33- Valentin

Il s'en souvenait, j'en étais sûr. La dernière fois que j'avais fais face à Philippe, j'avais fais semblant d'être dans le flou par rapport à ce qu'il s'était passé à la soirée de Sara. Mais il avait l'air tellement troublé quand je m'étais retrouvé face à lui que ça ne faisait plus aucun doute pour moi. Philippe se souvenait de notre baiser à la soirée...

Du coup, j'avais passé toute la semaine à l'éviter et j'avais plutôt bien réussi jusqu'à maintenant. Sauf que, malheureusement, on était vendredi soir. On avait le fameux cours pour les gens à problèmes... 

Là, j'attendais devant la porte, assit par terre. J'appréhendais le moment où le garçon aux cheveux noir en bataille arriverait avec sa copine cure dent et son pote baleine. 

- Salut.

Sara était arrivée en toute discrétion et s'était installé à côté de moi. Je me tournai vers elle et lui fis un sourire. Elle semblait triste... Sûrement à cause de ce qu'il s'était passé avec Ulysse à sa soirée... Décidément, cette soirée avait causé bien des soucis...

- Tu as disparu cette semaine, tu étais où ? me demanda la belle jeune fille.

Je haussai les épaules.

- Disons que... J'avais besoin d'être seul quelques temps...

Sara ne sembla pas du tout convaincue par mon explication. Elle allait répliquer mais l'arrivée d'un certain Ulysse la coupa. Elle détourna la tête quand celui-ci s'installa un peu plus loin. Un silence pesant et un certain malaise s'installèrent entre nous. 

Je préférais ne rien dire. Ce n'était pas à moi de régler leur problème. Et d'ailleurs, mon problème à moi arrivait au bout du couloir, accompagné de Jacinthe et Baptiste. Je serrai les dents quand mon coeur commença à s'emballer tout seul. 

Je tournai ma tête vers Sara. Celle-ci observait le sol avec une grande attention même si il n'y avait rien d'intéressant à voir. 

Philippe, Jacinthe et Baptiste discutaient avec entrain et ne semblaient pas remarquer le malaise qui régnait autour d'eux. Et, bientôt, Ulysse se joignit à eux ce qui me mit fortement en colère. Il n'avait pas le droit de rire avec d'autres alors que Sara souffrait à cause de lui !

- Bonjour tout le monde ! Heureux de vous revoir ! Je vous en prie, entrez dans la salle !

M. Renoux et son crâne luisant ouvrit la porte de la salle. Je me levai difficilement à cause de ma jambe dans le plâtre et rejoignit les autres dans la salle clopin-clopant. Les chaises étaient toujours installé en rond, comme au premier jour. Je pris place à côté de Sara qui avait prit place à côté du prof. Jacinthe vint s'asseoir à côté de moi et à côté d'elle, Philippe.

Je jetai un coup d'œil vers le garçon. Il était sur son téléphone, ne prêtant aucune attention à ce qu'il se passait autour de lui. Ses cernes étaient noires, ses traits étaient fatigués et sa barbe de trois jours était devenue une barbe de une semaine. Quand il leva la tête, je détournai mon regard et portai mon attention sur le prof. 

- Alors, les enfants, vous avez passé de bonnes vacances ?

J'échangeais un regard avec Sara. Elle secoua la tête ce qui attira toute l'attention de M. Renoux. 

- Ah bon ? Ce n'était pas de bonnes vacances pour vous, mademoiselle Sara ? Pourquoi ça ?

Sara ouvrit la bouche mais la referma. Elle n'avait sûrement pas envie de raconter la scène qui s'était passé dans sa chambre avec Ulysse à sa soirée...

- J'ai une bonne idée ! Et si vous nous racontez tous vos vacances, les hauts et les bas, tout ça tout ça ? N'oubliez pas, tout ce qui est dit ici reste ici ! Je suis là pour régler vos problèmes alors n'hésitez pas ! Qui veut commencer ?

Un lourd silence s'installa dans la salle. Le prof leva les yeux au ciel.

- Ne m'obligez pas à désigner quelqu'un... Je déteste ça...

- Bon, d'accord, je veux bien me lancer !

Le rouquin rondelard leva sa main. Les yeux de M. Renoux s'illuminèrent.

- Merci beaucoup Baptiste ! Racontes nous tout !

- Je suis aller dans le village paumé de mon père où j'ai pu voir ma belle-mère, mon beau-frère et ma demi-sœur. Pour une fois, je me suis pas trop ennuyé, je suis allé à des soirée avec mon frère et j'ai rencontré une fille...

J'écarquillai les yeux. 

- Elle s'appelle Léonie, elle est devenue en quelques jours à peine l'une des meilleures amies que j'ai jamais eu. On a couché ensemble, c'était ma première fois.

Je serrai les dents. Comment ça un type comme Baptiste pouvait intéresser une fille ? Une boule se forma dans ma gorge. Pourquoi personne ne s'intéressait à moi ? Baptiste avait continué mais je n'avais plus écouté. 

Ensuite, ce fut au tour de Jacinthe. Elle raconta qu'elle avait eu son premier copain. Il s'appelait Nicolas, il y avait des hauts et des bas dans leur relation mais c'était plutôt cool. 

Mais ça ne pouvait pas être vrai ! Jacinthe aussi avait quelqu'un ?! 

- Valentin ? À ton tour de nous raconter tes vacances.

- Hein ?! Mais je ne me suis pas porté volontaire !

Le prof soupira. 

- Valentin, s'il te plait...

Je serrai les dents. Je pris une grande bouffée d'air.

- Très bien... Je n'ai rien foutu des vacances. Voilà.

Le prof haussa un sourcil. 

- Ah, tu n'es pas aller à la fameuse soirée de Sara dont Jacinthe nous a parlé ?

Arg, grillé...

- Si mais... Il ne s'est rien passé de fabuleux là-bas... J'étais bourré... Je ne me souviens pas de grand chose...

Malgré moi, mon regard se tourna vers Philippe. Il me fixait intensément et j'eus soudainement chaud. Je sentis ma bouche devenir pâteuse. J'avais l'impression qu'il me jugeait pour ne pas avoir dit la vérité... Qu'il me détestait encore plus...

Le prof soupira à nouveau. 

- Bon... Très bien... Qui est le suivant ?

Philippe leva sa main. Le prof lui fit signe de parler.

- Moi non plus je n'ai pas fait grand chose pendant les vacances... J'ai repris la boxe que j'avais arrêté pour cause de manque de temps vu que j'y allais les vendredis soirs... Je suis aussi allé à la soirée de Sara avec Jacinthe. Elle a vite fini bourré donc on était les premiers à partir. Et, vu qu'elle était bourré, elle m'a mit au défi de faire une chose stupide. 

Il me jeta un discret coup d'œil. Il allait vraiment le dire ? Tout le monde ici était au courant à part le prof et Baptiste... Mais, quand même, je n'avais pas envie qu'il le dise à tout le monde...

- Mais je ne dirais rien ici parce qu'on doit régler ça en privé.

Je me sentis rassuré mais une boule de stress apparut dans mon ventre. Comment ça, régler ça en privé ?

- Très bien, merci Philippe. Sara ?

***

Finalement, Ulysse et Sara avaient parlé de leurs vacances en omettant le passage de la chambre. Encore une affaire à régler en privé...

La sonnerie retentit enfin, mettant fin au calvaire. Je me levai précipitamment. Il fallait que je rentre chez moi sans que Philippe m'intercepte...

Je sortis de la salle de classe en sautillant le plus vite possible. Malheureusement, j'entendis des pas me courir après. Je grimaçai. Je ne voulais pas qu'il pense que j'étais en train de prendre la fuite. Je ralentis donc, le laissant m'atteindre. 

- Valentin, on peut parler s'il te plait ?

- Oui, bien sûr.

Je faisais semblant d'être sûr de moi mais, en réalité, je n'en menais pas large. 

- Pendant la soirée, tu ne te rappelles vraiment vraiment de rien ?

Mentir ? Dire la vérité ? 

- Je... Je ne sais pas... C'est flou dans ma tête... Mais je sais qu'il s'est passé un truc entre nous je crois...

Dire une demi-vérité était toujours une bonne technique.

Philippe soupira.

- On s'est embrassé à cette soirée, Valentin.

Mon coeur s'emballa. Ne pas paniquer, ne pas paniquer...

- Ah... Ah bon ?

- Arrêtes de faire semblant. Je sais que tu t'en rappelles.

Je fronçai les sourcils.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Je viens de te dire que tout est flou.

- Oui, mais tu as changé de comportement avec moi ! Et tu m'as évité toute la semaine !

- Ça c'est parce qu'on est sensé se détester non ?

Il soupira :

- On est pas obligé de se détester, tu sais ?

Ma gorge se transforma en désert aride. J'avais l'impression de ne plus avoir de salive...

- O... oui... C'est vrai...

Il me tendit une grande main qui semblait, à première vue, chaude et rassurante.

- Faisons la paix. Repartons sur de bonnes bases.

J'écarquillai les yeux. Il était sérieux ?

- Ah moins que tu préfères me détester jusqu'à la fin ?

Je secouai la tête négativement. Je mis ma main dans ma sienne et il l'a serra d'une poigne de fer. Il planta son regard dans le mien et me fit un sourire. 

Je lui rendis, essayant de cacher mon trouble. 

- Tu pourras venir manger avec Bat, Jasse et moi si t'es tout seul, si tu veux.

- Je crois que tes amis ne m'aime pas trop...

Il ricana.

- Et à juste titre, t'es vraiment un connard ! Mais, ce n'est jamais trop tard pour faire la paix et apprendre à réellement connaitre la personne, tu ne crois pas ?

Je baissai la tête.

- Je suppose que oui.

- Très bien, je suis heureux qu'on soit sur la même longueur d'onde.

Il me lâcha la main. Ce ne fut qu'à ce moment que je me rendis compte qu'il avait gardé ma main dans la sienne pendant tout ce temps. 

Il me sourit à nouveau en me faisant un signe de la main :

- À lundi !

Puis, il disparait dans la récréation. 

Je restai planté, les bras ballants, au milieu du couloir. Je n'arrivai pas à croire ce qu'il venait de se passer. C'était un rêve ou j'avais vraiment fait la paix avec Philippe ? 

Moi qui pensait qu'on allait avoir une discussion gênante à propos du baiser... 

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