23- Ulysse
- Alors, Ulysse, que vas-tu faire pendant les vacances ?
Je soupirai. Les vacances étaient déjà bien entamées et je n'avais absolument rien fait. Je haussai donc les épaules et plongeai mon regard dans celui de ma psychologue :
- Je n'ai rien fais et je ne vais sûrement rien faire.
Ce fut au tour de ma psy de soupirer. On dirait qu'elle avait pitié de moi. Je me renfrognai dans mon siège.
- Tu ne vas même pas voir tes amis ? Tu sais, ceux dont tu m'as parlé qui vont avec toi au cours du vendredi soir... Avec cette fille qui semble beaucoup te plaire...
Je grimaçai. Je n'avais jamais dis à ma psy que Sara me plaisait. Elle avait dû le deviner toute seule. En même temps, je n'arrêtais pas de lui parler d'elle, ça m'apprendra...
Je répondis, évasif :
- Je ne vois pas Baptiste, il est partit chez son père pendant toutes les vacances...
- Et les autres ?
Je levai les yeux au ciel.
- Peut-être que je vais les voir, oui.
La femme me scruta. Ses petits yeux vert encadrés par des lunettes rondes semblaient sonder mon âme. Je frissonnai tandis que ma psy, madame Stéphanie Kruger, ouvrit ses minces lèvres pour dire ces quelques mots :
- Tu vas à une soirée, n'est-ce pas ?
Je baissai la tête. C'était flippant, cette femme pouvait clairement me lire comme un livre ouvert... Je détestais cette sensation de ne rien avoir à lui cacher...
Je haussai à nouveau les épaules.
- Je ne sais pas encore si je vais y aller...
Stéphanie pencha sa tête sur le côté et sa queue de cheval grisonnante suivit le mouvement.
- Pourquoi ?
Je serrai les dents. Je détestais vraiment aller chez le psy... Je décidai de la prendre à revers. Je me penchai sur le bureau et plissai les yeux tout en scrutant la femme devant moi. Elle arqua son sourcil fin.
- Vous ne le devinez pas, madame ?
Ses fines lèvres s'étirèrent en un léger sourire.
- Tu veux vraiment que je te dise ce que je pense ?
Je savais que j'étais perdant à ce jeu-là, mais c'était trop tard maintenant.
- Allez-y, je vous en prie.
J'ajoutais un geste de la main pour appuyer ma phrase. La femme prit un air légèrement exaspéré avant de me répondre :
- Comme tu voudras. Je pense que tu as peur parce que, à cette soirée, tu seras exposé. Tu as envie d'y aller car tu pourras passer un moment avec ta Sara chérie mais, tu n'as pas non plus envie d'y aller car il y aura tous les autres, ceux qui t'insultent, qui te jugent et qui se moquent de toi. Ça va faire mal à ton égo et tu as peur que ton armure disparaisse et laisse place aux larmes, tu penses que ça te rendrais faible aux yeux des autres. Et puis, tu n'as pas envie de pleurer devant la belle Sara, cela va de soi.
Elle s'arrêta quelques instants pour reprendre son souffle. Je joignis mes genoux contre ma poitrine et me mis en position fœtal dans mon siège. Elle avait raison sur toute la ligne... Je n'aurais pas dû la chercher comme ça, je me sentais mal maintenant...
Je soupirai tandis que la psy vint poser sa grande main aux longs doigts gracieux sur la mienne.
- Ulysse, tu ferais mieux d'aller à cette soirée, ça te fera du bien de sortir un peu...
Je retirai vivement ma main en grimaçant.
- Qu'est-ce que t'en sais ?! T'es pas ma mère...
Un silence s'abattit dans la salle. Et merde, je n'aurais pas dû parler de ma mère... Stéphanie se racla la gorge et, comme je l'avais déjà deviné, entama un discussion sur ma mère :
- Et, d'ailleurs, ta mère, comment va-t-elle ?
Je haussai les épaules, ne voulant absolument pas parler d'elle.
- Comme d'habitude.
La femme à lunette soupira :
- J'ai connu des jours où tu étais beaucoup plus coopératif, Ulysse...
Je me levai de mon siège.
- Écoutes, il y a des jours avec et des jours sans ! Et aujourd'hui est un jour sans alors j'aimerais beaucoup rentrer chez moi !
Elle haussa les sourcils en me scrutant, comme d'habitude.
- S'il te plait, bien sûr !
Elle sourit, attendri et se leva à son tour. Elle était vraiment grande, ça m'impressionnait à chaque fois qu'elle se levait !
Elle me tendit sa grande main en disant :
- Très bien. Je pense qu'on s'est tout dit pour aujourd'hui. De toute façon, la séance allait bientôt se terminer.
Je me sentis tout de suite soulagé. Je mis ma main dans la sienne et elle l'a serra. Le contact chaud m'apporta une certaine dose de réconfort, je ne pouvais le nier.
- On se voit la semaine prochaine. Ne rates pas ta séance, cette fois-ci...
Je baissai les yeux, un peu honteux. C'était vrai que je séchais souvent mes séances de psy...
- C'est pas contre toi, Stéphanie, mais aller chez le psy, c'est pas vraiment mon truc...
- C'est ça, oui.
Elle me lâcha la main et retourna s'asseoir à son bureau. Malgré le ton sérieux qu'elle avait employé, je vis une lueur de malice dans ses yeux vert qui faisait briller son visage chaleureux.
Je me détournai en serrant les dents. Elle devait aimer ça, les gens perturbés... J'étais juste un défi de plus pour elle... Si elle arrivait à me réparer, elle serait sans doute la plus heureuse des femmes ! En plus, je lui rapportais un certaine somme d'argent... Et dire qu'on gaspillait nos sous dans des trucs aussi inutile...
Je sortis de la pièce sans dire au revoir et sans un regard en arrière.
J'arrivai dans une salle d'attente où il n'y avait personne. Enfin... presque personne. J'aperçus Andréa agenouillé dans un coin de la salle.
Andréa était vraiment quelqu'un de très spécial. Déjà, ses pronoms n'étaient ni "il/lui", ni "elle", alors cela me perturbait. Je ne savais pas du tout comment l'appeler.
En plus, Andréa était ultra dépressif/ve, iel avait tenté plusieurs fois de se suicider mais sans succès... Mais, en plus de ça, iel était vraiment étrange. Iel vivait clairement dans un autre monde.
Comme là, iel était en train de fixer le carrelage comme si quelque chose de maléfique allait en sortir. Je m'approchai :
- Hey, comment ça va ?
Andréa leva ses yeux marron inexpressifs vers moi. Quand iel me reconnut, iel se leva. Iel faisait deux tête de plus que moi. Andréa me fixa sans rien dire, je fis donc de même.
Ses cheveux brun et long étaient tout emmêlés, comme si iel ne les avait pas brosser depuis deux semaines. Son teint était blafard et des cernes noires, presque violette, ornaient ses yeux marron.
Enfin, au bout de ce qui me parut une éternité, Andréa me répondit, un sourire étirant ses lèvres charnues :
- Je vais bien.
Iel ne me retourna pas la question, ça ne l'intéressait sûrement pas de connaitre mes états d'âme.
- J'espère que t'as pas trop énervé Steph... La dernière fois, elle était incontrôlable !
Je souris.
- Oups, désolé. Je pense que je ne l'ai pas raté non plus, durant cette séance...
Andréa grimaça.
- C'est pas cool, mec, c'est pas cool.
Puis, comme si je n'étais jamais venu le déranger, Andréa se remit en position à genoux et reporta son attention sur le sol.
Mon cœur s'empli de pitié. Iel me faisait de la peine...
Je me détournai et sorti de la salle en disant :
- À la semaine prochaine, Andy !
Mais Andréa ne me répondit pas, trop absorbé par le carrelage et le vilain monstre qui en sortait sûrement.
Voilà le chapitre est fini ! Maintenant, j'ai quelques questions :
- Que pensez-vous du personnage de Ulysse globalement ?
- Et que pensez-vous du nouveau perso Andréa ?
- Vous pensez comme Ulysse à propos des psy ?
- Que pensez-vous de la relation Ulysse/Sara ?
Voilà ce sera tout pour les questions ! Vous n'êtes pas obligé d'y répondre, évidemment mais je trouve ça intéressant !
Bref, à la prochaine pour le chapitre suivant ! Gros bisous !
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