Chapitre 19
Jane se réveilla en sursaut, la bouche humide, et la joue aussi. Elle venait de baver sur ce qui était une page de son cahier. Un courant d'air vint effleurer ses joues, lui faisant lever les yeux de sa feuille. Mais d'où pouvait-il venir ? Ce courant d'air ? La pièce ne comportait qu'une unique fenêtre qui ne s'ouvre même pas et la porte était encore fermée à clef. Elle ne se posa pas plus de question sur le sujet, elle avait d'autre chats à fouetter. Elle essuya sa joue du revers de la main avant de l'essuyer elle-même contre le tissu de son pantalon. Elle craqua une allumette. Faisant dangereusement vaciller la flamme qui venait de naître, elle alluma les deux bougies disposées sur le bureau. L'une d'elle était vieille et ne durera pas plus de 1 heure ou 2, l'autre était comme neuve, elle tiendra tout le long du chemin. Jane prit le stylo entre ses doigts, essuyant la bave sur sa feuille du bout de la manche, elle trouva ça dégouttant, remontant celle-ci jusqu'à son coude pour ne plus pouvoir la sentir contre sa peau. Son cerveau était en pause, elle trouva avec difficulté le bout qui la conduirait sur la suite de l'histoire. Elle s'amusa à décoller du bout de l'ongle la cire fondue sur le bureau, se permettant de laisser son esprit divaguer. Elle avait fait un rêve mais cela importait peu pour le moment, elle s'obligea à raconter l'histoire, son histoire. Il fallait qu'elle la finisse au plus vite, pour la laisser derrière elle.
Chapitre 19
Je me suis surprise à soupirer comme si la situation était juste... Frustrante. Non, elle était pire, mille fois pire. Et pourtant je me contentais de soupirer, j'aurais dû hurler. J'ai couru derrière Jason mais celui-là courrait plus vite que ce qu'il en avait l'air. Quand quelque chose le poussait à faire quelque chose, on ne pouvait plus le faire reculer, il fonça tête baissée. Il courait vite, c'est un fait, mais ilcourait dans lagueule du loup.
—ATTENDS ! Hurlais-je en lui courant après. Encore une fois la scène aurait pu être drôle, moi, paniquée courant après un Jason paniqué.Il courait tout en se prenant le pou à son poignet, quelque chose qu'il faisait souvent quand il se mettait à paniquer. Comme si son cœur allait s'arrêter, il vérifiait quand même qu'il marche encore (son cœur, évidemment).Comme deux poules, la tête tranchée, qui se courent après, c'est exactement ce qui pouvait correspondre à la scène.
—Jane...Souffla Cassandre derrière moi. Attends-toi aussi, je ne peux pas courir....À contre coeur, je fis demis-tour, la tirant par la main. Cassandre était beaucoup plus grande que moi, et malgré les traces de malnutritions qu'elle montrait, elle était sacrément lourde à tirer. Elle avançait à tout petit pas, j'avais envie de lui hurler dessus. Je l'aidais vraiment à contre cœur. Puis, à chaque moi qu'elle avançait son pied droit, je voyais une nouvelle tache de sang. Et cette tache grandissait de plus en plus.
—Cassandre, t'es un boulet... Je me suis redressée, lui faisant face. Je ne sais pas exactement ce que ça veut dire mais Jason à l'habitude de me dire ça quand je fais tomber quelque chose . Je ne dois pas te laisser là, je sais mais je dois aller aider Jason, parce que lui aussi c'est un boulet.
J'ai grimacé en espérant qu'elle dise quelque chose, mais elle n'a rien dit, elle s'est contentée de pleurer. Cassandre sait que pleurer. Au loin, des bruits étranges, comme des grincements, se firent entendre dans le ciel. J'ai fermé les yeux, tiraillé entre aider mes amis, prendre le risque de laisser Cassandre et de la faire tuer, oui, elle pouvait très bien se faire tuer ou d'aller trouver Jason, l'aider...à lui et laisser la jeune fille ici. Sans vraiment savoir ce que je faisais, mes bras se sont mis à bouger sans que mes muscles et mon cerveau soit en accord. J'avais l'impression de faire ça inconsciemment. Je l'ai poussé vers la seule maison bordant la ruelle. J'ai enfoncé la porte sans trop de difficulté, elle était condamnée par une seule planche. Je l'ai poussé sous ce qui était une table. Elle s'est débattue, elle a hurlé, mais elle n'a pas su m'empêcher de le faire. Je lui ai même pas jeté un seul coup d'œil en refermant laporte. De nouveau à la lumière du soleil, je pouvais entendre des pots tomber dans la maison, elle rampait ur le sol, j'en suis certaine. Elle voulait sortir, mais je l'ai laissé là. J'ai avancé dans larue, retrouvant une plus grande allée. Si je n'avais pas été aussi prudente, je me serais retrouvée au milieu de l'allée, encerclée de soldat. J'ai reculé de quelque pas, allant me réfugier dans l'espace qui séparait deux maisons. C'était étroit mais mon petit corps d'enfant passaitparfaitement. Mon cœur battait si fort dans ma poitrine qu'il aurait puts'en échapper. Je respirais fort et bruyamment mais pas assez pour me faire repérer, ilétait plus ou moins loin de moi. Je respirais si fort àcause de lasituation stressante et oppressante, puis de mon état physique, je n'étais pas pour le mieux.
—On a trouvé le forgeur. Informa l'un des hauts gradés àses soldats. Il traîne, seul, dans l'est de laville. On va s'en servir d'appât. D'ailleurs, ils sont quatre en tout, pas trois. On ignore comment ça se fait mais ily a une autre Avancée avec eux. Elle a l'air faible mais ne vous fier pas aux apparences.
—En parlant d'apparence Sergent, l'Avancé n°27, comment être sûr que ça ne soit pas un des nôtres ?
—Ce petit doit être stressé, ilne sera pas en confiance. Si vous voyez quelqu'un trembler ou hésiter parmi nos rangs, c'est forcément lui. On nous autorise àouvrir le feu uniquement dans le but de blesser.
—Et lapetite ?
—La petite, elle viendra ànous, elle aime les défies. Si nous arrivons àattraper les autres, elle va se sentir capable de les sauver, mais le truc les gars, c'est qu'elle ne peut pas. On est plus fort qu'elle. Si vous latrouver, on se contente de lablesser. Maintenant, divisez-vous par fraction, menez des rondes. Vous cinq, encerclez le périmètre est, le forgeur ne dois pas s'échapper, par aucun moyen.
Jane sentit sonestomac se nouer, elle serra les poings. Elle regarda fixement face àelle, le mur en crépit lui semblait bien agité. En effet, elle avait le tournis, elle avait peur. Ils étaient faits comme des rats, c'est l'impression qu'elle avait. Mais peut-être pouvait-elle contrer laSociété ? Un sifflement lui monta àlatête, elle regarda autour d'elle, cherchant l'origine de cebruit, avant de se rendre compte que tout ça était dans sa tête. Elle se plaqua contre le mur, respirant lentement, reprenant ses sens. ilfallait qu'elle soit prudente mais pas autant, ça devenait maladif.
—Ne te prends pas latête, le sifflement c'est moi...Chuchota Noah à mon oreille. Je ne t'ai pas fais peur ? Je secoualatête frénétiquement en jetant un coup d'œil dans l'allée. Il n'y avait pas de soldat àl'horizon. Laisse moifaire, je n'ai plus beaucoup de temps et tu ne vas pas rester là toute ta vie, pas vrai ? Une nouvelle fois, je répondis négativement. Bon, alors allons-y, go dans le futur.
J'ai fermé les yeux, des éclairs de différentes couleurs dansaient dansaientdans ma tête les yeux mais je ne pouvais pas bouger. Une force extérieurm'obligea àouvrir les yeux. Je levalentement mes mains devant mes yeux. Je me sentais étrangement légère. Mes mains avaient une couleur...translucide?Non, cen'était pas une couleur àproprement parlé, c'était le crépit du mur qui se voyait àtravers mes mains.
—10 secondes Jane, on a que 10 secondes ! Sors de là !
Je sentais une certaine pression dans lavoix de Noah, je n'eus pas le temps de plus l'analyser, je devais bouger. Je poussad'un geste brusque les caisses derrière lequel j'étais dissimulé avant de me rendre compte que je passaitàtravers. Une fine traînébleuté suivaient mes pas, encrant l'empreinte de mes pieds dans laterre battue recouvrant le sol. Je jetaàpeine un coup d'oeilderrière moi pour m'en rendre compte. Je me suis retrouvée dans l'allée, face àdeux groupes de cinq gardes qui passaient et repassaient inlassablement. Je courudans leurs direction, pensant avoir le temps de passer devant eux et de partir assez loin. Je me suis sentie toute lourde et je suis tombée. Je venais de revenir àla"vraie vie", là où je ne passe pas àtravers les trucs et où mes empreintes sont tout àfait normales. Je me suis retrouvée au milieu de l'assemblée de laSociété. Ils se sont tous retournés vers moi, l'un d'eux c'est avancés vers moi avec une haine dans ses gestes, les autres ontleverleurs armes sur moi. J'ai reculéecomme je le pouvais, rampant sur le sol.
—J'ai fait une connerie Noah...Chuchotais-je. Les larmes me montèrent aux yeux. J'ai jamaisété aussi idiote.
—Non, dis pas ça, tout n'es pas encore joué...Me chuchota une voix de femme.
Je jetais des coups d'œil paniqués autour de moi. D'où venait cette voix. Le garde face àmoi me souleva par le col de mon T-shirt. Je me suis débattue en agitant les jambes. En y repensant, je trouvesque je me suis laissé faire, mais le passé reste passé, je ne peux que constater. Plus je m'agitais, plus je frappais l'homme et ...lacape. Il m'attrapa par lagorge, me coupant le souffle immédiatement. Je me suis laissé tomber, les bras le long du corps. Mon souffle était comparable à deux roches se frottant l'une contre l'autre.
—Tu es vraiment idiote en effet, maintenant écoute-moi bien petite pourriture, où sont tes camarades ?
—La cape... Chuchota une femme à mon oreille, avec une douceur infinie. Prends lui son âme...
Je pris le bord de ma cape dans ma main et laramena d'un coup sec dans sa figure. Je voulais le frapper en plain visage, cefut réussi. Il dut reculer d'un pas pour ne pas tomber, pendant cetemps, les armes des autres soldats s'armèrent en un même bruit. En réponse àça, ilme glifla avec une violence innoue, faisant saigner mon nez après un craquement plus qu'inquiétant. Il devait être brisé, le sang coula lentelent jusqu'à mes lèvres. L'homme face à moi levaune main ouverte en l'air, immédiatement tout les soldats baissairent leurs armes en un même mouvement. Il passa son doigt sur mes lèvres, observant, sans me rassurer, le sang, mon sang, sur ses doigts. Je tremblais de tout mon être, lapeur me rongeait de l'intérieur mais je serra lamachoire et cacha ça comme je le pouvais. Il me surplombait, même derière lavisière de son casque, je savais ses yeux posés sur moi. Je me sentais impuissante, humilié. Je l'ai fixé en essayant de traduire tout les peines que je portais sur moi dans mon regard. Lentement, comme si ma peur s'évcuait à travers les gouttes de sueurs qui perlaient sur mon front, je repris confiance en moi. Mes mains ontcommencés à chauffer au sens propre, j'avais l'impression qu'elles étaient dans un four. Un long fils noir prolongea mon majeur, ildandinait dans les airs, rodant autour de l'homme. D'un geste sec et précis, ilfint percer sa visière, lafissurant. Je savais qu'il ne s'était pas contenté de labriser. Non, je le savais très bien car c'était moi qui le guidait. De mon autre main, je m'essuya le sang du bout de ma manche. Les gardes autours levèrent timidement leurs armes vers moi, trouvant en effet que l'attitude de leur chef était bien étrange. Ils hésitèrent.
"Ce petit doit être stressé, il ne sera pas en confiance. Si vous voyez quelqu'un trembler ou hésiter parmi nos rangs, c'est forcément lui. On nous autorise à ouvrir le feu uniquement dans le but de blesser."
Je me suis alors rappelé cette phrase prononcée par l'homme face à moi, par lui-même. Un sourire mal attentioné se dessina sur mes lèvres. Il se mit à trembler, à manquer de peu de faire tomber son arme à terre. À travers les fisures de sa visière, je pouvais voir ses yeux me supplier d'arrêter. Mais pourquoi je le ferais-je ? Je ne suis pas comme ça...
—Sergent... Est-ce que tout va bien ?
—Heu... Je ne sais pas trop...
Plusieurs balles fusèrent dans les airs, sifflant à mes oreilles. Je ferma le poing, faisant disparaitre le lien noir qui m'apparantait à lui. Il tomba en arrière. Les gardes avaient obéit, ils avaient ouvert le feu. Une balle se logea dasn sa cuisse, une autre dans son épaule et une dernière dans son molet. Je laissa échapper un soupir de desespoire lorsque le silence retomba. Chacun se regardait, se jugeait, pour savoir si certain avaient fait le bon choix en tirant ou si ils auraient dû se raviser.
—La cape... Le chuchotement recommençait, il hantait. Je m'interrogea sur laprésence de Noah, je l'appela intérieurement et rien ne me répondit. mais dans lapanique, je n'y ai pas vraiment apporté plus d'attention, convaincu qu'il reviendrait rapidement. Pendant ce moment de questionnement de lapart des soldats (et un peu de moi-même), je me suis roulée sur le côté, m'enroulant dans ma cape. Je me souviens m'être dit que je regretterais plus tard d'avoir roulé ainsi et de mettre donc plaqué le nez cassé contre le sol. Une nouvelle fois, lacape me sauva, comme ces moment scénariom qui sauve le héros principal de tout moment improbable, faisant en sorte que le héros ne soit jamais confontré à un vrai danger de toute son aventure. Je ne suis pas de ces héros sauvés grâce à un moment scénarium. Car je sortais de lagueule du loup pour me jeter dans celle du lion.
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