chapitre 29

Wyatt And Lucy - Robert Duncan.

Je scrute avec attention les doigts de Valentin pianoter sur les touches de mon téléphone.

-Tu n'écris pas n'importe quoi j'espère ? 
-Non ! Me répond celui-ci avec un brin d'humour.
-Et tu crois peut-être que je vais te croire ? Toi l'ex-Escort Boy qui doit savoir manipuler les mots comme personne. 
-Tu insinues quoi Axelle ?  

Quittant des yeux l'écran de mon téléphone il affiche une moue de mécontentement. Bon d'accord, j'avoue que sur cette réponse, je ne l'ai pas joué fine. 

-Tu veux avancer dans cette histoire, oui ou non ? 

Son timbre de voix sévère me démontre qu'il n'a pas vraiment apprécié que je lui fasse rappeler des souvenirs qu'il a enfouis dans sa tête, comme il l'aurait fait avec un tiroir où il en aurait jeté la clé bien loin devant lui.  J'acquiesce silencieusement alors que dans le ciel, au-dessus de notre tête, un goéland semble me hurler : 
"la prochaine fois, tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler."

Valentin quitte mon regard et le replonge sur mon téléphone pour reprendre l'écriture de son message.   De mon côté, j'avale ma salive discrètement pour étouffer mes excuses.

-Tiens !

Il me tend mon précieux et se lève, froissé. Je récupère mon portable d'une main et de mon autre, j'agrippe la sienne quand il passe à mes côtés pour rentrer dans la maison.

-Je suis désolée, murmuré-je. Je n'aurais pas dû. C'est vraiment…

Mes mots restent en suspens, coupés par l'intonation de voix de Stéphanie.

-Vous avez fini tous les deux ? On dirait deux gamins qui se chamaillent pour un bonbon. Tu ne vas quand même pas nous chier une pendule ? Continue-t-elle à l'encontre de son mari qui, surpris, lève un sourcil face à son langage de charretier. 
-Ma douce ! 
-Tss ! Tss ! Exprime ma meilleure amie, désapprouvant le comportement de son mari. 
-Mais... ! Continue celui-ci essayant de se justifier. 
-Tarata ! Ajoute-t-elle en balayant de ses doigts l'air devant son visage, décidée de ne pas le laisser argumenter sa défense.
-On ne s'est pas vus depuis tellement longtemps. Ton comportement est illogique Valentin. Axelle n'a vraiment pas fait attention. Et elle s'est excusée. Alors s'il te plaît...

Il ne la laisse pas finir, se penche vers elle, pour déposer ses lèvres sur les siennes, lui coupant par la même occasion, la parole, acceptant docilement ses dires. 
De mon côté, je détourne le regard, gênée.
Quoique je pourrais aussi me lever et partir me coucher, mais je n'ai pas sommeil.

-Excuse-moi Axelle !

Je souris tout en tournant mon visage vers lui.
Puis il agrippe les doigts de Stéphanie, l'obligeant à se redresser.

-Dispute ma douce !? Cela signifie réconciliation sur l'oreiller.

Stéphanie se lève, affichant sur son visage le plus beau des sourires.
Trois minutes plus tard je me retrouve seule, avec Minuit qui m'a rejointe timidement, en franchissant le seuil. 
Le bruit du va-et-vient de l'océan le rend légèrement farouche. 
Alors en l'encourageant verbalement par quelques mots rassurants, je tapote sur mes cuisses pour qu'il vienne s'y réfugier.
Mais des cris de joie retentissent dans la nuit et tout en caressant son pelage soyeux, j'essaie tant bien que mal de distinguer d'où ils viennent.
Tout à coup, devant mon regard émerveillé, la lune éclaire deux ombres, qui s'amusent dans les vagues.  L'heure tardive annonce que les amants profitent de ce moment de solitude et de plénitude pour faire un bain de minuit et se réconcilier après une courte dispute.  
Je détourne alors mon regard de Stéphanie et de Valentin, leur laissant ce moment d'intimé.
Puis j'agrippe mon téléphone, curieuse de connaître ce que Valentin a écrit. Et je lis le texto envoyé quelques minutes plus tôt à Antonio.

"Bonjour, mon nom est Valentin, l'ami d'Axelle. En premier lieu, je voulais vous féliciter pour votre travail de photographe. J'ai d'ailleurs acquis une de vos œuvres."
"Mais revenons plutôt aux choses sérieuses, et cela n'est pas une phrase en l'air. Si vous avez le malheur de ne pas être correct avec Axelle, ou de la blesser de n'importe quelle façon. Alors vous aurez affaire à moi."

Je fronce les sourcils, me rendant compte que Valentin doit énormément m'apprécier pour écrire ce genre de message.
Je quitte des yeux mon écran pour examiner mes amis qui semblent avoir disparu de mon champ de vision.  Et je soupire en reprenant la lecture du message.

"Je sais qui vous êtes. Je connais du monde et je saurai vous retrouver dans n'importe quel endroit où vous vous trouvez." 

Puis mon ami signe de son nom, suivi de quelques mots respectueux, comme s’il venait d'écrire une lettre importante. 

Je vais pour éteindre mon téléphone, mais celui-ci vibre entre mes doigts, faisant apparaître un nouveau message.

Antonio : 
"Vous avez des amis qui tiennent à vous. Et cela me rassure Axelle. Mais sachez, que jamais je ne vous ferai du mal. Vous êtes trop précieuse pour moi."

Un second message d'Antonio arrive rapidement.

"Vous dormez ?"

Puis son nom s'affiche sur l'écran m'indiquant qu'il m'appelle. Alors, impatiente d'entendre son timbre de voix, - un accent tonique mis en relief par une exagération sonore quand il prononce et qu'il appuie sur les quelques syllabes de certains mots - je réponds.

-Bonsoir Antonio. Non je ne dors pas.

Tenant d'une main mon téléphone et de l'autre caressant mon chat, je m'installe confortablement dans mon siège. Et j'attends qu'il me réponde.

-Vous êtes où là ? Où êtes-vous installée Axelle ?

Je me laisse submerger par cette empreinte verbale. Cette intonation et cette modulation de voix qui lui est si particulière.

-Je suis assise sous le clair de lune.

Je regarde l'horizon et ajoute émerveillée :

-C'est tellement beau Antonio. On dirait qu'elle a pris pour miroir l'océan et qu'elle s'examine avec attention pour plaire à ses admirateurs.
-Vous semblez triste ! 
-Oh non, je suis juste...

Je réfléchis pour trouver le mot exact à mon état d'âme.

-Bien. Épanouie. Heureuse.

Subitement, quelques orgasmes de satisfaction arrivent jusqu'à moi, m’informant que les deux amants de la plage sont rentrés et prennent soin l'un de l'autre dans leur lit conjugal.  Et mes joues rougissent légèrement.

-Je vais vous poser une question. Vous aimeriez être où en ce moment ?
-Ailleurs que là où je suis actuellement. 
-Expliquez-vous !?

Je ris sous cape à sa question, alors que les orgasmes de Stéphanie montent crescendo.

-Mes amis sont en train de fraterniser sur l'oreiller.
-Je ne comprends pas Axelle.

Je grogne intérieurement en réfléchissant à la façon dont je vais pouvoir lui expliquer.

-Je ne vais pas vous faire un dessin Antonio. Ils ont eu une légère dispute et maintenant ils se font un câlin. 
-Câlin ? Ajoute celui-ci me poussant à dire les mots comme il se doit.
-Ils copulent. Ils s'accouplent. Ils couchent...
-Ils baisent Axelle, murmure sa voix dans le creux de mon oreille, comme s’il se trouvait à quelques millimètres de moi.

Machinalement je jette un rapide coup d'œil à mes côtés, sachant très bien qu'il ne s'y trouve pas. 

-Oui ! Réponds-je presque pour moi-même. 
-Axelle, vous êtes en train de m'exciter là. Et j'avoue que ce n'est pas très gentil.

Il semble réfléchir avant de continuer de parler.

-J'aimerais être auprès de vous. Dolce metà*.
-Et j'aimerais que vous soyez aussi à mes côtés Antonio. 
-Ti voglio* Axelle.
-Moi aussi Antonio. 
-Ho bisogno di te e non vedo l'ora di rivederti*.

Je serre les lèvres. Je ferme les yeux et laisse ses mots en italien caresser mon âme. 

-Buona notte bella* Axelle.

Puis la communication est coupée sans que je puisse lui répondre.
Alors levant la tête vers les étoiles, je lui souhaite une bonne nuit à lui aussi, espérant que celles-ci pourront transporter mes messages. 

A suivre…

Traduction :
*Douce moitié.
*Je vous veux Axelle.
*J'ai besoin de vous et je suis impatient de vous revoir.
*Bonne nuit jolie Axelle. 

Encore désolée si ces chapitres manquent un peu de logistique ? Mais j'avoue que j'avais envie de faire apparaître mes deux héros du tome précédent.
Si cela gène de trop,  je les retire .

Bon week-end à vous tous. Et à très bientôt pour la suite...

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