22. Fort Knox

Aujourd'hui, j'entame le quatorzième jour sans came et sans coke. Je n'arrive pas à croire que j'ai réussi à me débarrasser de tout ça. C'est si bon, je sais enfin où je vais. Ce voyage semblait interminable, mais j'ai fini par y arriver. C'était les semaines les plus longs de ma vie, ça m'a pris du temps mais j'ai vraiment l'impression de pouvoir enfin contrôler mon mal-être.

Lundi, bien que nous ne nous sommes pas encore remis de notre dispute, je pars avec Ethan pour retrouver le groupe avec qui nous allons tourner, mais pour le moment, je vais aller voir le concert de reprises du mec dont je ne me rappelle plus le nom.

Chouette.

Devant moi se dresse une énorme maison éclairée comme un monument historique. Faite de briques blanches, elle est d'un style typique mexicain.

Lorsque j'arrive à l'entrée, la porte est ouverte. Je pénètre à l'intérieur où une vingtaine de personnes s'amusent. À coin dans les haut-parleurs, une musique de T.Rex me donne le sourire. Le propriétaire semble avoir de bons goûts musicaux.

J'avance dans l'énorme salon aux allures futuristes. Il y a énormément de belles femmes aux petites robes très moulantes. Elles ont l'air si douces et si... disposées. J'intercepte un serveur, plateau à la main, et j'avale immédiatement deux verres de whisky avant d'emporter le troisième avec moi. Sa tête décomposée me fait réfléchir au fait que je les ai peut-être bus trop vite. Je le remercie et trace ma route en direction de la terrasse. Elle est majestueuse.

Quelques invités nagent dans la piscine olympique, alors que d'autres jouent au beach volley. Plus loin, je repère mon écervelé fringué à la mode de Kiss. Il est déjà sur l'estrade, avec son groupe. Quand j'approche pour mieux entendre, je remarque Vince et Ethan qui s'éclatent devant la petite scène improvisée mais qui fait tout de même son effet. Je me poste à un endroit plus propice qu'eux et regarde méticuleusement la façon de jouer de cet idiot.

Pas trop mal au final.

Mes yeux scrutent l'horizon à l'affût d'une belle blonde qui voudrait bien passer la nuit avec moi, mais mon regard tombe rapidement sur deux hommes sniffant à la vue de tous de la cock sur une des tables décorées pour l'événement.

Tandis que l'un d'eux trace une nouvelle ligne, l'autre, armé d'un billet, se met dans le nez celle déjà créée.

Je les fixe comme un chien devant un os, luttant intérieurement pour ne pas avancer dans leur direction. Mon cerveau me trahit quand je réalise que mes pieds vont instinctivement vers eux. Il faut que je lutte, je ne dois pas y aller. Mes mains tremblent tel un malade de Parkinson sous acide, mais une voix me fait retrouver mes esprits.

— Nikki Miller ! Hors de sa grotte !

La personne en face de moi porte des talons d'un rouge vif. Ses jambes, couvertes de tatouages, sont fines et élégantes. Sa robe qui lui arrive juste au-dessus des genoux, est de la même couleur que ses chaussures et lui donne une classe incommensurable. Lorsque mes iris se plantent dans les siens, Hannah hausse un sourcil interrogateur.

— T'as fini de me mater ? assène-t-elle. Décidément, tu n'es vraiment pas discret.

Un rictus gêné se placent sur mes lèvres, alors qu'elle finit par pouffer.

— Tu as l'air plus frais et dispo que la dernière fois qu'on s'est parlé, dit-elle avant de prendre une gorgée de sa coupe de champagne.

— Ouais, euh, j'ai arrêté... tout ça, lancé-je en portant mon regard sur les deux fêtards.

Elle tourne la tête dans leur direction.

— Je vois ...

Vigo arrive au même moment.

— Comment ça va ? dit-il en plaçant une main sur mon épaule.

— Ça va, merci.

— Bien.

Il me regarde d'un air bienveillant avant de me demander.

— Comment tu as trouvé Jack ?

Ah, voilà, il s'appelle Jack.

— Je ne sais pas trop, je suis arrivé qu'à la fin.

— Tu ne changeras donc jamais, toujours en retard.

Je fais une moue boudeuse.

— Non, décidément pas.

— Roy ! hurle Vigo.

Un mec aux longs cheveux grisonnant tourne la tête et s'avance vers nous. Son allure à la Karl Lagerfeld me conforte dans l'idée à Jack : Fou.

— Vigo !

Les deux hommes se serrent la main, puis il fait la bise à Hannah avant de me saluer poliment.

— Je pense sincèrement que personne n'est en état de conduire, ici, lance mon manager.

Ce fameux Roy regarde autour de lui et soupire.

— Effectivement, je vais faire rentrer tout le monde dans la maison pour continuer la fête. Tu viens avec moi, très cher ?

Vigo se tourne vers Hannah.

— Fais attention à ma nièce, tu veux, Nikki ? lance-t-il.

Merde. C'est sa nièce.

— Montre lui ma pièce fétiche, tu sais, celle ... propose le sosie de Lagerfeld d'un ton courtois.

— Oui. Je sais exactement de laquelle tu parles, le coupe-t-elle, les yeux dirigés vers le ciel.

Les vieux amis s'en vont. Alors que Hannah monte à l'étage, j'avale rapidement deux verres de whisky et embarque deux bouteilles de champagnes avec moi. Il faut des provisions, surtout avec elle.

D'ailleurs, elle se déhanche dans les couloirs avec beaucoup de sensualité, jusqu'à s'arrêter devant une porte. Le dos de sa robe rouge me laisse un joli visuel sur son tatouage. D'un style ornemental, un mandala se dresse sous mes yeux. Elle baisse la poignée et entre dans la chambre où je la suis.

Les murs sont couverts de tableaux et de babioles d'artistes probablement très connus.

— À chaque fois que je viens dans cette maison, c'est la pièce que je suis obligée de montrer à tout le monde, soupire-t-elle.

— On n'a qu'à aller ailleurs ? Je m'en fous de cette pièce.

Je m'approche d'un tableau et sors en me penchant sur celui-ci :

— Je ne connais même pas ce "Manet".

— C'est un maître. Il n'y a pas grand-chose à dire de plus, réplique-t-elle.

Elle jette un regard agacé aux œuvres d'art qui nous entourent et tourne les talons vers la porte.

— T'as raison, allons ailleurs.

Soudain, j'entends un bruit de geôle et la porte émet un cliquetis de verrouillage très inquiétant. Hannah me regarde d'un air surpris et tente d'actionner la poignée mais elle a beau pousser et tirer, elle ne bouge pas d'un millimètre. Nous sommes bel et bien coincés ici. Dans d'autres circonstances, j'aurai été ravi d'être bloqué quelque part avec elle. Mais pas maintenant.

— Et merde ! jure-t-elle. Roy a enclenché son dispositif de sécurité à la Fort Knox.

— Quoi ?

— Quand il pense que ses invités sont trop ivres pour reprendre la route, il suppose que les maintenir enfermés à l'intérieur les empêche de se blesser, explique-t-elle.

— Ah, du coup, on est coincé là ... jusqu'à quand ?

— Jusqu'à demain matin, théoriquement.

— J'ai mon téléphone, mais aussi deux bouteilles de champagne, tu préfères quoi ?

Elle me regarde d'un air abasourdi, mais elle finit par pouffer de rire.

— Je t'avouerais que du champagne me ferait du bien.

Je lui en tends une.

— Merci, dit-elle.

Elle boit une longue gorgée du précieux liquide et va s'asseoir dans un coin de la pièce. Je vais la rejoindre et m'installe le plus confortablement possible. Appuyés contre le mur, nous sirotons nos bouteilles respectives dans un silence de plomb.

— Tu préfères que je téléphone pour qu'on nous sorte de là ? demandé-je après un long moment.

— Essaye, dit-elle en haussant les épaules. Mais je doute que Vigo réponde à ton appel.

Je dégaine mon téléphone et je cherche le numéro de mon manager dans mon répertoire. Après plusieurs sonneries, je tombe sur le répondeur. Je réitère l'appel, mais à nouveau, personne ne décroche.

— Visiblement, Vigo n'est pas disposé à venir nous sauver, soupiré-je en rangeant mon téléphone.

— C'est ce que je pensais.

Je prends de grandes gorgées d'alcool pour me faire passer cet échec cuisant.

— On n'a bientôt plus de champagne, constaté-je.

— Tu n'as bientôt plus de champagne, rectifie-t-elle.

— Je peux t'en prendre un peu ? demandé-je d'un ton suppliant, secouant ma bouteille vide.

Je la regarde d'un air de chien battu qui la fait rire et elle me la tend.

— Ne la finis pas, quand même, dit-elle en souriant. J'ai bien envie d'en garder si on doit tenir jusqu'à demain matin.

— Si on ne peut plus boire, il faudra trouver une autre activité pour passer le temps, souligné-je.

— Et laquelle ? demande-t-elle en me regardant droit dans les yeux.

— Je te fais grimper au rideau ?

Elle regarde autour d'elle.

— Il n'y a pas de rideaux, fait-elle remarquer. Il n'y a même pas de fenêtres. Mais l'idée n'est pas mauvaise.

Alors que je ne faisais que blaguer, Hannah prend l'initiative et m'enjambe maladroitement pour s'installer sur mes cuisses. Elle presse son corps contre le mien. Ses bras passent autour de mon cou et ses doigts se perdent dans mes cheveux. Nos deux bouches se trouvent, s'assemblent. Sans lâcher mes lèvres, ses mains attrapent le bas de mon tee-shirt et le soulève à mi-hauteur avant de s'attaquer à mon jeans, vite déboutonné.

Soudain, elle relâche mon tee-shirt d'un geste prompt. Je fais abstraction de son attitude et l'attrape par la taille pour me coller à elle, mais elle s'éloigne à nouveau. Je fouille son regard pour détecter un problème. Bien que je n'en trouve pas, Hannah prend quelques distances, un doute semble s'installer entre nous.

Pitié, ne renonces pas. J'ai besoin de ça.

Je me redresse vers elle, ne voulant pas abandonner notre moment. Ses grands yeux verts me regardent avec désir, mais quelque chose la bloque.

— Hannah, si tu ...

Subitement, elle m'embrasse langoureusement. Je glisse une main contre l'arrière de ses cuisses. Redressés, elle profite de tirer sur mon tee-shirt et recule juste assez pour le retirer. Tandis que sa langue descend le long de mon cou et me rend fou, je baisse la fermeture de sa petite robe rouge et, d'un geste méticuleux, je la lui fais passer par-dessus ses épaules et la jette dans la pièce. La vue sur son soutien-gorge blanc rend la place dans mon boxer de plus en plus étroite, frisant l'inconfort. À présent, je veux toucher chaque parcelle de son corps, chaque centimètre de sa peau si douce. Je passe mon bras autour de sa taille et fais pivoter son corps pour l'allonger sous moi.

— Enlève ton pantalon, susurre-t-elle, tremblante.

C'est un ordre que je respecte à la seconde. Une fois fais, je remonte le long de ses jambes en la couvrant de baisers. Je sens ses hanches se lever à plusieurs reprises alors que ses petits couinements me font perdre le contrôle. Je lui enlève sa culotte et reprends la direction de ses lèvres. Après quelques baisers, elle me repousse gentiment contre le bas. Je prends à cœur son envie et trace avec ma bouche un chemin de baisers entre ses clavicules et ses seins jusqu'à me retrouver au niveau de son ventre. Ses doigts disparaissent dans mes cheveux qu'elle tire à la racine. Je la mordille, je la caresse, je souffle sur sa chair délicate.

— S'il te plaît ...

Je colle ma bouche sur son point sensible et glisse ma langue sur son intimité. Elle se tortille sous moi, se pressant contre ma langue. Je me redresse rapidement pour fouiller la poche de mon jeans et en ressors une capote que j'ouvre. Je retire mon boxer et enfile le préservatif. Elle se veut pressente, tirant mon bassin vers son entre-jambe. Je fais pénétrer un doigt, son corps ondule sous mes actes. Quand j'y ajoute un deuxième, elle se tortille dans tous les sens.

Putain, ce qu'elle mouille.

Je ne peux attendre et je m'introduis en elle. La sensation est tellement bonne, ça faisait tellement longtemps. Je fais des allers-retours, en alternant des mouvements circulaires. Parfois, je ressors, juste pour l'entendre faire ces petits cris que j'adore lorsque j'y retourne.

— Encore... S'il te plaît, encore...

J'aime l'entendre me supplier.

J'accélère les mouvements de hanches. Je l'embrasse dans le cou. Je la sens trembler, ses doigts se plantant dans mon dos. Sa bouche entre-ouverte, elle semble sur le point de se laisser aller. Son corps se tend alors que je garde un rythme soutenu. Elle gémit de plus en plus fort. Elle frôle l'orgasme. J'accélère encore, son corps se tend sous le miens, elle jouit. Ses cris et ses iris rivés dans les miens me font faillir. Je la rejoins dans un orgasme puissant.

Je retire le préservatif avant de lui faire un nœud. Je le lâche dans un coin. Lorsque je fais un mouvement pour me lever, Hannah m'attrape par le bras pour m'en empêcher. Je lui souris et reviens me blottir vers elle, restant quand même sur un coude pour éviter de trop peser sur son corps. Nous restons un instant comme ça, avant d'avoir cette fois-ci, vraiment mal au dos dû au sol. Je me jette sur la bouteille de champagne, crevant de soif et en avale plusieurs gorgées d'affilés. Ensuite, je la lui tends et elle boit un coup.

Nous nous rhabillons sans un mot. Elle remet de l'ordre dans ses cheveux.

— Tu peux ...

Elle désigne la fermeture éclair que je remonte en une fraction de secondes. Il y a de la gêne dans sa voix. Je ne veux pas que ça se termine comme ça. Alors qu'elle se penche pour mettre ses chaussures, je l'attrape par le bras et l'attire vers moi avant de l'embrasser. Elle est surprise mais approfondit le baiser. Elle remet de l'espace entre nous, puis me sourit.

Mon téléphone sonne et interrompt notre échange. C'est Vigo.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top