23. Est-ce que je suis bon pour l'asile ?

La porte s'ouvre, Vigo et Roy apparaissent.

- Je suis tellement désolé de vous avoir enfermé ici, déclare Roy d'un ton théâtral.

Hannah soupire et s'en va, agacée. Le sosie de Lagerfeld lui court après en s'excusant encore, mais tant qu'il ne mettra pas un poil de volonté dans sa voix, il risque certainement de se manger un mur. Vigo, lui, arque un sourcil alors qu'un sourire mesquin s'empare de ses lèvres.

- Ta braguette ... fait-il remarquer.

Je baisse la tête.

Elle est ouverte, merde.

- À voir, tu as trouvé comment passer le temps, ajoute-t-il d'un air narquois.

- Il semblerait, ouais, réponds-je, le sourire jusqu'aux oreilles.

Il me fait signe d'y aller. Je le suis dans les couloirs. Arrivé devant l'énorme escalier, mes yeux se posent sur la masse de gens qui ont prit d'assaut l'étage inférieur dû à la folie du propriétaire de cette maison blindée. Si j'avais su, j'aurai préféré rester dans cette pièce avec Hannah jusqu'au matin. Dans le stress, mon regard se porte immédiatement sur les demeurés que j'ai vu plus tôt dans la soirée juste en bas des marches.

- Tu veux vraiment flirter avec le suicide.

Hannah apparaît à côté de moi.

- Parfois, c'est pas grave.

- C'est toujours grave, la drogue.

Je ne dis rien face à sa remarque.

- Viens avec moi, continue -t-elle.

Armée d'un sourire, elle me tend la main. Je la lui prend sans hésiter et la suis à travers le dédale de pièces.

- Où est-ce qu'on va ?

- Juste loin d'eux.

Elle s'assieds sur l'un des canapés futuristes d'un salon que je n'ai pas encore visité. Il y a moins de monde dans cette pièce, ce qui atténue mon angoisse. Je la rejoins, prenant mes aises. Nous restons silencieux un moment, jusqu'à ce qu'elle brise la glace.

- Je pars avec vous sur la côte Est.

Je la regarde, surpris.

- Ah bon ?

Elle détourne la tête et se lance dans son explication.

- Je déteste la Californie, Hollywood, Los Angeles, Santa Monica ...

Ses doigts se touchent, alors qu'elle les fixe.

- Les gens sont faux, surtout à Hollywood. C'est une ville où tout le monde ment. Une ville où la confiance n'existe pas. Je n'ai jamais vu la côte Est, et si ça se trouve, ça me plaira, dit-elle en haussant les épaules.

- Je ne suis pas sûr que New York soit mieux en matière de mensonge.

- Laisse-moi espérer, déclare-t-elle en levant la tête. Et puis, pourquoi forcément New York ?

- C'est la première ville qui m'est venu à l'esprit, mais ce que je sais, c'est qu'il fait froid partout là-bas.

Elle rigole.

- Je m'en fiche du froid, dit-elle en tournant la tête dans ma direction.

Quand ses iris vertes se plantent dans les miens, j'ai l'impression d'être plus léger, comme si rien n'avait d'importance autour de moi. J'ai envie d'embrasser ses lèvres à nouveau, de la prendre dans mes bras et de la serrer fort. Alors que nous nous quittons pas du regard, Hannah se mordille la lèvre inférieur d'une façon sexy. Elle va me rendre dingue. Instinctivement, ma tête s'approche de la sienne, sans jamais quitter ses yeux. Je sens son souffle sur mon visage, mais soudain, elle bondit sur ces deux jambes et pose une distance entre nous.

- Ce n'était que du sexe. Ne t'attaches pas, rockstar, lance-t-elle d'un ton glacial.

Je ne m'attendais absolument pas à entendre ce qu'elle vient de dire.

Reprends-toi, immédiatement.

- Du calme, ce n'était pas dans mes intentions, princesse, craché-je, affalé sur le canapé.

Son regard, d'abord incrédule, me lance des éclairs. Je m'attends à une réplique foudroyante, mais elle tourne les talons d'un pas exagéré. Au loin, Vigo sirote seul une bière dans un coin du salon. Je le rejoins d'un pas nonchalant, vexé par ce qu'il vient de se produire.

- Comment se passe ta soirée ?

Ce que ça m'énerve. Alors que cette nana me plait et me donne subitement envie d'essayer une vraie relation, voilà qu'elle n'en veut pas.

- Nikki ?

Retour à la réalité.

- Ouais ?

- Est-ce que ça va ? dit-il d'un ton amical.

- Ouais, réponds-je froidement.

En fin de compte, je n'ai pas envie de papoter. Je croise les bras, laissant aucune ouverture à la discussion. Hannah me tourne le dos. Elle discute avec ce débile de Jack. Mes yeux se portent immédiatement sur ses fesses. J'ai envie d'y déposer mes mains. Vigo me ramène une seconde fois à la réalité.

- T'as finis de la mater ?

- Tu préfères que je mate la came qui circule partout, Vigo ? râlé-je. Je ne vois même pas pourquoi j'ai mis les pieds dans cette putain de forteresse.

- Ecoute, Roy abuse un peu mais, je suis très fier de toi, de ce que tu as prouvé et prouve toujours ce soir.

- Inutile de tenir tout un discours, dis-je d'un ton cinglant.

- Oh, et parce que t'es frustré, tu dois mal me parler ?

- Je veux rentrer à la maison, qu'il ouvre la porte, ce dégénéré.

Mon manager me toise de toute sa hauteur.

- Tu peux toujours courir, c'est pas possible.

- Putain, quelle soirée de merde.

- Dis-toi que la prochaine sera dix fois pire, ça t'aidera à passer celle-ci.

- Pourquoi tu dis ça ? le fixé-je, suspicieux.

- Aberdeen, dit-il d'un ton évident.

- Quoi, Aberdeen ?

- Ben, oui, je te l'ai déjà dis.

- Pas du tout, m'écrié-je.

- Si, je te l'ai dis, affirme-t-il.

- On va foutre quoi là-bas ?

- Ça aussi, je te l'ai déjà dis, soupire-t-il d'un ton las. La soirée pour l'oeuvre caritative que Low anime. Tu as signé pour cette tournée, Nikki.

- Tu ne m'as jamais dis qu'il y avait Aberdeen inclut dedans.

- C'était sur le papier, que tu n'as pas lu parce que t'étais sous l'emprise de la drogue.

Mon humeur est soudainement massacrante. J'ai envie d'exploser absolument tout ce qui se tient sur ma route et je ne pense pas que démolir la maison du meilleur ami de mon manger soit le bon plan. J'ai besoin que cette colère se retourne contre moi, sinon elle finira véritablement dans ces meubles infects. Putain, on dirait un remake du navet "perdus dans l'espace". Mes yeux scannent la salle à la recherche des deux demeurés, prêt à les rejoindre dans leur trip dans les plus brefs délais. Les poings serrés, je pars à l'affût d'une ligne.

- Tu vas où ? demande Vigo.

Je ne lui répond pas. Mon nouveau plan me bousille le cerveau, faisant trembler mes doigts comme un vibromasseur en mode excessif. Cette poudre, j'en ai déjà le goût au bout de mes lèvres, sur mes dents et dans mes veines. Mon corps entier me lance des décharges électriques. La réjouissance est à son comble. Sur ma route pour les escaliers où se trouvaient les défoncés, je croise l'un d'eux. Je l'arrête aussi sec dans sa course et lui demande sans peser mes mots.

- Vends-moi ton matos.

Il me regarde d'abord surpris, mais il se mets à rigoler.

- Tu veux consommer, mon pote ?

J'arque un sourcil.

- Ouais, dis-je en sortant l'argent de ma poche.

Il fait signe de le ranger.

- Pas besoin de payer, pas chez Papy Roy.

Papy Roy ?

Il me file un pax de cock et me tape sur l'épaule avant de poursuivre dans la direction de son pote. Caché au creux de ma main, je regarde le petit sachet remplis de l'une des deux poudres blanches qui ont raison de moi à chaque fois. Je fonce dans la première salle de bain et ferme le verrou. Tremblant, les mains moites, je trace une première ligne sur la cuvette des toilettes, puis une deuxième. L'excitation est à son comble. Sans aucune hésitation, je roule un des billets que j'ai dans la poche et dans un geste précis, je sniffe cette bonne vieille poudre. Bon Dieu, j'adore cette sensation de chaleur qui monte et cette impression de trouver la vie merveilleuse.

Je sais que j'ai dis que je ne prenais plus rien, mais, en somme, c'était juste un adieu, une récompense pour m'être débarrassé de la drogue.

Ce n'est pas bien de se mentir à sois-même. Je suis bon pour l'asile. Mais elle m'emmène au septième ciel, et j'en ai réellement besoin là, maintenant. Du coup, ce n'est pas vraiment un mensonge, si ?

Mais qu'est-ce qui déconne chez moi ?

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