29- Ulysse (la soirée)
C'était mercredi après-midi, le jour de la soirée, et j'étais venu en avance comme la belle me l'avait demandé. J'avais toqué à la porte mais personne ne vint m'ouvrir. Je soupirai. C'était un signe, je ne devais pas être ici. Peut-être que je pouvais encore partir en prétextant avoir eu un empêchement de dernière minute ?
Je fis donc mine de faire demi-tour et de rentrer chez moi quand je reçu un message :
De Sara :
Tu peux rentrer, j'arrive tout de suite.
Au début, je ne compris pas. Elle me donnait l'autorisation de rentrer chez moi ? Mais je compris vite qu'elle m'invitait juste à entrer dans sa grande maison.
Je soupirai une nouvelle fois. Tant pis pour la fuite... Je pénétrai dans la maison de la belle Sara. Le salon était encore plus grand que dans mes souvenirs.
Je regardai autour de moi, planté au milieu de la pièce, les yeux écarquillés. Ça me faisait toujours cet effet de venir ici, je ne me sentais pas vraiment à ma place. Peut-être que j'avais encore le temps de fuir ?
Juste au moment où cette pensée traversa mon esprit, Sara apparut en bas de l'escalier. Mon cœur rata un battement, elle était encore plus belle que dans mes souvenirs... Elle me fit un grand sourire qui fit chavirer mon pauvre petit cœur. Je m'en rendait compte, maintenant, elle m'avait tellement manqué pendant cette semaine de vacances !
On se fit la bise. Elle sentait bon... Je me sentis rougir à cette pensée. Pour cacher mon malaise, je lui tendis mon sac en disant :
- Tiens, j'ai ramené des trucs à grignoter... Il n'y a pas grand-chose mais c'est mieux que rien, j'imagine...
Elle me sourit en s'emparant du sac :
- C'est parfait, merci beaucoup ! J'ai demandé à Valentin de ramener les boissons, ne t'inquiète pas on aura tout ce qu'il faut !
J'avais presque oublié que Valentin allait débarquer dans pas très longtemps... Je ne serais donc plus seul avec la belle Sara... Il fallait que je profite de ces instants qu'on avait seuls, elle et moi. Un sourire timide s'afficha, malgré moi, sur mes lèvres.
Un silence pensant s'installa entre nous et je me sentis gêné. Je me grattais la nuque en détournant mes yeux de la belle Sara. Celle-ci s'écria soudainement :
- Et si on faisait des gâteau !?
Son ton sonnait tellement forcé, ça se voyait qu'elle avait juste dit ça pour détendre l'atmosphère. Malgré tout, faire des gâteau ne me semblait pas du tout être une mauvaise idée...
- Pourquoi pas.
J'aimais beaucoup faire la cuisine. Enfin... J'aimais beaucoup faire la cuisine avant l'accident. Maintenant, je devais m'occuper à la fois de ma mère, de mes cours et de ma guérison, je n'avais plus le temps de faire la cuisine.
Je serrai les dents. Je devais arrêter d'avoir des pensées déprimantes, ce n'était pas le moment. Je devais profiter d'être seul avec Sara.
On s'installa donc aux fourneaux, et, au bout d'un moment, il n'y eu plus aucun malaise entre nous. On discutait de tout et de rien tout en cuisinant, on rigolait, on se faisait des blagues, comme au bon vieux temps.
Mes yeux étaient rivés sur Sara et n'arrivaient pas à se détacher d'elle. Je riais à chaque mots qu'elle prononçait. Je me sentais si bien en cet instant ! J'aurais tellement aimé que les invités de la soirée annulent leur venue et rester seul avec Sara toute la nuit...
Lorsque le dernier gâteau fut prêt, Sara alla le sortir du four en rejetant ses cheveux noir en arrière. Leur doux parfum arriva à mes narines et mon cœur fit un immense bond dans ma poitrine. La belle alla ranger le gâteau - qui sentait, lui aussi, très bon - dans le frigo et se tourna vers moi en plongeant ses merveilleux yeux bleu dans les miens. Je sentis ma gorge se transformer en désert aride tandis que Sara ouvrit sa bouche pour parler. Mais, à cet instant précis, quelqu'un toqua à la porte.
Je détournai mes yeux de la belle Sara sentant mon visage chauffer anormalement. Je devais être tout rouge... J'espérais que Sara ne l'avait pas remarqué...
- Je... Je vais ouvrir.
Je m'éloignais de Sara avec un léger soulagement, mais aussi du regret. J'ouvris la porte d'entrée et fis face à Valentin. J'avais presque oublié qu'il devait venir plus tôt, lui aussi...
Je m'écartai de l'embrasure de la porte pour laissé passer le blessé sans rien dire. Il entra dans la grande maison sans, lui non plus, m'adresser la parole.
Je le suivis dans le salon. Je remarquai qu'il portait un gros sac qui avait l'air assez lourd. J'hésitai un instant à le lui prendre pour l'alléger mais je me ravisai. C'était Valentin. Je le détestais. Je n'avais aucune envie de l'aider.
C'est alors que Sara apparut dans le salon et se dirigea droit sur son meilleur ami :
- Tu as apporté l'alcool ?!
Valentin sourit ce qui illumina ses yeux vert et fit apparaitre des fossettes sur ses joues. Je serrai les dents, mon cœur empli de jalousie. Il était tellement beau. Comment Sara ne pouvait pas tomber sous son charme ?
- Évidemment ! Tout est dans mon sac !
Valentin posa son gros sac par terre et un bruit de bouteille en verre se cognant se fit entendre. Je vis le regard de Sara s'illuminer et ma gorge se serra. Je le sentais de plus en plus mal cette soirée...
- Génial, t'es le meilleur Valou !
Puis, soudain, Sara se tourna vers moi et dit :
- Ulysse, vient m'aider à tout disposer sur les tables !
Entendre mon prénom sortir de sa bouche me donnait des papillons dans le ventre... Je souris. Et la belle me rendit mon sourire ce qui accentua la sensation de papillon.
Évidemment, Valentin choisi de gâcher ce merveilleux moment en grognant :
- Et moi, je fais quoi ?
Je ne pus m'empêcher de lever mes yeux au ciel face à l'attitude puérile de Valentin.
- Toi ? Euh... Tu peux aller t'asseoir. De toute façon, tu ne peux pas être trop utile avec tes béquilles...
- C'était bien la peine que je vienne en avance, tiens...
- Désolée, Valou... J'avais complètement oublié que tu étais en béquilles... Si j'avais su, je ne t'aurais pas demandé de venir en avance...
Valentin me lança un regard rempli de haine. Je soutins son regard avec défi. Au bout de quelques secondes, le jeune garçon détourna son regard et reporta son attention sur Sara :
- Rho... Mais t'as vraiment rien à me faire faire ? Parce que là, je vais bien me faire chier pendant deux heures...
Tandis qu'ils discutaient, j'avais commencé à étalé la nourriture sur la table. Sara me rejoignit tout en répondant à Valentin :
- Ne t'inquiète pas, les gens viendront sûrement plus tôt, il font toujours ça ! Et, j'ai une super mission pour toi ! Tu récupèreras les vestes de tout le monde pour les ranger dans le vestibule !
Un sourire diabolique se dessina sur mes lèvres en imaginant Valentin ranger des vestes durant toute la soirée. D'ailleurs, celui-ci ne semblait pas du tout apprécier cette nouvelle mission, à mon plus grand bonheur.
Quand Sara et moi avions fini d'organiser les tables de nourriture et de boissons, nous rejoignîmes Valentin qui s'était assit sur l'une des chaises du salon.
Sara joignit ses mains comme si elle allait parler d'un sujet très important :
- Maintenant, il faut choisir lequel d'entre nous sera le SAM.
Oh, ce n'était que ça... Je me portai tout de suite volontaire. De toute façon, je ne comptais pas boire...
- Je veux bien.
Sara avait l'air déçue. Elle me demanda :
- Pourquoi ?
C'était quoi cette réaction ? Je haussai les épaules en répondant simplement :
- Je n'aime pas boire.
Des images de ma mère endormi sur le canapé, des cadavres de bouteilles en verre autour d'elle me viennent en tête. Je serrai les dents en essayant d'envoyer ces images loin de moi. Malheureusement, Sara insista :
- Rho mais moi je voulais que ce soit Valou le SAM !
À l'entente de son prénom, celui-ci fronça les sourcils.
- Pourquoi moi ?
Sara croisa ses bras contre sa poitrine ce qui fit remonter ses seins. Je détournai les yeux en me sentant rougir.
- Tu sais très bien pourquoi, Val...
- Ben non, je ne sais pas !
- Tu es chiant quand tu bois ! Tu as l'alcool triste, Val !
- Quoi ?! N'importe quoi !
- J'ai une vidéo de toi qui chiale comme un bébé parce que tu avais écrasé une fourmis... Tu veux que je la ressorte ?
Je coupai l'échange des deux meilleurs amis en me raclant la gorge. Les deux se tournèrent vers moi d'un même geste. Je dis :
- Mais, moi, ça ne me dérange pas du tout d'être le SAM, vous savez...
Valentin me pointa du doigt en s'exclamant avec excitation :
- Voilà ! Ulysse veut être le SAM ! Pourquoi ne pas le laisser faire ?!
Sara répondit du tac au tac :
- Parce que je veux qu'il s'amuse !
Elle était vraiment sérieuse là ? Je soupirai et dit d'un ton froid :
- Mais, tu sais Sara, on est pas obligé de boire pour s'amuser...
Elle ouvrit la bouche pour répliquer mais, elle fut coupé une nouvelle fois par quelqu'un qui venait d'entrer dans la maison sans même toquer. Les premiers invités de la fête, sûrement...
Sara se leva pour accueillir ses invités mais, avant d'y aller, elle planta un regard autoritaire dans les yeux de Valentin en disant :
- Tu es le SAM, un point c'est tout. Va chercher leur veste, maintenant.
Contre toute attente, Valentin lui obéit sans broncher. Il alla chercher les vestes des invités qui venaient d'arriver.
Quelques minutes plus tard, Caroline, la peste soit disant meilleure amie de Sara, arriva. Elle se dirigea instantanément vers Sara et moi après avoir laissé sa veste à Valentin. Je me crispais. Allait elle encore avoir une gentille parole à mon encontre ou juste m'ignorer ? En mon fort intérieur, j'espérais fortement la deuxième option...
- Salut ma belle !
Elle se firent la bise. Puis, le regard de Caroline me toisa de haut en bas, une lueur de dégout brillant dans ses pupilles. Mais, à mon plus grand bonheur, elle ne me dit rien et se retourna vers Sara avec un sourire diabolique :
- Alors ? Où est l'alcool ?
Sara désigna les tables.
- Super ! Je vais directement me servir un verre ! Tu viens ?
Sara me jeta un regard comme pour avoir mon approbation. Je ne dis rien mais elle vit sûrement dans mon regard le jugement que je lui portais en cet instant. Caroline insista :
- Sara, tu viens ou pas ?
Elle refusa ce qui me mit du baume au cœur.
- Pff... J'savais pas que t'étais devenue une vieille meuf...
Je serrai les dents face à cette remarque. Tandis que Caroline s'éloignait vers la table des boissons, je murmurais, comme pour moi-même :
- Elle est trop conne cette fille. Je ne sais pas comment tu fais pour être amie avec elle.
Sara secoua la tête en me jetant un regard noir. Mince, je l'avais blessé...
- Je vais aller prendre l'air.
Elle se détourna en envoyant ses cheveux noir en arrière. Et, elle s'éloigna de moi, me laissant seul avec moi-même. Je savais que je n'aurais jamais du venir à cette soirée...
***
Je m'ennuyais ferme. J'étais seul depuis tout à l'heure. Les gens étaient de plus en plus bourrés, ce qui me donnait une sombre envie de fuir. J'avais réussi à trouver un coin tranquille où personne ne venait me déranger. J'observais Sara de loin. Elle est était complètement bourrée, elle aussi. Elle dansait de manière aguicheuse avec Valentin. La jalousie me pinça le cœur mais, soudain, le beau garçon repoussa Sara. Celle-ci sembla être très en colère. Alors, elle se jeta littéralement au cou d'un type qui dansait près d'elle. Elle l'embrassa à pleine bouche devant un Valentin bouche bée. Puis, Valentin secoua la tête et s'éloigna des deux jeunes qui s'embrassaient.
Une boule se forma dans ma gorge. Sara et ce type semblaient être presque prêt à passer à l'étape supérieure, là, au milieu de la piste de danse. Il fallait que je les arrête !
Sans réfléchir, je me précipitai sur la piste de danse. Bien évidemment, les corps dansant me bloquaient le passage. Je me mis à bousculer tout le monde pour atteindre mon objectif.
Lorsque je rejoignit enfin Sara, je n'attendis pas une seconde. Je tirai la jeune fille en arrière pour qu'elle se sépare de ce gars. Je la tirai ensuite vers un endroit plus calme. Elle se laissa faire, le corps mou comme une poupée de chiffon.
Une fois dans un coin tranquille, je me mis à crier, évacuant ma colère :
- Qu'est-ce que tu fous, Sara ?!
Celle-ci ne fut pas du tout ébranlée par ma colère.
- Ulychou ! Je suis trop contente que tu sois là !
Elle se jeta à mon cou. Je grimaçai, sentant son haleine empli d'alcool et je la repoussai.
- Tu pus l'alcool, ça me dégoute...
Une lueur blessée brilla dans les yeux bleu de la belle Sara. Je me sentis tout de suite coupable. J'y étais allé un peu fort... Mais ça avait été plus fort que moi. Je déteste les gens bourrés, ça me rappelle juste la souffrance que vit ma mère jour après jour...
Je décidai de m'excuser :
- Je suis désolé, je... C'est juste que...
Je ne pouvais pas lui parler de mes problèmes avec ma mère. Pas maintenant... Je secouai donc la tête.
- Enfin bref, laisse tomber. Mais, s'il te plait, arrête de boire à partir de maintenant... Je m'inquiète pour toi...
Sara se mit à ricaner.
- Pff... T'as pas besoin de t'occuper de moi, t'es pas mon père.
Je soupirai. Elle était trop bourrée pour comprendre l'importance de mes paroles... Et ça avait le don de me mettre en colère... Je décidai de partir avant de la blesser encore plus.
- Bon, t'es bourré, ça ne sert à rien de parler avec toi...
Malheureusement, Sara en avait décidé autrement. Elle m'agrippa le poignet, m'empêchant de partir.
- Non, attend, reste avec moi ! On peut s'amuser un peu...
Elle me lança un regard empli de désir et de séduction. Elle s'approcha de moi en faisant onduler son corps de rêve. J'écarquillai les yeux. Mon cerveau me criait de la repousser mais mon cœur ne l'entendait pas de cette oreille.
Heureusement, je repris mes esprits à temps, secouai la tête et m'écartai de Sara, le cœur battant la chamade.
- Quoi, tu ne veux pas de moi, toi non plus ?
J'ouvris la bouche mais la refermai aussitôt. Que répondre à ça ? Évidemment que j'avais envie d'elle, envie d'être avec elle, elle était magnifique, drôle, gentille... C'était la femme idéale... Mais là... Maintenant, à cet instant, elle me faisait juste penser à ma mère, ce qui était vraiment repoussant...
- Écoute Sara, je t'apprécie vraiment beaucoup...
J'avais décidé d'être franc avec elle :
- ... Mais, franchement, là, à mes yeux, tu es tout sauf attirante.
Évidemment, je l'avais blessé. Je voyais des larmes perler aux coins de ses beaux yeux. Elle cria :
- Tu vas voir si je ne suis pas attirante !
Elle retourna sur la piste de danse en titubant. Elle choisi un garçon au hasard dans la foule et commença à danser avec lui en me lançant des petits regards.
Je soupirai, exaspéré par son comportement. Je décidai de partir, ayant déjà trop regardé ce spectacle peu glorieux. Mon cœur était brisé mais c'était le choix de Sara de perdre sa dignité à cause de l'alcool...
Je m'approchai des tables de consommations qui étaient maintenant presque vides. J'aperçus Philippe qui était assit seul sur une chaise et qui observait les gens danser en sirotant une bière. Je décidai de la rejoindre.
Je m'assis sur la chaise à côté de lui :
- Salut.
Le regard noir du grand brun s'illumina à ma vue.
- Salut, tu vas bien ?
Je haussai les épaules. Mon regard était rivé, malgré moi, sur Sara et ce gars qui dansaient de manière de plus en plus sensuelle.
Philippe du remarquer ma peine car il changea de sujet :
- Tu ne bois pas, toi ?
Je secouai la tête :
- Non, l'alcool ça me dégoute un peu...
Est-ce que je pouvais parler de ma mère à Philippe ? C'était un type de confiance mais le lieu et l'ambiance n'était vraiment pas propice à ce genre de confidences...
C'est alors que Valentin arriva, clopin-clopant, vers nous. Il semblait être en colère. Je le fixai, me remémorant le moment où il avait, lui aussi, repoussé Sara. Moi qui pensait qu'il la prenait pour un objet, je m'étais visiblement trompé...
Valentin s'assit sur la dernière chaise qui restait, près de nous comme si on était ses deux meilleurs amis. Il se mit à parler, animé par la colère :
- Je vous jure, j'en ai marre de cette soirée de merde ! Pourquoi Sara me donne toujours les rôles ingrats pendant que, elle, elle peut draguer tout ce qui bouge ?! Non mais regardez la danser avec ce minable !
Philippe semblait légèrement gêné par la présence du jeune homme aux yeux vert. Il lui proposa donc :
- Euh... Tu veux boire un truc pour te calmer ?
- Non parce que, devinez quoi, madame m'a désigné SAM de la soirée !
On dirait qu'il avait oublié que j'étais là quand ça s'était passé. Pourtant, il n'était pas bourré... Ma présence était si oubliable à ses yeux ?
Philippe demanda, une lueur amusée dans les yeux :
- Pourquoi elle t'a nommé SAM ?
- Pff... Elle dit que j'ai l'alcool triste... Qu'est-ce que ça veut dire, ça, avoir l'alcool triste ?
Philippe et moi échangeâmes un regard. On avait bien envie de voir Valentin bourré pour le voir pleurer pour rien ! Je pris donc la parole :
- Si tu veux, je peux être le SAM, vu que je ne bois pas.
- Moi aussi je peux l'être, je ne peux pas boire, je rentre en moto.
Les yeux vert de Valentin s'illuminèrent.
- Vous êtes sérieux ? Vous feriez ça pour moi ?
Philippe haussa ses larges épaules musclées en murmurant :
- Ça va pour cette fois.
- Super !
Valentin se précipita vers la table des boissons aussi vite que lui permettaient ses béquilles. Il se servit d'un mélange d'alcool qui avaient l'air tous bien forts. Il but tout le verre d'une traite et s'en servi un autre avant de s'éloigner des tables et de nous laisser seuls.
***
Quelques heures s'étaient écoulées. J'étais toujours assis avec Philippe. On discutait de tout et de rien. Philippe sirotait des verres de bière. Je voyais ses yeux devenir de plus en plus vitreux. J'avais perdu le compte de verres qu'il s'était resservi, la seule chose que je pouvais dire c'était que mon ami tenait vraiment bien l'alcool !
Alors que nous étions silencieux depuis quelques minutes, Philippe m'agrippa soudainement le bras :
- Et si on allait danser !
Il se levait déjà en sautillant d'excitation. Comme quoi l'alcool avait fini par faire effet...
- Je ne suis pas sûr...
- Aller ! Regarde, il n'y a presque plus personne sur la piste ! C'est le moment idéal pour danser !
Il semblait tellement sûr de lui en cet instant que je n'eu d'autre choix que le suivre.
Me voilà donc sur la piste de danse à essayer de danser de manière assez potable. Je ne savais même pas si j'étais bien dans le rythme de la musique...
Nous fûmes bientôt rejoint par Jacinthe qui avait vraiment l'air dans un sale état. Elle sauta au cou de Philippe en criant comme une dégénérée. Et ils se mirent à danser ensemble en sautant partout en hurlant. Je me sentais vraiment mis à l'écart mais ça ne changeait pas de d'habitude... Je me sentais mis à l'écart depuis le début de cette maudite soirée...
Jacinthe était tellement arrachée qu'elle failli tomber un nombre de fois incalculable. Heureusement que Philippe était là pour la rattraper à chaque fois... Et, à chaque fois, les deux amis éclataient de rire. Je me sentais tellement mal à l'aise et tellement seul... Je vis Jacinthe me fixer, le regard empli de jugement.
- Les gars, il faut que j'aille aux toilettes... Ulysse, surveille Jasse, s'il te plait.
Je grimaçai malgré moi mais Philippe n'y fit pas attention et nous laissa seul.
Jacinthe poussa un soupire avant de se détourner à son tour et de se diriger vers les tables de consommations. Elle n'allait pas se resservir un verre tout de même ?!
Je l'attrapai de justesse par la manche de son gilet. Elle s'arrêta donc en levant ses yeux au ciel.
- T'as rien d'autre à faire que de me faire chier ?
Ses yeux regardaient partout sauf mon visage. Soit elle ne voulait pas me regarder car ma laideur la dégoutait, soit elle n'arrivait juste pas à faire le focus à cause de tout l'alcool ingurgité. Et, en fait, c'était fort possible que la raison soit un mélange des deux...
Je serrai les dents, essayant de maintenir ma colère :
- Écoute, Jacinthe, tu me saoule, t'es pas drôle, je n'aime pas les gens bourrés, je...
Elle me coupa en faisant un geste brusque pour que je la lâche. Mais je tenais bon sur ma prise. Puis, elle répliqua d'une voix incertaine. Elle était tellement sous l'emprise de l'alcool qu'elle avait du mal à prononcer les mots, à articuler.
- Tu devrais plutôt parler avec Sara ! Elle drague tous les mecs de cette soirée sauf toi ! Mais on sait tous que tu es amoureux d'elle alors vas récupérer ton due au lieu de me faire chier !
J'écarquillai les yeux, j'avais soudainement extrêmement chaud. Mais qu'est-ce que venait faire Sara là-dedans au juste ?
- Tu n'es pas obligé de crier ça sous tous les toits...
- Ben alors fou moi la paix. Sinon, je vais aller tout de suite dire à Sara que tu l'aimes.
On aurait dit une enfant de trois ans qui faisait des menaces... Malgré tout, je la lâchais quand même. J'en avais marre de débattre avec un mur.
- Merci bien. Je vais me resservir un verre.
Je serrai les dents en la regardant s'éloigner. Si son but était de faire un coma éthylique, elle était bien parti...
Mais, avant qu'elle n'est pu se resservir un verre, quelqu'un dans l'assemblée de gens bourrés proposa :
- Eh ! Et si on faisait un action ou vérité ?
Malgré moi, je fus embarqué dans le cercle de gens bourrés et je dus m'asseoir parmi eux pour jouer à ce jeu stupide. Je sentais les regards de dégout sur moi.
Le jeu commença. Valentin du embrasser plein de filles. Sara aussi du embrasser des mecs. Quelqu'un lui demanda même avec combien de garçons elle avait couché, sa réponse avait été évasive. Heureusement, je n'aurais pas aimé entendre un nombre...
Moi, on m'ignora pendant tout le jeu. Et dire qu'avant mon accident, c'était à moi qu'on demandait d'embrasser toutes les filles... Et, en plus, j'aimais ça... J'avais honte d'avoir aimé ça...
Bientôt, ce fut à Jacinthe et Philippe d'être au centre de l'attention. Jacinthe demanda à son ami d'embrasser Valentin. Philippe obéit en grognant. Je sentis une électricité bizarre entre les deux garçons qui n'existait pas avant. Il s'était passé quelque chose entre eux et je n'étais pas au courant ?
Après ça, Jacinthe et Philippe s'en allèrent. C'était comme si Philippe prenait la fuite après son baiser avec Valentin... Celui-ci semblait d'ailleurs très troublé...
Est-ce que le jeu allait prendre fin après le départ des deux acolytes ? Je l'espérais fortement... Malheureusement, Caroline en décida autrement :
- Bref, on peut continuer à jouer ? Je propose que ce soit à mon tour de poser une question à quelqu'un si personne n'y voit d'objection !
Quand la fille aux cheveux platine se tourna vers moi avec un sourire moqueur, je su que, cette fois-ci, c'était à mon tour...
- Alors, Ulysse ? Action ou vérité ?
Je soupirai. Si elle croyait qu'elle me faisait peur, elle se trompait. Je plongeai mon regard dans le sien pour le lui prouver. Caroline frissonna et détourna son regard.
- Vérité.
Caroline se tourna vers ses amies pour leur faire un clin d'œil. Je regrettais tout de suite mon choix. J'aurais vraiment du choisir action... J'attendis donc la question de la jeune fille, le cœur battant.
- Ulysse, pourquoi es-tu aussi moche ?
Je baissai instantanément ma tête vers le sol, comme pour me protéger. Elle avait osé poser ce genre de question... Des souvenirs me revinrent en mémoire. Mon accident, l'explosion de la voiture, la souffrance... La souffrance, la souffrance, la souffrance.
- On attend une réponse, le moche !
Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Si elle savait tout ce que j'avais enduré pour être sur pied, aurait-elle été aussi méchante ? Je me levai sans rien dire. Je lui souhaitais juste d'éprouver la même souffrance que moi, que ce soit physiquement et mentalement. C'était tout ce qu'elle méritait.
Je serrai les dents pour éviter d'éclater en sanglots devant tout le monde. Il fallait que je trouve un endroit calme où je serais seul.
Sans réfléchir, je montais les escaliers qui menait aux chambres. J'ouvris une porte qui était celle de la chambre de Sara. Personne. Je me mis donc à pleurer.
J'avais aussi envie de tout casser mais je ne pouvais pas me le permettre... Alors, je pleurais, je vidais mon corps de ses larmes. Les larmes coulants sur les cicatrices de mon visage me donnaient une drôle de sensation. Ce n'était pas désagréable...
Soudain, quelqu'un entra dans la chambre sans prévenir. Je me tournai vers la personne qui venait d'entrer en essuyant mes larmes à la va-vite. C'était Sara.
- Sara... Qu'est-ce que tu fais là ?
Elle alla s'asseoir sur son lit en soupirant :
- C'est ma chambre, j'ai le droit d'être là.
Elle semblait avoir décuvé depuis tout à l'heure...
- Je voulais dire... Pourquoi tu n'es pas en train de t'amuser avec les autres ?
Elle haussa ses épaules et m'expliqua :
- Je viens de gifler Caro pour ce qu'elle t'a dit... Et puis, je me suis assez amusé pour ce soir... T'avais raison, je n'aurais pas dû boire ce soir...
Une ombre passa dans le regard de Sara. Je fronçai les sourcils en baissant la tête. Devrais-je lui demander ce qui lui était arrivé ? Puis, je me souvins de ce que je lui avait dit et me ravisais. Elle devait être en colère contre moi, je l'avais blessé...
- Tu peux t'asseoir si tu veux.
Sara tapota son lit. J'hésitais mais fini par aller m'asseoir à ses côtés, le cœur battant à mille allure.
Un silence s'installa entre nous mais je ne trouvais pas ça désagréable. Mais, Sara le coupa bien vite en affirmant :
- Tu as pleuré.
Tout mon corps se crispa. Je ne voulais pas qu'elle sache que j'ai pleuré. C'était peut-être con mais j'avais envie de paraitre fort à ses yeux...
- Pas du tout !
Elle leva les yeux au ciel.
- Je t'ai entendu, Ulysse...
Je soupirai. Plus besoin de le cacher dans ce cas. J'étais moche et faible, quel homme idéal !
Sara continua :
- Je sais que tu veux rester fort devant les autres, mais je sais aussi que, quand quelqu'un t'insulte, ça te blesse énormément...
Une pointe de colère pinça mon cœur. Comment pouvait-elle savoir ? Elle n'avait jamais vécue la souffrance que j'avais enduré !
- Comment tu peux savoir ça ? T'es pas dans ma tête ! Je m'en fou de ce que disent les gens !
- C'est ta fierté qui parle Ulysse... Si tu disais la vérité, tu ne serais pas parti te cacher dans ma chambre pour pleurer et tu aurais répondu à la question de Caro.
Je soupirai. Elle avait raison. Je portais de l'attention à ce que les autres pensaient de moi. J'étais un monstre à leurs yeux. C'était donc réel ?
Je sentis les larmes me monter aux yeux. Ça ne servait plus à rien de les cacher. Pourtant, pour éclater en sanglot, je préférai plonger ma tête dans mes mains.
C'est alors que je sentis ses bras m'entourer et me serrer très fort. Je lui rendis son étreinte en plongeant ma tête dans son cou chaud et réconfortant. Elle me caressa le dos, ce qui me détendit instantanément.
Bientôt, mes sanglots cessèrent et je m'écartai de Sara avec un sourire triste.
- Merci Sara... T'es une vraie amie...
Mais j'aimerais tellement que tu sois plus... Je voulais lui en dire plus sur moi. Peut-être que si je lui montrais le moi d'avant elle porterait son attention sur moi et pas sur les autres gars... Mais je devais lui dire toute la vérité sur moi... Elle le méritait. Je me lançai :
- Tu sais, j'étais beau avant... J'avais plein d'amis, je plaisais à toutes les filles... Mais j'étais un véritable connard... Je me suis fais haïr par beaucoup de gens... Toutes ces personnes qui se moquent de moi maintenant, ce n'est que le karma qui me revient dans la gueule. Je le mérite.
Sara secoua la tête. Pour appuyer mes propos je sortis ma photo porte bonheur de ma poche.
- Regarde.
Sara prit la photo et la contempla quelques instants.
- C'est moi. Enfin... Mon ancien moi, celui qui était beau.
La belle Sara détourna ses beaux yeux de la photo et secoua la tête.
- Celui qui était con tu veux dire ?
Je fronçai les sourcils. Je ne comprenais pas sa réaction... Elle se leva en soupirant et commença à parler :
- Ulysse, tu ne comprends donc rien ?
- Qu'est-ce que je devrais comprendre ?
Elle se mit à farfouiller dans un tiroir. Elle en sortit une feuille qu'elle me tendit en murmurant d'une voix douce :
- Je ne te trouve pas moche, Ulysse, sinon je ne t'aurais jamais demandé si je pouvais te dessiner !
Je fronçai les sourcils en regardant le dessin. C'était moi. Tout y était, mes yeux brun, mon nez et mes lèvres fines, ma cicatrice, les trous dans mon cuire chevelu... Tout.
- Il... Il est très beau ce dessin...
- C'est toi dessus.
Je serrai les dents. Le dessin était vraiment beau mais il représentait quelqu'un d'horriblement laid. Et, le pire, c'était que c'était hyper ressemblant...
Je répondis, d'un ton froid :
- J'ai vu, merci. Seulement, je pensais t'avoir dit que je ne voulais pas que tu me dessine.
J'étais vraiment en colère. Je me levai en secouant la tête. Il fallait que je m'en aille, l'atmosphère était vraiment étouffante ici.
- Je ferais mieux de me barrer d'ici...
Je fis mine de partir mais, quand je passai à côté de la jeune fille, elle m'agrippa par le poignet et me tira à elle. Nos corps étaient collés l'un à l'autre et nos souffles se mélangeaient. Elle rapprocha son visage du mien. Mon cœur criait de l'embrasser, mon cerveau de m'écarter d'elle. Cette fois-ci, qui allais-je écouter ?
Sara murmura :
- T'es vraiment stupide, Ulysse...
Et, avant que je n'ai pu faire le moindre geste, Sara écrasa ses lèvres pulpeuses sur les miennes. Pris dans le feu de l'action, je lui rendis son baiser, le cœur battant à mille allure.
Bien vite, mon esprit reprit le dessus sur mon cœur et je repoussai Sara précipitamment. Elle avait fait ça par pitié, c'est tout. Je posai ma main sur mes lèvres, ne me rendant pas compte de ce qu'il venait de se passer.
Elle m'avait embrasser et tout ça par pitié. Mais j'avais pas besoin de sa pitié, je n'avais besoin de la pitié de personne !
- Putain Sara, pourquoi t'as fais ça...?
Elle ouvrit la bouche mais aucun son n'en sorti. Je secouai la tête et quittai la chambre sans rien dire de plus. J'avais juste envie de rentrer chez moi et d'oublier tout ça...
En haut de l'escalier, je bousculai Valentin qui passait par là. Je ne m'excusais pas et continuai mon chemin. J'avais juste envie de sortir de cette maison étouffante...
J'arrivais enfin dans la rue. Je m'arrêtai un instant et pris une grande bouffée d'air. Je sentis les larmes brouiller ma vue à nouveau. Je repensai aux lèvres de Sara contre les miennes et je secouai la tête.
Ça ne pouvait être que de la pitié, une fille comme Sara ne pourrait jamais aimer un mec aussi moche que moi...
Voilà ! Encore un chapitre bien long !
Voici les petites questions :
- Que pensez-vous de la relation qu'a Ulysse avec lui-même ? Ce dénigrement...
- À la rentrée, pensez-vous que tout ira bien entre nos deux tourtereaux ?
- Pensez-vous que Caroline va évoluer ou rester une peste ou alors évoluer en restant une peste ?
Bref, voilà, l'acte "soirée" est terminé ! Les chapitres seront de nouveaux normaux à partir du prochain où l'on retrouvera notre petit Baptiste, ça faisait longtemps !
Aller, à la prochaine et bonne fêtes si on ne se voit pas dans un chapitre d'ici-là !
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