Chapitre 9: Emile
Les garçons vont bientôt arriver. Le 4x4 de Olle va se ranger sur le trottoir qui longe la maison, je vais grimper à l'intérieur.
Je fixe le miroir et je me hurle que je devrais avoir honte. J'ai été égoïste, tellement égoïste ! Je connaissais toutes les étapes. Surtout la dernière, je savais quel était le but de ce jeu si funeste. On pensait tous gagner la vie, la beauté et la reconnaissance, mais laissez moi vous dire que ce n'est pas la réalité. Il est impossible que ce soit cela, un être vivant ne peut le supporter. Elle n'est pas la seule que le jeu ait emporté. 10%, voilà le nombre de jeunes qui terminent la partie de la même façon qu'elle. 5 à 10% veulent abréger la partie, ils sont à bout, ils veulent tout stopper, alors, ils commettent l'acte final. J'ai ouvert les yeux à temps ; j'ai compris avant que tout ne change pour moi. Elle ne l'a jamais fait et elle ne le fera jamais...
Est-ce qu'elle a compris ce que c'était ce jeu? Est-ce qu'elle savait qu'elle avait besoin d'aide?
Je savais tout, je l'ai vu s'effondrer mais je n'ai pas compris...
Je sors de chez moi, la voiture est là. Ils me regardent en silence. Ils portent tous deux des tailleurs aux allures de désespoir. Je monte à l'arrière. Je les salue en posant ma main sur leur épaule. Je m'attache en silence.
- Je suis désolé, dis-je dans un murmure. Je suis désolé...
L'air qui remplissait mes poumons se vide soudainement. J'inspire fort. Les larmes me montent aux yeux.
-Je suis désolé les gars... Je pouvais l'empêcher... Je pouvais le voir... C'est moi qui lui ai montré, les gars... C'est de ma faute merde...
J'éclate en sanglots, je ne peux plus retenir mes larmes. Depuis que je suis tout petit j'ai toujours fait attention à cacher mes émotions, mais là c'est trop, je ne peux plus encaisser.
- Emile, calme toi, on est là. On est tous ensemble, ça va aller ! Victor me prend la main.
Depuis toujours, Victor est le petit rigolo de la bande, celui qui n'a jamais rien pris au sérieux. Il a toujours ri de tout, même quand il ne fallait pas ; parfois, cela nous blesse, pourtant il ne le fait pas exprès.
Olle démarre, la voiture se rapproche à chaque instant de la maison de Rose-Evi. Sa maison est immense. Et, pour tout dire, j'aurais plutôt parié sur Rose-Evi, pour un destin tragique. Elle a une famille parfaite, avec des parents parfaits. Les bandes d'amis inséparables connaissent toutes leurs drames; j'avais imaginé le nôtre. La mort de Rose-Evi après un triste accident. Mais je n'ai jamais réussi à imaginer que l'on allait connaître la disparition lente de Elyhna, car cette fille été emplie de vie et de rire ; de sublimes rires qui nous faisaient oublier le reste.
Oui. Oui, je l'aimais... j'aimais Elyhna et je sais que Rose-Evi en a toujours été jalouse, extrêmement jalouse. Pas que j'aime Elyhna non. Plutôt que Elyhna aimait Olle et que lui aussi l'aimait.
Pour résumer tous ces mots: Olle et moi aimions Elyhna ; cette dernière aimait Olle et Rose-Evi aimait Olle. Comme je le disais il n'y a pas très longtemps, je ne suis pas celui qui est le plus séducteur ici.
J'ai toujours été mis sur le côté, alors j'ai voulu garder Elyhna un peu plus près de moi... Et c'est ce jeu qui m'a permis cela... Ce jeu, ou cet engrenage infernal, comme vous préférez.
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