Chapitre 17

Chapitre 17

Je m'étais endormie, la tête contre la vitre. Je ne sais pas comment j'ai fait car lorsque je me suis réveillée, la seule chose qui m'est venue à l'esprit fut « Ça me fait mal à la tête ce truc » en parlant des vibrations. L'odeur du vomi me frappa au visage. La chaleur n'aidait pas en plus. Je me suis retournée pour voir l'état des autres mais ils dormaient tous à l'exception de Jaiden (heureusement, je vous rappels qu'il conduit). Je me suis surprise à observer une nouvelle fois cette cicatrice qui lui barrait le visage. J'ai froncé les sourcils en la regardant, comme si c'était le plus grand mystère de l'univers. Je restais coincée entre le fauteuil et la portière, légèrement en arrière par rapport à lui. Il ne pouvait pas me voir.

—Ne lui pose pas la question Jane.

Je n'ai pas sursauté, heureusement. Je me suis contentée de cligner furieusement des yeux, comme si je m'étais réveillée et que je ne faisais pas la différence entre la réalité et le rêve. Je me passa la main sur le visage, désespérément.

—Tu pensais que j'allais dire quoi ? Lui demandais-je en bougeant à peine les lèvres, sans qu'aucun son ne sorte de ma bouche.

—Je ne sais pas, mais tu es beaucoup trop curieuse. Je préfère faire attention.

Je n'ai rien répondu, jugeant que Noah avait raison. J'ai regardé droit devant moi. Le seul bruit qui troublait le silence était le claquement de la poussière et des petits grains de sables contre les vitres. La voiture avait l'air électrique de première vu, alors pas de bruit. La musique tournait en fond, comme une berceuse, enfin, c'était une berceuse. J'avais même envie de m'endormir une nouvelle fois.

—Ça fait combien de temps que tu roules ? Demandais-je en regardant l'heure.

—Une demie-heure. Je me suis arrêté pour dormir.

—T'as pas dormi de la nuit. Rajouta Jason qui venait tout juste de se réveiller, me faisant sursauter. Excuse moi.

Je mis du temps à comprendre qu'il s'excusait parce qu'il m'avait fait peur. Le temps que tout cela monte au cerveau, il était trop tard pour lui dire que ce n'était pas grave. J'ai regardé Jaiden. Soudain, en effet, il avait l'air beaucoup plus fatigué.

—Il a peur du noir Jane. Me chuchota à l'oreille Noah. Il n'a pas dormi de toute la nuit.

—Tu as peur du noir... Chuchotais-je à mon tour. Il jeta un rapide coup d'oeil dans ma direction, mais je ne le jugeais pas. Enfin, j'essayais de ne pas paraître ainsi.

—C'est les enfants qui ont peur du noir ! S'écria alors Cassandre dans notre dos avec un grand sourire qui n'avait pas lieu.

À peine à t-elle fini de s'exprimer que Jason venait tout juste de lui mettre une claque. Je me suis refermée sur moi-même, me laissant glisser sur le fauteuil. J'étais mal à l'aise. Comme lorsque vous êtes à un repas de famille et que tout le monde s'engueule et que vous êtes au milieu. Vous connaissez ? Ben j'ai ressentit pareil.

Jaiden commença alors à trifouiller le rétroviseur. Surement pour l'avoir en visuel. Il l'a fixé un moment, ne regardant même plus devant lui mais ça n'avait rien d'important. Nous ne risquions pas de nous prendre un passant. Puis il a prit une grande inspiration.

—On sait même pas d'où tu sors. Tu nous a fais chier pour qu'on vienne te chercher. Maintenant t'es invitée ici, t'es pas chez toi. Une dernière remarque comme ça et je te vire dans le coffre.

Lorsqu'il parlait français avec cet air, il était déjà plus menaçant que la normal. J'avais tout compris, elle aussi, mais Jason n'avait rien compris. Alors il a croisé les bras, la fixé de haut en bas, et il a lâché un petit « ouais » qui n'avait aucun sens dans sa bouche.

Sincèrement, j'avais peur qu'il ne s'en prenne à moi au départ. J'avoue que je n'aurais pas dû dire ça, révéler ça. C'est personnel et je comprends.

—T'as merdé Jane, mais j'aime bien comment il l'a remballé.

—Tu ne comprends rien au français Noah. Remarquais-je.

—Exactement, mais le ton qu'il a prit voulait tout dire. Et puis... Regarde sa tête.

Je me suis retournée vers Cassandre qui regardait, vexée, au loin. Jason essayait de trouver une position pour dormir à côté d'elle, c'était quand même assez drôle mais je n'ai pas rigolé. La remarque qui a suivit de Noah m'a perturbé.

—Il ressemble tellement à sa mère.

En effet, je retrouvais des airs de ressemblance à Eva. À la seule différence, il avait les yeux beaucoup plus clair qu'elle. Puis il était blond. Mais son visage fin était le même, cette bouche était la même et puis... ces gestes étaient similaire. C'était étrange à observer.

—Tu viens d'où pour parler français ? Demanda soudainement Cassandre, toujours dans un français parfait, un air mauvais sur le visage.

—Quebec. Répondit-il sèchement. Elle hocha lentement la tête, approuvant et réfléchissant à sa réponse.

—Tu n'as pas l'accent.

Jaiden ne répondit rien. Cassandre le fixa par son reflet, attendant des explications qu'elle n'a jamais eu. Il n'allait pas en dire plus, surtout à elle. On a continué à rouler pendant un loin moment. Dans le silence le plus total. Jaiden venait de couper la radio, ça devait surement l'agacer, ça commençait à m'agacer.

—Vous êtes bientôt arrivés. M'informa Noah.

—Comment tu peux savoir, tu vois comme moi. Rétorquais-je sèchement.

—10 secondes...

En effet, 10 secondes. Le temps de notre toute petite discussion, l'espace de 10 secondes s'était écoulé. Nous venions tout juste de grimper un colline avec un peu de mal je l'avoue. Lorsque l'on est redescendu, au loin, on pouvait voir une vaste étendu de maison, de grands bâtiments qui m'étaient inconnue. Bref, de la civilisation. Nous étions surement trop fatigué pour pouvoir exprimer notre joie. Jaiden en revanche, a appuyé sur la pédale de l'accélérateur puis a lâché le volant calmement, nous laissant tomber en chute libre. Je l'ai fixé si sévèrement qu'il les a reposés sagement. J'appréhendais la civilisation.

Les gens nous regardaient si étrangement que ça me faisait peur. Je restais toujours près de Jason, effrayée par les gens. Je restais toujours en éveil, je craignais toujours le pire. Les autres marchaient sans problème dans les rues, cherchant un endroit ou se reposer et surtout où réfléchir. Nous sommes passés à travers un marché. Un homme, tenant un stand de poissonnerie a hurlé la bonne qualité de sa marchandise. J'ai eu la peur de ma vie. J'ai hurlé et je me suis agrippée au bras de Jason qui sursauta à son tour.

—J'aime pas les gens... Chuchotais-je à son oreille. J'aime pas.

Il ne me répondit rien mais serra ma main dans la sienne. Ça me rassura un peu, un petit peu. Cassandre marchait devant nous. Jaiden tout devant, avait prit une nouvelle fois l'apparence du mec dans le coffre. On l'avait dépouillé, prenant ses papiers d'identités et son argents. Nous avions un peu de mal à le suivre dans le village, n'arrivant pas à repérer sa tête parmi les passants.

Il était désormais penché au dessus d'un étalage de fruits étrange. Il tendit ce qui ressemblait à des pièces d'or. Je m'approchais de lui à petit pas, regardant toujours autour de moi, guettant le moindre pas de travers.

—Où as-tu eu cet argent ? Demandais-je en levant le menton vers son visage.

Il prit les légumes dans ses bras, comme si il tenait un bébé. Il se tourna vers moi, un petit sourire aux lèvres, m'en proposant si gentiment... J'hésita mais fini par en prendre un bien mérité.

—Tu dois le croquer. M'informa t-il avec un petit peu de sarcasme dans sa voix si grave habituellement.

J'ai froncé les sourcils en direction du fruit à la couleur si fade et je l'ai croqué à pleine dents. Il avait repris sa personnalité de Guenièvre, enfin c'est à cette « personne » que j'assimilait ce caractère. C'est peut-être ce qui se passe dans sa tête... Je n'en sais rien.

—Sinon, la voiture contenait quelques pièces, alors temps qu'à faire....

Il haussa les épaules en proposant des fruits à Jason qui refusa d'un geste de la main. C'est alors échangé un dialogue de muet entre les deux. L'un haussa les épaules en exagérant, comme pour l'accuser de quelque chose. L'autre fronça les sourcils en débattant sa cause, pour que à la fin il finisse par lâcher un « J'aime pas les fruit » qui n'était pas crédible dans notre situation.

—C'est plein d'eau les fruits... Lâcha Cassandre comme une bombe en arrivant dans notre cercle créer à l'occasion de la discussion. Elle alla pioché dans les fruits calés dans les bras de Jaiden. Elle nous regarda tour à tour, portant lentement le fruits à ses lèvres abimées. J'ai dit quelque chose qu'il fallait pas ?

Comme trois idiots, on à secouer la têtes presque simultanément, rendant ça complètement ridicule. On est restés tout les quatre à nous regarder en silence, jusqu'à que Jaiden tende le reste des pièces face à lui. La paume tendu vers le ciel éclatant, nous nous sommes scotché à l'or reflétante les rayons du soleil sans rien dire.

—De l'eau. Articula lentement Jason.

En un seul mouvement unie, on s'est retournés vers la vieille femme ratatinée qui tenait le pauvre étalage. Jason s'avança en premier, prenant à la volé les pièces restées dans la main en suspend. Il a fait signe de boire quelque chose avec son pouce à la dame et lui a donné directement les pièces dans la main. Elle écarquilla les yeux, en regardant la somme. Elle regarda alternativement notre groupes puis les pièces avant de froncer les sourcils, demandant confirmation dans sa langue. Jason resta perplexe avant de tourner sur ses talons, se retournant vers moi. Seulement en regardant son expression dans ses yeux j'ai compris ce qu'il voulait dire. Je soupirais en croisant les bras sur mon torse.

—Elle demande si tu es sûr. Je penses que tu lui a donné beaucoup d'argent...

—Bien sûr ! s'écria Jaiden en agitant les bras. Il a tout donné !

—C'est pas grave, on a soif là Jaiden ! Répondit-il du tac au tac.

Il se retourna une nouvelle fois, nous tournant le dos en mettant fin à la discussion (ou au débat). Il hocha grandement la tête, agitant ses cheveux blonds. La femme reprit alors vie. Un grand sourire se dessina sur ses lèvres. Elle avait déjà rangé ses pièces dans la bourse attachée autour de sa taille. Un petit garçon, assis sur le trottoir, jouant à un jeu que je ne connaissais pas, sursauta lorsqu'elle l'appela. Elle lui ordonna d'une voix sèche, contrastée avec la gentillesse qu'elle nous montrais. Le garçon soupira en se levant lentement. Progressivement, il s'est mit à courir jusqu'à ce qu'on le perde de vue. Jason s'est une nouvelle fois retourné face à nous, satisfait de lui.

—On dort comment maintenant qu'on a plus d'argent... Marmonna Jaiden en croisant ses bras sur son torse. Il y a eu un long moment de silence avant que Jason ai son clair de génie.

—Dans la voiture.

Tout le monde à soupiré après qu'il ai énoncé son idée révolutionnaire. Mais le pire c'est qu'on allait vraiment devoir dormir dans la voiture. J'ai pus remarqué aussi l'inquiétude monté au visage de Jaiden. Il allait faire noir dans la voiture.

On a attendu plusieurs longues minutes pour que l'enfant revienne. On a fini par s'assoir sur le trottoir où il était précédemment. Les coudes posés sur cuisses, le menton calé dans ses mains, Cassandre regardait droit devant elle, ne faisant part de rien sur son état. Peut-être mourrait-elle de faim, ou de soif. Lorsque Jason s'est raclé sa gorge sèche, je cru qu'il avait lu dans mes pensées.

—Parle nous de toi.

—Je m'appelle Cassandre, Cassandre Ndeye. Ma mère vient d'Afrique du Sud. Et mon père de la Code d'Ivoire. J'ai découvert mes pouvoirs à 6 ans quand, grâce à la tuyauterie de mon immeuble, j'ai découvert que Madame Richards s'était fait coulée dans sa baignoire. Après ça, j'ai tout raconté à la police. Parce que c'est sûr que c'est étrange qu'une gamine de 6 soit au courant de la tentative de meurtre sur sa voisine à 4 étages en dessous. Elle prit une grande inspiration avant de continuer. Heureusement pour moi, on a put facilement prouvé que j'étais bien en train de me laver les mais, dans mon appartement, lorsque ça c'est passé. Quelques jours après, des gens louches sont arrivés chez moi, ils ont d'abord voulu vendre leurs trucs à la professeur Xavier. (J'ai cru voir Jason se redresser soudainement) du style, votre fille est spéciale, envoyez là à notre école, elle n'est pas seule. Et après la énième fois où ils ont refusés, boum. Elle leva ses mains devant elle, imitant une explosion, avec les bruitages. Ces connards les ont tués. Devant moi.

Elle a alors enfuit sa tête entre ses deux bras tendus, mais elle n'a pas pleuré. Elle a juste repris sa respiration, relevant la tête quelques secondes après, l'air de rien.

—Je suis sûr que quelque chose cloche dans son histoire.

J'ai eu le même réflexe que lorsque l'on prend une décharge électrique. Noah me surprenait toujours avec ses apparitions soudaine. Je l'oubliais toujours à vrai dire. Je me suis passée une main sur le visage pour cacher ma pâleur temporaire dû à ma peur.

—J'en sais rien Noah... Chuchotais-je dans ma propre tête. Qu'elle mente ou pas, elle est avec nous.

—C'est louche quand même...

—Arrête d'être si méfiant.

—Mais on doit être méfiant ! Le monde entier te poursuit je te rappelle !

—C'est gens là... Je tournais mon regard vers les passants qui discutaient joyeusement entre eux. Ils ont l'air de me poursuivre ? Tu penses qu'ils me veulent du mal ?

—Non... répondit-il à contre coeur

—Voilà ! Conclus-je à haute voix, me relevant par la même occasion.

Le « voilà » n'était pas sortie dans le bon contexte, je l'avoue. Cassandre tirait encore la gueule, ce que je comprends. Mais je fus sauvé par l'arrivé du petit garçons avec les trois bouteilles d'eau. Il les déposa devant nous, il a frotté ses mains entre elle puis nous a murmuré timidement qu'il allait revenir.

—Qu'est ce qu'il a dit ? Hein ? Jane ? Jason avait l'air d'un enfant en bas âge qui ne comprenait rien à la vie.

—Il va revenir c'est tout.

Je me suis gentiment assise devant les 3 bouteilles, sur l'une d'elle était posé une tasse en fer blanc toute cabossée. Je la posais sur le sol terreux et versa l'eau dedans. Les trois autre s'assirent devant moi. Après avoir bu la première gorgé, je sentis ma gorge revivre, comme une éponge gorgé une nouvelle fois d'eau avec des années de sècheresse. Un à un, on se faisait passer la tasse en silence. Jusqu'à ce qu'on ai fini la première bouteille. Je voyais dans le regard de Jason qu'il en voulait plus, mais lorsque Cassandre reposa la tasse sur celle-ci, tout espoir était mort.

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