Ils ont refermé le couvercle en bois pour me déplacer. J'adorais voyager avant, m'assoir à l'arrière de la voiture emplie de musique et de bonne humeur. Avec papa et ma grande soeur, nous chantions souvent à tue-tête de vieux morceaux oubliés et idiots. On ouvrait les fenêtres, le vent venait alors fouetter nos visages remplis par l'instant présent. Aujourd'hui, je suis coincée dans le noir et déposée dans le coffre d'un vieux corbillard. Ils le trimballent sans aucune délicatesse. Mon corps tressaute à chaque dos-d'âne. Ce chemin ne m'a jamais parut aussi long. Plus que trois ronds point et six virages. Enfin, je crois.
Je me demande ce qu'ils diront, sûrement un tas d'inepties et de souvenirs ridicules sur mon enfance. Mais tout cela fera sourire le coeur de l'assemblée trop préoccupée par leur rôle de personne triste. J'étais pleine de vie, je riais toujours et j'aimerais qu'ils fassent de même. Pourtant aucun ne se souviendra de ça, aujourd'hui. Ils se cacheront sous des tenues tout aussi sombre que les miennes et détruiront leur maquillage à coup de mouchoir brodés à la souffrance illusoire.
Il m'avait dit que je pouvais partir. Est-il sincère? Je sais qu'il a retenu ses larmes, qu'il a voulu paraître fort, comme s'il n'était pas conscient de ce qu'il m'a fait, comme s'il avait voulu chasser de sa mémoire la chose ignoble qu'il m'a envoyé. Il est revenu chaque jours pour me lire des histoires. Je voulais rester afin de l'entendre me demander pardon. Mais il ne l'a jamais fait, il a simplement dit que je pouvais partir en ajoutant quelques mots doux qui m'ont fait l'effet d'un délicieux poignard en plein coeur. Il n'a pas compris ce qu'il a fait. Je lui ai parlé, j'ai pris tout mon courage mais il m'a détruite. J'ai aussi essayé d'expliquer le jeu à Victor. Et, comme toujours, il n'a pas prit les choses aux sérieux. J'ai alors ris avec lui pour lui faire croire que ça ne me blessais pas, que ça ne me faisait rien. Ils m'ont tous regardé plonger dans les abysses sans me tendre aucune mains.
Donc j'ai fermé les yeux, car, à la fin de la chute, se trouve un affreux instant. Celui où notre corps ne devient qu'un corps endormis à jamais et notre esprit quelque chose qui va s'éteindre. Tout au long de ma courte vie, j'ai pensé que l'esprit cessait de fonctionner en même temps que le corps, car je croyais que l'esprit n'était qu'une simple réaction chimique dans notre cerveau.
Mon esprit va donc bientôt s'arrêter. Et mes ongles, mes cheveux, eux, continueront de pousser, de grandir. Ils rempliront cette boîte vide.
Je sais, je sais que le jeu m'a précipitée ici, que si je n'étais pas retourné sur le site qu'Emile m'avait montré je ne serais pas ici. Mais je ne veux pas le croire. Ils ne m'ont pas aidé. Ou si... quelques uns ont voulu m'aider mais ils ne savaient pas comment. Et d'autres, comme Olle, m'ont dit qu'ils ne pouvaient plus rien pour moi, que je m'étais déjà assez reposée sur eux et qu'il fallait que je me débrouille seule.
Oui, j'ai appelé à l'aide, mais personne n'est venu. Oui, j'ai voulu arrêter ce jeu mais personne ne l'a prit au sérieux. Alors j'ai tout caché et je me suis laisser sombrer dans ce jeu destructeur.
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