Il y a la lune et les étoiles. Ce soir, il y a ce poids énorme dans mon coeur et je ne comprends pas pourquoi. Ce soir, ils sont là. Je suis et je serai la seule reine de ce groupe étrange. ce soir, je suis mélancolique. Il y a les petits fours concoctéspour nous faire digérérer cette absence. Il y a, dans mon ventre, ce petit lutin qui tord mes entrailles. Il y a les rires qui servent à oublier son prénom. Je suis assise à l'orée du bois; Je suis assise sur un tronc qui s'est effondré, un peu comme nous. J'ai mal partout en moi. Je crois que je ne peux le garder. Oui, j'ai besoin de dire ce que j'ai fait. Pourtant c'était juste, n'est-ce pas? Je sais pourquoi je l'ai fait et il n'y avait rien de mal. Elle l'a mérité. Ce n'est pas moi. Je ne ressens jamais de pitié, ni même de compassion. Or, je crois que ce mal qui réside au creux de mon ventre porte le nom ignoble de compassion. Il me vient en tête le mot: remords. Non. Je dois le chasser. Comment cela peut-il naître dans mon esprit? Des remords, après ce qu'elle m'a fait?

Elle me fait penser n'importe quoi. Je ne comprends plus rien. Les arbres et mon esprit s'agitent. Je ne sais plus ce qu'il se passe exactement. J'ai simplement envie de pleurer, je ne me reconnais plus. Ce n'est pas moi toutes ces sensations. Je suis froide et je suis sans coeur, je ne me laisse pas apitoyer. Ce n'est pas normal. Je voudrais simplement enfouir ma tête sous mon oreiller et hurler puis pleurer dans le plus grand des silences.

Il y a la lune et les étoiles. Il fait noir et les nuages défilent avec lenteur. Il fait froid. nous sommes bien loin d'une belle nuit d'été. Il fait un vent qui vous glace l'échine, à moins... à moins que ce soit tout ce qui se passe en moi qui produit cela.

Je les entends au loin. Il sont réunis pour se remémorer les souvenirs partagés avec cette fille qui a grandi avec moi et qui pourrira avant moi. il n'y a rien de choquant dans ces mots. ce n'est qu'une pure constatation, peut-être trop crue et scientifique pour les gens ; ce qui est dommage, car il n'y a aucun mal à voir les faits en face. Cette fille sera entièrement décomposée avant...

Qu'est-ce qui...

NON!

Non, je ne peux pas pleurer, pas maintenant.

Qu'est-ce qu'il y a de triste dans le fait que je ne reverrai plus jamais cette fille? Celle qui a failli me voler l'homme que j'aime depuis tant d'années. J'ai besoin de le dire. J'ai besoin de le hurler. Je ferme les yeux. J'inspire. Il n'y a rien, rien que le silence en cette soirée. Le vent fait danser les feuilles avec joie ou avec tristesse. Je remplis mes poumons d'air et je le lâche.

"J'ai pris le téléphone d'Olle et j'ai dit à Elyhna qu'on ne voulait pas l'aider, qu'on ne pouvait plus rien faire pour elle."

Je respire à nouveau un peu mieux. Il y a un bruit derrière ou peut-être pas. Je me retourne tout de même.

Et je m'aperçois avec stupeur que Victor était là.