13- Philippe

Samedi matin. Normalement, je serais en train de faire une grasse matinée mais j'avais été collé... Mais c'était pour la bonne cause ! Il fallait que j'aide Ulysse à combattre cette injustice. J'étais donc aller voir le prof de physique du garçon et lui avait dit ses quatre vérités. Connaissant ce prof, je savais que sa seule défense était de me coller ce samedi matin ! Comme je l'avais promis à Ulysse, je l'accompagnerais donc bien pendant ses deux heures de colle ! Sauf que, malheureusement, cette saleté de prof m'en avait mit quatre...

Je me levai donc de mon lit en ronchonnant. J'enfilai un sweat noir, sans rien mettre en dessous et un jean noir troué au genoux. J'allai dans la salle de bain et regardai attentivement ma tête dans le miroir. Je grimaçai. Je ressemblais à un zombie. Mes yeux noirs brillaient d'un éclat fatigué tandis que de grosses valises les cernaient. J'avais le teint blafard de quelqu'un de malade qui vivait ses derniers instants de vie. Mes cheveux ressemblaient à un tapis où quelqu'un s'était essuyer les pieds avec force et volonté. Sans parler de ma barbes qui commençait vraiment à devenir hirsute car je ne l'avais pas rasé depuis une semaine... 

Je me passai un coup d'eau froide sur le visage pour me réveiller et paraître plus frais. Cela n'arrangea rien et réussit simplement à me mettre encore plus de mauvaise humeur. Je grognai et attrapai ma brosse à dents. Je me brossai frénétiquement les dents jusqu'à m'en faire saigner les genssives.

La douleur me fit grimacer mais me réveilla mieux que l'eau froide. Je me rinçais la bouche.

Je sortais de ma salle de bain et allai mettre mes chaussures. J'enfilais ma fameuse veste en cuire que je chérissais tant et je sortis de mon studio en prenant mon casque de moto.

Je soupirai en enfourchant mon deux-roues. J'avais tellement pas envie d'y aller... J'aurais donner n'importe quoi pour être encore dans mon lit à l'heure qu'il était...

Je démarrai le moteur et pris le chemin du lycée, le cœur lourd. J'arrivai au lycée en moins de cinq minutes car les routes étaient vide le samedi matin. Tout le monde était en train de dormir à cette heure là.

Je garai ma moto dans le parking pour moto, à côté de l'arbre, comme tous les jours. Ulysse était assit sur les marches devant la bâtisse. Il semblait m'attendre.
Il fixait le sol, des écouteurs enfoncés dans les oreilles.

Il ne me m'entendit donc pas approcher. Je m'assis à côté de lui en toute discrétion. Je n'avais pas envie de le déranger, il semblait en pleine réflexion. Je pouvais presque voir un nuage noir au-dessus de sa tête...

Au bout d'un certain temps, Ulysse tourna la tête vers moi. Il ne semblait pas surprit de ma présence à ses côtés. Il avait dû voir mes chaussures en regardant le sol. Il enleva ses écouteurs et fit un légé sourire.

- Salut Flip... Merci encore d'être là...

- Tu vas bien ? T'as l'air de broyer du noir depuis tout à l'heure...

Le jeune homme au visage déformé haussa les épaules.

- Rien de grave, pas la peine de t'inquiéter.

Il se leva, je le suivis dans son mouvement.

- Aller viens, on a des heures de colle à faire ! Elles ne vont pas se faire toute seules !

Son ton enjoué était un peu surjoué à mon goût mais je ne dis rien. Je ne devais pas m'inquiéter. Ce n'était pas mes affaires.

Je souris donc et pris le chemin vers les permanences en compagnie de mon ami.

J'entrai dans la pièce. Des surveillants étaient en pleine discussion. Ils ne remarquèrent même pas notre présence. Je me raclai la gorge. Tous leurs regards se tournèrent donc vers nous.

L'un des surveillants secoua la tête en me voyant, tandis qu'une autre levait les yeux au ciel.

- Tiens donc... Philippe ça faisait longtemps... T'as emmené un ami avec toi dans ta merde ?

La surveillante qui venait de parler fit un signe de tête vers Ulysse qui avait instinctivement baissé la tête.

Je soupirai en haussant les épaules. Pas la peine de leur expliquer ce qu'il s'était vraiment passé, ils ne me croiraient pas.

- Tu t'es battu contre qui cette fois-ci ?

Je serrai les dents, essayant d'ignorer leurs stupides remarques.

- Bref, asseyez vous et faites un développement d'histoire sur ce thème.

En disant cela, il nous tendit des feuilles. Je grimaçais en m'en emparant. Puis, j'allais m'asseoir à une table, sous les yeux suspicieux des surveillants.

Ulysse me suivit, toujours la tête baissée vers le sol. Arrivé à ma hauteur, il murmura :

- Eh ben dis donc ! T'es connu ici !

Je haussai les épaules en prenant place sur ma chaise.

Au bout de deux heures de dure labeur, un des surveillants revint vers nous. Il posa sa main sur le bureau de Ulysse avec un petit sourire.

- C'est bon, gamin, tu peux y aller.

Ulysse me jeta un regard, les sourcils froncés. Je lui fis un sourire.

- Je n'ai pas finis mon travail...

- C'est pas grave... De toute façon, ton prof le déchirera sûrement !

- Ah...

Ulysse se leva donc et suivit le surveillants hors de la salle de permanence. Malheureusement, j'entendis la fin de leur conversation :

- Tu ferais mieux de ne pas trainer avec ce type... Il va te causer que des soucis.

Je n'entendis pas ce que répondit Ulysse. Une colère noire s'empara de mon cœur. Mais pour qui il se prenait lui ! Il n'était qu'un stupide pion payé au SMIC !

Je jetai un regard par la fenêtre. Je vis au loin Ulysse marcher d'un pas rapide vers la sortie du lycée. Il avait les mains enfoncés dans ses poches et la tête baissée.

- Eh ! Arrête de rêvasser ! Travail !

Je serrai les dents pour me retenir de répliquer. Je me retournais vers ma feuille où je n'avais écris que l'introduction. Je soupirai.

***

J'enfourchai ma moto après quatre heures interminables de dure labeur. Je n'avais qu'une envie, retourner dans mon lit et me rendormir.

Je mis mon casque et démarrai. Le trajet jusqu'à chez moi me parut interminable. Au bout de ce qui me paraissait une éternité, j'aperçus enfin mon immeuble.

Je garai ma moto à la hâte et montai les escaliers quatre à quatre jusqu'à la porte de mon studio.

Une fois à l'intérieur, je me précipitai vers ma chambre presque en courant.

Je sautai littéralement dans mon lit et me mis sous la couette en poussant un soupire d'aise. Un sourire se dessina sur mes lèvres. J'avais attendu ce moment toute la matinée !

Je fermai les yeux, bercé par ma propre respiration. Je commençais à sombrer dans le sommeil quand la sonnerie de mon téléphone me fit faire un bond d'au moins un mètre.

Je grognai en décrochant le téléphone, sans même regarder qui m'avait appelé.

- Allô...

- Flip ?

La voix de Jacinthe résonna bizarrement dans ma tête. Elle semblait être en train de pleurer.

- Oui, c'est moi. Tout va bien ?

Je l'entendis prendre sa respiration à l'autre bout du fil.

- Je... J'en peux plus de mon père... Je me suis enfuis de chez moi...

J'écquarquillai les yeux. Elle m'avait déjà dit que son père lui tapait sur le système mais je ne pensais pas que c'était à ce point là !

- Flip je... Je peux venir chez toi ?

- Euh... Ben...

Je n'allais tout de même pas la laisser à la rue...

- D'acc tu peux venir.

- Merci ! Envoie moi l'adresse, j'arrive !

Elle raccrocha sans que j'ai eu le temps de répondre quoi que ce soit.

J'envoyais donc mon adresse à la jeune fille blonde. Je me levais de mon lit en bâillant. Je jetai un coup d'œil à mon oreiller, il semblait m'appeler en me tendant les bras. Je grimaçais.

Je sortis de ma chambre pour m'enlever l'image de mon lit. Mon ventre se mit soudainement à gargouiller. C'était normal, il était midi et demie...

J'allais dans mon salon/cuisine et ouvrai le frigo. Il n'y avait pratiquement rien. Je sortis la dernière tranche de jambon. Je l'enroulai et la mangeai en profitant bien de chaque bouchées.

Alors que je finissait ma tranche, quelqu'un toqua à ma porte. C'était sûrement Jacinthe.

J'allais ouvrir. La jeune fille se tenait derrière la porte. Elle leva ses yeux vers moi. Son regard bleu brillait de colère et ses cheveux blonds comme les blés étaient tout ébouriffés. Elle n'était pas maquillé.

Je m'écartai de l'entrée pour la laisser passer.

- Merci Flip, je ne sais pas ce que je ferais sans toi...

Elle entra. Elle détailla mon salon/cuisine, les yeux plissés.

- Où veux-tu que je pose mes affaires ?

Je remarquai alors qu'elle avait un énorme sac à dos sur ses épaules. Alors elle comptait vraiment s'installer chez moi ?

- Euh... Tu vas rester combien de temps ?

Elle haussa les épaules et posa son gros sac à côté du canapé.

- Ça dépend quand mon père décidera de ne plus être un con !

Elle parlait avec indifférence mais je savais bien qu'elle souffrait du manque d'affection de son père.

Je m'assis sur le canapé et invitai la jeune fille à faire de même.

- Bon... Qu'est-ce qu'il s'est passé cette fois pour que tu te mettes dans un état pareil ?

Elle soupira.

- Je ne sais pas... C'est plutôt l'enchaînement de toute les choses qu'il m'a fait, qu'il m'a dit depuis longtemps... d'habitude, je laisse couler mais là... J'ai juste explosé...

Elle regarda son téléphone. Son père l'avait déjà appelé cinq fois.

- Je n'ai pas envie de l'appeler... J'ai juste envie qu'il s'inquiète pour moi, pour une fois...

Je baissai les yeux vers le sol. J'avais soudainement les larmes aux yeux. Pauvre Jacinthe... Elle était un peu comme moi dans le fond... Sauf que moi, je n'avais pas de parents...

Je levais mes yeux vers mon amie. Elle avait le regard perdu dans le vide. Elle semblait terriblement triste.

J'ouvris les bras avec un sourire en coin.

- Aller, viens là.

Elle ne se fit pas prier pour se blottir contre moi. Je refermai mes grands bras sur son corps tout frêle comme des barrières de protections.

J'allumai la télé, et nous passâmes tout l'après-midi comme ça, blottit l'un contre l'autre, à regarder des émissions plus débiles les unes que les autres.

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