Chapitre 5.2: Fugue
La fête bat son plein. Depuis le jardin, on entend le bruit assourdissant de la musique et celui des jeunes déchaînés.
La propriété où vit Noah est immense. On y trouve un magnifique jardin, une piscine, dans laquelle barbotent des camarades, et un apatam sous lequel sont disposés des fauteuils rembourrés, servant de reposoir. Garés dans un coin, deux voitures sont recouvertes de bâches.
Waw ! Ils doivent être très friqué ses parents !
Il me conduit au salon, transformé en piste de danse pour l'occasion. Les chaises ainsi que le buffet sont rangés contre le mur, libérant un espace au milieu de la pièce. La salle est baignée de lumières multicolores semblable à celle des boîtes de nuit. Vu le désordre qui règne, je doute que ses parents soient là. Où peuvent-ils bien être en un jour aussi spécial pour leur fils ?
Aussitôt la porte du salon franchit, Miss menace lui saute dessus.
Qu'est-ce qu'elle fout là ? La voir accrochée au cou de Noah me déplaît.
— Où étais-tu passé, chéri ? Je t'ai cherché en vain, minaude-t-elle.
— Comme tu peux le voir, j'étais parti chercher mon invité d'honneur, lui répond-t-il en dégageant les mains de Flore de ses épaules pour ensuite me présenter.
J'en ressens une grande satisfaction, et affiche un sourire triomphant à Miss pot de colle postée en face de moi.
— Maintenant, excuse-nous, s'il te plaît. Nessa, tu m'accordes cette danse ?
Son regard suppliant, et celui meurtrier de Flore me poussent à accepter sa demande. Main dans la main, nous avançons vers la foule d'élèves se trémoussant au son du hit espagnole de David Guetta, Say My Name.
« Je t'avais prévenu Vanessa » j'entends dans ma tête. Une voix qui m'est étrangement familière et que j'ai du mal à reconnaître, tellement elle est pleine d'amertume et de haine.
Troublée, je me perds durant quelques secondes dans mes pensées. Est-ce une hallucination ou un sale tour de ma conscience ? Qu'est-ce qui m'arrive bon sang ? Des rêves, puis maintenant des voix dans ma tête. Instinctivement je tourne mes yeux vers Flore et la vois nous fixer du regard en marmonnant des propos qui depuis notre position me sont inaudibles.
Je n'ai pas le temps d'y penser plus longtemps car deux mains encerclent mes hanches, me procurant des frissons. Me voilà plaqué contre le torse de Noah. Son regard intense plongé dans le mien me donne des bouffées de chaleur. Je passe timidement mes bras autour de son cou et lentement il me fait bouger sur le tempo.
Collés serrés nous nous abaissons sensuellement et nous relevons, comme si nous dansons un zouk. L'une de ses mains remonte vers mon épaule en une caresse délicate qui me remplit d’émoi. Ma respiration s'alourdit. Il me fait tourner et me ramène à lui, son bassin contre mes fesses et mon dos contre son torse. Sa tête se pose sur mon cou et il hume mon parfum. Ses lèvres parcours la ligne de mes veines et se terminent en un baiser sous mon oreille droit. Je ne suis que sensations et chaleur. Il me rend folle. Je sens ses mains continuer leur parcours sur mon corps.
Qu'est-ce qu'il me fait, bon sang ? Pourquoi a-t-il autant d'effet sur moi ? Je suis en train de perdre mes moyens. Mes pensées se brouillent. Nous sommes en public. Que penseront les autres de moi ? Il faut que j'instaure de la distance sinon ça risque de partir en cacahuète.
Au moment où je décide de me dégager, la musique change. Un zouk cette fois-ci, Fragilisée de Nesly. L'une de mes chansons préférées.
Non…
Un sourire coquin sur les lèvres, il brise ma tentative de distanciation en me tenant fermement. Le bougre ! Il sait qu'il me trouble alors il en profite pour me faire craquer.
Me revoilà donc collée à lui, de face cette fois-ci. Il veut jouer, on va jouer. Ne sachant d'où me vient cette audace, je me mets à bouger sensuellement contre lui. Lui aussi fait pareil. Nous sommes en symbiose. Il faut dire que c'est un très bon danseur. Au bout d'un moment, je sens une bosse rigide contre mon ventre. Étonnée, je lève mes pupilles vers les siens et suis foudroyée par l'intensité du désir que je lis. Ses prunelles brillent de mille feux.
Merde !
Va t’en, me somme ma conscience.
Ce que je fais.
Je me détache de ses bras et me précipite à l'extérieur, Noah sur mes pas.
— S'il te plaît, Nessa, me crie-il. Attends, qu'est-ce qui se passe ? Je suis désolé, pardonne-moi pour...
— Tout va bien, Noah. Tu n’as rien fais. Je... je vais rentrer.
— Mais...
— N'insiste pas s’il te plaît. Ramène-moi, le prié-je.
La mine défaite, il rebrousse chemin et va chercher son casque à l'intérieur. Le chemin du retour se fait dans un silence gênant. La voie est déserte, éclairée par des lampadaires autour desquels volent des insectes. Après quinze minutes de route, il me dépose au terrain.
— Merci, couiné-je avant de lui tourner dos pour m'éloigner.
Il me saisit la main en un geste rapide et me ramène à lui, m'encerclant de ses bras.
— Pardonne-moi, Nessa, me supplie-t-il d'une voix rauque.
Je me laisse faire durant quelques secondes avant de le repousser violemment et de m'en aller. Une fois sûre d'être assez loin, je laisse mes larmes couler silencieusement.
Allongée sur mon lit, mes larmes ne cessent de mouiller mon visage. Regagner la chambre a été un jeu d’enfant. Il est vingt-trois heures trente, ma fugue n’aura durée qu'une heure.
Je me sens tellement mal. Le but de cette sortie était de m'amuser, de quitter le nid et prendre en quelque sorte mon envole. Je pensais en éprouver de la joie. Malheureusement, tout ce que je ressens n'est qu'une immense honte, de la colère, et du regret.
De la honte parce que je me suis laissée aller dans les bras de Noah. Je l'ai laissé me caresser, se frotter à moi, et m'embrasser dans le cou, or ce genre de comportement n’est pas digne des enfants de Dieu. Sans le savoir, j'ai donné raison à mon père. Lui qui souvent me rabâche les oreilles que ces genres de fête, tôt ou tard, finissent par perdre les jeunes.
De la colère car malgré moi, j'ai adoré ce moment. J'ai apprécié ses caresses et toutes les émotions que ses lèvres sur ma peau m'ont faites ressentir.
Du regret à cause de ce que j'en ai tiré. Rien que des réflexions qui me torturent l'esprit et m'empêchent de dormir. Me voilà tiraillé entre ma raison et mon cœur. Le premier me hurle d'effacer cet épisode de ma tête et de continuer ma vie de petite fille modèle comme si de rien n'était. Le second lui me souffle de céder à la tentation. De me laisser aller à la découverte de tous ces nouveaux sentiments qui m'assaillent.
Comment dois-je réagir face à Noah après ce qui s'est passé ? Arriverais-je à regarder mes parents en face malgré l'acte que j'ai commis ?
Pourquoi ? Pourquoi suis-je allée à cette fichu fête ?
C'est dans cette guerre de pensées et de profusion de larmes que je finis par m'endormir.
Le lendemain je fais toutes les tâches qui me sont confiées sans que ma mère n'ait à se répéter. Moi qui d'habitude lui en fais baver, j'agis comme une automate. Mon comportement l'alerte et elle se met à me cuisiner.
— Hum, Nessa, dis-moi Tu as fait quoi comme bêtise ?
Même si elle et moi sommes des confidentes, il est hors de question que je lui raconte ma bourde. Ah ça non !
— Mais rien, maman, je mens en évitant son regard.
— J'espère que tu dis vrai.
Une fois toutes les corvées accomplies, je me douche puis demande la permission de me rendre à la bibliothèque. Comme je m'y attendais, mon chaperon est de la partie. L'essentielle est que je sorte car j'ai besoin d'air.
Au moins, mon garde du corps me sert à quelque chose. Grâce à lui, nous arrivons sans nous perdre à destination. Je me dirige vers le rayon bande dessinée. J'y choisis deux bouquins et vais m’asseoir sur une chaise libre. Alex n'est pas très loin. Il est occupé devant un poste à surfer sur le net. Grand bien lui fasse.
Plongée dans ma lecture, je ne sens plus la présence des personnes qui m’entourent. Seules des mains posées sur mes yeux me reconnectent à la réalité.
— Devine qui c'est, me susurre une voix dans le creux de mon oreille.
Ce timbre rauque je le reconnaîtrais entre mille. C'est celui de Noah. Mais qu'est-ce qu'il fiche ici ?
— Ne me dis pas que tu me suis ? marmonné-je.
Il me libère et prend place à mes côtés.
— Non, ma belle. Je ne pensais même pas te trouver ici. Je te rappelle que tu es la nouvelle dans cette ville.
— Que fais-tu à la bibliothèque, un samedi matin, au lieu d'aller jouer au foot comme bon nombre de mec le font ? franchement je ne te comprends pas, Noah.
— Je préfère la lecture au ballon, c'est tout. Avant que je ne l'oublie, laisse-moi te dire que tu es magnifique Nessa.
Je ne suis pourtant habillée que d'un jean blanc, d'un top violet et d’une paire d'Adidas comme chaussure.
— Arrête tes flatteries s'il te plait, dis-je en bégayant et en lançant un coup d'’œil vers Alex toujours occupé à sa navigation.
La vérité est que je suis toute émoustillée par son compliment. Cette phrase pourtant si innocente qu'il a lâché, fait apparaître des flashs d'images, d'hier, dans ma tête et redouble les battements de mon palpitant.
Le regard intense de Noah semble me sonder et lire en moi. Gênée par son attitude, je ne cesse de me tortiller sur place. Lui, semble ravie de l'effet qu'il a sur moi.
Dis quelque chose bon sang !
— Pour hier, je finis par me lancer, je suis désolée pour mon départ précipité.
— Non, Nessa, m'interrompt-il d’une voix sérieuse. C'est moi qui suis désolé de m'être conduis de la sorte avec toi. Ce… ce n'est pas de mon habitude, je ... je ne suis pas ce genre de mec, tu me comprends ? Je ne veux pas que cet épisode gâche notre amitié naissante. Alors pardonne-moi s'il te plaît.
Un sourire attendrit mange mon visage. Là, en cet instant il ressemble à un enfant prit en faute et qui s'excuse. Cette facette de lui me fait fondre.
Moi non plus je n'ai pas envie que les choses changent entre nous. Ce soir je me rends compte que Noah a réussi à fissurer ma carapace de fille associable. Il se glisse dans mon cœur et commence à se faire de la place. Au lieu d'être effrayée par ce constat, je n'en éprouve qu'un sentiment de bien-être. Comme si tout était normal.
— Je veux bien qu'on oublie cela, gros bébé, me moqué-je de lui.
— Moi, gros bébé ? se renfrogne-t-il, boudeur.
— Qui d'autre ? T'as qu'à regarder ton visage, ris-je.
— Chut, nous lance d'un regard menaçant le responsable des lieux qui est de passage.
Tous les deux nous rions sous cape et passons le reste de notre visite à chuchoter, tout en surveillant le bibliothécaire, histoire de ne pas nous faire prendre une seconde fois ou chasser des locaux. Nous parlons de nos différentes passions pour en apprendre un peu plus sur nous.
Plus tard, au moment de nous séparer, Noah me demande mon numéro mais je refuse de le lui donner à cause de mon père. Ce dernier a pour habitude de prendre mon portable lorsque je m'y attends le moins pour le fouiller. Peut-être même qu'il m'a mis sur écoute. Venant de lui, ça ne m'étonnera même pas. Un vrai maniaque du contrôle.
D'humeur plus joyeuse qu'à l'arrivée, Alex et moi reprenons, en silence, la route de la maison. Je suis sûre que mon petit frère nous a vu Noah et moi à la bibliothèque néanmoins il ne fait aucune remarque concernant mon ami. J'espère sincèrement que pour une fois il va la boucler et ne pas faire un rapport complet de notre sortie à son chef !
♡♡♡
Hey ! 😄
Vous allez bien, j'espère? Moi oui. Je suis de plus en plus absente mais je ne vous oublie pas 😉.
Comment trouvez-vous le comportement de Nessa ?
Des remarques/critiques ?
On se dit à la prochaine.
😘
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