chapitre 46


  Ligabue : Sarà Un Bel Souvenir.

-Ça ne devait pas se passer comme ça.

Mon accent italien s'accentue et furieux contre moi-même, je frappe sur le volant.
Puis cherchant son pardon, je me tourne vers Axelle qui m'examine avec attention.

-Mi scusi ! Murmuré-je.

Elle pose sa main sur mon avant-bras.

-J’ai confiance en toi Antonio. 

Je fais non de la tête. Dépité de tout ce que cela va engendrer. Je commence même à me demander si cela était vraiment responsable, de l'emmener ici, avec moi.

-Tout était bien planifié et j'ai l'impression que tout va m'échapper.

Je réfugie ma tête dans mes mains. Marmonne des mots en italien, alors que ses doigts caressent mes cheveux, comme l'aurait fait "mamma".
Je redresse ma tête. Tourne mon visage vers Axelle.
Elle soutient mon regard.

-J'ai tellement peur que tout parte en... Je cherche un mot en français synonyme en italien.

-Couilles ? Ajoute-t-elle avec humour pour détendre l'atmosphère qui devient pesant dans la voiture.

Je fronce les yeux, puis étire mes lèvres après avoir eu la signification du mot.

-Avoue que ton français est parfois bizarre !?

-C'est ce qui fait le charme de notre langue Antonio.

J'acquiesce. Détache ma ceinture. Me penche vers elle pour l'embrasser langoureusement.
À l’aide de ma langue, je vais chercher le goût de la sienne pour m'en imprimer. De son côté, passionnément, elle s'accroche à mes épaules.

-Merde ! Avec toi tout paraît si simple. Mais tellement démesuré.

Je repars à l'assaut de sa bouche et aspire ses gémissements pour m'en nourrir. 
Je cherche ma force à travers elle. Puis me décrochant de son emprise, je lui susurre.

-Elle est parfaitement parfaite.

Axelle butine mes lèvres, mon menton, ma joue rugueuse et je ferme un bref instant les yeux. Elle pose son front sur le mien.

-Tout va bien se passer Antonio. Je sais que tu me protégeras de tout le système médiatique.

-Mon dieu j’espère !

De ma main, je capture son menton.
Le tient fermement. Elle doit écouter mes consignes.

-Tu restes auprès de moi. Tu ne dis pas un mot. Si la presse à scandales est là, je veux que tu baisses la tête.  Ne regarde absolument pas les médias. Ton visage ne doit ni apparaître dans les journaux, ni sur les petits écrans italiens.

Elle fixe mon regard. Sans baisser une seule fois les yeux.

-As-tu bien compris ?

Axelle acquiesce.

-Je veux un oui ferme.

-Tu me fais peur Antonio. Mais oui je te le promets.

-Tant mieux que tu aies peur. Ceci n'est pas un jeu.

Je vais pour reprendre ma place.

-As-tu des lunettes de soleil ?

-Oui, dans mon sac de voyage.

-Va les prendre.

Puis je lui tends ma casquette.

-Mets-la et cache bien tes cheveux à l'intérieur. Rien ne doit en sortir. Tu dois être "l'inconnue du Plaza hôtel."

Elle s'agite sur le siège en ouvrant des grands yeux paniqués, alors que de mon côté, j'accentue mes dires à l'aide de mes doigts façon : guillemets.

Elle examine autour d'elle, sort rapidement, pendant que je déverrouille mon coffre. Puis elle revient s'installer auprès de moi essoufflée par le stress et se met à rire nerveusement.

-J'ai l'impression de tourner un film d'espionnage. Tu sais, comme ces vieux films noir et blanc des années 50.

Je lui décroche un clin d'œil bref et rassurant.

-Bienvenue dans mon monde !

Je visse un peu plus ma casquette sur sa tête. Camoufle quelques mèches rebelles de façon à ce que rien ne dépasse, laissant apparaître sa nuque qui ne demande que mes lèvres. Ce que je m'empresse de faire sans aucune hésitation.

Je laisse glisser ma bouche sur sa peau, la remonte jusqu'au coin de son lobe d'oreille, pour l'attraper entre mes dents et le mordiller avec tendresse.
J'agrippe ensuite ses mains qu'elle tient fermement en poing pour contenir ses émotions.
Les monte à mes lèvres pour embrasser l'intérieur de ses poignets en regardant son visage. Elle abaisse ses paupières et entrouvre ses lèvres. 
Et je replace ses mains sur ses genoux, pour reprendre ma place et m'attacher ensuite. 

J'allume ma radio où le chroniqueur annonce une belle journée. Le carnaval qui se profile à l'horizon, le festival du film vénitien et bien d'autres choses encore.
Mais rien sur mon arrivée.
Tant mieux, je suis rassuré.
Puis la chanson : La Prima Volta par Negramaro se répand.

J'observe avec attention Axelle s'enfoncer dans son siège pour essayer de se faire la plus discrète possible. Et reprends la route dans le trafic dense de Venise.

Au cours du petit trajet qui nous mène au box, elle se frotte les mains sur son pantalon.

-Ça va ?

- J'ai l'estomac noué. Les paumes moites et les nerfs à fleur de peau.

-Explique-moi ce qui t'inquiète ?

-Je me rends compte que l'on ne vit pas du tout dans le même univers Antonio.

Je quitte la route des yeux quelques secondes pour croiser son regard inquiet.

-Sois plus clair !?

-Ce genre d'existence dans lequel tu évolues m'est vraiment étranger. Tu vis à 100 à l'heure. Cela doit être épuisant, parfois. Non ?

- C'est juste une question d'habitude. Et t'inquiète. Je laisse le soin à mon équipe d'avoir mes ulcères à l'estomac.

Je la sens de plus en plus tendue, et je dois la rassurer de toutes les façons possibles.
J'appelle donc mon attachée de presse par Bluetooth. Celle-ci décroche aussi rapidement que la tonalité s'installe.
Je sais qu'elle aussi est sur le qui-vive.

-Sergio ?

-Tu as prévu des gardes du corps ?

-Oui j'ai pris ceux de l'hôtel. Deux gros malabars qui ne donnent pas envie que l'on s'approche de vous.

Je pose l'une de mes mains sur la cuisse d'Axelle et serre celle-ci. Avec un grand soupir de soulagement elle se détend.

-Je veux surtout que ce soit elle qui soit protégée, continué-je, déterminé à ne rien laisser passer.

-Vous serez protégés tous les deux Antonio, répond celle-ci d'une octave plus aiguë. Je ne voudrais pas être responsable d'un accident, même minime qu'il soit. Tu as encore la dernière scène à tourner et le festival qui suit derrière pour la projection de la bande annonce.

-Je sais mais... !

-Écoute-moi bien Sergio. Là c'est moi qui donne les ordres. 

Son ton est ferme me laissant aucun choix sur celui qu'elle a décidé de prendre.
J'appose ma main sur le volant, à côté de l'autre, et fermement, m'y accroche. Car jamais elle ne s'est permise de me parler comme elle le fait.

-Je ne veux pas avoir le réalisateur sur le dos sous prétexte que le film a été retardé, parce que la vedette du film s'est retrouvée aux urgences pour avoir protégé sa copine. Ok !? Continue-t-elle sur un ton ferme.
On t'attend. Préviens quand tu arrives.

Et la communication est coupée, sans que je ne puisse ajouter quoi que ce soit.
Alors je reprends l'attention sur la route bondée, où se forment des embouteillages. Interminables. Je klaxonne, hurle en italien alors qu'une longue file ininterrompue s'allonge.

-Bienvenue à Venise Axelle !

-Je vois que votre réputation n'est plus à faire.

Elle cramponne la portière. Le tableau de bord. Freine de ses pieds et rentre la tête dans ses épaules quand un conducteur manque de nous percuter de son côté.

-Vous roulez extrêmement mal.

Tout en gardant les yeux rivés sur la route, j'examine les rétroviseurs intérieur et extérieur, méfiant. Axelle a raison. La scène donne l'impression d'être dans une de ces séries d'espionnage, où le KGB et la CIA se poursuivent pour une histoire de carte à puce ou de fichiers dissimulant la nouvelle arme nucléaire.

Puis le lieu de notre destination se profile à l'horizon.
Le box pour y cacher ma Lamborghini.
Devant la porte, un taxi nous attend déjà. Ses vitres paraissent teintées.

Rapidement, j'exécute mes manœuvres pour la stationner à l'abri des regards. Récupère les valises dans le coffre, les housses de costumes, pendant qu'Axelle prend Minuit. Et rapidement nous nous cachons dans le taxi.

À suivre...

Et voilà mes chères lectrices, un peu de rythme dans cette histoire.  Pour faire monter l'angoisse de mes deux héros. 
Mais comment vont-ils s'en sortir ?

Réponse au prochain numéro......

En tout cas encore un million de merci a vous mes fidèles lectrices. Pour vos votes et vos impressions qui me touchent sincèrement.
A bientôt...

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