Chapitre 18 1/2 - Première Résurgence


Première Résurgence

Jane reposa son stylo sur son bureau, le poignet endoloris par les heures enchaînées d'écriture. Elle ferma lentement les yeux en posant délicatement sa tête sur ses mains, s'endormant rapidement par la fatigue. Un narrateur externe observe la scène avec un sourire angélique. Ce narrateur n'est rien d'autre que Bertille. Elle lève les yeux vers vous, lecteur, et vous adresse un clin d'œil joueur avant de disparaître en emportant avec elle la scène.

La lumière se rallume à un tout autre endroit. Une bibliothèque se présente sur plusieurs centaines de mètres de long, en plusieurs rayons. Ses allées recouvertes de poussières étaient oubliés depuis fort longtemps avant qu'un individu ne s'y aventure pour trouver des réponses à ses questions.

—Maaaais où est ce fichu livre... ? Chuchota-t-il en se frottant le menton d'un air songeur un peu trop surjoué. Je suis sûr que Grand-père me l'a lu...

Le jeune homme, le visage couvert par un foulard noir laissait passer une brume du bout de ses doigts. Personne, ni ce dernier ne savait si elle provenait de lui-même ou de la poussière accumulée depuis des années et des siècles sur ces livres qui avaient fait l'histoire de ce monde. En effet, les méduses qui flottaient dans les airs, éclairant les passants perdus entre les rayons n'avaient rien de commun à la Haute-Terre. L'une d'entre elle passa à quelques centimètres de notre personnage principal. Il la chassa d'un geste de la main, la faisant couiner de peur. Heureusement d'autre, plus prudentes, flottaient un peu plus haut, à une distance acceptable, éclairant suffisamment le jeune homme dans ses recherches. Il sortit un des nombreux volumes de la bibliothèque d'un coup sec et décidé. Il laissa tomber l'ouvrage sur l'une des tables encore en place.

Plus personne ne traînait dans les parages depuis de nombreuse années. Les portes de la bibliothèque étaient condamnées avec précaution. Mais depuis quelques jours déjà, elles avaient été rouvertes sans autorisation concrète.

Il resta en suspens, ne soulevant pas la couverture, posant juste une main dessus. Le cuir de cette dernière était abîmée, les coins étaient tordu. Ce qui avait le don de l'énerver en tant que lecteur assidu. Mais là, ce qui le préoccupait le plus était la chaleur de la couverture. Ses fils d'or qui reliaient les pages brillaient énormément, rendant la chose bizarre parmi le bizarre. Une chaleur, d'abord agréable, lui chatouilla la paume de sa main. Puis cette chaleur s'intensifia jusqu'à brûler. Mais le jeune homme ne pouvait enlever sa main, absorbé, hypnotisé. Son regard ne se décrochait pas des rayons lumineux qui s'approchaient progressivement de sa main, faisant monter la chaleur en même temps. Lorsqu'il trouva la fournaise qu'était le livre insupportable, il essaya tant bien que mal de retirer sa main mais il se retrouva paralysé. De peur ? On n'en sait rien. Il hurla de douleur lorsqu'il sentit sa peau tomber en lambeau. Une douleur qui remonta tout son bras, faisant briller ses veines d'une lueur similaire à celle du livre. Le mal était tellement fort et intense qu'il en tomba à genoux, hurlant seul, perdu dans cette bibliothèque ou le dernier être vivant à l'avoir pénétré est mort depuis des siècles.

Ses muscles se tendirent, des crampes lui prirent les mollets tandis que sa tête tournait. Il ne voyait plus rien de clair. Le livre sous sa main tremblât. Un Homme normal se serait dit qu'il allait exploser mais un Avancé savait qu'il allait révéler ses secrets. La main du garçon prit feu, mais la douleur était de tel qu'il ne pouvait ressentir plus fort encore. Le feu, d'une couleur verte, n'était pas qu'un simple feu. Ses flammes dessinaient des silhouettes bien distinctes. Une femme, deux femmes même. Un homme, et un plus petit, discutant ensemble. Ou, avaient l'air, en tout cas, de discuter. Des murmures s'élevèrent d'entre les murs, inaudibles mais bel et bien là. Puis le livre lâcha son emprise.

Le brave homme, toujours au sol, laissa glisser sa main meurtrit vers lui. Il se replia sur lui-même, agité de spasme. Il était traumatisé par les images qui venaient de défiler sous ses yeux, l'histoire que le livre venait de lui conter. Il serra sa main contre son cœur, pleurant et riant à la fois, il exprimait toutes les émotions possibles en un seul instant.

Bertille regarda par-dessus les étagères, cherchant le jeune homme quelle avait envoyé un peu plus tôt. Une fois retrouvé, elle se pencha au-dessus de lui, posant la paume de sa petite main sur son visage. Instantanément, il se stoppa, respirant paisiblement, dormant calmement. Un sourire de satisfaction se dessina sur son visage, comme une mère pouvait l'avoir au-dessus du berceau de son enfant. Elle prit délicatement la main du garçon, observant la brûlure. Une rose était dessiné dans sa peau, comme un animal marqué au fer rouge. Elle embrassa dans un geste lent la peau brûlée. Cela n'y changea rien d'un premier coup d'œil mais la douleur n'était plus là.

Lentement, à chaque battement de sils, elle se dissipa comme un fantôme, ne vous quittant pas des yeux. Le garçon resta seul, dormant dans le plus grand calme, la douleur était derrière lui. 

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