17- Ulysse

J'attendais devant la porte pour le fameux cours du vendredi soir. J'étais seul, Sara ne m'avait pas suivi. Peut-être était-elle resté discuter avec sa soit disant amie, Caroline. A vrai dire, ce n'étaient pas mes affaires, Sara faisait ce qu'elle voulait de sa vie et côtoyait qui elle voulait. 

Mon attention était portée sur mon écran de téléphone où je faisais défiler les story Instagram, plus inintéressantes les unes que les autres. Je soupirai en mettant mon portable en veille.

J'avais hâte que le prof arrive, que l'heure se finisse et d'être enfin en vacances. J'en avais marre du regard des gens sur mon visage brûlé, j'avais prévu de passer les vacances enfermé dans ma chambre à regarder des séries, écrire des chansons et jouer aux jeux vidéo. Je trouvais que c'était un excellent programme !

Soudain, j'entendis des pas dans le couloir. Je levai la tête et aperçut Baptiste qui marchait, le regard perdu dans le vide, dans ma direction. 

Je lui fis un signe de la main. Mon ami cligna des yeux et secoua la tête. 

- Salut Ulysse... J'étais un peu perdu dans mes pensées...

Je ricanai :

- Ca, je l'avais remarqué ! À quoi tu pensais ?

Il balaya l'air de sa main comme pour dire que ça n'avait pas d'importance. Pourtant, il répondit tout de même :

- Je pensais juste aux vacances... A quel point vont-elles être pourries cette année ?

Il soupira pour bien accentuer sa phrase. Je posais une main sur son épaule avec un sourire rassurant. Je sentis tout de suite ma peau brûlée se tirer et mon sourire s'effaça.

Baptiste ne sembla pas s'en rendre compte et continua la discussion :

- Tu fais quoi, toi, pendant les vacances ?

Je haussai les épaules.

- Je ne sais pas... Pas grand chose... On verra bien ! Et toi ? Si tu veux on peut se voir !

Il grimaça en grognant :

- Impossible... Je passe les vacances chez mon père dans un trou paumé à la campagne... Y aura pas de réseau... Je vais voir mon beau-frère, ma demi-soeur et ma belle-mère... Ce n'est pas que je ne les aime pas, c'est juste que je les vois tellement peu qu'ils sont comme des inconnus pour moi... Bref, ça va être l'enfer...

Je lui fis un léger sourire et serrai son épaule comme pour lui transmettre du courage.

Bientôt, on entendit le cliquetis des béquilles de Valentin et on le vit avancer vers nous. Une boule se forma dans ma gorge en me rappelant notre dernière interaction.

Le garçon a la cheville cassée nous ignora et alla attendre un peu plus loin. Je ne savais pas pourquoi, mais je me sentais coupable.

Baptiste dû s'apercevoir de mon espèce de malaise car il répliqua :

- Laisse le dans son coin. Quand il sera prêt, il viendra peut-être s'excuser, qui sait...

J'acquiescais en soupirant.

- Hey ! Salut vous deux ! Prêt pour cette dernière heure avant des vacances bien méritées ?

Philippe venait d'arriver avec Jacinthe à sa suite. Il semblait être devenu l'homme le plus heureux du monde.

En tout cas, sa bonne humeur était contagieuse ! Je me sentais soudainement très impatient que cette heure se termine pour passer ces vacances à ne rien faire.

On se fit la bise tout les quatre. Philippe avait toujours un immense sourire figé sur ses lèvres. Rien ni personne ne semblait pouvoir l'effacer.

J'ai dû me tromper car, quand il aperçut Valentin, tout seul dans son coin, son sourire disparut et l'ambiance redescendit d'un cran.

Philippe ne dit rien et se contenta juste d'observer attentivement l'autre garçon avec un regard noir. Un frisson me parcourut l'échine.

C'est alors que M. Renoux arriva avec son éternel sourire bienveillant.

- Bonjour tout le monde !

Au même instant, Sara débarqua, essoufflée. Elle avait dû courir pour ne pas arriver ici en retard. Mon regard se posa instantanément sur elle.

M. Renoux nous fit entrer dans la salle. Nous prîmes place sur les chaises placées en cercle, comme d'habitude.

- Bon, j'espère que tout le monde va bien ! C'est la dernière heure avant les vacances, courage ! Aujourd'hui, nous ferons l'exercice des compliments, comme la semaine dernière et nous enchaînerons ensuite avec l'histoire de l'un d'entre vous que nous n'avons toujours pas écouté. Ce programme vous va ?

Je hochai la tête machinalement, j'avais hâte que tout ça finisse.

C'est alors que la belle Sara se leva. Elle rabattit ses beaux cheveux noir derrière son dos et leur doux parfum arriva à mes narines. Mon cœur se mit à battre la chamade et je n'arrivais plus à la quitter des yeux.

- Je veux bien le faire monsieur ! Et raconter mon histoire par la même occasion, comme ça se sera fait.

- Très bien Sara, nous t'écoutons. Tu peux commencer par Philippe.

La belle hocha la tête avec détermination et se dirigea vers le garçon aux cheveux ébouriffés et à la veste en cuire. Elle lui fit un sourire et commença :

- Philippe, je ne te connais pas trop mais du peu de chose que j'ai vu chez toi je peux dire que j'aime ta détermination ! C'est vrai, moi j'aurais abandonné l'école depuis longtemps si j'avais été dans ton cas, mais toi, tu as persévéré !

Philippe ricana en disant :

- Et regarde où je me trouve aujourd'hui !

Sara continua en ignorant sa remarque :

- Mais ce que je n'aime pas chez toi, c'est ta brutalité, qui explose et qui emporte tout sur son passage...

Ensuite, elle se tourna vers le voisin de Philippe, Baptiste.

- Baptiste, tu sembles êtres quelqu'un de très sincère, j'aime ça ! Et puis, tu as l'air d'être quelqu'un de confiance à qui on peut confier des secrets... et tu es à l'écoute des autres... Ce que je n'aime pas, en revanche, c'est... Ta couleur de cheveux ahah !

Je vis mon ami pianiste baisser la tête, assez gêné. Je me demandais comment elle en connaissait autant sur Baptiste. Ils n'étaient pourtant pas très proche, tout les deux...

- Jacinthe !

Je n'écoutais plus. Je n'arrivais plus à penser à rien sauf à Sara qui en avait maintenant fini avec Jacinthe et qui se tournait vers son meilleur ami, Valentin. Elle était tellement belle, tellement charismatique... Je ne faisais pas le poids face à elle. 

Soudain, je senti ses beaux yeux bleus parcourir mon visage brûlé et j'eus envie de me cacher. Elle ne méritait pas de regarder quelqu'un d'aussi horrible que moi...

- Ulysse...

Mon cœur bondit dans ma poitrine en entendant mon prénom sortir de sa si belle bouche. Elle planta ses yeux dans les miens et me fit un merveilleux sourire.

- C'est compliqué de trouver un seul truc que j'adore chez toi ! J'aime ton courage, ta gentillesse, ton humour, ton rire, ta voix, ton style, mais surtout ton courage !

J'avais du mal à respirer. Je me sentais tellement heureux en cet instant et aussi un peu gêné. Mais une partie de moi ne croyait pas du tout ce que disait la belle Sara.

- Ce que j'aime pas c'est... 

Elle sembla réfléchir quelques instants avant de trouver quelque chose à dire :

- Le fait que tu gardes trop de choses pour toi. Des fois, ça fait du bien de se confier ou même de craquer.

Elle plongea son magnifique regard bleu dans le mien et j'eus l'impression que des milliers de papillons s'envolaient dans mon estomac.

Je voulais qu'on reste, comme ça, à se regarder dans les yeux, pour toujours. Je me sentais tellement bien...

Mais, la voix du prof me ramena à la réalité :

- Très bien, Sara !

Celle-ci eut un petit sursaut et se détourna de moi, les joues un peu rougit.

Elle retourna à sa place en évitant soigneusement de croiser le regard de quiconque.

- Maintenant, tu peux nous raconter un peu ton histoire ?

Je tendis l'oreille, curieux d'en savoir plus sur la fille qui faisait battre mon cœur. Elle se racla la gorge en se passant un main dans les cheveux puis, commença :

- Euh... Par où commencer... Ma vie n'a rien de tragique... Je veux dire, j'ai mes deux parents, certes ils ne sont pas très présents mais je fais avec, je suis fille unique donc j'ai appris à être seule. Euh...

Elle jeta un petit coup d'œil à Baptiste et il lui fit un signe d'encouragement discret. Je fronçai les sourcils. Que se passait-il entre ces deux là ?

Sara continua donc :

- J'aime beaucoup dessiner, la mode, me maquiller, je voudrais devenir styliste plus tard ! Par contre je... J'ai un problème d'insomnie... Et je suis la fille la plus hypocrite de la terre parce que je mens, je cache mon vrai visage derrière le maquillage donc, tout ceux qui me trouve belle, vous admirez un mensonge, désolée.

Elle avait dit sa dernière phrase d'une traite, pour en finir et avait baissé les yeux vers ses chaussures, honteuse.

M. Renoux ne dit rien, perdu dans ses pensées. J'allais dire quelques mots réconfortants mais quelqu'un le fit à ma place. À la surprise générale, ce fut Valentin qui prit la parole :

- Qu'est-ce que tu racontes Sara ? Je te trouves magnifique, avec ou sans maquillage.

Sara ricana.

- C'est vrai ! Je suis l'un des seuls à avoir eu le privilège de te voir au naturel et je peux te jurer que tu es toujours magnifique !

Sara leva les yeux vers son meilleur ami et fit un petit sourire. Une pointe de jalousie me pinça le cœur.

Philippe se leva et alla rejoindre la belle jeune fille. Il dit à son tour :

- Je suis sûr que Valentin a raison ! De toute façon, tout le monde est beau à sa manière, ne laisse personne tu dire que tu es moche tu m'entends ?

Sara hocha la tête en reniflant. Était-elle sur le point de pleurer ?

Jacinthe et Baptiste se levèrent à leur tour et rejoignirent le petit groupe qui s'était formé autour de Sara. Jacinthe prit la main de Sara et la serra sans rien dire tandis que Baptiste posait une main réconfortante sur son épaule.

Je me levai à mon tour et m'approchai d'elle. Je plongeai mon regard dans le sien. J'y vis y briller des larmes.

Je lui souris, m'accroupis et la prit dans mes bras. Je la serra fort contre mon cœur qui battait la chamade.

Le reste du groupe se joignit à notre câlin. Nous étions là, tous collés les uns contre les autres. Nous avions mit nos différents de côté pour reconforter la belle jeune fille. Nous étions tous soudé à cet instant. Mais je savais que, lorsque nous aurions retrouvé notre place, tout redeviendrait comme avant...

- C'est merveilleux... C'est exactement cet esprit là que je veux pour ce cours !

J'avais complétement oublié la présence du prof...

J'entendis Philippe grincer des dents avant de se détacher du groupe. Jacinthe le suivit pas longtemps après, elle-même suivit de Baptiste.

Je sentis Valentin se détacher lui aussi. Moi, je la tenais toujours dans mes bras. Je me sentais tellement bien serré contre elle !

Malheureusement, la sonnerie de la fin du cours retentit. Je sursautais en m'écartant de Sara.

Je retournais m'asseoir à ma place, sentant le rouge me monter aux joues.

- Et bien, ce cours est terminé. Je vois que vous faites des progrès, c'est très bien ! Bref, je vous souhaite de bonne vacances et on se voit vendredi de la rentrée !

Philippe et Jacinthe se précipitèrent hors de la salle comme si leur vie en dépendait.

Je rejoignis Baptiste à la sortie. Il avait le même sourire que le smiley pervers...

- Alors, je vois que ça avance avec Sara...

Il fit "sauter" ses sourcils en mettant un petit coup de coude dans les côtes.

Je levai les yeux au ciel sans rien dire.

Nous sortimes du lycée et nous nous dîmes au revoir.

- Bonne vacances mec !

- Toi aussi ! Essaie de t'arranger un coup avec Sara !

Il me fit un clin d'œil avant de prendre le chemin vers chez lui.

Je secouai la tête avec un petit sourire. Il avait raison. Je ne pouvais plus le nier. J'étais fou de Sara...

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