chapitre 26
Nina Simone .
Un miaulement, quelques poils doux sous mon nez, une queue qui me caresse le visage et me voilà à me réveiller calmement.
Je m'étire, alors que Minuit continue de me réclamer des caresses.
Les yeux encore clos, je le papouille encore et encore, tandis que celui-ci semble être aux anges en ronronnant de plus belle. Alors, sourire aux lèvres, je me tourne sur le côté espérant y découvrir Antonio. Mais mon air jovial s'efface rapidement quand je constate avec surprise que la place est vide et froide. Preuve qu'il a quitté mon lit depuis bien longtemps déjà.
"Décidément, avec lui, je ne sais pas sur quel pied danser."
Je soupire en laissant mes questions tourner en rond de nouveau dans ma tête et me redresse pour me positionner assise sur mon matelas.
Négligemment, je balance les draps et couverture au bout de mes pieds, ce qui fait bondir Minuit.
Je ris en voyant sa réaction : petit crachement pour m'impressionner et me montrer son mécontentement. En retour je me penche et pose le plat de ma main sur son pelage et la remonte jusqu'au bout de sa queue dans une caresse longue et lente. Appréciant mon geste, Minuit fait le dos et s'étend de ravissement.
J'appose ensuite mes pieds nus sur le sol et constate rapidement qu'il est légèrement frais. Dans un frisson qui parcourt mon corps, j'enfile mon gilet du matin pour retrouver hâtivement une chaleur douce et réconfortante.
Traînant les pieds, je prends la direction de ma cuisine pour un petit déjeuner copieux et voir par la même occasion si une boîte de thon ne traîne pas dans un de mes placards.
Je m'avance donc, suivie par mon nouvel ami à quatre pattes, qui passe et repasse devant mes pieds au risque de nous faire chuter tous les deux à plusieurs reprises.
J’aperçois mon téléphone sur ma table, me tendant les bras. Alors, d'un pas décidé, je l'agrippe, sélectionne mon destinataire et écrit mon texto.
Et comme le disait ma grand-mère : si tu ne vas pas à *Lagardère, Lagardère ira à toi.
Moi :
Bonjour Antonio, je vous ai encore fait fuir ? Ou alors je vous fais réellement peur.
Je souris bêtement au clavier, puis l'envoie sans aucun regret.
Après tout, je ne désire qu'une chose : une réponse claire et nette de sa part et surtout connaître la suite de notre histoire. S’il y en a une, bien sûr.
Quelques minutes plus tard, je suis attablée devant mon café avec des tartines beurrées, léchant avec délectation ma petite cuillère remplie de Nutella, tandis que Minuit semble se régaler.
Son museau plongé dans sa boîte, il savoure avec plaisir ce petit entremet à base de poisson que j'ai trouvé, perdu dans un recoin.
Quelques instants plus tard, il se lèche les babines. Se passe la patte derrière les oreilles et comme le font tous les chats après un succulent repas, se fait une toilette minutieuse.
Je l'examine avec attention oubliant les minutes qui tournent rapidement.
Mais la réalité me rattrape rapidement quand mon téléphone portable sonne sur ma table de cuisine.
-Oui !
-Axelle, tu vas bien ? Comme je ne t'ai pas vue ce matin je me suis un peu inquiétée.
-Ne t'inquiète pas, dis-je à ma collègue de la fondation.
-J'ai eu une panne d'oreiller ce matin.
-Je te comprends, répond celle-ci.
-Tu as donné beaucoup de ton temps libre avec cette petite Inès. Prends une journée voire plus et repose-toi bien.
-Merci beaucoup Sylvie, bonne journée à toi aussi.
Et nous raccrochons en même temps.
Ah ! Que dire de Sylvie ? Tantôt lesbienne quand les mecs la font chier et tantôt hétérosexuelle, quand elle rencontre un super coup, comme elle sait si bien le dire.
Personnellement, je la classe dans les bisexuelles, les indécis. Ceux qui ne savent pas vraiment où prendre leur pied.
Un jour, elle tombera follement amoureuse d'une femme à ne plus la lâcher. A en être jalouse, si celle-ci a le malheur d'en regarder une autre.
Puis, quand elle en aura fait le tour, elle la laissera tomber prétextant que malheureusement leur histoire doit s'arrêter là. Qu'elle la voit plus comme une amie, que comme une petite amie.
Mais la vraie raison sera tout autre, Sylvie sera tombée sous le charme d'un beau mec. Parce qu'il aura des yeux à faire chavirer, un sourire à se damner ou un cul d'enfer.
Je souris aux anges en repensant au surnom que je lui ai attribué : petit Bonobo.
Je me rappelle encore de cette allusion qu'elle avait faite sur les relations au boulot. Si j'y étais favorable.
A laquelle j’avais répondu sagement :
"Tant que cela ne me concerne pas, je n'y vois aucun inconvénient."
Une gentille façon de lui dire que je n'étais pas intéressée par sa proposition.
"-As-tu déjà essayé au moins ? M'avait-elle interrogé.
-Non ! ai-je répondu.
-Dommage, car, qui mieux qu'une femme est capable de donner du plaisir à une autre ?
Plongeant ses yeux dans les miens, elle avait ajouté avec un brin d'humour :
-Tu connais ton anatomie du bout des doigts ? Tu sais comment prendre du plaisir ? Alors imagine que ce soit une autre qui te le donne."
Puis elle avait continué son monologue en me donnant des détails, plus ou moins gênants, que seul un auteur de livres érotiques sait le faire lors d’un passage explicite du livre, soit après s'être plongé en immersion totale en se donnant corps et âmes dans une relation atypique à court terme, soit après avoir fait des recherches sur Google ou mieux encore, dans des clubs très particuliers où seuls les membres peuvent y rentrer avec une carte d'adhésion.
Après avoir raccroché, soulagée de ne pas avoir eu à donner une explication qui n'aurait pas tenue la route, j'appelle Stéphanie lui demandant si je peux passer quelques jours chez elle, enfin chez eux. Car oui, moi la fille qui ait monté un plan abracadabrant pour qu'elle rencontre son Escort Boy, ai besoin de conseils.
Enfin, je sais que de sa part je ne pense pas en recevoir, mais de celle de son ancien accompagnateur, ça je n'en doute pas…
Car c'est décidé, Sergio dit Antonio doit tomber dans les mailles de mon filet.
-Mais bien sûr, avec plaisir Axelle, on t'attend. Ta chambre est toujours prête. Et ta nièce sera heureuse de te revoir.
Et les questions fusent les unes derrière les autres sans que je puisse placer un seul mot. Alors j'éclate de rire, ce qui l'a fait s'arrêter de parler et elle éclate de rire à son tour.
-Tu me manques ! Lui dis-je tout simplement.
-Toi aussi. Tu viens seule ?
Je bifurque mon regard vers mon chat qui, assis sur son train arrière, m'examine.
-Non avec Minuit.
-Minuit ?
-Mon nouveau petit compagnon.
J'affiche un plus grand sourire, l'imaginant réfléchir sur mes dires. Puis j'ajoute :
-Il a quatre pattes et ronronne quand je le caresse.
-Qu'est-ce que tu me racontes comme bêtise Axelle ?
-C'est mon chat. Je t'expliquerai à mon arrivée.
-D'accord. Je t'envoie l'heure par sms.
Subitement, la voix lointaine un peu hachurée de son mari m'arrive aux oreilles.
-Valentin me dit que l'avion sera sur le tarmac à 13h. Bisous. Vraiment hâte de te revoir.
-Moi aussi.
Puis nous raccrochons en simultané.
Une vingtaine de minutes plus tard, mon sac de voyage est fait pour une semaine. Un SMS est envoyé à Sylvie pour la prévenir.
Mes clés sont confiées à ma voisine pour s'occuper de mes plantes, à laquelle, par la même occasion, j'ai emprunté une caisse de transport.
Un coup de klaxon m'indique que mon taxi m'attend pour l'aéroport du Bourget.
Assise sur le siège arrière de la voiture, j'ai branché mes écouteurs sur mon téléphone et dans mes oreilles Nina Simone chante I'm feelin' good.
It's a new dawn
It's a new day
It's a new life
For me, yeah
It's a new dawn
It's a new day
It's a new life for me Ooh and I'm feelin' good.
Traduction :
C'est une nouvelle aube
C'est un nouveau jour C'est une nouvelle vie
Pour moi, ouais
C'est une nouvelle aube
C'est un nouveau jour
C'est une nouvelle vie pour moi
Ooh et je me sens bien.
A suivre.
* Lexique :
Le chevalier Henri de Lagardère est un personnage de fiction créé par le romancier français Paul Féval et protagoniste de son roman Le Bossu, publié en 1858.
Petite histoire :
Sur le chemin de l'exil, il s'arrête pour affronter une dernière fois le Duc de Nevers, qui lui a donné rendez-vous au château de Caylus, et tenter de percer le secret de sa botte redoutable. Quand il apprend le complot mené contre son adversaire, il se bat à ses côtés et assiste impuissant à sa mort.
Lagardère recueille sa fille Aurore et jure de le venger. Pour approcher l'assassin, le puissant Philippe de Gonzague, il se déguise en bossu et prépare sa revanche.
.......
Mille merci pour vos votes, vos impressions, et vos réactions. C'est formidable d'avoir des retours et cela fait vraiment plaisir.
A très vite pour le prochain. Et comme certains s'en sont aperçu.
Valentin et Stéphanie vont faire une courte apparition.
Bonne fin de week-end, bonne semaine et surtout : PRENEZ SOIN DE VOUS !
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