27- Valentin (la soirée)
Devant moi se dressait l'immense maison de la belle Sara. Comme elle m'avait demandé de venir plus tôt pour tout préparer, j'étais là deux heures à l'avance.
Je toquai à la grande porte en bois, le cœur battant. Quelqu'un vint m'ouvrir et, à ma grande horreur, ce n'était pas Sara mais Ulysse. Son visage était encore plus ignoble que dans le pire de mes souvenirs... Je me retins de grimacer.
Quand ses yeux se posèrent sur moi, je crus apercevoir une légère grimace déformer ses traits hideux. Au moins, on était tous les deux dans le même cas... Nous n'avions pas du tout envie de voir l'autre... Pourtant, nous n'avions pas le choix. Ulysse s'écarta de l'embrasure de la porte pour me laisser passer.
J'entrai dans la maison, clopin-clopant avec mes éternelles béquilles.
À l'intérieur, ça sentait bon le gâteau. Je humait l'air avec bonheur tandis que Sara fonçait sur moi telle une furie :
- Tu as apporté l'alcool ?!
Je souris.
- Évidemment ! Tout est dans mon sac !
Je posai le fameux sac par terre et un bruit de verre s'entrechoquant se fit entendre. Les beaux yeux bleu de la magnifique jeune fille s'illuminèrent.
- Génial, t'es le meilleur Valou !
Je sentis mon cœur faire un immense bond dans ma poitrine. C'était l'effet que me faisait Sara à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche...
- Ulysse vient m'aider à tout disposer sur les tables !
Le jeune homme hocha la tête et rejoignit la jeune fille avec un petit sourire. Aussitôt, un sentiment de jalousie m'envahit. Mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien trouver à ce type au visage si monstrueux ?
- Et moi, je fais quoi ?
- Toi ? Euh... Tu peux aller t'asseoir. De toute façon, tu ne peux pas être trop utile avec tes béquilles...
Je serrai les dents. Elle se fichait de moi ? Pourquoi m'avait-elle demandé de venir avant dans ce cas ? Je savais la réponse. Elle n'avait pas besoin de moi, elle avait juste besoin que je lui apporte de l'alcool... Maintenant que j'avais accompli ma mission, je ne lui servais plus à rien...
- C'était bien la peine que je vienne en avance tiens...
Sara se sentit obligé de s'excuser :
- Désolée, Valou... J'avais complètement oubliée que tu étais en béquilles... Si j'avais su, je ne t'aurais pas demandé de venir en avance...
Mon cœur se serra. Et elle se serait retrouvé seule avec Ulysse. Ça l'aurait bien arrangé...
Je soupirai :
- Rho... Mais t'as vraiment rien à me faire faire ? Parce que là, je vais bien me faire chier pendant deux heures...
Elle sourit tout en continuant à disposer des aliments sur une table.
- Ne t'inquiète pas, j'ai dit aux gens de venir plus tôt ! Et, j'ai une super mission pour toi ! Tu récupèreras les vestes de tout le monde pour les ranger dans le vestibule !
Je retins à nouveau une grimace. Ça ne pouvait pas être vrai, elle se fichait forcément de moi...
Quand les deux tourtereaux eurent terminés leur tâche, ils vinrent me rejoindre sur les chaises du salon.
- Maintenant, il faut choisir lequel d'entre nous sera le SAM.
- Je veux bien.
Ulysse venait de parler. Sara parut déçue.
- Pourquoi ?
Ulysse haussa ses épaules.
- Je n'aime pas boire.
- Rho mais moi je voulais que ce soit Valou le SAM !
À l'entente de mon nom, je fronçai les sourcils. La blague continuait, quand est-ce que ça allait s'arrêter ?
- Pourquoi moi ?
Elle croisa ses bras contre sa poitrine en me regardant avec jugement.
- Tu sais très bien pourquoi Val...
Je me sentis indigné.
- Ben, non, je ne sais pas !
Elle soupira :
- Tu es chiant quand tu bois ! Tu as l'alcool triste, Val !
- Quoi ?! N'importe quoi !
- J'ai une vidéo de toi qui chiale comme un bébé parce que tu avais écrasé une fourmis... Tu veux que je la ressorte ?
C'est alors que Ulysse intervint :
- Mais, moi, ça ne me dérange pas du tout d'être le SAM vous savez...
Je pointais le garçon au visage déformé du doigt.
- Voilà ! Ulysse veut être le SAM ! Pourquoi ne pas le laisser faire ?!
- Parce que je veux qu'il s'amuse !
Ulysse soupira :
- Mais, tu sais Sara, on est pas obligé de boire pour s'amuser...
Elle ouvrit la bouche mais n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit. Quelqu'un venait d'entrer dans la maison comme si c'était chez lui. Les premiers invités arrivaient...
Sara se leva et planta un regard autoritaire dans le mien :
- Tu es le SAM, un point c'est tout. Va chercher leur veste maintenant.
Je ne pouvais pas résister à ce regard... J'étais donc condamné à passer l'une des pires soirée de ma vie à cause de ma faiblesse face à cette fille... Je soupirai en me dirigeant en boitillant vers les gens qui venaient d'arriver.
***
La fête battait son plein mais je m'ennuyais ferme. Je m'étais bien fais avoir... Je récupérais les vestes de tout le monde et les balançais en boule dans le vestibule. C'était ce que méritait tous ces gens qui me prenaient pour leur esclave !
C'est alors que j'entendis Sara prononcer mon nom. Elle discutait avec deux personnes que j'eus le malheur de reconnaitre. L'un était grand et musclé, ses cheveux brun étaient en bataille et il portait son éternelle veste en cuir noire. L'autre était grande, maigre à faire peur et ressemblait à un cadavre ambulant quoi qu'elle avait, pour une fois, fait un effort pour être à peu près présentable... Mais qu'est-ce que Philippe et son stupide toutou de Jacinthe venaient faire ici ?
Sara me fit un signe de la main sûrement pour que j'aille récupérer leurs vestes. Je fis une grimace discrète avant de me diriger vers eux à contrecœur d'un pas lent, aider par mes béquilles, comme toujours.
J'arrivai à leur hauteur en soupirant. Sara continua de parler en m'ignorant :
- Ensuite, amusez-vous, vous êtes là pour ça !
Puis, la belle jeune fille s'en alla me laissant comme une merde devant les deux acolytes que je haïssais.
Je pris mes deux béquilles dans ma main gauche et tendis ma main droite pour qu'ils me donnent leurs vestes. Je vis, dans les yeux noirs de Philippe, une certaine réticence. Il s'apprêtait à enlever sa veste mais se ravisa au dernier moment :
- Tu sais quoi, tu n'as qu'à me dire où est l'endroit où tu poses les vestes et je vais le faire pour toi.
Je levai les yeux au ciel. Pourquoi ça ne m'étonnait pas de sa part ? Il fallait que je réussisse à le convaincre, sinon, Sara n'allait pas être contente...
- Écoute, ma mission dans cette stupide soirée c'est de récupérer les vestes et de les ranger... Alors, si même ça, je ne peux pas le faire, je sens que je vais mourir d'ennui... Donnes-moi ta veste, je t'en prie. Je ne lui ferais rien, promis.
Je fixai Philippe pour voir sa réaction. Il soupira, ses yeux noir luisants de pitié. Il enleva sa veste et me la tendit. Mission accomplie !
- Prends en soin, j'y tiens.
Ça, je l'avais bien remarqué !
Je m'emparai de la veste de mon ennemi avec une certaine délicatesse qui me surprit moi-même.
Je plissai les yeux en fixant le vêtement. Qu'est-ce qu'elle avait de si spécial cette veste ? On aurait même dit que c'était du faux cuir...
Pour une raison que j'ignorai complètement, je sentis l'horrible besoin de taquiner le jeune homme :
- Peut-être que je vais laisser un petit crachat dedans, pour que tu te souviennes de moi.
Je regrettais instantanément mes paroles quand j'entendis la réponse de Philippe :
- Crois-moi, tu n'as pas besoin de faire une chose pareil pour que je me souvienne de toi...
J'eus la sensation que mon cœur allait exploser et j'eus soudainement chaud. Mais à quoi jouait-il ? Voulait-il ma mort à dire des trucs pareil ?! Je sentis le rouge me monter aux joues alors, je baissai la tête en marmonnant :
- Euh... Bon, je vais aller ranger vos vestes, à plus.
Et je m'en allais le plus vite possible en boitant, mes béquilles dans une main et la veste de Philippe dans l'autre. Ce n'est que lorsque j'arrivai près du vestibule que je remarquai que j'avais oublié de prendre la veste de Jacinthe, trop obnubilé par la présence de Philippe.
Je secouai la tête, j'étais vraiment stupide... Pourtant, les paroles de ma petite sœur me revinrent en tête. C'était possible d'avoir des sentiments pour deux personnes à la fois, même si l'une était une fille et l'autre, un garçon... Mais, quand même, avoir des sentiments pour Philippe alors que je le haïssait depuis le début, c'était un peu cliché, non ?
Je soupirai en rangeant la veste de Philippe sur un ceintre. Comme promis, j'en avais pris soin. Sinon, elle se serait retrouvé en boule par terre avec les autres...
Je refermai la portes du vestibule, toujours troublé par les mots du grand brun et par mes sentiments qui me rendaient complètement confus. Ce qui me ferait du bien en cet instant, c'était de pouvoir un peu m'amuser.
Je ne pouvais pas boire d'alcool mais qui avait dit qu'on avait besoin d'alcool pour s'amuser ?
Je me dirigeai vers la piste de danse, toujours appuyé sur mes béquilles. Une chanson entrainante était en train d'être diffusée et tout le monde sautait comme des fous en rythme avec les basses. Je tentais tant bien que mal de dansé mais c'était assez compliqué avec ma stupide jambe cassée...
- Valou !
Sara me sauta au cou et me serra dans ses bras. Mon cœur accéléra sa cadence, comme à chaque fois que j'étais proche physiquement avec la belle brune. Elle me fit un sourire en me soufflant son halène parfumée à l'alcool dans la face.
Je m'écartais d'elle en grimaçant. Je ne savais pas trop depuis quand la soirée avait commencé, mais, en tout cas, Sara n'avait pas perdue de temps pour se mettre une mine...
- Sara, t'es déjà complètement bourré...
Elle rigola.
- N'importe quoi ! J'ai les idées très clair ! En tout cas, je vois que tu m'as obéit et que tu n'as pas bu une goûte ! Et puis, je t'ai vu ranger toutes les vestes, c'est très bien !
Elle me félicitait comme si j'étais son petit chien... Il ne manquait plus que la friandise...
Une nouvelle musique commença et Sara se mit à danser de manière sexy devant moi en m'envoyant des regards provocateurs. Évidemment, ça me faisait un effet très fort... Mais, je me sentis mal et coupable lorsqu'elle vint tout près de moi en me prenant littéralement pour une barre de pôle dance.
Je la repoussai alors, doucement. Ce n'était pas bien, elle était bourré et pas du tout maitresse de ses mouvements. Elle n'aurait jamais ça si elle avait été sobre...
Sara repartit à la charge mais je l'évitai de justesse.
- Mais qu'est-ce que t'as, Valou ? Tu veux pas t'amuser ?
Je serrai les dents.
- Écoute, Sara, tu es complètement bourré... Ne fait rien que tu pourrais regretter...
Elle éclata de rire en envoyant sa tête en arrière.
- Ça fait des années que tu me tourne autour et, maintenant que tu peux m'avoir, tu me rejettes ? T'as vraiment un problème mon pauvre ! Mais, tant pis pour toi ! Moi, je peux avoir tous les mecs que je veux !
Comme pour confirmer ses dires, elle attrapa un type au hasard dans la foule et l'embrassa fougueusement. Je grimaçai. Et, bizarrement, l'image de Ulysse se dessina dans mon esprit. Le pauvre, tomber amoureux de Sara était vraiment la pire chose qui pouvait lui arriver...
Je m'éloigner d'elle, la haine au cœur.
***
Trois heures s'étaient écoulées où je n'avais pas réussi à éteindre ma colère. J'avais définitivement besoin d'alcool pour me calmer. Et, maintenant plus que jamais, je voulais désobéir à cette stupide Sara.
Durant ces trois heures, j'étais resté sur la piste de danse. J'avais tout fait pour ne pas croiser Sara mais, des fois, je l'apercevais dans les bras d'un nouveau gars. J'avais aussi croisé Jacinthe, complètement torchée, qui dansait avec des mouvements vraiment bizarre.
Mais là, j'en avais marre de danser. Il fallait que j'aille m'asseoir, j'avais mal à la jambe. Il fallait aussi que j'extériorise ma haine en parlant avec quelqu'un, n'importe qui. Et, enfin, il fallait absolument que je boive un coup.
Je me dirigeai vers les tables de consommations. Je vis Ulysse et Philippe assit sur des chaises en train de discuter. Sans réfléchir, je les rejoignis et m'assis en leur compagnie. C'était l'heure de vider mon sac !
- Je vous jure, j'en ai marre de cette soirée de merde ! Pourquoi Sara me donne toujours les rôles ingrats pendant que, elle, elle peut draguer tout ce qui bouge ?! Non mais regardez là danser avec ce minable !
En effet, Sara avait trouvé une nouvelle proie et dansait de manière très sensuelle avec lui. Je vis du, du coin de l'œil, Ulysse se renfrogner sur sa chaise et j'eus légèrement pitié de lui.
- Euh... Tu veux boire un truc pour te calmer ?
Un élan de colère m'envahit à nouveau :
- Non parce que, devinez quoi, madame m'a désigné SAM de la soirée !
Je vis Philippe faire un sourire qui fit battre mon cœur plus vite et qui me donna chaud. Mais je mis cette soudaine chaleur sur le compte que je venais de danser pendant trois heures. Il me demanda :
- Pourquoi elle t'a nommé SAM ?
- Pff... Elle dit que j'ai l'alcool triste... Qu'est-ce que ça veut dire, ça, avoir l'alcool triste ?
Philippe échangea un regard avec Ulysse dont j'avais presque oublié la présence. C'était l'effet que me faisait Philippe... Quand il était là, j'oubliais le monde autour...
Ulysse prit la parole :
- Si tu veux, je peux être le SAM, vu que je ne bois pas.
Et dire que, au début de la soirée, on s'était disputé à cause de ça avec Sara... Mais, maintenant, cette proposition me semblait vraiment alléchante... Surtout que je ne comptais plus obéir à Sara ce soir !
- Moi aussi je peux l'être, je ne peux pas boire, je rentre en moto.
Je ne pus retenir un sourire de s'afficher sur mon visage. Et dire que je prenais ces deux types comme mes ennemis...
- Vous êtes sérieux ? Vous feriez ça pour moi ?
Philippe haussa les épaules.
- Ça va pour cette fois.
Ulysse se contenta de hocher la tête. Je me levai précipitamment, oubliant presque que j'étais blessé.
- Super !
Je me précipitai vers la table des boissons et me servis un mélange d'alcool que je connaissais comme étant particulièrement fort. Je bus tout le verre d'une traite et m'en resservi un autre avant de m'éloigner des tables.
Je bus mon deuxième verre aussi vite que le premier et je me sentis tout de suite mieux et plus léger. Il m'en fallait plus !
Je retournai à la table et décidai d'emporter la bouteille de vodka entière avec moi. Ce sera plus pratique que de retourner à la table à chaque fois !
***
Quand j'eus fini de boire la bouteille entière, je me sentis mal et, surtout, comme un minable. Pourquoi j'avais besoin de boire comme ça pour me sentir bien ? Pourquoi j'avais l'impression que tout le monde autour de moi était heureux alors que moi, je me sentais si triste ? Ça ne m'étonnait pas que tout le monde me déteste..
Je me sentis soudainement suffoquer, comme si je manquais d'oxygène. Il fallait que j'aille prendre l'air dans un coin isolé. Il y avait vraiment beaucoup trop de monde ici...
Je regardai autour de moi à la recherche de mes béquilles. Mais, je voyais tout flou et la terre tournait ce qui me donnait une horrible envie de vomir. Et merde, en plus d'être un minable, j'avais réussi à perdre mes béquilles dans la foule ! Je n'avais vraiment plus aucun souvenir de ce que j'en avais fait... Tant pis.
Je me hissait tant bien que mal dans les escaliers, je ne savais pas trop comment. Je crois que j'étais en train de ramper mais je n'en étais même pas sûr...
J'espère qu'à l'étage, il y aura moins de monde... Malheureusement, ce fut tout le contraire. Le couloir était bondé de couple qui s'embrassaient à pleine bouche voire plus. Je grimaçai et les larmes me montèrent aux yeux. Pourquoi je n'étais pas comme eux et ne profitais pas de cette soirée pour avoir une fille canon dans mon lit ?
C'est alors que je perdis l'équilibre et tombai à la renverse, m'éclatant au sol. Une douleur fulgurante me parcourut la jambe. Heureusement, personne ne semblait avoir remarqué ma chute. Je reniflai bruyamment tandis que les larmes continuaient de couler à flot.
- Val, qu'est-ce que t'as ?
Philippe était apparu dans mon champ de vision sans que je sache d'où il venait. Il était vraiment beau avec ses cheveux en bataille et ses yeux noir profonds... Soudain, des flash de notre relation me revinrent en mémoire. Moi, le forçant littéralement à péter un câble et donc, condamnant tout le monde à ces cours nuls du vendredi soir.
J'essayai de calmer mes sanglots et bégayai, essayant de m'excuser :
- Je... C'est... C'est de ma faute...
Je n'avais réussi qu'à dire ça... Je reniflais pour aspirer la morve qui menaçait de sortir de mon nez et plantai mon regard vert dans le sien. Avait-il comprit mes excuses ?
Philippe se gratta la nuque avec un petit sourire :
- Quand Sara disait que tu avais l'alcool triste, c'était donc vrai !
J'eus encore plus envie de pleurer. Sara avait raison, comme toujours. Je n'aurais pas dû boire...
J'avais juste besoin de réconfort... Alors, je me levai tant bien que mal en ignorant la douleur dans ma jambe plâtrée et la terre qui tournait. J'écartai les bras :
- Est-ce que je peux avoir un câlin ?
Je m'approchai du grand brun, les bras tendu vers lui mais, il m'évita.
- Désolé, mais j'ai vraiment envie de faire pipi...
Et il entra dans la pièce devant laquelle je me trouvais qui devait être les toilettes.
Les larmes recommencèrent à couler. Qu'est-ce qui m'avait pris de lui demander ça ? Il était censé être mon ennemi, il me détestait ! Évidemment qu'il allait refuser de me faire un câlin ! J'étais juste trop stupide !
Je serrai le poing, me retenant de l'abattre contre le mur en face de moi. Il me fallait un autre verre pour me calmer. Je descendis donc dans le salon.
Bizarrement, la musique était éteinte, la lumière allumée et tout le monde était assis en cercle sur le sol du salon. Je fronçai les sourcils mais ne posais pas de question. Je décidai de rejoindre tout le monde en boitant, une immense douleur me vrillant dans la jambe.
Je pris place à côté de Sara qui me fit un sourire désolé. Son maquillage avait coulé, sûrement à cause de la transpiration. Elle me désigna un coin dans la maison où étaient posées mes béquilles. Mes yeux s'illuminèrent à leur vue, fini la douleur ! J'irai les chercher à la fin du jeu...
Philippe rejoignit à son tour le cercle et s'assit aux côtés de Jacinthe, qui semblait encore plus morte que moi, juste en face de moi...
***
On jouait depuis une heure et j'avais déjà embrassé un nombre incalculable de filles. À chaque baisers, je jetai un coup d'œil à Philippe pour voir sa réaction mais il semblait s'en foutre royalement et s'ennuyer ferme, ce qui me donnait envie de pleurer. Je sentais les larmes perlaient au coin de mes yeux mais je faisais tout ce que je pouvais pour ne pas les laisser sortir.
- Jacinthe, action ou vérité ?
La jeune fille aux longs cheveux blond choisi "vérité".
- Il y a un truc entre Philippe et toi ?
Je me redressai, soudainement intéressé par la réponse. Jacinthe grimaça :
- Non, pas du tout !
- Vous semblez proches pourtant...
Ce type avait raison. Philippe et Jacinthe était beaucoup trop proches à mon goût... Depuis tout à l'heure, elle dormait sur l'épaule musclée du grand brun. Ça me rendait extrêmement jaloux !
- Flip, c'est comme mon frère ! Jamais je ne m'imaginerais faire quoi que ce soit de romantique avec lui !
- Je confirme !
Je me sentis tout de suite rassuré par la confirmation de Philippe. Donc, je n'avais rien à craindre de Jacinthe finalement...
Je secouai la tête. Mais qu'est-ce qui me prenait enfin ?! L'alcool me rendait vraiment fou ! Plus jamais je ne boirais en soirée !
Ce fut au tour de Jacinthe de demander à quelqu'un "action ou vérité". Elle le demanda à Philippe et le garçon choisi "action".
Le regard bleu cadavérique de Jacinthe se posa sur moi et elle eut un sourire diabolique. Je ne compris pas ce qu'elle me voulait jusqu'à ce qu'elle prononce les mots suivants :
- Vu que, au début de la soirée, tu étais en train de le draguer, maintenant, tu vas l'embrasser !
La mâchoire de Philippe se crispa tandis qu'il s'approchait de moi à quatre pattes. Je fronçai les sourcils. Qu'allait-il se passer exactement ?
Soudain, Philippe m'agrippa le menton et m'obligea à lever ma tête vers lui. Je croisai son regard noir profond et mon cœur commença à n'en faire qu'à sa tête. Merde... Il était vraiment en train de faire ce que Jacinthe lui avait demandé de faire ? Il allait vraiment m'embrasser, là, maintenant ?
Il approcha son visage du mien et murmura, pour que moi seul l'entende :
- Tu voulais que je te fasse un câlin tout à l'heure... Tu vas voir, ça va être encore mieux.
Des papillons s'envolèrent dans mon ventre tandis que le brun posait ses lèvres douces sur les miennes. Je fermai les yeux, me sentant léger. J'avais l'impression de pouvoir m'envoler à tout moment...
Malheureusement, le moment fut beaucoup trop court à mon goût. Quand Philippe écarta son visage du mien, je vis dans ses yeux une lueur étrange. Comme si il était troublé par ce baiser...
Je secouai la tête en fermant les yeux. J'avais sûrement rêvé car, en rouvrant les yeux, la lueur dans ceux de Philippe avait disparu, laissant place à de l'agacement :
- Voilà, vous êtes tous satisfait ? Gravez cette image dans votre esprit parce que ça n'arrivera plus jamais ! Bref, j'arrête de jouer... Je pense qu'on va rentrer, Jacinthe a l'air crevé...
Je me sentis déçu. N'avait-il pas ressentit le même sentiment que moi durant ce bisou ? Je serrai les dents, retenant mes larmes. Je n'étais qu'un minable...
Philippe quitta la maison en portant Jacinthe comme un sac à patates. Mais, avant qu'il ferme la porte, je réussi à croiser son regard. Je sentis comme si de l'électricité me parcourait tout le corps et je détournai le regard.
- Bref, on peut continuer à jouer ? Je propose que ce soit à mon tour de poser une question à quelqu'un si personne n'y voit d'objection !
Caroline, la meilleure amie de Sara, venait de parler. Elle envoya ses cheveux colorés en blond platine derrière ses épaules et se tourna vers Ulysse. J'eus une sensation étrange. Dans les yeux de la jeune fille brillait de la cruauté à l'état pure...
- Alors Ulysse ? Action ou vérité ?
- Vérité.
Caroline eu un sourire diabolique et fit un clin d'œil à ses amies avant de poser la question :
- Ulysse, pourquoi es-tu aussi moche ?
Une boule se forma dans ma gorge et j'eus envie de pleurer encore une fois. Un silence pesant s'installa dans le salon et je me sentis extrêmement mal à l'aise. Ulysse restait le regard baissé sur le sol et ne disait rien. Bizarrement, j'avais envie de le prendre dans mes bras alors que, d'habitude, j'étais le premier à m'amuser à l'insulter...
- On attend une réponse, le moche !
Ulysse se leva alors, sans rien dire et quitta la pièce. Je le vis monter les escaliers qui menaient vers les chambres. Caroline éclata de rire :
- Ooooh le pauvre, il est allé pleurer dans son coin ! Tant mieux, ça me fera du bien aux yeux ! Ahahah !
Si ça ne tenait qu'à moi, je lui aurait enfoncer mon poing dans la figure pour la faire taire. Malheureusement, je n'arriverais sûrement pas à tenir debout et ne ferais que me ridiculiser devant tout le monde...
Ce fut Sara qui se leva et qui cria :
- Non mais ça va pas ?! Il ne t'as rien fais !
Caroline se leva à son tour en rejetant ses cheveux en arrière, comme si c'était un réflexe pour elle. Elle dit, d'un ton moqueur :
- Qu'est-ce qu'il y a Sara ? Tu ne supportes pas qu'on dise la vérité ?
Ensuite, tout se passa très vite. La claque que mit Sara à son ancienne meilleure amie résonna dans toute la pièce et, déjà, une marque rouge se formait sur la joue de la fille aux cheveux platine. Sara cria :
- T'es vraiment trop conne Caroline !
Puis, elle sortit du salon. Elle monta les escaliers, sûrement pour aller rejoindre Ulysse.
Moi, je restais planté là, ne sachant que faire. Tous les autres gens de la fête entouraient Caroline en s'indignant du comportement de Sara.
Je serrai les dents. Ils étaient tous con ou quoi ? Ce n'était pas Sara qui était en tort ici !
Je me levai péniblement et allai chercher mes béquilles. Je n'avais plus rien à faire ici, la soirée semblait être terminée.
Pourtant, lorsque je me dirigeais vers la porte de sortie, je me sentis soudainement coupable. Je ne pouvais pas partir en laissant Ulysse et Sara dans cet état... Je soupirai et fis demi-tour.
Je montai les escaliers, ce qui était bien plus simple à faire avec des béquilles. Quand j'arrivai en haut, un Ulysse en colère me fonça dessus comme une furie. Il ne dit rien, ne s'excusa même pas et continua son chemin.
J'hésitai à le suivre pour voir si il allait bien mais j'entendis des sanglots venir de la chambre de Sara. Mon cœur se serra. C'était Sara qui pleurait...
J'entrai donc dans sa chambre en demandant, d'une voix légèrement pâteuse, n'ayant pas entièrement décuvé :
- Sara, tout va bien ?
Elle était assise sur son lit et tenait sa tête dans ses mains. Je compris tout de suite qu'il s'était passé quelque chose de pas très cool avec Ulysse.
Elle leva sa tête vers moi, ses yeux bleu étaient brouillés par les larmes. Elle murmura :
- Ulysse me déteste...
Je la serrai dans mes bras et elle plongea sa tête dans mon cou. Je lui caressai le dos pour l'aider à se calmer.
- Je suis sûr que non... Il est juste un peu bouleversé avec tout ce qu'il vient de subir...
Elle s'écarta de moi et me fit un sourire triste avant de déclarer :
- Je crois que c'est vraiment la pire soirée de ma vie...
Je lui rendis son sourire.
- Pour moi aussi.
- Tu crois qu'ils sont tous partis ? Je n'ai plus vraiment la Foix de descendre pour tous les virer de chez moi...
Je haussai les épaules.
- Je pense qu'ils vont comprendre tout seuls qu'il est temps de partir... Bon, je vais te laisser maintenant...
Je fis mine de partir mais Sara me rappela :
- Attends, Val ! Tu veux bien rester dormir ici ? J'ai vraiment besoin de quelqu'un là...
Je souris en faisant demi-tour.
- C'est d'accord.
Les questions :
- Que pensez-vous du perso de Valentin ?
- Que pensez-vous de sa relation avec Philippe ?
- Que pensez-vous de sa relation avec Sara ?
- Que pensez-vous de Caroline ?
- Vous avez remarqué que j'avais oublié la présence des béquilles dans les chapitres précédents (honte à moi) ?
- Alcool à consommer avec modération, merci.
Voilà, ce sera tout ! À la semaine prochaine !
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