas jouer la curieuse. Alors je m'avance vers cette table pour m'y installer sagement et regarde les cloches posées sur chacune de nos assiettes.
Il s'installe à son tour en face de moi.

-J'ai l'impression d'être dans une télé réalité.

-Comment ça ?

-A chaque fois que je rentre dans l'une de vos pièces, je suis émerveillée. J'ai l'impression de me retrouver dans Secret Story. Vous savez cette émission où les candidats étaient isolés du monde extérieur durant dix à quinze semaines. On l’appelait d'ailleurs la maison des secrets. L'ensemble des pièces était équipé de caméras vidéo. La mission était que chacun d’entre eux préserve un secret tout en tentant de découvrir ceux des autres participants.

Il sourit en me remerciant d'un simple geste de la tête. Puis se penche vers moi et d'un clin d'œil ajoute :

-Qui vous dit que je n'ai pas de caméras cachées dans tous les recoins de ma maison ?

J'efface mon éclatant sourire pour le remplacer par une expression légèrement suspicieuse.

-Non ! Je ne vous imagine pas pervers.

Il éclate d'un rire qui vient du cœur et attrape ma main posée sur la table pour la porter à ses lèvres.

-En effet, je ne fais pas partie de cette catégorie d’hommes...

Nos yeux se croisent, ils brillent, les flammes se reflètent dans ses pupilles me faisant la promesse d'une soirée intense. Je baisse mes yeux et regarde cette cloche, cachant sans doute un met délicieux.

-On mange ?

-Oui, pardonnez-moi.

Il laisse glisser mes doigts pour me dévoiler ce qu’il m’a préparé.

-Antonio ! Vous me surprenez...

A suivre.

Et voilà. Prochain chapitre, dimanche.
Bonne semaine et surtout.
Attention à vous.

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