𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐

➠ ❛Elle m'avait appris le pouvoir du sourire

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C'était amusant. Enfin, tout dépendait du point de vue. Depuis qu'il avait rencontré cette femme, cette héroïne, Toshinori se trouvait... Différent. Plus renfermé sur lui-même, plus triste aussi. Ah, parce que sa présence n'apportait que du bon dans le cœur des gens ? Détrompez-vous, les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être. Ceci-dit... La cause de sa tristesse n'était pas parce qu'elle était rentrée dans sa vie, en soit, mais parce qu'il ne comprenait pas ce qu'elle cherchait de lui. Décevant comme raison, n'est-ce pas ? Nana Shimura n'était pourtant pas une ennemie, loin de là, néanmoins il n'était pas certain de savoir ce que signifiait leur rencontre, cette nuit-là, lorsqu'il l'avait pris pour l'ange de la Mort alors qu'il avait lui-même frappé aux portes de celle-ci... Ce même ange qui paraissait plus joviale que la vie elle-même. Nana était rayonnante, drôle et sublime. Si la Vie devait être personnifiée, elle serait Nana Shimura, et son anthonyme serait Toshinori. C'était le principe même de l'injustice.

Pas ailleurs, le garçon s'était complétement remis de ses blessures et n'en gardait qu'un fâcheux souvenir au coin de sa tête, brouillé par quelques trous de mémoires qui l'aidaient à ne pas devenir fou. Il lui avait été formellement interdit de revoir son père depuis ces quelques mois passés, il vivait donc seul chez sa tante, dans une petite chambre depuis laquelle il pouvait voir un immense bâtiment en verre qui portait le nom triomphant de Yuei, là-bas, tout là-haut sur la colline verte. Il n'était pas ravi de vivre avec sa tante, et elle non plus à ce qu'il avait pu deviner lors des premières semaines de cohabitation. Elle maugréait souvent que son frère était bien lâche d'avoir tenté de faire du mal à un enfant, que cela retombait sur elle à présent et que oh non, elle était beaucoup trop gentille pour se permette de se débarrasser de son nouveau petit parasite. À croire que personne ne voulait de lui. Toshinori était mélancolique de son enfance douce à Tokyo, déçu de la tournure que prenait sa vie et du contrôle médiocre qu'il tenait dessus, comme un chien en laisse beaucoup trop fort pour sa musculature sous-développée. Encore un peu et il s'éclaterait le visage devant chaque problème. Finira bien un moment où il n'aura plus la volonté de s'en remettre.

Il avait treize ans et demi. Et au lieu de jouer avec des enfants de son âge, il préférait se défouler sur un arbre dans un parc enseveli sous la neige, faisant tomber sa poudre cristalline de ses branches nues. Ses moufles amortissaient chacun de ses coups et ses cris de rage brisaient le silence prospère d'un début d'hiver blanc. Au bout de plusieurs minutes de déchaînement, à bout de souffle, il se laissa tomber sur le dos et prit plusieurs profondes inspirations. La neige aurait pu lui brûler la nuque qu'il s'en fichait bien, il se refusait de se dégager de la délicieuse et réconfortante fraîcheur qui tapissait le sentier. Il sentit alors une ombre lui obstruer la seule source de chaleur. La curiosité l'emporta et il risqua un coup d'œil en remontant son bonnet du bout de ses deux moufles. Il croisa enfin les yeux charbon d'une jeune femme bien bâtie qu'il pouvait difficilement oublier. Il émit un râle mécontent, ce qui arracha à la demoiselle un ricanement plus amusé qu'offensé.

« Pourquoi vous me suivez tout le temps ? Je fais si pitié à voir ?

- Haha, ne te sens pas contrarié simplement parce que je te regardais te battre contre un arbre, ça n'a rien de personnel ! »

Le blond fit la moue et se mit assis, vexé et intimidé. De la neige s'imprégnait sur son manteau marrons, il frissonna désagréablement et pria pour qu'elle ne l'ait pas remarqué.

« Je venais simplement voir comment tu allais, mon garçon.

- Comme chaque fois que je vous vois dans le coin, en somme.

- Hmm... On peut dire ça ! »

Nana Shimura était une héroïne incroyablement belle et emplie de bienveillance. Ses cheveux noirs obscures liées en half-bun l'aidaient à ne pas les avoir constamment sur son visage où un petit grain de beauté enjolivait son coin de menton. Son regard plein de malice et son sourire suffisaient à mettre le jeune sans alter à l'aise. Mais il ne se trouvait pas en droit d'en profiter, et rien que cette pensée faisait crisper ses muscles.

« Je vais bien, ne perdez pas votre temps avec un gamin comme moi.

- Mais c'est justement pour les gamins comme toi que je fais mon métier ! »

Sa réponse le laissa perplexe.

« Tu sais, je m'en veux de ne pas avoir pu empêcher ton père de t'avoir poussé hors de la voiture, cette nuit-là. J'ai le sentiment terrible de ne pas avoir fait mon devoir.

- Il ne m'a pas vraiment poussé. C'était moi qui avais retiré ma ceinture de sécurité, se justifia-t-il pour le défendre.

- Mais tu n'aurais pas ouvert la portière par toi-même, n'est-ce pas ?

- ... Non, en effet. D'ailleurs, parlant de lui, comment va mon père ? »

L'héroïne eut un sourire encore plus grand.

« Je pourrais me renseigner si c'est ce que tu souhaites. Ça me donnera une nouvelle occasion pour te revoir. »

Suite à cela, elle tourna les talons et la neige crissa délicieusement doucement sous son mouvement. Toshinori se leva rapidement, n'époussetant qu'à demi la neige de ses vêtements.

« Shimura-san ! Attendez ! »

La jeune femme haussa un sourcil en tournant la tête vers lui, l'interrogeant sur regard. On ne saurait dire si elle savait ce qu'il comptait lui dire car son expression demeura ouverte à n'importe quelle sujet de conversation.

« Hm... Merci de vous inquiéter pour moi. Et... »

Après un instant d'incertitude durant lequel la femme avait simplement posé sa main sur sa hanche, le fils Yagi colla ses deux index ensemble, l'air nerveux.

« Et ne vous sentez pas obligée de faire tout ce que vous faites pour moi.

- Et qu'est-ce que je fais ?

- Venir me voir comme vous le faites juste pour savoir si je vais bien, je crois. Ce n'est pas votre rôle... Votre rôle, c'est sauver les gens victimes des catastrophes.

- Non. Moi, je sauve tout le monde. (Elle s'approcha du blondinet et lui fit une pichenette sur le nez, le forçant à fermer les yeux.) Et toi aussi, tu as besoin d'être sauvé.

- Mais de quoi ? Je serais en danger ? couina-t-il en se frottant le nez.

- Tu as besoin d'aide parce que tu es seul et triste. Et personne ne mérite d'être seul si ce n'est pas un choix. Crois-moi, je sais à quel point les Hommes peuvent être suffisamment égoïstes pour en arriver à abandonner ses enfants. »

Elle avait un sourire chagriné mais un regard empli de tendresse, tandis qu'elle se penchait en avant, les mains sur les genoux comme lorsqu'on parlait à un enfant. Toshinori se sentait bien petit comparé à elle et rien que ce constat le faisait rougir de plus bel, les yeux baissés. Petit, et intimidé.

« Mais je ne veux pas forcer quelqu'un à être sauvé si celui-ci ne veut pas. »

Elle se redressa et s'éloigna de quelques pas. L'adolescent eut un bref élan de panique qui lui hurla de la retenir.

« J'aimerai avoir des nouvelles de mon père, s'il vous plait, Shimura-san ! »

Nana s'arrêta. Sa cape flottait au vent avec grâce, si hypnotique aux yeux du plus jeune.

« Je te ferais savoir dès que j'aurais des informations ! »

Elle lui fit face et lui dévoila son grand sourire, cette fois qu'elle étirait grandement sous ses doigts.

« Et souris un peu, tu vas attraper des rides à tirer une tête pareille ! »

Et elle disparut dans les airs, comme le Saint Esprit attiré par le ciel.

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À suivre

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