Chapitre 20 : Olle

On est vraiment là. C'est aujourd'hui. Cependant, j'ai le triste sentiment de faire fausse route. Je vais la retrouver là, en sortant. Je sais qu'elle pourrait m'attendre sur le banc à la sortie. Elle me sourirait d'une façon radieuse. Elle serait là avec tous ses kilos en moins, revenus comme par enchantement. C'est simplement la cérémonie d'une vieille tante que je n'ai jamais connu. Elle attend dehors pour sécher mes larmes et me faire rire comme elle sait si bien le faire. Elle me tendra la main et elle tournera. Elle le faisait souvent. A cet instant un sourire digne des plus grands joyaux s'affiche sur son visage angélique et un son des plus mélodieux résonne le long de sa gorge renversée. Elle se laisse emporter. Ses cheveux aussi. Si elle veut me faire rire, c'est cela qu'elle doit faire et je sais qu'elle le fait toujours. Parfois, elle cherche une musique, elle chante et danse. Elle m'entraine toujours dans sa folie. Et, une fois que nos abdominaux sont tout contractés, nos mâchoires serrées, elle s'écroule au sol, pleine de sueur et les joues rouges. Avec tous ses doigts, comme les petites filles, tous ses doits qu'elle étale, elle chasse ses brins lumineux. Elle halète quelques instants, les derniers rires s'effondrent dans son ventre. Je sais qu'elle est heureuse. Ca se voit, son bonheur est contagieux. Il vient aussi se loger chez moi dans le creux de mon estomac d'où naissent des milliers de papillons. Elle a ce pouvoir Elyhna et je sais qu'elle va me le donner en sortant. Oui, elle va le faire, car elle m'attend devant, sur le banc. Elle porte sa robe préférée, la bordeau, qui semble être en velours. Cette robe qui tombe au dessus de ses genoux et laisse percevoir son dos pâle. Elle se fiche de savoir s'il fait froid ou non, elle porte ce qu'il lui plaît quand il lui plaît. j'aime ce côté là, cet aspect têtu que renferme cette fille au doux caractère.

Mais je suis assis là,  dans cette église et elle y est aussi. C'est elle que je pleure inlassablement jusqu'à ne plus pouvoir. Ce n'est pas l'abscence de cette vieille tante que je n'ai jamais connu qui me ronge. C'est la sienne, celle de la fille qui savait me faire rire aux éclats même dans mes pleurs ou dans mes jours les plus sombres. Mon coeur est de la dentelle à son ffigie. Une immonde dentelle qui ressemblerait aux rideaux de ma grand-mère. Ces vieux lambeaux blancs qui ornaient les fenêtres de mon ancêtre. Ils avaient sur eux des formes diverses commes des fleurs, des feuilles... Celui qui m'a le plus marqué, c'est celui qui ressemblait à un carré. Ils étaient vides, on pouvait voir au travers.

On est vraiment là, elle est vraiment là. Pour la dernière fois de ma vie et de la sienne déjà finie, nous sommes réunis dans un même lieu. Un lieu sombre au goût de larmes sans fin, un lieu baigné par le froid et des paroles solennelles. Je pleure silencieusement, je pleure honteusement, je pleure tout le reste de mon corps vidé. Je pleure tout le reste d'elle et mon amour perdu.

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