Chapitre 5 : Parle moi

- Tu t'appelles donc Alicia , c'est bien ça ? Commença Mathias en me regardant avec intérêt .

- Oui tout à fait , dis je timidement .

- Je suppose que tu a le même âge que moi . J'ai 17 ans .

- Moi 16 . Je suis dans un lycée en première générale .

- D'accord . Et où habites tu ?

- Dans un quartier .

- Tu m'a l'air d'une fille mystérieuse , non ? dit il avec un léger ton d'humour .

Je réponds sans aucunes émotions :

- Si on veut ...

Je suis étonnée de moi même d'avoir répondu aussi simplement à sa question . On m'a tellement dit de fois que j'étais mystérieuse que cela en devient une habitude .
Mes parents m'ont toujours dit de garder les choses pour soi . Ma mère me raconte que ça ne sert à rien de raconter n'importe quoi et de s'inventer une vie . Il vaut mieux rester soi même et ne pas trop parler de ses traits de caractères . Il ne faut pas dévoiler sa personnalité .
Mieux vaut se taire que de raconter quelque chose d'imaginaire .

Je tourne ma tête vers Mathias .
C'est à son tour de me regarder intensément .
Ses beaux yeux noirs viennent m'apporter une délicieuse sensation ... et même un sentiment de protection . Il m'apaise .
Je n'ai jamais été regardée de tel sorte .
Le regard que les gens m'apportent souvent reflètent le mépris , la tristesse , la colère ... et surtout de la pitié .

Mathias vient briser ce silence :

- Comment se passe ton quotidien ?

Je soupire pour ne pas être stressée .
Je n'ai pas envie de parler de mon terrible quotidien .

- Je vais t'en dire un peu plus sur moi , si tu veux. Dis je énervée .

Il me répond directement :

- Je ne voulais pas t'offenser , désolé .

Je réponds très vite :

- Non , non ! Ne t'excuse pas . Ce n'est rien , dis je faiblement .

Puisque nous sommes assis dans le champ en tailleur , Mathias vient mettre son bras par dessus mes épaules et sa main frôle mon cou , ce qui me vaut quelques frissons .

Je tourne la tête à gauche pour mieux le voir . Il observe loin devant lui .
On dirait même qu'il fixe quelque chose , prêt à l'attraper . Son regard dégage de la bienveillance envers moi .
Le sentiment de protection de toute à l'heure reprend place dans mon cœur .

Je pose ma tête instinctivement sur son épaule . J'observe au loin , tout comme lui .

C'est ensuite à mon tour de casser ce silence au bout de quelques secondes :

- À l'âge de sept ans je n'ai plus jamais revue mon père . Depuis qu'il n'est plus jamais revenu à la maison , tout le monde parle d'une disparition . Mais je ne les crois pas . Mon père n'a pas pu abandonner ma mère et moi .
C'est un formidable père . Il me rendais heureuse et jamais je n'aurais cru ne plus le revoir .

- Je suis sur qu'il y a encore un espoir , ne t'inquiète pas Alicia .

- Je n'en sais rien ;
Ma vie n'a jamais été facile depuis que mon père n'est plus là . Deux jours plus tard , j'ai été harcelée par presque toute ma classe . J'étais la fille sans père . Malheureusement , j'ai toujours voulu être normale et ne pas avoir des regard pesant sur moi , mais c'est peine perdue .
J'ai tout perdu .
Mes sentiments , ma confiance en moi et même mon sourire .

- Ta mère était là pourtant .

- Merci d'être aussi bienveillant , Mathias ... mais ma mère était peu présente dans ce moment difficile .
Elle travaillait deux fois plus pour me nourrir et surtout pour payer le loyer .

- Je comprends . Tu a une grande maison ?

- Oui , assez . Mes parents aimaient voir des amis dès qu'il avaient du temps libre . Ils étaient sociables .
Même avant la soi-disant disparition de mon père , j'étais peu bavarde et maintenant c'est encore pire .

- Cela n'empêche pas que tu parle de toi pourtant , non ? Dit il gentillement .

Je soulève ma tête de son épaule et cherche son regard . Vu que je ne lui ai pas répondu , il tourne le tête vers moi . Il voit mon regard remplit de tristesse mélangé à de la fatigue .

- On ne dirai pas comme ça , mais j'ai eu beaucoup de mal à te parler de mon quotidien .

- Alors merci d'avoir fait cet effort là pour moi .

- De rien , dis je en souriant faiblement .

Après un petit silence , Mathias rajoute :

- Au fait , tu te fait toujours harcelée ... même au lycée ?

Une vague d'inquiétude pouvait se ressentir à travers cette phrase ...






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