chapitre 16
The New Basement Tapes.
-Coupez !
Hurle le réalisateur dans son porte-voix, de peur qu'on ne l'entende pas.
-Tu te fous de moi ?! Ou tu le fais exprès ?
Je tourne la tête de son côté, alors que celui-ci se lève de sa chaise et progresse vers ma partenaire et moi-même.
Puis brusquement, il arrache d'entre mes doigts le fouet fictif aux lanières de tissu noir, et me montre les gestes à exécuter devant toute une équipe muette, qui n'ose pas lever le petit doigt.
-Tu dois secouer le martinet de sorte que son sexe soit effleuré. Comme ça.
Le réalisateur exécute sa démonstration, comme le ferait un sadomasochiste dominant sa soumise. Il croise le regard de l’actrice nue, toujours en posture de croix.
-Toi ! Tu dois prendre du plaisir, malgré l'ambiance qui règne autour de ta personne.
Il tourne la tête vers les figurantes et figurants qui, pour certains, sont à quatre pattes en laisse comme de braves petits chiens.
D'autres portent des capuches en simili cuir, alors que d'autres encore, ont de grandes bottes à talons aiguilles et la panoplie complète digne de Catwoman.
Sans oublier, autour de nous, les simulations d'orgie, donnant à la scène de BDSM, un spectacle dégradant pour certains spectateurs du futur film.
-Toi, je t'ai dit qu'avec tes talons tu dois faire croire que tu lui écrases son sexe. C'est quand même pas compliqué d'exprimer de la douleur ou du désir ?! Merde alors.
Il reprend sa place près du prompteur qui lui permet d'examiner la ou les scènes de plus près. Lève la main et ordonne que l'on refasse la scène.
-Moteur ! Hurle-t-il en la rabaissant d'un geste sec.
Je reprends mon attention sur France, et secoue le martinet doucement.
Les lanières de cuir fictives accrochent la poitrine puis le ventre et enfin le pubis de l'actrice. Elle ferme les yeux tout en simulant du plaisir.
-Maquilleuse ! Hurle une fois de plus le réalisateur.
-Sa peau brille, arrangez-moi ça, illico.
Je souffle dans ma barbe, pendant que le cadreur se recule.
Il abaisse ensuite sa grosse caméra, blasé lui aussi de l'ambiance qui domine sur le tournage et laisse sa place à celle qui doit arranger les défauts.
Celle-ci ouvre sa grande valise à trésors et devant mes yeux, apparaît le pinceau et l'éponge miracle qui va servir à retirer la brillance de ma peau. Méthodiquement, comme un artiste, elle poudre mon torse.
-N'en profite pas petite coquine, j'ajoute avec humour pour essayer de détendre l'atmosphère.
Elle lève les yeux vers moi, affiche un sourire malicieux, tout en continuant son ouvrage minutieux sur mon visage.
Je lui tire la langue en attendant sa réponse, mais la voix stricte et déterminée retentit brusquement.
-C'est terminé ?
Rapidement, Nathalie range son matériel. Je lui fais un clin d'œil lui faisant comprendre que tout va bien.
Elle reprend sa place sans un mot, comme le ferait une élève à l'entrée du proviseur.
Pour ma part, j'attends le feu vert du réalisateur pour reprendre mes gestes lents, de façon à faire éveiller les sens de l'actrice, attachée devant moi.
-Putain ! Plus d'émotion !
La voix du réalisateur retentit une fois de plus dans la salle et cette fois-ci, à l'attention de France.
Furieuse, celle-ci dégage ses mains. Retire le bâillon en forme de balle bloquée entre ses lèvres. Puis, exaspérée, s'exprime d'une voix claire qui raisonne dans la grande salle de chasse privatisée, du château de Fontainebleau.
-Comment veux-tu que j'exprime mes émotions avec ce machin enfoncé dans ma bouche ?!
-Connard, murmure-elle entre ses lèvres fermées.
Je baisse rapidement la tête et sourit sous cape.
Puis tenant fermement entre ses doigts le bâillon d'une seule balle, elle le lève devant elle pour démontrer ses dires au réalisateur béat.
-Et ne me dis pas que c'est possible, continue France déterminée. Je suis une professionnelle du porno bordel. Ceci est un objet destiné à empêcher de parler. Ce qui veut dire, qu'il bloque la langue, donc bloque la bouche en totalité. Alors explique-moi, comment tu veux que j'exprime mon plaisir ?
Au bord de la crise de nerfs, France descend des petites marches, pieds invisibles et installés en dessous de ses talons.
Ces petits trucages permettant de faire croire aux spectateurs que l'actrice est liée aux chevilles. Puis furax, elle balance l'objet vers le réalisateur et ajoute :
-Et tu sais quoi ?! Mets-le, on en a marre de t'entendre gueuler comme un putois.
Surpris de la réaction de l'actrice, le réalisateur semble s'enfoncer dans son siège. Il bafouille quelques mots d'excuses. Puis sans un mot de plus, France remonte sur la Croix de St André pour s’y réinstaller correctement.
Subitement, l'atmosphère semble plus détendue. Les sourires reviennent sur les visages, la tension palpable peu de temps avant, est redescendue à son niveau le plus bas.
D'ailleurs, je me demande pourquoi je n'ai pas réagi plus rapidement. Moi qui suis connu pour un caractère explosif.
Le cameraman croise mon regard, interloqué lui aussi par mon silence, puis cadre d'une façon à cacher les faux objets et les trucages.
Le perchiste reprend son outil de travail, de façon à ce que le micro soit placé juste au-dessus de nous, mais sans être vu par la caméra.
Et la musique de la scène du film « When I Get My Hands On You », interprété par The New Basement Tapes, envahit la salle et nous met immédiatement dans l'ambiance.
Alors, France ferme les yeux, entrouvre ses lèvres, démontrant à la caméra que mes gestes sont sans douleur, et qu'ils éveillent au maximum tous ses sens.
Elle soupire, émet des gémissements, pendant que mon fouet claque son pubis avec volupté, faisant croire que j'effleure son clitoris.
Et tout à coup, sur le plateau de tournage, une autre tension règne. Celle du fantasme et du désir sexuel.
Je déglutis, j'essaie de garder au maximum mon sexe à sa place, mais en examinant rapidement celui du cameraman et du perchiste, je me rends compte que je ne suis pas le seul à être chauffé à blanc.
Merde ! Elle sait y faire la salope. Je me rends subitement compte que c'est une vraie professionnelle.
Et j’en viens même à me poser cette ultime question : n'a-t-elle pas simulé avec moi, lors de nos ébats ?
-Coupez ! Hurle soudain le réalisateur, me faisant reprendre mes esprits.
-C'est la bonne celle-ci. On la garde.
Tu m'étonnes que c'est la bonne prise. On a tous la tête à l'envers et je n'ai hâte que d'une chose. Retirer ce putain de pantalon qui devient trop à l'étroit.
Quelques secondes plus tard, dans la salle, tout le monde applaudit pour la journée passée qui, faut bien le dire, n'a pas été très facile.
Pour ma part, je prends enfin le temps d'examiner les lieux où sur les murs sont accrochés des trophées de chasse. Des têtes de cerfs, de biches et de sangliers m'examinent avec attention, et l’atmosphère devient tout à coup glauque et vraiment étrange.
France, de son côté, applaudit, elle aussi de sa performance sans vraiment prêter attention au cadre qui nous entoure et descend de la Croix St André.
L'habilleuse arrive rapidement, pour l'envelopper dans un peignoir chaud, et pour moi un gilet confortable.
Je la remercie chaleureusement, elle acquiesce doucement de la tête.
Le réalisateur nous demande de nous approcher de lui pour regarder le résultat sur le petit écran. Et j'avoue que le résultat est bluffant. Mon côté professionnel est satisfait, mais mon côté masculin, beaucoup moins. Allez savoir pourquoi.
Une heure plus tard, j'ai repris une apparence de tous les jours, et je suis assis dans mon taxi pour un retour rapide à la maison. Car en effet, ma journée n'est pas finie.
Je dois encore aller sur une chaîne française, pour parler de ce second opus, et faire de la pub pour promouvoir le film.
Mais je n'y vais pas seul bien sûr. France m'attend sur le plateau pour y être interviewée elle aussi.
Et d'ailleurs, je m'attends de la part du journaliste à beaucoup de questions sur notre relation passée.
A suivre.
A l'heure où je vous poste ce chapitre, chez moi il fait moins 2 degrés, et la neige a recouverte la Picardie..
Et pour vous ?
A très vite pour la suite de cette histoire, qui j'espère de tout cœur, vous passione encore.
Merci pour vos étoiles, vos impressions. Bienvenus à mes nouveaux abonnés. Et un petit coucou aux fantôme 👻....
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