44. Une dent dans ton bras et bim, t'as mal

Hello ? Aurevoir. Un concert qui m'aura coûté un estomac. Je tiens bon mais plus pour très longtemps.

Mon bras par-dessus l'épaule de Vigo, nous arrivons non sans peine dans la loge où je me laisse tomber, grimaçant, sur la surface moelleuse du canapé. La sueur, sur mon front, forme de petite gouttelettes perlées. Je ferme les yeux un instant. J'ai vraiment une douleur vive à l'estomac qui ne me lâche pas, cette armoire à glace ne pouvait pas viser mieux. Pour atténuer mes maux, comme tout à l'heure, je place la paume de ma main sur l'endroit endolori et masse délicatement, comme si ce geste allait me soulager.

— Comment ça va ? lance une voix.

Un éclair, puis une luminosité excessive me fait gronder. Tandis que mon bras se positionne sur mon visage pour me cacher au maximum de cet agressivité envers mes yeux, je ressens mon pied bougé.

— Allez, mec, ajoute cette voix masculine que je connais.

Il me prend le bras et tire dessus pour me redresser. Je sens mes tripes se déchirer et m'arrache un regard de psychopathe ainsi qu'une grimace spectaculaire. Mes entrailles ne se trouvent pas sur le sol, c'est une bonne nouvelle.

— T'as pas l'impression d'en ajouter un peu, là ?

Jack, qui ressemble au Cousin dans la famille Addams, me fait face. J'ai une terrible envie de le tuer.

— Laisse-toi pas démonter, regarde, ça va te remonter le moral.

Un sourire malin se place sur son visage dégoulinant de maquillage et de sueur. Dans ses mains, la petite boite que j'ai vue plus tôt. Un demi-sourire s'empare de mes lèvres. Mon regard suppliant se plante immédiatement dans le sien. Quelques minutes plus tard, plus aucune douleur ne se fait ressentir.

Alors qu'on erre dans les couloirs des backstages, Jack, pris de folie, se rue et enfonce ses dents dans le bras d'un mec de la sécurité qui finit par se libérer. Éclatant de rire et tellement cocaïné, je m'élance sur un homme et le plaque comme un rugbyman. Je relève ma tête en arrière comme un vampire, je soulève son t-shirt et je plante mes crocs dans son ventre.

— C'est quoi votre problème ? beugle une nana arrivant de nulle part. Espèces de malades !

L'homme me pousse, se relève et remets ses habits en place en fronçant les sourcils. Je ne sais pas trop s'il est offensé ou amusé.

— Je ...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que Jack se jette sur lui comme un chien sauvage et enfonce ses dents dans sa main.

— Espèce de bâtard, hurle un petit homme. Tu ne mords pas mon frère comme ça ! Je vais t'arracher le nez avec mes dents !

— Ah bon, et avec quel escabeau ? dis-je en regardant autour de nous.

Dans la seconde, il s'attaque à moi en me griffant le visage comme un petit chat aigri. Vigo arrive dans la foulée et le tire par l'arrière du cou jusqu'à une loge où il l'enferme avant de revenir vers nous.

— Vous êtes tarés, balance-t-il dans un soupir désemparé.

Nous rigolons à pleines dents. Ça fait du bien, j'ai l'impression que la saveur amère des dernières semaines s'efface.

-— Je vais pisser, répliqué-je sans me soucier de la remarque de mon manager.

Derrière moi, le soupir de Vigo se fait entendre et il commence à se disputer avec Jack, ce qui me fait pouffer de rire.

Dans le labyrinthe de couloirs, un pied après l'autre, j'essaye de trouver les toilettes. Je vais vraiment me faire dessus si je n'y arrive pas rapidement.

— Nikki, c'est toi ?

Cette voix, je la reconnaitrais parmi des centaines. Lorsque je me retourne, je constate que je suis dans le vrai. Hannah se tient au milieu du couloir dans une petite robe moulante noire et comme d'habitude, elle est magnifique.

C'est la merde.

— Dans le mille, mais je suis un peu pressé, là, dis-je en repartant dans la direction initiale.

— Je t'ai vu dans les couloirs et je voulais prendre de tes nouvelles.

Elle semble vraiment mal à l'aise. Il n'y a pas de quoi l'être pourtant, c'est moi qui me suis couvert de honte dans cette relation pleine d'illusions.

— Je vais bien, ma vessie un peu moins, donc à plus.

Un petit rictus pincé se place sur son visage plutôt fatigué.

— Ok, acquiesce-t-elle de la tête. A bientôt.

Ou pas. Je ne suis pas ton meilleur pote.

Les toilettes se dressent enfin devant moi. J'y entre rapidement et me soulage. Tandis que je me lave les mains et profite de me rafraichir le visage, un raclement de gorge qui provient de derrière moi me fait sursauter.

— Nikki, lance Vigo de cette grosse voix que je reconnais que trop bien. Je crois qu'il faut réellement qu'on parle.

— Comment tu m'as retrouvé si vite ? C'est un vrai labyrinthe cet endroit, je comprends Vince maintenant, dis-je en me séchant les mains avec une serviette en papier.

— Si tu m'avais demandé gentiment de t'y conduire, je l'aurais fait.

Mes sourcils froncés, je réfléchis, mais vu la dégommée que Jack a pris, le labyrinthe était une la meilleure option.

— Je suis un grand garçon, je m'en sors tout seul.

— Mordre les gens, c'est aussi un geste d'adulte, ça ?

— Je pense qu'il faut savoir lâcher prise parfois, rétorqué-je, franc.

Mon manager s'appuie contre le mur derrière lui et prend un air grave, les bras croisés.

— Je pense qu'il faut sérieusement penser à un endroit où tu pourrais être tranquille pour te ressourcer.

Il se fout de moi ?

— Tout à fait. Tu rigoles, là ?

Vigo se redresse et replace ses cheveux derrière son épaule.

— Non, tu as un problème, Nikki.

Je prends un air arrogant.

— Salut, je suis Nikki et je suis un drogué. Salut Nikki.

Je bouge les bras dans tous les sens. Mes iris, pleines de haine, scrutent Vigo, puis le reste de la pièce. Je reprends, comme un déséquilibré.

— Papa n'aurait jamais dû m'élever avec du Black Sabbath. Ah mais non, je n'ai pas de père, Vigo, je n'ai pas de putain de père, il m'a abandonné, moi et ma pétasse de mère.

— S'il te plaît, calme-toi.

— Je suis cinglé, Vigo ! Je le sens dans mes os, ça traverse mes veines. Regarde-les, dis-je en tapant sur celles de mon bras, visibles à deux pâtés de maisons. Si tu m'envoies dans un hosto – Je marque une pause - Je te jure que j'irai en enfer avant et que je t'emmènerai avec moi.

Putain, où est mon self-control ?

— Ce qui traverse tes veines, c'est la drogue que tu consommes à longueur de journée. Si ce n'est pas pour toi que tu le ferais, fais-le au moins pour les personnes qui tiennent à toi.

— J'me sens seul putain.

Mes talons touchent le mur derrière moi.

— Je peux t'assurer que tu ne l'es pas.

Je renifle, me gratte le bras.

— Personne ne me tend la main.

— C'est faux. Ta meilleure amie l'a fait, je l'ai fait.

Ma tête se redresse. Je veux le contredire.

— Je marche seul sur ce chemin sans lendemain.

— Il le sera si tu ne décides pas de te faire aider.

Il m'énerve.

— Ils n'arrêtent pas de dire que j'abuse, j'exagère.

— C'est le cas si tu décides de continuer dans ce chemin.

J'ai le cerveau abimé.

— Ils m'emmerdent, ces cons. C'est le bordel dans ma tête.

J'en peux plus.

— Dans ce cas, prends la décision de te faire aider.

— Je ne suis pas malade.

Non, je ne suis pas malade.

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