7- Philippe
Je me regardai dans le miroir de l'entrée. Toujours les mêmes cernes, toujours les mêmes cheveux en bataille. On était mercredi après-midi, bientôt l'heure du concert de Baptiste. Je lui avais promis que je viendrais. Pourtant, je n'en avais plus aucune envie. Depuis ce qu'il s'était passé vendredi, je n'avais pas remis les pieds au lycée. J'avais honte. Je m'étais emporté contre cet abruti et maintenant, j'avais condamné mes nouveaux amis a des cours débile pour les ados ayant des difficultés de comportement. Je n'avais pas pu me résoudre a retourner au lycée, je n'aurais jamais osé regarder Jacinthe dans les yeux...
J'enfilais ma veste à contrecœur. Il fallait que j'y aille. Je l'avais promis à Baptiste. Une boule se forma dans ma gorge quand je sortis de mon studio et fermai la porte à clé derrière moi. Je pris une grande bouffée d'air et me dirigeais vers ma moto à grands pas. Je l'enfourchai, démarrais et conduisit jusqu'au lycée.
Je me garais dans le parking exprès pour les motos.
- Flip !
Jacinthe était assise sur les marches à l'entrée de la récréation. Elle me fit un grand signe de la main avec un grand sourire. Je me dirigeais vers elle, le cœur battant. Elle ne me détestait pas ? Je m'assis a côté d'elle sans rien dire, attendant qu'elle prenne la parole en premier. Ce qu'elle fit d'ailleurs assez vite :
- Pourquoi t'es pas venu lundi et mardi ? Je me suis inquiété ! T'es pas malade au moins ?
Je fronçai les sourcils. Elle ne m'en voulait donc pas du tout ?
- Chais pas... Je... J'étais pas d'humeur a venir...
Elle haussa les sourcils et secoua la tête. Puis, elle plongea son regard bleu clair dans le mien, insistante. Je soupirai :
- Je... Je suis désolé de ce qui s'est passé vendredi à la cantine... Je m'étais promis de ne pas recommencer cette année... Je ne suis même pas capable de tenir une simple promesse... Je ne mérite pas de t'avoir comme amie...
Je baissai les yeux, ne voulant plus croiser son regard. Je m'emparai d'un petit caillou qui trainait par terre et me mis à le triturer avec mes longs doigts.
Soudain, Jacinthe posa sa fine main sur mon épaule et me serra contre elle. J'écquarquillai les yeux, inhabitué d'une quelconque marque d'affection envers ma personne.
Je respirais profondément avec un sourire aux lèvres. Jacinthe sentait bon la fleur. Je me sentais bien dans ses bras.
Au bout d'un moment, la jeune fille me lâcha en secouant la tête.
- Je ne t'en veux pas Flip. Et je suis sûre que Baptiste non plus.
- Tu crois ?
Elle hocha la tête.
- Aller viens, on y va, on va finir par arriver en retard.
On se leva et on se dirigea vers l'amphithéâtre, là où avait lieu le concert.
La salle était étrangement pleine. Baptiste, qui pensait que personne ne viendrait, s'était bien trompé. Jacinthe et moi prenions place au premier rang, là où il restait quelques places.
Un brouhaha général résonnait dans l'amphithéâtre. J'avais peur que certaines personnes n'étaient venu ici juste pour gâcher le spectacle...
- Oh non... Surtout ne te retourne pas.
Je fronçai les sourcils. Évidemment, je me retournais pour voir ce qui avait causé cette réaction chez mon amie. C'est alors que je croisais son regard vert qui me fixait. Je me détournai vivement en grimaçant. Mais qu'est-ce qu'il fichait ici lui ?
Avant que je n'ai pu faire quoi que ce soit, quelqu'un baissa les lumières et nous fûmes plongé dans une ambiance sombre. Les rideaux improvisés s'ouvrirent et Baptiste et un autre garçon apparurent.
Baptiste était assis sur la chaise du piano tandis que l'autre se dressait devant un micro. La lumière les éclairait tout les deux et je remarquai que celui au micro avait un visage étrangement disproportionné.
Un grand silence se fit dans la salle tandis que la douce mélodie du piano commençait a jouer. Puis la voix de l'autre garçon vint me donner des frissons. Ces deux là étaient vraiment doué, c'était une évidence.
À mon grand étonnement, personne ne gâcha le spectacle, même pas un certain Valentin. Tout le monde était venu pour profiter de cette merveilleuse musique.
Quand le spectacle fut fini, tout le monde sortit de la salle. Je suivis le mouvement et sortis à mon tour, Jacinthe sur mes talons.
On attendit Baptiste à la sortie de l'amphi. Malheureusement, nous n'étions pas les seuls avec cette idée. Valentin et Sara attendait aussi. Je grimaçais. Ils devaient être des amis à l'autre gars. Je décidai avec l'accord de Jacinthe, de les ignorer royalement. En espérant que Valentin ne vienne pas me pêcher...
C'est alors que Baptiste sortit enfin, accompagné du chanteur. Il se dirigea instantanément vers nous avec un sourire. Le chanteur le suivit, intrigué.
- Ulysse, je te présente Philippe et Jacinthe !
Le garçon au visage défiguré nous fit un sourire légèrement tordu.
- Enchanté ! Alors le spectacle vous a plu ?
Je hochai la tête tandis que Jacinthe s'écriait :
- C'était génial ! Tu as une très belle voix ! Et toi Baptiste tu joue très bien !
- Merci beaucoup ! Je suis content que ça vous ai plu.
Baptiste semblait soulagé que Jacinthe ai aimé. Ulysse se retourna et fit un signe de la main à Sara et Valentin. À mon plus grand malheur, les deux s'approchèrent de nous.
- Vous connaissez Sara et Valentin ? nous demanda innocemment Ulysse.
Un silence pesant et gênant s'abattit sur nous. Personne n'osait se regarder dans les yeux.
- Oula...
C'est alors que Sara éclata de rire, rire mélodieux qui lui ressemblait bien.
- On peut m'expliquer ?
Je serrai les dents. Si j'ouvrais la bouche, je savais que j'allais forcément m'énerver.
Jacinthe se dévoua pour raconter ce qu'il s'était passé dans la cantine vendredi dernier.
- C'est deux là ce sont battu, Baptiste, Sara et moi on a essayé de les séparer mais on s'est fait punir tout les cinq...
Nouveau silence. J'avais soudainement envie de me retrouver six pieds sous terre et que personne ne me retrouve. J'avais juste envie de disparaitre.
- Oh... C'est pour ça que l'ambiance a l'air aussi bizarre !
Ulysse éclata de rire a son tour.
***
Vendredi soir. L'heure décisive. L'heure du cours d'aide aux élèves au comportement inadapté... Ou quel que soit le nom de ce stupide cours.
Je soupirai en arrivant devant la porte suivis de près par mes deux nouveaux acolytes Jacinthe et Baptiste. Bizarrement, quelqu'un était déjà derrière la porte. Je fronçai les sourcils en reconnaissant le fameux Ulysse a la voix angélique.
Je m'appuyais contre le mur à côté du garçon au visage déformé. Baptiste lui demanda :
- Qu'est-ce que tu fiches ici ?
Ulysse haussa les épaules en répondant :
- Sara m'a dit de l'attendre ici... Vous faites quoi ici vous ?
- On fait notre punition. Le cours pour les ados au mauvais comportement ou un truc comme ça...
Ulysse grimaça.
- Courage à vous...
Jacinthe avait prit place à côté de moi et n'avait pas prit part à la conversation. Elle soupira. Et dire qu'elle se trouvait là à cause de moi... Pareil pour Baptiste d'ailleurs...
- Regardez qui voilà... soupira Jacinthe.
Je me tournai vers le fond du couloir. Sara et Valentin avançait ensemble d'un même pas vers nous.
Je grimaçais en regardant le garçon aux cheveux châtains. Penser que j'allais passer tous les vendredis soirs de l'année avec lui me donnait des frissons dans le dos. J'étais vraiment dans un cauchemar...
Les deux populaires arrivèrent à notre hauteur. Sara fit un légé sourire à Jacinthe qui haussa un sourcil. La belle fit semblant de ne pas voir l'étonnement de la blonde et se tourna vers Ulysse.
- Salut le moche !
Je fronçai les sourcils.
- Salut la poufiasse !
J'échangeais un regard rieur avec Jacinthe.
- Je suis contente que tu sois venu !
Le garçon au visage déformé fronça les sourcils.
- Attend... Je suis ici pourquoi au juste ?
- Ben, tu vas venir avec nous au cours pour les ados au comportement bizarre !
Elle avait accompagné cette annonce par un majestueux sourire. Le pauvre Ulysse ne trouva rien à redire.
Je secouai la tête. Qu'est-ce que les gens ne feraient pas pour les beaux yeux d'une fille ?
- Bonjour ! Veuillez entrer dans la salle les enfants !
Un homme venait d'apparaître de derrière la porte qui était jusqu'à présent fermée.
Je pris une grande bouffée d'air et pénétrais dans la salle. Il n'y avait pas de table et les chaises étaient disposées en cercle. Je grimaçais.
- Oh mon dieu, on se croirait chez les alcooliques anonymes... murmura Jacinthe dans mon oreille.
Je retins un ricanement et pris place sur l'une des chaises. Jacinthe prit place à mes côtés ainsi que les autres.
Le prof s'assit pile en face de moi. Il s'éclaircit la gorge.
- Hum ! Bonjour à tous ! Je suis Monsieur Renoux. Je suis ici pour régler vos problèmes. Tout ce que vous dîtes ici reste entre ces murs, ça restera des secrets entre nous. Aujourd'hui, j'aimerais que vous me dites pourquoi vous êtes là, chacun votre tour. Qui veut commencer ?
Un long silence suivit sa tirade. J'échangeais une grimace avec Jacinthe. Mais dans quoi on était tombé ?
Finalement, ce fut Sara qui prit la parole en premier. Elle se leva et planta ses yeux bleus dans les yeux brun du prof.
- Je suis ici car je suis amie avec un gros débile.
Le prof hocha la tête avec un sourire. Je levais les yeux au ciel, le voilà lui aussi sous le charme de la belle Sara...
- Très bien... Et quel est ton prénom ?
- Je m'appelle Sara.
- Très bien Sara, tu peux te rasseoir. L'un de tes camarades va prendre la relève.
Sara se rassit avec un sourire. Ulysse se leva, un peu gêné :
- Euh... Je suis ici parce que Sara m'a demandé de venir. Je m'appelle Ulysse.
Baptiste se leva juste après en se grattant la nuque :
- Je suis ici parce que j'ai voulu jouer au héro. Je m'appelle Baptiste mais vous pouvez m'appeler Bat, c'est plus cours.
Jacinthe me lança un regard avant de se lever à son tour.
- Je m'appelle Jacinthe... Je suis ici parce que...
Elle planta son regard bleu clair dans le mien.
- Parce que j'ai voulu protéger un ami.
Je fis un légé sourire. Sa petite déclaration m'avait fait chaud au cœur.
Il ne restait maintenant plus que Valentin et moi. Je jetais un regard à l'autre. À ma grande surprise, il se leva en premier.
- Appelez moi Val. Je suis ici parce que...
Il sembla chercher ses mots. Une fraction de seconde, ses yeux se posèrent sur moi. Un frisson me parcourut le dos.
Finalement, il dit simplement :
- J'ai chercher la merde et je l'ai trouvé.
Il se rassit. Il ne manquait plus que moi. Je soupirai me levai. J'avais décidé d'y aller cash.
- Je suis ici parce que je suis quelqu'un de violent qui enfonce son poing dans la figure des gens pour un oui ou pour un non.
Je me rassis. Le prof me regardait avec des yeux brillants.
- Et quel est ton prénom monsieur le bastonneur ?
- Philippe.
Le prof hocha la tête, un air pensif ancré sur son visage doux.
Je croisai mes bras sur ma poitrine et attendit patiemment la fin de l'heure. Le prof discutait principalement avec Sara et Ulysse qui étaient tout les deux plus ouvert à la discussion que nous autres.
Le temps passa bien lentement. Dans ma tête, je me haïssais pour ne pas avoir pu me retenir de me battre avec Valentin.
Enfin, la sonnerie retentit. Je me retins de me précipiter hors de la pièce en courant. Le prof n'avait pas fini de parler, ce n'était pas poli.
- Au prochain cours, nous aborderons vos problèmes au lycée. N'ayez pas peur, tout ce qui est dit ici reste ici, ne l'oubliez pas. Et j'aimerais beaucoup que Jacinthe et Philippe participe plus. A vendredi.
Je grimaçais en sortant de la salle. Je le sentais terriblement mal ce cours...
Voyons donc ce que nous réservera l'avenir...
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