22- Sara
Plus les jours avançaient, plus ma chambre était en bordel. C'était une catastrophe, des feuilles vierges, des crayons et des feutres jonchaient le sol. On ne pouvait pas faire un pas sans écraser quelque chose. En même temps, je passais mes journées enfermé dans ma chambre en pyjama à dessiner.
J'adorais ça. C'était comme être dans un cocon. Je devenais une chenille pendant deux semaines puis, à la rentrée, je me transformais à nouveau en papillon !
Malheureusement, j'avais prévu une grosse soirée pendant ces vacances... J'allais devoir tout ranger et me déguiser en papillon pendant tout une soirée. Je grimaçai. Je regrettais de plus en plus d'avoir organisé cette soirée... Surtout que j'avais invité Caro et toute la bande...
Mais j'avais aussi invité Ulysse et il m'avait confirmé sa venue ! Ça, c'était une excellente nouvelle ! Parce que plus les vacances avançaient et plus le garçon au visage atypique me manquait. Son rire, sa voix mélodieuse, sa gentillesse, son charisme... Juste sa présence en fait. Tout de lui me manquait.
Je soupirai en passant un dernier coup de crayon sur mon croquis.
- Chérie ! Nous partons !
- Oui !
Mes parents travaillaient aussi pendant les vacances. Donc j'étais seule toute la journée. Ça ne me dérangeait pas, au contraire. La solitude me faisait du bien.
J'entendis la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. Puis, la voiture démarra. Mes parents étaient partis, j'étais maintenant seule.
Je souris en soupirant à nouveau. C'était maintenant l'heure de mettre de la couleur sur mon dessin ! Je m'emparai d'un feutre rouge en agrandissant mon sourire. Mettre de la couleur, c'était mon moment préféré du dessin. C'était comme si je le maquillai pour lui cacher son vrai visage...
Soudain, mon téléphone se mit à sonner. Je sursautai. Qui pouvait m'appeler alors que c'était les vacances ?
Je regardai l'écran avec curiosité. Je fronçai les sourcils en voyant le prénom afficher. Caroline. Qu'est-ce qu'elle me voulait ?
J'hésitai à décrocher. Je ne portais plus trop cette fille dans mon cœur, même si elle avait été durant longtemps ma meilleure amie... Je soupirai et fini par décrocher. Ma curiosité me perdra...
Bizarrement, la Caroline au bout du fil était en larme. Je l'entendis renifler bruyamment avant de dire d'une voix tremblante :
- Sara ?
- Oui, c'est moi... Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Je... Je... On peut se voir ?
Je grimaçai.
- C'est que... Je ne suis pas trop disponible là...
J'espérais qu'elle laisse tomber et qu'elle raccroche mais c'était bien mal connaître Caroline. Celle-ci éclata en sanglot.
- Non, ne me laisse pas ! J'ai besoin de te parler...
Elle renifla. Je levai les yeux au ciel. On dirait qu'elle jouait la comédie comme elle savait si bien le faire... Je me senti coincé. Je n'avais pas le choix... Je n'aurais jamais du décrocher à son appel...
- Bon, très bien... Où on se retrouve ?
Après un énième reniflement, Caro me répondit :
- Merci, tu es une véritable amie ! Rendez-vous au terrain de jeu !
Ses remerciements sonnaient tellement faux... De toute façon, tout dans cette fille était faux. Et j'étais comme elle.
- Ça marche, j'arrive.
Le terrain de jeu. C'était l'endroit où on s'était rencontré, elle et moi quand on était plus jeune. Et, depuis, c'était le lieu de nos réunions potins.
Je raccrochai et allai me regarder dans le miroir de ma commode. Je grimaçai en voyant mon reflet. J'avais l'air d'un véritable zombie. Même si on était en vacances, je dormais toujours très peu, voire encore moins... Les cauchemars et les terreurs nocturnes étaient plus présents quand j'étais détendu, bizarrement.
Je commençai donc à me maquiller pour effacer toute trace de fatigue et paraitre belle aux yeux de Caroline. Elle n'était pas au courant de mon vrai visage malgré qu'on se connaissait depuis longtemps. Seuls les cinq du cours sans nom du vendredi soir étaient au courant. Et seul Valentin avait vu mon visage démaquillé.
Une fois le maquillage fini, j'enfilai mon gros sweat noir fétiche et sortis de chez moi.
Il faisait froid mais le soleil brillait dans un ciel bleu sans nuage. Les oiseaux chantaient joyeusement. La rue était vide.
Je marchai jusqu'au terrain de jeu, les mains dans les poches et la tête baissé.
Arrivé au point de rendez-vous, je m'assis sur une balançoire en attendant la venue de mon ancienne amie. Le parc était aussi désert que la rue, tant mieux.
- Sara !
Caroline était arrivé par derrière et m'avais prit dans ses bras. Je maquais de tomber de mon perchoir.
- Eh, attention Caro !
La jeune fille au cheveux blond platine me lâcha et alla s'installer sur la balançoire à côté de la mienne. Je remarquai que ses yeux bleu étaient rouge. Elle avait réellement pleurer... Peut-être qu'elle ne jouait pas la comédie au téléphone après tout...
- Bon, alors, tu vas me dire ce qu'il se passe ?
Caro soupira en baissant la tête. Elle était soudainement absorbé par la contemplation de ses chaussures de marque. Je fronçai les sourcils. Maintenant que je la voyais devant moi, je trouvais qu'elle était étrangement pâle. Une tristesse émanait d'elle et son corps était tout recroquevillé. La dernière fois que je l'avais vu comme ça, c'était à la mort de sa mère...
J'écarquillai les yeux. L'un de ses proches était-il mort ?
- Caro, ton père va bien ?
Elle leva ses yeux vers moi. Ils brillaient de colère.
- Bien sûr qu'il va bien ! Monsieur a trouver une autre femme et il veut me la présenter ! Comment ose-t-il faire ça à maman !?
J'ouvris la bouche mais aucun son n'en sortit. Alors, c'était donc ça... Son père avait retrouvé l'amour et Caro n'était pas d'accord avec ça. Ça ne m'étonnait pas de Caro, elle avait toujours été égoïste...
- Écoute, Caro, tu devrais plutôt être contente pour ton père non ? Lui qui avait tant de mal à passer au dessus de la mort de ta mère...
L'adolescente aux cheveux teint me regarda, horrifiée.
- Non ! Ma mère...
Je la coupai, exaspéré :
- Ça fait 5 ans, Caro, il est passé à autre chose ! C'est ce que ta mère aurait voulu !
- Qu'est-ce que t'en sais ?!
Je levai les yeux au ciel. Cette discussion ne menait nulle part, j'aurais dû rester chez moi...
- Je ne sais pas ! Mais si ta mère aimait ton père alors, elle n'aurait souhaitait que son bonheur, non ?
Elle resta sans voix. Elle baissa à nouveau la tête. Elle murmura, comme pour elle-même :
- De toute façon, tu ne peux pas comprendre...
Elle avait raison. Je ne connaissais aucun proche qui était mort dans ma famille. Je ne connaissais pas la souffrance de perdre quelqu'un qui m'était cher...
Je soupirai et commençai à me balancer sur ma balançoire. Caroline leva son regard embué de larmes vers moi. J'allais de plus en plus haut. Quand j'étais petite, je rêvais de pouvoir faire un tour complet. Aujourd'hui, je ne savais même pas si c'était possible.
Je criai :
- La première qui arrive à faire un tour complet gagne un cadeau offert par l'autre !
Les yeux bleu de mon "amie" brillèrent de détermination. Elle essuya ses larmes d'un revers de sa manche puis, elle se mit à se balancer. Bientôt, elle rattrapa ma hauteur en hurlant :
- Sort ton porte monnaie ma belle !
Je ris.
***
Finalement, aucune de nous deux n'avions réussit un faire un tour complet. Pour moi, c'était impossible, ça me faisait trop peur. Et sûrement que pour Caroline aussi mais elle ne l'aurait jamais admis.
Là, la nuit tombait. On était allongé à même le sol et on regardait le soleil descendre derrière les montagnes. Bizarrement, j'avais passé une excellente journée. C'était comme si on avait remonté dans le temps, à l'époque de notre rencontre où on passait toutes nos journées dans ce parc.
Je soupirai, le cœur léger. Je me sentais tellement bien, là ! J'aurais aimé resté comme ça pour toujours mais, malheureusement, Caroline reçu un coup de fil de son père inquiet qui lui demandait de rentrer.
Celle-ci se leva et me tendit la main pour m'aider à faire de même. Elle me fit un sourire qui était terriblement sincère, ce qui me fit mal au cœur.
- Merci pour cette journée...
Je souris.
- Oui, c'était cool !
Un silence s'installa entre nous. C'était comme si ce coup de téléphone avait fait, à nouveau, de nous des étrangères. Mon cœur se serra à cette pensée.
- Bon, ben j'y vais. On se voit à ta soirée !
je hochai la tête avant d'ajouter :
- N'en veut pas à ton père Caro, et essaie de faire un effort avec ta nouvelle belle mère... Si ça se trouve c'est une femme génial !
Le visage de Caro se ferma et elle ne dit plus rien. Elle se détourna et parti sans se retourner. Mon cœur se brisa.
Cette journée avait été hors du temps mais, maintenant, la vie reprenait son cours. C'était comme ça... Caro et moi, ce ne serait jamais plus comme avant.
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