Chapitre 6 : Victor

Je fixe le vieux 4x4 de Olle, je marche doucement et difficilement. Je crois que ce costard hiddeux et gris n'est pas à ma taille. Il n'y a qu'une dizaine de pas, rien qu'une dizaine... Ensuite, je vais devoir m'assoir sur le devant de la voiture.

C'est ce que je fais.

Je croise le regard triste de mon amis. Il ne dit rien. Je pose ma tête contre la vitre. Il ne démarre pas tout de suite. Il a une voix faible quand il me demande:

- Pourquoi est-ce qu'elle ne m'a rien dit?

Je ferme les yeux. Je ne veux pas lui montrer qu'ils sont pleins de larmes.

- Elle m'avait parlé d'un jeu. Un jeu, Olle ! Elle pensait que c'était un jeu ! Un simple putain de jeu ! Mais j'ai ris avec elle, je n'avais pas compris que c'était aussi grave.

- Qu'est-ce qu'elle t'a dit? Victor, dit moi ce qu'elle t'a dit! Il se met à hurler en frappant son poing sur le volant.

Je panique, je ne sais quoi répondre. Qu'est-ce que je dois lui dire? Et puis je me lance:

- Elle m'a dit qu'elle faisait un jeu en plusieurs étapes et, qu'à la fin, elle gagnerait quelque chose de merveilleux. Je lui ai demandé si c'était 100 000euros à la clef. Elle a répondu que c'était mieux que ça, mieux que tout ce que l'on peut imaginer. Je n'ai pas compris. Je ne pouvais pas penser que c'était ça.

- On aurait pu comprendre... On aurait pu faire quelque chose...

- Qu'est-ce que tu voulais que l'on fasse? Non. C'était impossible. Elle m'a parlé d'un jeu Olle, un jeu ce n'est pas une maladie. Un jeu c'est drôle. Comment est-ce que l'on pouvait comprendre?

- Si nous l'avions écoutée une seconde, si nous l'avions regardée un instant on aurait pu savoir.

- Non, Olle. On était impuissant...

Il frappe a nouveau sur le volant. Je ferme les yeux tristement. Je voudrais hurler au monde entier que c'est ma faute, je voudrais hurler à Olle qu'il n'a rien fait et que ce n'est pas sa faute. Je voudrais lui hurler que je l'ai précipité dans ce gouffre sans fin et que si j'avais posé, ne serait-ce qu'une question de plus, j'aurais pu empêché tout cela. Si je l'avais prise au sérieux, elle serait avec nous, aujourd'hui, et l'on serait au chaud dans la maison de l'un de nous. Nous serions en train de rire si j'avais prit son appel au secour au sérieux.

Mais est-ce que c'en était un? Est-ce qu'elle voulait vivre? Est-ce que ce qu'elle pensait gagner, c'était la mort?

Non, je ne peux pas croire cela. C'est impossible. Elhyna était pleine de vie, elle ne pouvait pas avoir envie de se tuer. Elle était mature, elle savait ce qu'elle faisait; alors nous ne pouvons pas croire qu'elle était inconsciente de cela. Elyhna réfléchissait toujours un peu trop. Elle devait savoir qu'elle allait se tuer.

Olle démarre la voiture dans le silence le plus triste que je n'aie jamais connu. Je regarde les maisons défiler sous nos yeux, endoloris par le désespoir de l'avoir à jamais perdu.

Je sais qu'aujourd'hui va se dérouler avec lenteur, une lenteur emplie de cris assourdis.


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