36. Joie ? Non, ce n'est pas dans mon vocabulaire
Un air frais me réveille subitement. Au fond de mes draps blancs aux motifs ethniques noirs, je me surprends à tâter la place à côté de la mienne, mais elle est vide. Par reflex, je pars à la recherche de mon téléphone sur la table de nuit qui, par chance, s'allume et m'indique onze heures. Ça fait une plombe que je n'avais pas fait de grasse matinée comme celle-ci.
Une odeur de café m'arrive au nez et m'attire, encore en caleçon, au milieu du salon où Hannah m'accueille, uniquement habillée d'un de mes t-shirts et d'une petite culotte en dentelle blanche. Les cheveux en bataille, je me gratte la tête, ne comprenant pas trop la situation actuelle.
J'ai fini encore ivre ou défoncé hier soir ?
— Tu veux du café ?
Je n'ai pas de café.
— Euh, ouais ?
Hannah retourne à la cuisine, sors une tasse et fait couler la boisson chaude à l'intérieur.
Il semblerait que j'ai du café, finalement.
— Bien dormi ? me demande-t-elle.
J'arque un sourcil, un peu désorienté, puis rejoins la table et me laisse tomber sur la chaise.
— Ouais.
Elle pose la tasse devant moi.
— Je pensais qu'on pouvait faire quelque chose aujourd'hui, lance-t-elle, joviale.
C'est un délice de la voir joyeuse.
— Euh, ouais ? Pourquoi pas.
Avec sensualité, elle passe ses jambes autour de moi et m'embrasse tendrement.
— Tu me fais visiter ? demande-t-elle en se relevant.
— Je crois que tu as déjà fait le tour.
Muni de son plus beau sourire, elle rigole.
— Officiellement, affirme-t-elle.
— Euh, ok. Laisse-moi juste mettre quelque chose en haut.
— Ok.
Je me lève, finis d'une traite mon café et retourne dans la chambre. Je passe un vieux t-shirt noir avant de la rejoindre dans le salon où elle m'attend.
— Ben, ici, tu as le salon, lancé-je en le montrant d'un signe de bras.
Hannah acquiesce de la tête, un rictus se forme sur ses lèvres.
— C'est ici qu'on s'est envoyé en l'air, continué-je, une main posée sur ma nuque. Sur ce canapé-là, je le désigne.
— Parce que tu en as plusieurs ? dit-elle d'un ton rempli d'humour.
— Euh, non... bref...
Je m'avance vers la prochaine pièce d'un pas rapide.
— Ici, la cuisine, mais bon, tu as fait le café ce matin, donc tu la connais.
À nouveau, elle acquiesce d'un signe de tête.
— D'ailleurs, le café ...
— Je suis sortie en acheter avant que tu te réveilles, me coupe-t-elle.
— Ah, voilà. Hum.
Je rebrousse chemin jusqu'à la chambre.
— Et là.
— La chambre, oui, je la connais aussi, Nikki.
— Ah bon ? Il ne faisait pas trop sombre quand nous sommes arrivés cette nuit ?
Hannah sort une grimace qui m'empêche de garder le sérieux qu'il me reste. Elle continue ses mimiques jusqu'à que je ne puisse plus retenir mon rire.
— T'es nulle, fais-je en tentant de me reprendre.
Je trace jusqu'à la salle de bain, mais elle m'attrape le poignet.
— Et cette porte-là, elle mène où ?
— C'est ma salle de jeu, balancé-je d'un air mesquin. Tu veux l'essayer ?
Hannah devient subitement pâle, les yeux exorbités.
— T'essayes de me faire croire qu'il y a un Christian Grey qui sommeille en toi ?
— Tu as l'air d'y croire en tout cas, avec les yeux que tu as tirés.
Elle rigole face à mes bêtises. Je me rattrape.
— C'est un studio fait maison, c'est là que je compose, joue et enregistre pour Fall'in.
— D'accord, réponds-t-elle. C'est interdit au public ?
J'arque un sourcil interrogateur.
— Non ?
— Alors ? dit-elle, curieuse.
— Alors quoi ? répété-je d'un air surpris.
Elle me montre la pièce des yeux. Je comprends qu'elle veut y aller.
— Ah, ouais. Viens.
J'ouvre la porte et nous entrons. Hannah semble apprécier ce qu'elle voit. Devant nous se trouve mon clavier. La belle brune plante alors son regard dans le mien et entre-ouvre la bouche, mais se ravise et reste muette. Je me gratte l'arrière du crâne, mal à l'aise. Elle revient à la charge.
— Tu peux me jouer une chanson ?
J'acquiesce de la tête.
Timidement, je me positionne au centre de l'instrument. Jouer pour le groupe ou pour la foule, c'est facile, mais jouer devant une seule et unique personne est largement plus difficile. Surtout si c'est Hannah. Allez comprendre pourquoi. J'appuie sur les touches de façon aléatoire pendant quelques secondes, puis mes doigts forment une mélodie plutôt triste sur trois notes avant de se balader dans les aigu. Comme à chaque fois que je pianote, mes émotions ressortent plus fort que jamais. Hannah vient se glisser derrière moi, m'enlace autour de la taille et pose son menton sur mon épaule, tandis que mes mains voyagent sur le clavier. Elle m'écoute jouer, sortir toute la négativité qui me ronge de l'intérieur, et à la fin de la chanson, elle se faufile dans mes bras.
— C'était très beau et fort.
— C'était de l'improvisation mal fait, c'est tout.
Elle laisse échapper un léger soupir tandis que ses iris vertes viennent se planter dans les miens. On se regarde longuement avant que je décide de faire le premier pas. Du bout des doigts, je replace délicatement une mèche derrière son oreille, passe sur sa tempe tatouée, puis sur sa joue qui s'empourpre à mon contact. Méticuleusement, ma main abandonne son visage et descend caresser son cou et sa clavicule. Sa tête bascule légèrement sur le côté sous le poids de mes caresses. Tout en mordillant sa lèvre inférieure, elle ferme les yeux en poussant un léger couinement. Elle est belle, Hannah. Je parcours les traits de l'encre qui imbibe son thorax, ce qui fait soulever sa poitrine. Ses mains disparaissent dans mes cheveux, ses doigts effleurent le contour de ma mâchoire. Mes yeux brûlent de désir pour elle, et je peux sentir son corps irradier au travers de mon t-shirt.
Hannah retrouve l'abris de mes bras. L'écho de sa respiration est irrégulier, saccadée. Je peux ressentir le moindre frémissement, le moindre mouvement que son corps projette sur le mien. D'une extrême délicatesse, ses hanches se frottent à mon bassin, tandis que ses lèvres retrouvent les miennes. Chaque cellule de mon corps crépite. Elle approfondit son baiser, mes doigts cheminent doucement entre ses seins. Une lente caresse, trop lente pour elle qui plonge ses lèvres dans le creux de mon cou. Sous son baiser, tout mon corps tremble, frissonne. Ses doigts s'aventurent sous mon t-shirt. Ma respiration s'accélère, je grogne sous ses gestes. J'appuie ma tête contre sa poitrine, je la serre contre moi. Ses mains se posent sur l'arrière de mon crâne et son menton les rejoint presque directement, puis quelques secondes plus tard, son index relève ma tête et l'espace d'après, ses lèvres se plaquent à nouveau sur les miennes pour un baiser torride. Je la dévore tandis que mes mains s'emparent de son corps. Je les glisse sous ses fesses et la soulève, je plaque mon corps contre le sien et rejoins le tapis qui orne la pièce pour la déposer doucement.
Le corps d'Hannah se cambre contre le mien, mêlant ses doigts à mes cheveux. Elle m'attire encore plus près d'elle. Ses jambes se nouent à ma taille et ses mains parcourent mon dos, agrippent mon t-shirt et l'enlèvent avec fougue. Mes hanches roulent contre les siennes, pleines d'audace. Elle se cabre contre moi, lèche mon lobe d'oreille, ce qui m'arrache un grognement de plaisir, presque animal. Je relève son t-shirt et vient mordiller, lécher, le bout de son sein. Un petit cri échappe de sa bouche, alors que je passe au second, jouant doucement avec ma langue. Elle geint, tressaille, se tord. Ma main descend jusqu'à sa culotte et l'enlève. De suite, elle fait pareil avec mon caleçon qui vole dans un coin de la pièce. Ses doigts se referment autour de moi. Surpris, un spasme s'empare de mon être avant de laisser échapper un grognement rauque. Une décharge électrique me transperce alors qu'elle continue de me toucher.
— Nikki, chuchote-t-elle dans mon oreille.
— Quoi ?
— Je t'en prie.
Mes lèvres forment un sourire victorieux.
— Tu veux quoi ? mugis-je.
— Viens.
Sans plus attendre, je l'embrasse, dévore ses lèvres alors qu'elle se frotte encore plus fort contre mon membre, puis j'entre profondément en elle. Hannah plante ses ongles dans mon dos et accorde ses mouvements aux miens, alors que je fais des va-et-vient incessants. Je plaque ma bouche dans le creux de son cou, gémis farouchement contre elle. Elle s'agrippe à moi, sanglote.
— Hannah...
Pour seule réponse, un petit son lui échappe. Elle semble loin, si loin. Les yeux clos, sa tête part en arrière. Ses lèvres entre-entrouvertes laissent tout de même un petit sourire se dessiner. Elle est si belle, et totalement mienne. Je plonge encore plus profondément en elle.
— S'il te plaît... soupiré-je.
Je m'enfouie en elle une dernière fois. Un tremblement s'empare de moi. Je crie et m'abandonne en elle. En même temps, Hannah me suit. Nos bruits s'emmêlent alors qu'un ouragan m'emporte. Nous nous effondrons ensemble, collés et en sueur.
Allongés l'un à côté de l'autre sur ce tapis, Hannah reste silencieuse.
— J'aime bien venir m'étaler ici. Dans cette pièce.
Elle tourne la tête de mon côté.
— C'est vrai, le tapis est agréable.
Sa remarque me fait rire.
— Non... Oui, mais je voulais dire...lancé-je, hésitant.
Elle se redresse et appuie sa tête dans sa main.
— Raconte-moi.
— Ce tapis, cette pièce. J'aime m'affaler, un joint à la main, m'imaginant des séries de notes, des phrases, des sentiments, des émotions à écrire...
— Et qu'est-ce qu'il te vient à l'esprit, tout de suite ?
— La paix.
— La paix ? répète-t-elle.
— Ouais, j'ai l'impression d'avoir fait une trêve avec eux.
— Avec qui, Nikki ?
— Avec ceux qui veulent ma peau.
Je lâche les beaux yeux d'Hannah pour me concentrer sur le plafond et les murs, là où ils habitent et me persécutent.
— Qui est-ce qui veulent ta peau ?
— Je ne sais pas, des ombres.
Elle pose une main sur mon ventre qu'elle frotte lentement.
— Des ombres aux yeux rouges.
— Tu ne penses pas qu'ils sont uniquement dans ta tête ?
— Certainement, mais des fois, c'est difficile de faire la différence entre ce qui est réel et ce qui ne l'est pas.
— Ça l'est uniquement quand tu te défonces, lance-t-elle d'un ton sec.
Je tourne la tête de son côté. Ses yeux me scrutent alors que sa tête est appuyée sur son avant-bras.
— Je veux dire, se reprend-elle. Ils sont là uniquement quand tu prends de la drogue, non ?
— Si.
— Alors si t'arrêtes, ils ne viendront plus t'embêter.
Est-ce que je suis capable d'arrêter ? Je ne me souviens même pas si je me suis défoncé ou non hier soir.
Elle me regarde avec insistance.
— Hannah... Qu'est-ce que j'ai fait hier soir ?
Soudain, elle rigole à pleines dents.
— Tu ne te souviens vraiment pas ?
Je la regarde, dubitatif, alors qu'elle balance un sourire malicieux.
— Oh, Nikki, on a juste un peu trop bu de cocktails. Tu ne t'es pas défoncé. Tout va bien. T'es entièrement clean.
« Clean », quel grand mot.
— Ok.
C'est tout ce que j'arrive à sortir. Je suis quand même soulagé de savoir que je n'ai pas touché à quelconques substances autres que l'alcool.
— Bon, il faudrait songer à me nourrir, bel homme. J'ai faim, pas toi ?
En tailleur, elle me tapote le genou. Je lui souris.
— Ouais, maintenant que tu m'y fais penser, ouais, j'ai faim.
On se lève. Hannah file chercher son téléphone et après une petite recherche Google, elle s'exclame.
— Chinois ? Thaïlandais ? Italien ?
— Non. J'ai mieux.
— Ah oui ?
— Ouais. Habille-toi, je t'emmène quelque part.
— T'es entrain de m'inviter au restaurant ? demande-t-elle, surprise.
— Ben ouais ?
— C'est un rendez-vous, Monsieur Miller ?
— Il semblerait, confirmé-je, un rictus au coin des lèvres.
— Alors si c'est ça, je ne vais pas sortir dans cette tenue.
— Ah, non, pas en culotte c'est sûr, même si pour moi, ça m'irait très bien de reluquer tes fesses à longueur de temps.
— Monsieur Miller, vous m'outragez.
On rigole tout les deux. Elle se lève.
— Donnes-moi une heure pour me préparer.
J'acquiesce d'un signe de tête.
— Chez-moi.
— Chez toi ? Ok.
— Ok. Alors on dit chez-moi dans une heure ?
— À vos ordres, Caporal, lancé-je en faisant le salut militaire.
Elle file dans la chambre s'habiller, avant de s'en aller en me donnant un doux baiser.
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