20- Jacinthe

Aujourd'hui était un jour spécial. C'était le jour du tout premier rencard de toute ma vie.

J'étais seule dans l'appartement de Philippe. Il était parti faire je ne sais quoi, je ne sais où et ça m'étais bien égal. Je ne pensais qu'à cet après-midi. Mon premier rencard...

Enfin, je ne devais pas me faire d'illusion. Pour l'instant, c'était juste un rendez-vous entre deux amis pour apprendre à se connaître. Mais rien que le fait de revoir Nicolas me faisait battre mon cœur à mille allures.

On avait prévu de se rejoindre à 14h à un petit bar pas très loin d'ici. Là, il était 10h et je commençais à paniquer. Je ne savais comment m'habiller et je me trouvai horriblement moche. Peut-être que je pouvais encore annuler en prétextant une excuse bidon ?

Je m'emparai de mon téléphone, prête à tout annuler. Seulement, j'avais reçu un message. Un message de Baptiste...

De Baptiste :

C'est aujourd'hui ton rencard ! N'oublie pas, sois toi-même, tu vas tout déchirer !

Mon cœur se serra. Baptiste était vraiment le garçon le plus gentil que je connaissais. Et pourtant, je le traitais comme une merde...

Je soupirai. Je ne pouvais pas annuler. Je ne voulais pas décevoir le rouquin... Je lui répondis donc :

À Baptiste :

Oui, c'est aujourd'hui ! Mais je stress vraiment trop... Tu sais comment il faut s'habiller pour un rencard ?

Il n'avait peut-être aucune expérience en amour mais, j'en suis ici grâce à lui. Bientôt, sa réponse arriva :

De Baptiste :

Habille toi en mode simple, c'est toujours mieux pour un premier rencard.

Je souris. J'envoyais un message de remerciement et allai fouiller dans mon gros sac.

J'en sorti un T-shirt noir recouvert de fleurs et un jean noir et filai à la salle de bain.

Pendant que je me pomponnais, j'entendis la porte de l'appartement s'ouvrir. Philippe était rentré. Il toqua à la porte de la salle de bain.

Je lui fis comprendre que j'y étais et que j'en avais encore pour un bon bout de temps. Je l'entendis râler de l'autre côté de la porte puis, il alla s'enfermer dans sa chambre.

Je levai les yeux au ciel tout en coiffant mes longs cheveux blond. Quelle coiffure je pouvais bien faire ?

Après quelques essais, je choisi de laisser mes cheveux lâchés. Attacher mes cheveux révélait trop mon visage que je trouvais bouffi.

Ensuite, je m'occupais du maquillage. Un peu de fond de teint pour rendre mon visage moins blafard. Du mascara pour rehausser mes cils. Un léger rouge à lèvre. Pas plus. De toute façon, je ne savais pas me maquiller plus.

Le visage de Sara me vint en tête. Comment faisait-elle pour se maquiller aussi bien ? J'aimerais beaucoup qu'elle m'apprenne mais je n'oserais jamais lui demander...

Soudain, Philippe revint taper à ma porte comme un bourrin.

- Jacinthe maintenant sort de là ! Je dois prendre une douche, j'ai sué, je suis en train de m'asphyxier avec ma propre puanteur !

Je souris en me jetant un dernier regard dans le miroir. Ça allait... J'avais un peu arranger les dégâts...

Je sortis donc de la salle de bain et tombais sur un Philippe torse nu et dégoulinant de sueur. Je grimaçais en le laissant passer. Il s'enferma à son tour dans la salle d'eau sans me dire un mot.

Je regardai l'heure. 11h30. Il me restait deux heures et demie à tuer avant mon rendez-vous...

Je m'assis sur le canapé et allumai la télé pour m'occuper l'esprit. Je tombais sur une émission de cuisine. La femme devait préparer un dîner que ses invités critiqueraient après l'avoir mangé. Je grimaçais en zappant. Ça me donnait trop faim.

Cette fois-ci, je tombais sur un documentaire animalier. Je soupirai en posant la télécommande.

Philippe sortit de la salle de bain et vint s'asseoir à côté de moi sur le canapé. Il me fixa quelques instants avant de dire :

- C'est moi où tu t'es fais toute belle ?

J'écarquillai les yeux en portant la main à mon visage.

- Tu... Tu trouves que c'est trop ?

Il secoua la tête.

- Pas du tout ! Tu es magnifique, ne t'en fais pas pour ça !

Il me fait un clin d'œil en continuant :

- Alors qui est l'heureux élu ?

Je sentis mon visage piquer un fare. J'avais soudainement chaud. J'expliquais à Flip la situation tout en essayant de rester impassible :

- C'est Nicolas. Tu sais le mec qui m'avait glisser son numéro dans mon pantalon ?

- Aaah oui ! Le mec que Bat t'as aidé à draguer ?

Si mon visage avait pu devenir encore plus rouge, il l'aurait sans doute fait.

- Oui... Oui c'est lui...

- Mais c'est génial ça ! Tu me raconteras tout à ton retour ! Je ne veux pas perdre une miette de ta vie amoureuse !

Je lui mis une tape amicale dans le dos et un petit rire sorti de sa bouche.

- Enfin bref, on a rendez-vous au bar à 14h...

Flip hocha la tête avec un petit sourire. Il murmura tout en passant son bras autour de mon épaule :

- Aaah ! Ma petite Jasse devient enfin grande !

Je soupirai avec un sourire. Ensuite, le silence revint dans l'appartement entrecoupé par des cris d'animaux. Nous portâmes donc notre attention sur le documentaire animalier.

***

Quelqu'un me secoua. J'ouvris les yeux. J'étais toujours sur le canapé devant la télé. J'avais dû m'endormir...

Je me redressai soudainement en ignorant Philippe. Je tournai ma tête vers l'horloge. 14h10. J'écarquillai les yeux en me tournant vers mon ami aux cheveux en bataille.

- Mais pourquoi tu ne m'as pas réveillé avant enfin !! Je suis en retard maintenant !

Philippe leva ses mains en l'air.

- Oula, désolé, j'avais pas vu l'heure.

Je ne l'écoutais plus. J'enfilais mes chaussures, pris le double des clés et sortis de l'appartement sans un regard en arrière.

Je courus dans la rue pour arriver au bar plus vite. J'espérais vraiment que Nicolas ne m'avait pas attendu trop longtemps...

J'arrivais au lieu du rendez-vous haletante et dégoulinante de sueur. Merde, je devais être ignoble à regarder...

Je vis le jeune garçon assit seul à une table. Il était sur son téléphone et avait un petit sourire figé sur ses lèvres.

J'hésitais à faire demi-tour. Non ! Je ne pouvais pas me défiler maintenant !

Je pris une grande bouffée d'air et avançai vers Nicolas qui leva les yeux vers moi. Quand il me vit son sourire s'agrandit. Il se leva pour m'accueillir. Il me fit la bise.

- Jacinthe ! Comment tu vas ma belle ?

Mon cœur s'était mit à battre la chamade lorsqu'il m'avait fait face. Il était encore plus beau que dans mes souvenirs. Il avait ses longs cheveux châtains attachés en queue de cheval, une légère barbe de trois jours et ses yeux marron brillaient toujours de malice. Il avait revêtu une chemise et un jean noir qui moulait parfaitement son corps. J'avais devant moi l'homme parfait selon mes critères. Je me sentis soudainement moche face à lui. 

Je lui répondis, évitant son regard :

- On peut dire que ça va... Et toi ?

Il haussa ses épaules musclées en s'asseyant. Il me montra la chaise en face de lui pour m'inviter à m'asseoir. Ce que je fis.

- Oui, on peut dire que ça va aussi... À part que mon père commence sérieusement à me saouler... Il n'arrête pas de parler de son entreprise, de sa carrière. C'est toujours lui, lui, lui ! Ou alors, quand c'est de lui, il parle de son argent ! J'ai l'impression qu'il s'en fout carrément de moi !

J'écarquillai les yeux. Lui aussi avait des problèmes avec son père ? Pourtant, la dernière fois, au dîner, ils avaient l'air de bien s'entendre... Comme quoi, il ne fallait pas se fier aux apparences...

Soudain, il se tue. Il plongea son regard dans le mien et je sentis mon cœur bondir comme si il souhaitait quitter ma poitrine.

- Je suis désolé. Je parle de mon père... C'est pas fou comme discussion pour un rencard...

Encore une fois, je cru que ma vie allait m'échapper. Alors, pour lui, on était en rencard ? Comme si il venait de lire dans mes pensées, il ajouta :

- Enfin... Sauf si tu ne veux pas que ça en soit un, évidemment ! Je ne le prendrais pas mal, ne t'inquiète pas !

Il me fit un merveilleux sourire qui avait du en faire craquer plus d'une et je n'y manquais pas. J'étais complètement sous son charme.

- Je... Oui... On... On peut essayer...

Son sourire s'agrandit. Il allait rajouter quelque chose mais le serveur débarqua, gâchant l'instant.

- Vous désirez ?

- Alors moi, je prendrais un chocolat chaud avec de la chantilly ainsi qu'un crêpe au nutella s'il vous plaît !

Le serveur se tourna ensuite vers moi, attendant ma commande. Mon estomac se tordit, me prévenant qu'il avait faim. Mais je ne pouvais pas me permettre une crêpe, ni un chocolat d'ailleurs... C'était trop gras et trop sucré, je faisais un régime je ne devais pas l'oublier...

- Euh... Je voudrais juste un sirop de fraise s'il vous plaît...

Le serveur parti avec notre commande. 

Nicolas plongea à nouveau son regard brillant de malice dans le mien. 

- Alors, Jacinthe, quelle est ta couleur préférée ?

Je pouffais. Il était sérieux avec cette question ? Voyant que je me moquais de lui, il se justifia :

- Pour moi, savoir la couleur préférée d'une personne est très importante ! Elle en révèle beaucoup sur la personne. Par exemple, je ne pourrais jamais sortir avec une fille dont la couleur préférée est le orange ! Cette couleur est ignoble !

Je pris un air horrifié. Il écarquilla les yeux.

- Oh non... Ne me dis pas que le orange est ta couleur préférée...

- Non, je te fais marcher. Ma couleur préférée est le jaune.

Il plissa les yeux, comme si il voulait sonder mon âme. Un frisson me parcourut le dos.

- Puis-je savoir pourquoi, belle Jacinthe ?

Je haussai les épaules.

- Je ne sais pas trop. Cette couleur me met du baume au cœur, elle me réchauffe. Cette couleur, c'est un peu le symbole du soleil qui réchauffe nos vies, tu vois ?

Il hocha lentement la tête, les yeux toujours plissés.

- Je vois très bien ce que tu veux dire, et j'aime beaucoup ta façon de penser, c'est poétique...

J'eus un petit sourire timide. Je lui retournai la question :

- Et toi alors ? C'est quoi ta couleur préférée, beau Nico ?

Il éclata de rire.

- Beau Nico ? T'es sérieuse ?

Je haussai les épaules, prenant un air faussement blessé.

- Ben quoi ? C'est bien non ? En plus ça rime !

Je ne pouvais garder mon sérieux plus longtemps. On éclata de rire à l'unisson. À cet instant, je me sentais étrangement bien. Toutes mes inquiétudes s'étaient envolées. Je savais qu'elles reviendraient ce soir, quand je serais dans mon lit mais, pour l'instant, je m'autorisai à profiter de l'instant présent.

On reprit notre calme et Nicolas répondit enfin à ma question :

- Figure toi que je n'ai pas de couleur préférée... Je les trouve toutes sublimes... Je me dis qu'on a besoin de toutes les couleurs pour faire un monde...

Je souris. Il avait l'air passionné quand il parlait. Ça le rendait vraiment séduisant... 

Je répliquai :

- Toutes sublimes ? Même le orange ?

Il grimaça.

- Tu marques un point. Le orange n'aurait jamais dû exister...

Et, encore une fois, on éclata de rire. 

Le serveur vint couper notre fou rire en nous apportant notre commande. Il posa un grand verre de sirop devant moi. Je fixai le verre, n'ayant soudainement plus du tout envie de rire. Boire ça m'ouvrirait sûrement l'appétit... 

Mais ce qui vint fut pire. Car, en effet, le serveur posa ensuite devant Nicolas une assiette contenant une grosse crêpe et une immense tasse où flottait de la chantilly. Après avoir tout posé, le serveur parti. L'odeur de la crêpe arriva alors à mes narines et mon estomac se tordit en émettant un gargouillis sonore.

Nicolas ses yeux rieur sur moi.

- Tu as faim ?

Je rougis.

- Un peu...

Il poussa l'assiette qui contenait la crêpe vers moi.

- Tiens, prends un morceau si tu veux.

Je fixai la crêpe avec horreur. Je ne pouvais pas manger ça... Mais j'en mourrais d'envie... 

Voyant ma réticence, Nicolas repris son assiette.

- Tu n'aimes pas les crêpes ?

Génial, j'avais une porte de sortie !

- Non, pas trop...

Il mordit une grande bouchée dans sa crêpe. Il mâcha longuement avant d'avaler en criant presque :

- Mmmm ! Délicieux, tu ne sais pas ce que tu rates !

Il ne le savait pas mais, en faisant ça, il me torturait littéralement. Une boule s'était formée dans ma gorge et j'avais vraiment du mal à la faire disparaître...

Malheureusement, il sembla remarquer mon malaise :

- Merde, ça va ? 

Je serrai les dents pour m'éviter de pleurer et hochai frénétiquement la tête. Seulement, je ne pus empêcher une larme de couler de mon œil droit.

- Oh merde merde merde... Je suis désolé, je ne voulais pas te faire pleurer... Je...

Il semblait tellement perdu, il me faisait de la peine. Je devais le rassurer. J'essuyais mes yeux et reniflai bruyamment avant de lui faire un sourire et d'inventer une excuse bidon :

- Ne t'en fais pas. C'est juste que, quand tu as parlé de ton père tout à l'heure, ça m'a rappelé ce que je vivais en ce moment avec le mien... Je te jure, j'en peux plus, je me suis enfuie de chez moi...

- Oh ! Je... Enfin... Tu... 

Il était prit au dépourvu. Il secoua la tête, sa queue de cheval fouettant l'air. 

- Tu as un endroit où vivre ?

- Oui, ne t'inquiète pas, je vis chez mon meilleur ami en attendant que ça se tasse.

- TON meilleur ami ?

Il semblait jaloux. Je souris et mon cœur en fit encore des sienne. C'était fou qu'un mec aussi beau soit intéressé par une fille aussi horrible que moi... Je n'arrivais toujours pas à y croire...

Je me suis sentis obligé de le rassuré en lui mentant :

- Ne t'inquiète pas, Philippe est gay !

- Ah ! Je préfère ça !

J'eus un petit rire timide.

On a continué la discussion comme ça pendant presque deux heures. Bientôt, la nuit commença à tomber. C'était l'heure de se dire au revoir...

Nicolas paya nos consommations comme un véritable gentleman. Ensuite, il me prit par la main. Il avait décidé de me raccompagner chez moi.

On s'arrêta devant la porte du studio de Philippe. 

- Tu... Tu veux rentrer ?

Il lâcha ma main.

- Non, je ne préfère pas. Je ne veux pas déranger ton coloc...

Il semblait toujours suspect à son sujet... Je haussai les épaules.

- Très bien... On se revoit bientôt ?

Il eu un sourire très sexy. 

- Avec plaisir...

Puis, il plongea ses yeux dans les miens. 

- Jacinthe ? Je peux t'embrasser ? 

Je sentis mon cœur exploser dans ma poitrine. Je hochai donc la tête, ne trouvant plus les mots pour exprimer ma pensée.

Nicolas ne se fit pas prier. Il brisa l'espace qu'il y avait entre nous et colla ses lèvres sur les miennes. Elles étaient chaudes et sucrés. Elles étaient vraiment délicieuse. J'avais envie d'y goûter plus mais, avant que je n'ai pu entreprendre quoi que ce soit, Nicolas mit fin à notre baiser et s'écarta de moi.

Il me fit un clin d'œil comme pour dire "tu en auras plus la prochaine fois". Je me sentis instantanément rougir. Il me fit un dernier signe de la main avant de quitter le bâtiment.

J'entrai alors dans l'appartement de Philippe en poussant un gros soupire de bonheur. Le garçon, qui était assit devant la télé, se tourna vers moi, les yeux pétillants.

- Raconte moi tout ! J'ai déjà les pop-corn !

En effet, mon ami regardait la télé en mangeant des pop-corn comme un porc. Il en avait mit partout sur le canapé... Et dire que c'était sensé être mon lit...

Je pris place à ses côtés avec un sourire. Je lui racontais tout mon rencard du début à la fin en oubliant d'omettre ma crise de larmes quand j'ai eu envie de manger de la crêpe. Philippe m'écoutait les yeux grands ouverts, comme un enfant auquel on racontait une histoire passionnante. Quand j'eus fini mon récit, je dis :

- Au fait, je lui ai dis que tu étais gay donc, si un jour je te le fais rencontrer, n'oublie pas ce détail !

- Quoi ?! T'es sérieuse ?!

Je lui souris en faisant sauter mes sourcils. Il me mit une tape sur la tête en riant.

- Tu ne perds vraiment rien pour attendre ! 

Puis, il enroula son bras musclé autour de mes épaules et m'attira à lui. Je me blottit contre lui et portai mon attention sur la télé, il fit de même.

Je me sentais si heureuse en cet instant ! Je crois que cette journée fut l'une des meilleurs de toute ma vie !

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