32- Jacinthe
- Nico, tu m'écoutes ?
- Hein... Quoi ?
Je levai les yeux au ciel. Il se fichait vraiment de moi...
On était tout les deux avachis dans le canapé du grand manoir du jeune homme. J'étais blottit contre son torse musclé et lui parlais des problèmes d'argent de Philippe et de la manière dont je pouvais bien demander à mon père de l'argent alors que j'étais fâché avec lui. Mais Nico ne me répondait qu'avec des onomatopées et ne semblait pas du tout intéressé par mes problèmes.
Je soupirai en me redressant.
- Tu sais quoi ? Je vais y aller... J'ai un peu l'impression de déranger là...
- Mmmm....
Encore une onomatopée... Je serrai les dents, blessée. Il me prenait vraiment pour une abrutie !
Je me levais précipitamment et mon soit disant copain daigna enfin tourner sa tête vers moi :
- Jacinthe, je suis désolé, reste ! Je vais t'écouter promis !
- Tu te fiches de moi ? Ça fait une demi-heure que je parle dans le vide, c'est bon ! J'ai pas besoin de tes conseils de toute façon !
Je me sentais en colère et minable d'avoir envie de pleurer pour si peu.
Le jeune homme se leva à son tour.
- Mais Jacounette s'il te plaît... Tu sais que je suis assez préoccupé ces temps ci...
C'était vrai, Nicolas avait avoué à son père qu'il ne voulait pas reprendre l'entreprise et celui-ci avait menacé son fils de le privé de son argent.
Je soupirai à nouveau.
- Oui, tu as raison... Excuse moi...
Mais il fallait quand même que j'aide Philippe à payer la dernière facture...
- Mais, d'après toi, si je vais voir mon père pour lui demander de l'argent alors que je n'ai pas donné de nouvelle depuis des semaines, il acceptera ?
Nicolas ricana.
- Tu rêves ma pauvre !
Super les encouragements...
- De toute façon, je n'ai pas le choix. Je dois aider Philippe, il m'a quand même hébergé...
Il haussa ses épaules musclées :
- Fait comme tu le sens...
Je hochai la tête.
- Ok... Bon, je vais aller voir mon père... À plus tard ?
- Oui, je vais aussi parler avec mon père... On se voit demain à la même heure ?
- Ça me va. À demain !
- À demain.
Il posa tendrement ses lèvres sur les miennes et je sens mon cœur s'emballer, comme à chaque fois que Nicolas m'embrasse.
Puis, je quitte la grande maison de mon copain. Me voilà dehors, dans la rue, seule. Un froid mordant envahit tout mon corps et je suis prise d'un vertige. L'hiver allait bientôt être présent...
Je m'appuyai contre un poto électrique pour reprendre mes esprits. Je pris une grande bouffée d'air frais qui me brûla la gorge. Je fermai les yeux, me concentrant sur ma respiration. Je ne savais pas ce qui me mettait dans cet état... Peut-être le fait que j'allais revoir mon père...
Une fois mes esprits repris, j'entrepris de marcher jusqu'à chez moi, comme si rien ne venait de se passer.
Au bout d'une demi-heure de marche, j'arrivai devant la grande et belle maison dans laquelle mon père et ma mère vivaient. Je me postai devant la grande porte en bois de l'entrée.
Qu'est-ce que je devais faire, maintenant ? Toquer pour que mon père ou ma mère m'ouvrent ? Rentrer comme si je n'avais pas disparue des radars depuis des semaines ?
Mon cœur se mit à battre à tout rompre tandis que ma main se dirigeait vers la poignée de la porte. Mais, avant que je n'ai pu faire aucun geste, la porte s'ouvrit dans un grand fracas.
Je me retrouvais nez à nez avec mon père. À ma vue, il sursauta, ses sourcils se froncèrent puis, son visage se détendit et une lueur rassurée passa dans ses yeux bleu et froids. Tout ça se passa en une fraction de seconde. Maintenant, je me retrouvai face à un homme au visage dure et impassible.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Je sentis une boule se former dans ma gorge. J'avalais ma salive pour essayer de la faire disparaitre et je répondis, d'une voix mal assurée :
- Euh... Je... J'aimerais te demander quelque chose...
Mon père ricana méchamment. Mon sang se glaça dans mes veines et la boule dans ma gorge se mit à grossir. J'entendis la voix de ma mère, au loin, dans la maison :
- Chéri, qu'est-ce que tu fais ?
Mon père grimaça et sortit me rejoindre dehors en prenant bien soin de refermer la porte de la maison derrière lui.
- Tu sais que ta mère a pleuré pendant des jours après ton départ ? Je ne veux pas lui faire de la peine en lui disant que tu es seulement revenu pour me demander quelque chose... D'ailleurs, qu'est-ce que tu me veux ?
Je sentis les larmes me monter aux yeux. Mon père était toujours aussi horrible, rien n'avait changer avec mon départ... Jamais il ne me donnerait l'argent pour Philippe... Mais il fallait quand même que je tente !
Je pris mon courage à deux mains et pris une grande bouffée d'air avant de me lancer :
- Un de mes amis a un problème...
Mon père leva les yeux au ciel.
- Et en quoi ça me concerne ?
- C'est un problème d'argent. Je me disais que tu pourrais l'aider vu que tu...
- Vu que je suis plein aux as ?
Je hochai la tête. Bizarrement, mon père ne se fâcha pas. Il soupira longuement, comme si il était en pleine réflexion. Puis, enfin, il parla :
- Écoute, Jacinthe, je pourrais penser éventuellement à aider ton ami.
Je n'en croyais pas mes oreilles.
- Mais à une condition.
Évidemment, ça m'aurait étonné qu'il n'y en ai pas...
Je lui fis un signe de tête pour qu'il continue.
- Reviens vivre avec nous. Ta mère n'est plus que l'ombre d'elle-même depuis que tu es partis, tu lui manque énormément tu sais...
Mon envie de pleurer revint de plus belle. J'avais envie de demander à mon père si je lui avait manqué, à lui. Mais je connaissais déjà la réponse. Il s'en fichait de moi...
Je pesai le pour et le contre dans ma tête. Si je revenais vivre chez mes parents, Philippe pourrait payer son loyer et vivre normalement. Si je décidai de ne pas revenir vivre avec eux, Philippe et moi finirions sûrement à la rue avant qu'il ai eu sa première paie... Le choix était vite fait, pour sauver mon meilleur ami, je devais me sacrifier.
- C'est d'accord.
- Heureux de l'entendre. Vient, rentrons. Il commence à faire froid.
Je suivis mon père à l'intérieur de la grande maison qui m'avait vue grandir.
Là, ma mère attendait mon père les bras croisés et le regard mécontent. Quand elle me vit, son regard s'illumina. Elle se précipita vers moi et me serra contre elle en murmurant :
- Oh, ma Jacinthe d'amour, tu es revenus...
Je hochai la tête en fermant les yeux. C'était bizarre, ma mère n'avait jamais été très démonstrative de son amour pour moi...
Elle se décolla de moi et me regarda de haut en bas, les yeux mouillés de larmes de joie. Moi aussi, j'avais encore envie de pleurer.
Ma mère jeta un regard noir à mon père qui était derrière moi avant de reporter son attention sur moi. Elle passa une main dans mes cheveux fins avec un sourire bienveillant.
- Aller, viens, c'est l'heure de manger. Je suis sûre que tu meurs de faim !
Ne pas pleurer, ne pas pleurer...
- Euh... Je n'ai pas très faim... Et j'ai un truc à régler avec papa.
- Oh d'accord... Mais tu viens manger après.
C'était comme si elle n'avait pas entendu le début de ma phrase... Je hochai donc la tête, n'ayant pas la force d'argumenter le fait que je ne voulais pas manger.
Je me tournai vers mon père tandis que ma mère retournai dans la salle à manger. Celui-ci leva les yeux au ciel.
- J'ai dis "éventuellement" ça veut pas dire que je le ferais vraiment. Il faut que j'y réfléchisse.
- Non. Tu le fais tout de suite ou je m'en vais. Je pense que, cette fois-ci, maman ne te le pardonnera pas.
Je vis la mâchoire de mon père se crisper signe qu'il venait de serrer les dents.
- Très bien... Ton ami a besoin de combien ?
Je souris en indiquant la somme voulu à mon père.
Celui-ci s'en alla quelques instants et revînt avec des billets.
- Tiens, débrouille toi avec ça.
Je m'emparai des billets le cœur battant.
- Tu les donneras à ton ami demain et fais attention à ne pas te faire voler, c'est une grosse somme.
Je hochai la tête.
- Maintenant, vas rejoindre ta mère.
Je mis les billets dans la poche de ma veste et allai rejoindre ma mère dans ma salle à manger.
***
Après le repas, où je n'ai mangé que de la salade, je quittai mes parents en feignant être fatiguée.
J'allais donc dans ma chambre. En entrant, une sensation de bonheur m'envahit et je sautai sur mon lit. Il était bien douillet, cela changeait du canapé inconfortable de Philippe !
Je m'emparai de mon téléphone. J'avais reçu un message de Philippe justement...
De Flip :
Jasse, t'es où ? Il est 20h et t'es toujours pas rentré... Tu restes chez Nico ce soir ?
Je lui répondis, le cœur serré :
À Flip :
Non, je suis rentré chez mes parents...
Je reçu une réponse dans la seconde :
De Flip :
QUOI ?! Attends, je t'appelle.
Aussitôt, mon téléphone se mit à vibrer et le nom de Flip s'afficha à l'écran. Je décrochai :
- Oui ?
- T'es rentré chez tes parents ?! Pourquoi ?
Je soupirai. Autant lui dire la vérité...
- C'était le seul moyen de t'aider...
- De m'aider ?
- À payer le loyer de ton studio...
Un silence me répondit. Au bout de quelques secondes, la voix de Philippe résonna, tremblante :
- Attends, je ne comprends pas... Tu es retourné chez tes parents pour que je puisse payer mon loyer ? Mais ça n'a aucun sens !
Je savais qu'au fond, il avait compris. Sinon, sa voix ne tremblerait pas autant... Je soupirai :
- J'ai demandé à mon père de me donner de l'argent pour toi et il a accepter à la condition que je revienne vivre avec ma mère et lui.
- Mais, c'est horrible, c'est du chantage ! Je ne veux pas de cet argent !
- Flip, tu n'as pas le choix ! Tu vas te faire virer de chez toi avant d'avoir eu ta première paie !
- Bordel, le pire c'est que t'as raison... Mais... Je ne veux pas que tu sacrifies ton bonheur pour moi...
- Je ne sacrifie rien. Ma mère commençait à me manquer de toute façon... Bref, je t'apporte l'argent demain, je vais me coucher, je suis épuisée...
- D'accord... Bonne nuit, Jasse...
- Bonne nuit, Flip.
Je raccrochai, le cœur serré. Je savais que j'avais fais le bon choix, la bonne chose. J'espérais juste ne pas le regretter...
J'éteignis la lumière, m'allongeai sur mon lit sans même me déshabiller, fermai les yeux et m'endormis dans la seconde, épuisée par les évènements.
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