7. Soundchecks

Quand je me réveille, je remarque que Rose a disparu, mais elle m'a laissé un mot sur son oreiller que je lis immédiatement. Elle est à la piscine avec les autres.

À la piscine ? Je ne savais pas qu'il y en avait une. Je me lève rapidement et rejoins ma chambre presque aussi vite que Bip Bip. J'enfile un jeans skinny noir et un tee-shirt blanc. Ça fera l'affaire. Mon téléphone en main, je pars à la recherche de cette fameuse piscine.

Je descends les escaliers. Des voix viennent de l'extérieur, ça doit sûrement être par là. Une fois dehors, je vois mes amis bronzer et rire au soleil. Vince et Ethan arborent des maillots de bains très sobres mais celui de Rose, à deux pièces, est d'un rouge vif qui fait presque mal aux yeux. Sa grossesse ne se remarque pas encore.

— Salut la marmotte, lance Rose, installée sur son transat.

— Hey, disent Vince et Ethan en cœur.

— Yo.

J'enlève mon tee-shirt et le lance sur Rose, qui le rattrape d'une main avant de me le rejeter dessus.

— Wow, qu'est-ce que tu as fait à ton ventre ? demande Vince, l'air inquiet.

— Oh, j'en sais rien. Ça doit dater d'avant-hier, mais je n'en ai aucun souvenir.

Ethan part en fou rire.

— Tu sais vraiment plus ? essaye-t-il d'articuler en se tenant les côtes.

— Non.

Je m'assoie sur un transat à l'ombre et reprends :

— Mais toi tu le sais, alors dis-le.

Il se bidonne encore plus.

— Tu as grimpé sur le bar, mais tu as vite retrouvé la terre ferme à force de renverser les verres des clients. Je ne pensais pas que le sol était autant dur. Ça doit faire un mal de chien.

— Je suis tombé du bar ?

— Ouais, comme une grosse merde, ajoute Ethan.

Vince et Rose tentent de retenir un rire, mais en vain. Je me braque et fais la moue.

— OK. Vous osez vous moquer de moi.

— C'était drôle, réplique Rose.

Vigo nous rejoint. Vu sa démarche, il est fatigué. Très fatigué. Ses cheveux sont en bataille comme s'il n'avait pas eu le temps de se préparer avant de venir à notre rencontre.

— Salut, souffle-t-il.

Un énorme bâillement s'en suit.

—Vous êtes prêts pour les soundchecks ?

— Ouais, plutôt deux fois qu'une, avoue Vince, au taquet.

— Alors qu'est-ce que vous foutez au bord de la piscine ? demande Vigo d'un ton menaçant. Il est presque trois heures et nous avons rendez-vous à quatre.

— On file se préparer, dit Rose en se levant.

— Il faut que tu voies le musicien qui te remplaceras.

— Oui, chef.

Nous montons tous à l'étage. Quelques minutes suffisent pour qu'on soit prêt devant l'hôtel.

Un SUV passe nous chercher et nous amène à la salle.

Nous entrons dans le bâtiment et rejoignons la fosse. Je suis surpris de voir autant de Roadies portant la marque de "UNDO", le groupe phare de la soirée.

Nous allons rapidement dans les loges et attendons notre tour.

Une fois la scène à nous, nous plaçons rapidement notre matériel avec l'aide de Karim, l'un de nos deux roadies. Après avoir installé des mètres de câbles, les baffles, les amplis, et les instruments, nous testons notre son. Notre ingénieur son nous propose de jouer quelques notes ensemble pour se faire une idée sur la résonance de la salle.

Ensuite, c'est au tour de Vince à taper sur sa grosse caisse. Nous profitons d'aller boire une bière en attendant, car les tests pour la batterie sont d'un ennui mortel. Puis c'est au tour de la basse, Ethan joue avec l'effet qui sonne le plus fort, puis il fait aller tous les autres.

Le musicien qui remplace Rose arrive dans la foulée. Après un rapide "bonjour, je m'appelle Viktor", il suit les instructions de l'ingénieur son, sans vouloir nous connaître davantage.

C'est à mon tour, et c'est à ce moment-là que notre ingénieur lumière décide de commencer son job. La plupart du temps dans le noir, j'écoute les remarques à travers mon oreillette.

— Gueule.

Je gueule.

— Chante.

Je chante.

Et on recommence, jusqu'à que ce soit bon pour lui.

Les soundchecks se terminent au bout d'une trentaine de minutes et le troisième groupe se place sur la scène, alors que nous rejoignons notre loge.

Au cours des heures suivantes, la nounou de la salle nous apporte boissons, mets et bonbons. Je traîne longtemps sur YouTube, Facebook et Instagram. J'envoie également pas mal de mails au sujet d'interview ou de shooting-photo.

Puis, nous entendons parler italien dans les couloirs. Intrigué, je passe la tête dans l'embrasure de la porte.

Pezzo di merda ! ajoute le mec.

L'homme qui se tient à côté à une énorme touffe de cheveux frisés brune sur la tête, il se concentre pour tenir debout, mais il vacille méchamment d'un pied à l'autre. Une bouteille de vin rouge remue dans sa main droite, alors qu'il tente de calmer l'italien.

— Pino, s'il-te-plaît ...

— Tu prends tout à la légère, morveux.

— Bois un coup ! propose l'ivrogne.

— Adam, tu me fais chier.

Oh, c'est le chanteur de UNDO.

Hey, psst. Il y a le gars de UNDO qui se fait engueuler par son manager, chuchoté-je aux autres.

—Vigo vit le même calvaire avec toi, se bidonne Vince.

Je tire ma bouche de côté, et lui lance un regard noir, puis je regarde à nouveau dans le couloir.

Le manager tire le leader par le bras, comme un parent le ferait avec son enfant, l'amenant directement dans leur loge. Un type avec une chemise hawaïenne très moche leur tiens la porte et réprimande sèchement le chanteur :

— Clairement, si on cherchait le mot « inutile » dans un dictionnaire, tu l'illustrerais à merveille.

Chuidi la bocca George ! le rabroue l'italien avant de l'attraper à son tour par le bras pour l'entraîner dans la loge.

J'éclate de rire et Vince se précipite sur moi pour me faire taire, de peur que les membres d'UNDO ne m'entende.

De la musique et des cris nous parviennent déjà de la salle, alors que le premier groupe commence son set. Puis, presque une heure plus tard, c'est à notre tour d'entrer en scène.

— Je veux ressentir l'amour, je veux ressentir l'amour à nouveau, hurlé-je dans mon micro comme à chaque début de concert.

Ma voix rugit au-dessus de la foule qui saute dans tous les sens. Une fois le morceau terminé, des dizaines de milliers de hurlements de fans envahissent la salle. Je décide d'atteindre la barrière de sécurité, mais rapidement, on me tire et on me presse contre celle-ci.

Les fans de UNDO sont vraiment uniques dans leur genre.

A la fin de la chanson, pour calmer la foule, nous entamons la seule balade que nous avons créé, « Assez, maintenant ».

— Je ne peux m'arrêter de penser à ces blessures que tu m'as infligées, chanté-je avec émotion.

Je suis surpris de voir que pas mal de monde dans la fosse connait nos paroles et chante avec moi. La fin arrive rapidement, Viktor laisse suspendre dans l'air la dernière note pendant plusieurs secondes. Je m'accroupie, alors que les lumières deviennent moins présentes. Je vois Ethan baisser sa basse, la laissant couler dans son dos. Viktor échange sa guitare acoustique contre une électrique. Une fois le mouvement terminé, je tape du pied pour annoncer la suivante.

Je bouge les bras frénétiquement en direction du public pour chercher l'attention. Je hurle, je me recroqueville sur moi-même. Je prends un de ces pieds ce soir et Vince semble faire de même lorsqu'il décide de faire un petit solo de batterie bien à lui. Nous le laissons faire et je rejoins à nouveau la fosse. Des mains cherchent mon contact, je les serre sans hésiter, armé de mon plus beau sourire. Des personnes tirent mon tee-shirt de toutes leurs forcent pour que je les rejoigne. Au bout d'un moment, n'ayant plus d'énergie pour me retenir à la barrière avec mes pieds et mes genoux, je regagne la scène.

Après quelques aller-retours tranquilles entre mes amis pour aviser où je ferai mon grand final, je remarque quelques mecs costauds parmi les groupies de UNDO. J'attends le dernier break de notre chanson. Lorsqu'il arrive enfin, je m'élance dans le public. Maintenant sur le dos, j'essaye de crier le dernier refrain et le live se termine alors que je suis toujours suspendu au-dessus du public. La sécurité m'attrape par les pieds afin de me ramener, alors je me débats pour retourner derrière la barrière de sécurité.

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