29. La main tendue

Appuyé contre le bus qui va nous emmener à notre prochaine destination, Portland, je regarde Vigo et le manager de Low qui se disputent tout en tirant sur la fin de ma cigarette.

Ah, la puissance du manager soudainement découpée en deux pôles bien distincts. Qui obtiendra la couronne suprême ? C'est le "Game Of Thrones" des managers. Qui contrôlera l'avenir de la tournée ?

Rien à branler.

Je soupire vivement avant de jeter ma clope par terre. Pourrir le monde autant qu'il me pourrit, ça me va, mais ce n'est pas l'avis d'Ethan, qui se baisse pour ramasser le mégot en me lançant un regard de tueur en série. Après l'avoir mis dans sa poche, nous montons dans le nightliner où se trouve déjà les membres de Low, ainsi qu'Hannah, qui se fait ouvertement draguer par l'autre blaireau de Jesse.

Je m'installe, les bras croisés, dans le canapé de libre avec Ethan. Ma façon de me comporter alerte immédiatement l'un des lèche-culs de Jesse.

— Hey, regardez, Miller boude comme un bébé.

Au moment où je me lève pour lui expliquer ma façon de penser, un roadie fait irruption dans l'espace salon, me faisant me rasseoir de tout mon poids sur la banquette.

— Bon, les mecs, je viens prendre vos commandes, alors ?

Il sort un petit bout de papier avec un stylo et nous regarde à tour de rôle. Jesse prend la parole.

— Tu peux prendre deux grammes de cock, un peu de shit, cinq grammes d'herbes, aussi. Et pour moi, un shoot, s'il te plaît, mec.

Ils sont vraiment en train de passer une commande de drogue comme on passerait une commande au fast-food du coin ?

Le roadie lui répond « ok » d'un ton tout à fait normal avant de se tourner vers moi. Je ne sais quoi répondre. Mes veines font du hula hoop sur des montagnes russes rien qu'en y pensant. Ma tête ne réfléchit plus, mes doigts sont en alerte et je sens déjà l'odeur aigre de ma prochaine défonce.

Mais j'ai arrêté.

Et si ce n'était qu'un au revoir de plus ? Personne ne le saura, ou tout le monde ? Est-ce que j'ai officiellement arrêté ?

Soudain, j'entends Ethan lui répondre qu'on ne veut rien. Moi, oui, je veux. Je veux en bouffer par kilos, m'en mettre pleins les veines, pleins les narines et plein la tête... mais il en a décidé autrement.

Ce n'est pas si mal, au final. Je suis censé arrêter, et je n'ai pas envie d'exploser le bus comme j'ai eclaté ma voiture. Qui sait ? J'en serai sûrement capable, puisque j'ai le pouvoir de sortir d'un fort infranchissable sous cock.

Devant moi, Hannah, emmitouflée dans un pullover oversize noir, m'observe. La lueur dans ses énormes yeux me fait instantanément oublier la défonce, mais fait ressortir l'envie d'éclater la gueule de Jesse, qui la prend sans gêne sur ses genoux. Le chanteur de Low arbore un sourire lui allant jusqu'aux oreilles, reluquant le décolleté d'Hannah sans vergogne. Dans son gilet vert kaki aux croix celtique, il m'agace. Lui et ses cheveux blonds qu'il replace sans cesse en arrière d'un geste précis de la main me fout de l'urticaire, vraiment. En plus, il porte des mitaines. Qui de nos jours portent des mitaines ? Il est hasbeen.

Qu'il est énervant, putain.

Vigo et son acolyte entrent dans le bus, m'arrachant de mes pensées coléreuses.

— Tommy ! s'exclame Jesse en poussant la tatouée sur le siège d'à côté. On n'a passé commande, on ne peut pas partir.

Le manager, Tommy, lève les yeux au ciel.

— Pourquoi ? On est déjà en retard sur le programme.

Vigo vient s'installer à côté d'Ethan.

— Ben... Parce qu'on n'a plus rien en stock.

Ah ? Il y avait du stock ?

— Tu crois vraiment que c'est le moment de se défoncer ? Tu ne vas jamais relever la tête pour demain soir, lance leur manager.

— Ça va, boss, demain soir, c'est loin.

— Et les soundchecks ?

—De toute façon, Rick est déjà parti faire les courses.

Dans la foulée, le roadie monte dans le bus. Il bouscule légèrement Tommy, ce qui lui vaut un regard méchant de la part du manager. Il lance un petit sachet en papier à Jesse en lui assurant qu'il y a tout ce qu'il a demandé à l'intérieur, puis repart aussi vite qu'il est arrivé.

Une fois le conducteur installé, nous prenons la route. Les membres de Low picolent à outrance pendant que Jesse s'occupe en préparant son shoot d'héroïne.

J'en veux, maintenant.

Mes mains ressentent l'envie, elles tremblent tellement que je pourrais être un vibromasseur à moi tout seul.

— Tu veux faire une partie de carte ? me propose Ethan.

Vigo se penche sur nous deux et ajoute :

— Si jamais, vous avez du boulot, comme le deuxième album de Fall in Pieces, par exemple, à faire.

Ethan se retourne.

— Je te signale que la batterie est enregistrée et que toutes les compositions sont faites.

— Ouais, mais typiquement, l'artwork de la jaquette n'est pas terminé et vous m'aviez dit que vous alliez bosser dessus.

Je perds le fil. Je ne veux qu'une chose : Cette putain de poudre dans mes veines. Je remuerais ciel et terre juste pour une dose. Je suis l'esclave d'elle et lorsque Jesse la fait fondre, je peux l'entendre me murmurer " prends-moi dans tes bras, comme tu l'as déjà fait tant de fois".

Est-ce que je lui saute dessus ?

Une petite voix me fait revenir à la réalité. La main tendue vers moi, Hannah a un regard plein de compassion, comme si elle avait compris que mes démons me proposaient leur aide, eux aussi.

— Viens, fait-elle d'un ton enjoué.

Je prends sa main et la suis. Elle s'arrête et jette un regard par-dessus mon épaule, comme pour vérifier quelque chose, avant de m'emmener à l'étage, un sourire espiègle aux lèvres.

Qu'est-ce qu'elle mijote ?

Elle traverse les couchettes et ouvre une porte qui mène dans une petite pièce où deux grands fauteuils une place font face à la route. Les vitres nous entourant sont teintées. Hannah s'avance vers le petit bar situé dans un coin de la pièce et en sort deux bières. Elle m'en tend une et prend une petite télécommande avant de s'affaler sur l'un des sièges.

— Regarde ! dit-elle, amusée.

En appuyant sur la télécommande, un store s'abaisse sur les vitres, cachant la route et offrant un cocon pour nous deux, loin de tout.

— Assieds-toi, ordonne-t-elle en se relevant.

Alors que je suis installé confortablement dans le divan, Hannah s'approche et passe ses jambes par-dessus les miennes pour me chevaucher. Elle place nos bières sur la petite table à côté. Ses mains se posent instantanément sur mes joues. Le sourire qui prend possession de sa bouche est irrésistible, et sans que je m'y attende, elle part à l'assaut de ma bouche. Le mouvement est si doux et agréable que je la presse plus fort contre moi, la plaquant contre mon torse. Voyant que je suis en alerte, Hannah se déchaîne sur mes lèvres et mon cou avant de remonter sur mon lobe. Moi, je m'occupe de ses cheveux d'un noir de jais, les plaçant derrière ses oreilles. Sa frange en bataille lui donne un air sauvage, ce qui m'excite davantage.

— J'ai tellement envie de toi, murmuré-je d'une voix rauque avant de reprendre notre baiser.

Hannah y met fin. Armée d'un rictus coquin, elle enlève son pullover ainsi que le tee-shirt qui était au-dessous. Maintenant à moitié-nue, je la contemple avec ardeur.

— Tu me rends fou.

Un sourire taquin s'empare de ses lèvres alors que ses yeux m'informent de son appétit grandissant. Je m'occupe de dégrafer son soutien-gorge, pendant qu'elle se frotte, montant et descendant contre moi. J'enlève mon tee-shirt et le jette dans un coin de la pièce avant de m'agripper plus fort à ses cheveux. Elle prend violemment possession de ma bouche tout en déboutonnant mon jeans trop étroit. Sans que nos lèvres ne se quittent, je lève le bassin, ce qui lui permets de retirer les tissus qui me sépare d'elle. Je m'occupe de la fermeture éclair de son pantalon. Hannah met fin à nouveau au baiser et recule. Sur ses deux jambes, son regard plongé dans le mien, elle défait les boutons de son pantalon dans lequel elle sort un étui argenté avant de le laisser tomber à ses pieds. J'en profite pour retirer le mien, coincé à mes mollets. Ses yeux me scrutent tandis qu'elle humecte ses lèvres, pendant que je recouvre mon sexe du préservatif qu'elle m'a lancé. Hannah me chevauche à nouveau. Je passe une main à l'arrière de sa cuisse et elle se glisse sur mon membre. Je gronde, alors qu'elle reprend possession de ma bouche tel une assoiffée.

La voir sur moi, les yeux clos, se mordillant la lèvre inférieure tout en faisant des va-et-vient incessants augmente encore plus mon plaisir. Soudain, elle accélère les mouvements, ses gémissements m'informe qu'elle s'approche du but. Elle rejette sa tête en arrière en criant au moment où je ferme les paupières.

— Putain... Hannah...

Je la sens se serrer, elle accélère encore plus la cadence. Dans un rythme effréné, elle enfouit son visage dans mon cou qu'elle pince. Ses ongles se plantent dans mes pectoraux.

— Je vais ... Oh ... Nikki ! hurle-t-elle.

Je rejette la tête dans le fauteuil et explose à mon tour dans un grognement.

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