10. Les Maux

Dans le flou, j'ouvre la porte d'entrée de ma maison avec peine. Je laisse lourdement tomber mon sac sur le parquet de bois claire, enlève mes chaussures et traîne les pieds jusqu'à ma chambre où je m'affale sur le lit.

Ce n'est que quelques heures plus tard que je me réveille. Il fait déjà nuit à l'extérieur, la chambre est plongée dans le noir. L'effet de la drogue s'est dissipé, cela se ressent dans mes muscles courbaturés et mes nerfs en boule. La lumière crue de ma lampe de chevet agresse immédiatement ma cornée. Je n'ai même pas pris la peine de me dévêtir, ni même de me couvrir. Je sens le fauve. Quittant mon lit en titubant, des petits points noirs bousculent mon champ de vision et me donnent le vertige.

Alors que je tente de reprendre mes esprits, mon pied heurte le cadre de lit en palette, je perds l'équilibre et viens massacrer mon gros orteil dans la plante verte qui remplit un peu trop l'espace de la chambre. Des insultes fusent de ma bouche tandis que mon doigt de pied me fait un mal de chien.

Foutue palette, foutu lit.

Mes pensées encore brouillées, je fais coulisser la porte de mon armoire. Un bas de jogging et un tee-shirt noirs propres feront parfaitement l'affaire. Je me traine jusqu'au salon. J'aime beaucoup cette pièce, sobre et aérée. Je m'y sens à l'aise. À la lumière des lampes, les bouteilles de bières vides, les pochettes de vinyles et la vaisselle sale trainant sur la table basse en bois clair me font soupirer.

— Tant pis, je ferai le ménage plus tard, soufflé-je à moi-même.

Dans mon canapé gris scandinave, je lance une série Netflix au hasard. Il me faut un long moment pour me rendre compte que je n'ai suivi que le début de l'épisode et que la télé me demande si je suis toujours là.

Merde, je me suis rendormi.

Je me rends dans la cuisine et ouvre le frigo. Le peu d'aliments qu'il y a sont périmé ; le lait a tourné, la salade est fripée, même les carottes sont molles. J'ai faim. J'ouvre le congélateur avec espoir. Un paquet de frites me fait de l'œil mais je me rabats sur des petits délices aux épinards : Facile et rapide. Ça fera l'affaire.

Des verres, des casseroles et des plats sales attendent sur le plan de travail en chêne. Je pousse le tout dans l'évier pour me faire de la place.

Une fois mes Délices cuits, je les balance dans une assiette et retourne m'installer dans le canapé. Je remets la série du début et savoure mon repas.

Après trois épisodes de guerres vikings, j'éteins l'écran. À travers les rideaux, le soleil déverse sa lumière éblouissante. Cette journée va être terriblement longue. Quand nous sommes en tournée, avec le groupe, le temps défile si vite que je n'ai même pas le temps de réfléchir, ce qui m'arrange. Ma vie se résume à monter sur scène, picoler, dormir une heure ou deux et reprendre la route jusqu'à la prochaine destination.

C'est en refaisant défiler ces événements qu'une idée brillante se profile à l'horizon : Je vais organiser une fête. Mes plus proches amis seront tous conviés et on va boire et s'amuser jusqu'à l'épuisement. En plus, cela m'empêchera de broyer du noir. Je contacte tous mes invités et Vince me répond presque immédiatement. Il propose d'apporter l'alcool et les grillades. Si ça peut m'éviter de faire des courses...

Je mets rapidement de l'ordre dans la maison et file prendre une douche pour paraître un minimum présentable. Les cheveux trempés et une serviette enroulée autour de la taille, j'observe que mon hématome s'estompe progressivement. Je revêts mon éternel skinny noir et un débardeur gris au moment où la sonnette retentit.

Vince est sur le seuil, tenant dans chaque bras un pack de bières.

— C'est quoi ce débardeur XXL ? Tu fais l'aération de tes aisselles ? se moque-t-il.

— Tait-toi et entre.

— J'ai encore des bières dans la voiture, tu peux m'aider ?

— Ouais.

Je me dirige vers le véhicule. Elle est remplie de bières, d'alcools forts, de chips et d'aliments à griller.

— Vince ?

— Quoi ? réplique-t-il en levant un sourcil interrogateur. J'ai oublié un truc ?

— Je n'ai pas de barbecue.

Vince réfléchit quelques secondes et lance d'un air moqueur :

— Je sais. Pourquoi je me serai ramené avec des saucisses, sinon ?

Je lève les yeux au ciel. Il reprend :

— J'ai pris un barbecue. Tu me prends pour qui ?

Il me fait une tape amicale sur l'épaule avant de continuer à décharger la voiture.

En l'espace de deux heures, toutes les pièces ainsi que ma terrasse sont bondées. Tous mes amis ont répondu présents et l'ambiance est excellente malgré le fait que mon ex-copine soit également là. Heureusement, j'ai réussi à l'éviter jusqu'à maintenant. Je ne tiens pas spécialement à lui parler. Avec quelques personnes, nous nous tenons en retrait dans le jardin et quelqu'un propose des champignons hallucinogènes. N'ayant jamais essayé, je saute sur l'occasion et en avale un.

Il me faut peu de temps pour que les premiers effets se fassent ressentir. Je parcours la maison, bras tendus, persuadé d'être un aigle en plein vol. Avec la sensation de flotter, je me glisse jusqu'à la bouteille de bière la plus proche et la termine en quelques gorgées. De retour à l'extérieur, Jo me propose de tirer sur un joint. Euphorique, je prends une longue bouffée sans me faire prier.

— Je suis complètement déchirée, me dit une femme que je ne reconnais pas.

Je la dévisage et la trouve vraiment jolie. Sa petite robe blanche en dentelle lui arrive sous les fesses et ses talons allonge sa silhouette. Ses cheveux noirs de jais lui tombent jusqu'à la taille et entoure un visage rond et angélique.

Quand elle plonge son regard dans le mien, je sens ma fin arriver. Elle m'a jeté un sort. Je n'ai plus qu'une envie : Me retrouver seul avec elle.

La jeune femme semble avoir lu dans mes pensées car elle me prend la main et m'entraîne dans ma chambre. Avec un sourire espiègle, elle me plaque contre la porte et s'empare de ma bouche. Délicatement, je pose mes doigts dans sa nuque et l'attire contre moi pour approfondir le baiser, mais elle se veut plus pressente et commence à me caresser l'entre-jambes. Je lui saisis la taille et comme deux danseurs, nous nous déplaçons dans la pièce tout en s'embrassant, n'ayant aucune foutue idée de la direction dans laquelle nous allons. Mon talon frappe un obstacle et je comprends que c'est mon lit que nous avons atteint. Sans hésiter, je la porte et l'allonge dans les draps.

Je glisse une main sous sa robe pour caresser le bas de son dos. Elle soupire au contact de mes doigts. Je ressens alors ce besoin d'être encore plus proche d'elle, toujours plus proche. Elle retire mon débardeur et déboutonne mon pantalon, et je lui enlève sa robe que je fais voler à l'autre bout de la pièce. Nos respirations sont bruyantes et saccadées. Je l'embrasse dans le cou, dans le dos, dans le creux de ses reins et profite de lui retirer son soutien-gorge. Enfiévrée, elle se débarrasse de son string et se jette sur moi, puis m'arrache le jean avant de me chevaucher.

La vision de son corps nu au-dessus de moi crée un désir intense.

Soudain, la porte s'ouvre avec fracas. Surprise, mon plan cul se met à crier et se réfugie sous la couverture. D'abord furieux, je me redresse pour chasser l'intrus.

C'est à cet instant que je découvre mon ex, Maddy.

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