Chapitre 2
Speed - Zazie
Il passe la première, et tel un cheval fougueux qui se cabre, la voiture me donne l'impression d'atteindre les 100 kilomètres/heure en un quart de seconde.
Résultat, je suis plaquée sur le siège, comme j'aurais pu l'être avec un avion de chasse.
Ma réaction est sans appel. Je pousse un petit cri de surprise, suivi d'un second "Atchoum" disgracieux.
Ses doigts sur les commandes au volant bougent et une chaleur agréable me submerge des pieds jusqu'à la racine des cheveux.
Sans oublier un parfum de cuir et d'eau de toilette haut de gamme se mélangeant dans l'habitacle, me laissant imaginer bien trop de choses.
Je ferme les yeux un laps de temps pour les réouvrir aussi rapidement.
"Non mais je rêve ! Voilà que je me mets à fantasmer sur un chauffeur inconnu."
Alors, tout en essayant d'être discrète, je lève ma main jusqu'à mon front pour tâter celui-ci, qui semble à une température dite normale.
Dans sa voiture le silence règne. Seul le bruit des gouttes d'eau tombantes bruyamment sur le toit se font entendre.
Je jette un coup d'œil sur les essuie-glaces qui balayent le pare-brise à la vitesse maximum, éliminant rapidement la pluie qui s'écrase, indifférente aux dégâts qu'elle va déclencher dans quelques heures sur une terre détrempée.
Je serai bien tentée de tenir une conversation avec cet homme assis à mes côtés, mais j’ai peur de faire des fautes grammaticales. Alors sagement, je regarde l'intérieur de la voiture, illuminée par la console du tableau de bord.
-Lamborghini ? L'interroge-je en faisant de grands gestes indiquant que je parle de la voiture.
De son doigt il m'indique le logo : un taureau incrusté sur le centre du volant, me signifiant que je ne me trompe pas.
En effet, je me rappelle avoir entendu dire que Ferruccio Lamborghini, le fondateur de la marque était de ce signe du zodiaque. Mais aussi un très grand passionné de corrida. D'où cette posture, attaquante et défensive de l'animal.
La température devient de plus en plus agréable et malgré mes vêtements trempés, j'avoue que je n'ai pas très froid.
J'inspire doucement. Je compte jusqu'à trois et lentement je me lance dans une conversation que j'espère correct.
-Axelle !
Bon ok ! J'ai essayé. Mais c'est mieux que rien.
-Antonio ! Répond celui-ci dans un italien qui me fait vibrer.
(1) -Grazie !
Il tourne la tête rapidement de mon côté cherchant certainement ce que je veux dire.
(2) -Per averti fermato ?
Il sourit. À mon avis mon italien doit être pourri. Une vache espagnole pourrait faire mieux.
Espagnol pourquoi Espagnol ?
Je laisse ma question tourner dans ma tête alors qu'il reprend son attention sur la route.
Curieuse, mon regard se pose sur son compteur. Grosse erreur de ma part quand celui-ci inscrit 180 kilomètres/heure.
Je hurle, m’accroche au siège. Il manquerait plus que je meure sur cette route de campagne.
Certes, j'ai ce bel étalon au volant, mais quand même. Je pense être un peu jeune pour m'en aller au pays des anges.
La voiture décélère et mes fesses font de même. Puis un panneau illuminé par ses feux de route nous signale une pompe à essence, et Il prend l'embranchement.
D'accord, j'ai compris. C'est là que s'arrête notre route.
Il stationne sa voiture juste devant l'entrée de la station et j'en descends, quittant un parfum agréable et une douce chaleur, pour affronter l'humidité et un brouillard qui vient subitement de se lever.
Je le remercie d'un signe de tête, réajuste ma jupe et claque la portière derrière moi tout en essayant de me protéger comme je le peux.
Mes escarpins martèlent le sol mouillé et mes pieds font : floc, sur des semelles intérieures complètement détrempées.
Dix secondes plus tard, je pousse la porte de la boutique. M'ébouriffe comme un chat qui déteste la pluie et mon chignon n'a plus l'air de rien. Mes cheveux me collent au visage. J'ai l'air pitoyable !
-Bonjour !
Je laisse la porte se refermer doucement et avance devant le comptoir où est installé un homme debout, derrière sa caisse enregistreuse.
Il m’examine des pieds à la tête. Puis détache son regard dubitatif sur ma personne, pour en examiner une autre au-dessus de mes épaules.
(3) - Buongiorno !
Mon dieu cette voix, cet accent. Cela me fait des sensations indescriptibles. J'ai l'impression qu'une source de chaleur inexplicable se répand dans tout mon être. C'est du jamais vu et surtout déstabilisant. Au point que je n'ose même pas me retourner. De peur qu'il détecte mon embarras.
Je sens mon rouge aux joues monter progressivement à mon visage.
"Reprends toi poulette, ce n’est quand même pas la première fois que tu rencontres un homme ?"
Le pompiste derrière son comptoir se désintéresse complètement de moi et sourit à mon sauveur.
-Une Lamborghini Aventador LP 700-4 ? Demande celui-ci émerveillé de voir ce bolide stationné devant sa porte.
"Ok je comprends. Entre une Lamborghini et ma personne, le choix est rapidement pris."
-Si !
Subitement, je sens la présence d'Antonio à quelques centimètres de moi, au point que si je fais un demi pas en arrière, je pourrais me retrouver collée à son torse.
Mais je suis une fille intelligente et raisonnable et je me ravise rapidement, sans compter que je viens de me faire plaquer.
Mais mon esprit coquin en a décidé autrement en me faisant défiler un storyboard digne d'un film X.
Je serre ma mâchoire, me mords l'intérieur de ma joue et j'occupe mon regard vers l'étalage de friandises se trouvant devant moi : Kinders, Buenos, Lions et toutes ces autres barres chocolatées qui semblent me tendre les bras et me crier : "prends-moi !".
J'ouvre de grands yeux gourmands, alors qu'à mes côtés, une conversation s'échange entre les deux hommes.
-J'ai vu un reportage sur un comparatif dans l'émission Top Gear. C'est une vraie bombe que vous avez monsieur. Un vrai petit bijou, d'une puissance de 700 chevaux. Du 0 à 100 km/h en 2 secondes chronomètre....
Et bla bla bla ! Vous savez comment sont les mecs quand ils parlent de voiture ! On a l'impression qu'ils discutent d'une maîtresse qu’ils vénèrent. A se demander si certains ne dorment pas avec.
Je souris intérieurement et me détourne mentalement de ce dialogue qui m'est indifférente, pour reprendre mon attention sur des Fingers qui me disent : "mange-moi."
Je tends ma main vers cette délicieuse tentation. Mes doigts se posent sur le paquet XXL.
Quand tout à coup, le torse chaud d'Antonio se colle à mon dos.
Je ne bouge plus, pendant que son souffle virevolte à mon oreille.
Sa main agrippe la mienne malencontreusement.
"Oh merde ! Je perds tous mes repères."
Mon cœur s'arrête, ma respiration s'accélère, et surprise de ma réaction, je retire ma main aussi rapidement qu'elle s'est posée sur ce chocolat, pour la faire bifurquer sur un Mars.
Je souffle discrètement afin de reprendre le contrôle de mon cerveau. Je pose la barre sur le comptoir et annonce :
-Excusez-moi, je suis tombée en panne d'essence. Auriez-vous un jerrican s'il vous plaît ?
Les yeux du pompiste me jettent des éclairs, me démontrant qu'il n'est pas très heureux que je lui coupe une conversation qui semble n'intéresser que lui.
-Non désolé.
Ses mots claquent dans l'air et je lève les yeux en l'air, dégoûtée.
Du coup, légèrement refroidie, je remets ce satané Mars à sa place. Mais celui-ci ne reste pas longtemps sur le rayon et reprend rapidement la précédente.
-Je vous dois combien ?
Je frissonne. Son accent italien mélangé au français est à craquer.
Je serre mes lèvres, puis me mords la supérieure...
"Huston ! Nous venons de perdre la planète Axelle..."
Traduction :
(1) Merci
(2) Pour vous être arrêté.
(3) Bonjour
A suivre.
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