5- Ulysse

La plus belle fille du monde apparut derrière l'encadrement de la porte.

- Viens, entre.

Je fronçai les sourcils. C'était la première fois de ma vie que je ne l'entendais pas me traiter de moche... C'était étrange...

J'entrai donc dans sa maison en observant autour de moi.

La maison était immense ! Rien a voir avec la mienne... Le vestibule était empli de chaussures en tout genre. La belle jeune fille me fit signe de la suivre et elle me fit visiter le reste de sa maison.

Elle me fit entrer dans le salon où une immense télé a écran plat trônait accompagné d'un superbe canapé blanc. Une grande table en bois se situait près d'une baie vitrée entourée de huit chaises.

Juste a coté, il y avait la cuisine mais Sara ne m'y fit pas entrer. Ensuite elle m'expliqua qu'il y avait aussi une salle de bain au ré de chaussée.

- Bon maintenant on peut monter a l'étage !

En plus il y avait un étage ! C'était comme dans un rêve !

Je la suivis donc dans les escaliers. Une douleur me prit soudainement a la jambe et je fus obligé de m'appuyer sur la rampe pour continuer à avancer. Un ancien vestige de mon accident de voiture... Ça et ma tête déformée évidemment.

J'arrivai en haut de l'escalier non sans grande difficulté. Sara m'attendait en haut en me jetant un regard empli de pitié. Je grognai :

- J'ai pas besoin de ta pitié. Bon, elle est où ta chambre, qu'on se mette au travail ?

Elle détourna son regard et se dirigea vers la porte au fond du couloir. Je lui emboitais le pas en boitillant.

Elle me fit entrer dans sa chambre en soupirant. Je regardai autour de moi pour m'imprégner de chaque détail.

La chambre était impeccablement rangée. Le lit était fait, rien de traînait sur le carrelage brillant ni sur son bureau où seul son ordinateur était ouvert sur la page d'accueil. Une grande commode se dressait près d'une armoire. Ses produits de beauté étaient tous disposés ici et, à ma grande surprise, il n'y en avait pas autant que je le pensais.

Après avoir fini d'analyser la chambre, je me tournai vers la jolie fille :

- Franchement je m'attendais à mieux.

Elle eu un ricanement mélodieux qui me fit sourire. Elle haussa les épaules avant de s'asseoir sur la chaise de son bureau, ne me laissant aucune place.

Je restais les bras ballants, ne sachant que faire. Elle m'avait bien eu sur ce coup là...

- Bon, je vais aller chercher une chaise dans la salle a manger...

Je fis mine de sortir mais elle m'en empêcha :

- Attends Ulysse je déconnais.

Elle se leva, me faisant un signe de m'asseoir. Encore un signe de pitié de sa part... Mais bon, je mis ma fierté de côté et pris place sur la chaise avec un remerciement. Je savais très bien que je ne pouvais pas porter une chaise tout seul. Je ne pouvais pas me permettre de faire ça juste pour les beaux yeux de Sara...

Elle sortit de la chambre, me laissant seul. Je me tournai donc vers l'immense armoire qui prenait vraiment beaucoup de place dans cette chambre. Ce meuble m'intriguait... Pourquoi était-il si grand ?

Je me levais de la chaise et me dirigeais à petits pas vers l'armoire. Je tirais l'un des tiroirs au hasard. Ce qu'il y avait dedans était rien de plus banale. Des feuilles vierges, des stylos, des feutres... Je haussai les épaules et refermai le tiroir.

Je jetai un coup d'œil dans l'embrasure de la porte qui était restée entre-ouverte. Sara ne revenait pas. Elle devait galérer avec sa chaise dans les escaliers. J'avais peut-être le temps d'ouvrir un autre tiroir...

Je choisi le tout premier. La première chose que je vis fut un dessin terriblement bien fait. J'écquarquillai les yeux. C'était Sara qui avait dessiner ça ? Elle n'avait pas trop la tête à aimer les mangas pourtant... Je secouai la tête. Il ne fallait pas juger les gens par leur apparence, je devrais le savoir plus que quiconque. Je refermai le tiroir juste au moment où Sara revenait avec une chaise en suffoquant.

- Qu'est ce que tu fais ? paniqua-t-elle en posant la chaise sur le sol.

- Je fouillais dans tes tiroirs pour voir ce que tu me cachais.

Elle resta bouche-bée. Je m'emparai de mon téléphone et la pris en photo avant qu'elle n'ai eu le temps de réfléchir.

- Quoi !? Mais non ! Efface cette photo tout de suite !

- Et hop ! La belle Sara est affichée dans ma story ! chantonnai-je pour la narguer.

Elle croisa les bras avec une grimace. Elle poussa un soupire et s'assit sur la chaise qu'elle venait de ramener.

- Bon. On se met au bouleau ?

Je m'assis à ses côtés avec un hochement de tête. Elle ne m'avait pas demandé ce que j'avais trouvé dans ses tiroirs... Étrange...

***

Jeudi soir arriva à grands pas. Je me dirigeais d'un pas mécanique vers la bibliothèque. Ce soir, je n'avais aucune envie de travailler. Surtout pas avec Valentin... Au début, je trouvais ce mec sympa mais, depuis que j'avais enlevé mon écharpe, il me jugeait. Il me trouvait horrible et repoussant et ne s'embêtait pas pour me le cacher... Il n'arrivait même pas à me regarder dans les yeux...

J'arrivais à la bibliothèque et m'installais à une table libre. Je soupirai en regardant l'horloge. Valentin arrivait toujours en retard. Surtout depuis que j'avais révélé mon véritable visage au monde...

J'attendis encore 10 minutes. Puis, Valentin apparut comme un bourrin dans la bibliothèque. Il vint s'asseoir en face de moi sans m'adresser un regard ni un mot.

Il sortit des fiches sur les suites et je sortis mes cours. Je sentais qu'il était encore plus froid que d'habitude et je détestais ça. Je soupirai avant d'engager la conversation :

- Bon, qu'est ce que t'as a faire la gueule ?

Il plongea son regard vert dans le mien pour la première fois depuis longtemps.

- Tu t'es bien amusé chez Sara ce weekend ?

Je haussai les sourcils. Alors c'était pour ça qu'il était aussi désagréable ? Je me retenais de rire. C'était vraiment ridicule. Je secouai la tête.

- On a juste travaillé sur la photosynthèse...

- J'ai vu la photo dans ta story. Vous aviez l'air de bien vous amuser...

Je levai les yeux au ciel. J'avais oublié que j'avais rajouté le snap de Valentin au début, quand je le trouvais encore sympa...

- Évidemment, on a bien le droit de rigoler un peu ! On est pas des robots !

Son regard se rempli de haine.

- Si tu pense que tu peux l'avoir avec une laideur pareil, tu te trompes.

Une boule se forma dans ma gorge et je me mordis la lèvre. Mais quel gros con !

- Tu sais quoi ? Je pense que je peux trouver un meilleur prof pour m'expliquer les maths qu'un sale gamin pourri gâté qui traite les filles comme des objets !

Je me levais et sortais de la bibliothèque. Je me retenais de ne pas courir. Je devais montrer à Valentin qu'il ne m'avait pas touché avec sa remarque sur ma laideur. Chaque jours, je portait ce masque pour que personne ne voit ma souffrance interne. Je m'interdissais de pleurer devant les autres. Si quelqu'un me voyait pleurer, il me prendrait pour un faible. Et je n'était pas faible !

- Ulysse attend !

Je rêvais où Valentin essayait de me rattraper ? Il posa sa main sur mon épaule ce qui me força a m'arrêter.

- Quoi ?

- Je suis désolé, j'y suis peut-être aller un peu fort...

Je haussai les sourcils.

- T'as dis ce que tu pensais, comme tout le monde. J'ai l'habitude.

- Ulysse t'as besoin de moi pour les maths, tu trouveras personne d'autre. Et...

Je fronçai les sourcils cette fois-ci.

- Et ?

- J'ai aussi besoin de toi.

- Pourquoi ça ?

Il haussa les épaules, rougissant soudainement.

- Je ne sais pas pourquoi mais Sara semble t'apprécier...

Je haussai les épaules. Je n'avais pas remarqué...

- Si tu dis ça parce qu'on a fait un exposé ensemble c'est que t'es bête comme tes pieds.

Il secoua la tête.

- Non, quand t'es dans les parages elle semble plus... Comment dire ? Heureuse, épanouit, ouverte ? Je sais pas trop...

- Tu sais pas ce que tu dis...

Pourtant, il avait réussit a attiser ma curiosité... Je soupirai :

- Bon, ok on y retourne.

Je retournais dans la bibliothèque, le cœur battant étrangement. Alors, comme ça, Sara aurait un comportement différent en ma présence ?

Un sourire béat vint s'afficher sur mes lèvres sans que je ne puisse le contrôler.

Je n'arrivais pas du tout a me concentrer sur les maths, mon cerveau dessinant un tout autre visage dans mon esprit. La belle Sara... Comment pouvait-elle s'enticher d'un mec laid comme moi ?

- Bon, tu n'es pas du tout concentrer...

Je regardai l'horloge. Cela faisait une heure qu'il m'expliquait le cours et que je ne comprenais toujours rien. Je haussai les épaules.

- Désolé...

- C'est pas grave. On arrête pour aujourd'hui...

Il rangea ses fiches et je fermai mon cahier. Nous nous levâmes en même temps.

- Bon, je te propose de repartir sur des bonnes bases toi et moi.

Je hochai la tête.

- Je vais arrêter de te traiter de laid. A une condition.

- Laquelle ?

- T'as pas des conseils pour que Sara m'apprécie ?

J'en croyais pas mes oreilles. Qu'est-ce qu'il pouvait être lourd !

- Elle t'apprécie déjà mec, en tant qu'ami. Si tu veux être plus qu'ami avec elle, arrête de la prendre pour un objet, arrête de la harceler tout les jours et arrête d'être lourd par pitié !

Il hocha la tête lentement, les yeux plissés comme si il était en pleine réflexion.

Je regardai l'horloge une nouvelle fois. Il était 17h. J'allais être en retard pour mon cours de chant.

- Bon, je te laisse Valentin. J'ai d'autre choses à faire.

Je sortis de la bibliothèque pour me diriger vers la salle de musique. J'entrai a l'intérieur. Baptiste et la prof étaient déjà là.

- Désolé du retard, j'étais en aide personnalisée.

La prof hocha la tête. J'allais m'asseoir aux côtés de Baptiste, un jeune garçon beaucoup trop gros pour son âge. Celui-ci me fit un beau sourire. Je le lui rendit, en moins beau. Baptiste, c'était celui qui m'accompagnait au piano. On formait un genre de groupe de musique lui et moi.

- Voici les affiches que j'ai fais pour votre concert de la semaine prochaine. Elles vous plaise ?

Je hochai la tête, même si je les trouvais répugnante. De toute façon, depuis mon accident, je n'étais plus du tout photogénique...

- Très bien, je vais les afficher dans tout l'établissement pour qu'il y ai le plus de gens possible à votre concert !

Je me crispai. J'aurais peut-être dû dire à la prof que je ne les aimais pas tout compte fait... J'échangeais un regard avec Baptiste. Il pensait la même chose que moi.

Mais c'était trop tard. La prof était partit faire sa mission.

- Tant pis... Viens, on s'entraîne.

Je me levais suivis par Baptiste qui alla s'installer au piano. Je m'emparai de ma partition.

Il me donna la première note et c'était partit.

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