chapitre 1

Axelle

Dragon de métal - Izia

Quelle soirée épouvantable. Je viens de me faire plaquer par un connard sans scrupule qui s'imagine qu'il pouvait gérer ma vie en un claquement de doigt.

Moi ! Axelle, une fille indépendante, qui aime croquer la vie à pleine dents. 

Je tape sur mon volant, énervée, en maudissant le ciel. 

"Bordel ! Enfoiré. C'est moi qui décide et personne d'autre." 

Je me secoue mentalement, réalisant que la vie de célibataire est beaucoup moins compliquée. Même si j'avoue que, poser ma tête sur une épaule réconfortante va légèrement me manquer. Mais ce n’est pas grave.

"Mieux vaut être seule que mal accompagnée !" 

Je passe ma quatrième et constate que ma petite Fiat Panda a décidé de n’en faire qu’à sa tête.
Décidément, c'est la soirée qui veut ça. 

Bon d'accord, elle est excusable avec ses 280000 kms au compteur, mais habituellement elle roule comme une horloge. Alors pourquoi, et surtout aujourd'hui, déciderait-elle d'en faire autrement ? 

J'essaie d'occuper mon esprit pour ne pas imaginer le pire. Mais je me rends compte subitement que mon regard est constamment fixé sur mon tableau de bord. Je décide donc de mettre ma radio.
NRJ se répand dans mon habitacle avec la voix de Patricia Kass. 

Il joue avec mon cœur
Il triche avec ma vie
Il dit des mots menteurs
Mais moi je crois tout c'qu'il dit.

Les chansons qu'il me chante
Les rêves qu'il fait pour deux
C'est comme les bonbons menthe
Ça fait du bien quand il pleut.

J'me raconte des histoires.
En écoutant sa voix.
C'est pas vrai ces histoires
Mais moi j'y crois.

Mon mec à moi il me parle d'aventures.
Et quand elles brillent dans ses yeux
J'pourrais y passer la nuit.
Il parle d'amour.
Comme il parle des voitures.
Et moi je le suis où il veut
Tellement je crois tout c'qu'y' m'dit. Tellement je crois tout c'qu'y' m'dit.
Oh oui Mon mec à moi.

Alors me voilà à chanter à tue-tête. Je bouge ma tête et quelques mèches s'échappent de mon chignon.

Je ris nerveusement en m'apercevant que les paroles sont exactement la réplique de cette passion ridicule que je viens de vivre. 

"Quelle idiote j'ai été. Il faut être complètement à côté de ses pompes pour tomber amoureuse à ce point là." 

Je me promets d'être forte et surtout de ne pas retomber dans ce piège infernal qui s'appelle tout simplement… l'amour. 

Mais subitement, ma petite voiture me fait redescendre sur la planète terre. Elle broute. Je suis secouée comme un prunier. Puis elle ralentit. 

"Non ! Non ! Non ! S'il te plaît, pas ici." 

Mais rien à faire, malgré mes plaintes et mes jérémiades, elle se stoppe là ! En pleine route départementale illuminée seulement par un clair de lune, pouvant me faire penser que je suis dans un film d'horreur.
Je crois qu'elle vient de rendre l'âme, dans un coin isolé. 

J'allume mon plafonnier. J'attrape mon sac à main posé à mes côtés. Agrippe mon téléphone. L'ouvre. 

"Bordel, c'est le pompon ! Plus de mec ! Voiture HS. Et pour couronner le tout, pas de réseau. Qu'est-ce que j'ai fait au bon dieu pour en être arrivée là ?"

Je balance tout sur le côté et descends de ma voiture. Mais comme les soucis ne viennent jamais seuls, voici que la pluie s'y met. 

"MAIS QU'EST-CE QUE JE VOUS AI FAIT BORDEL ?" 

La tête levée vers le ciel, je le maudis, pendant que l'orage se déverse sur moi comme une colère indescriptible.
Le tonnerre gronde. Les éclairs mitraillent le ciel et en deux secondes, je suis trempée, des pieds à la tête. 

En colère et furieuse contre moi-même, j'ouvre mon coffre. Attrape mon triangle, suivi de mon gilet jaune que j'enfile rapidement comme si celui-ci allait me protéger de la pluie. Puis, sur mes escarpins de plusieurs centimètres, je m'éloigne de cette maudite voiture. 

Mes pieds pataugent dans mes chaussures qui eux-mêmes barbotent dans les flaques d'eau qui se forment rapidement. 

"Atchoum !" J'éternue. Je suis frigorifiée. J'ai la goutte au nez et je renifle grossièrement. 

"Ok ! J'ai compris ! J'ai fait une bêtise et votre gourou me le prouve. La grippe va me tomber dessus." 

Je reviens sur mes pas, après avoir déposé le triangle indiquant un danger imminent. En l'occurrence moi. 

Je m'enferme dans ma voiture, allume mes *warnings, en espérant fortement qu'un véhicule passera par ici. 

Les heures défilent comme un cauchemar et toujours rien à l'horizon.

J'essaie à plusieurs occasions de téléphoner, mais les barres de mon réseau ne changent pas. J'ai envie de pleurer. Mon cerveau s'imagine le pire et je n'ai toujours trouvé aucune solution pour me sortir de cette situation. 

Quand tout à coup ! Dans mon rétroviseur intérieur, des feux de voiture se rapprochent.

Je prie silencieusement que ce ne soit pas un pervers. Mais après réflexion, j'ouvre la portière, me positionne à côté de ma voiture, indiquant au conducteur qui se rapproche que je suis en panne. 

Le moteur gronde, montrant que celle-ci décélère. Le bolide s'arrête au-devant de moi et j'examine rapidement les lignes de la voiture. 

"Franchement il y en a qui ne s'emmerde pas !" 

C'est une Lamborghini. Un véritable petit bijou qu'il est difficile d’acquérir. Ce qui m'indique que mon sauveur potentiel à un compte en banque bien chargé ou des parents milliardaires. 

La vitre s’abaisse me dévoilant l'homme assis derrière son volant. Barbe de trois jours, mâchoire carrée et volontaire. Des cheveux noirs de jais. Et malgré la lumière du plafonnier, il paraît charmant. 

Il remonte ses Ray-Ban me laissant découvrir un regard vert et pétillant de malice, puis affiche un sourire 100 mille volts. 

-Buonasera ! 

Mon italien est loin d'être parfait. Mais j'essaie de creuser dans mes neurones pour retrouver cette langue que j'ai apprise au collège.
Mais rien. Mon cerveau étant, lui aussi, hors service.

Je lève ma main pour le saluer. Il m'examine un instant, me laissant imaginer que mon sauveur d'une nuit ne va pas prendre ses jambes à son cou, en démarrant sur les chapeaux de roue.

Mais contre toute attente, la portière se déverrouille m'autorisant à monter à l'intérieur.
Je jette un rapide coup d'œil sur les sièges en cuir noir qui risquent d'en prendre un sacré coup si je m'installe dessus, surtout dans mon état.

Alors avec une grande attention, je retire mon gilet jaune pour le déposer face sèche sur le siège baquet. Tant pis pour mes fesses. De tout façon elles ne seront pas plus mouillées qu'elles ne le sont actuellement.

Je relève légèrement ma jupe serrée, dévoilant par la même occasion le haut de mes cuisses et m'installe.

Je referme la portière et soupire de soulagement. 

Une chose est sûre, cette nuit je ne dormirai pas dans ma voiture, tremblante de froid et au beau milieu de nul part.   

A suivre.

Lilou_5 bêta correctrice.

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