chapitre 10
Eléonore soupira profondément et se dit qu'elle devait être forte, comme
son père le lui avait appris.
Elle savait que le comte ne la sauverait pas, car il ne savait pas où elle se trouvait, elle n'avait donc aucun faux espoir à ce sujet.
Si, par miracle, son père venait à elle, elle n'était pas sûre de vouloir repartir avec lui. Le couvent était sa seule option, et elle devait se préparer pour y arriver.
Se sentant assez forte pour se tenir debout, Eléonore se dirigea vers
l'épaisse porte en bois de sa prison.
Elle fut surprise de voir que la porte
n'était pas fermée et que personne ne montait la garde à l'extérieur.
Elle avait une sombre prémonition, mais elle la repoussa de son esprit.
Le monstre noir qui habitait ces territoires se fichait qu'elle s'échappe.
C'était soit ça, soit il savait qu'il n'y avait aucun moyen de sortir de ces murs sombres.
Eléonore découvrit une vieille torche sur le sol, à côté de la porte de sa prison, et
courut dans sa chambre pour l'allumer avec le feu de la cheminée.
Elle prit une profonde inspiration et sortit dans le couloir, avançant d'un pas mal assuré.
Le couloir ressemblait beaucoup à sa chambre.
Bien que la torche ne donnât qu'une
faible flamme, elle était reconnaissante de la lumière qu'elle fournissait, mais c'était si peu qu'elle ne pouvait pas
voir à plus de deux mètres devant elle.
Les murs de pierre noire étaient ébréchés et semblaient inachevés,
et les tapisseries qui y étaient suspendues étaient tellement brisées qu'on pouvait à peine
reconnaître les dessins.
Les araignées avaient passé des années à tisser librement leurs toiles
sur le plafond, sans qu'aucun serviteur ne se soucie de les écarter.
Les murs noircis ne reflétaient rien et absorbaient la lumière des torches dans leurs sombres profondeurs.
Le sol était jonché de cailloux arrachés aux murs, qui grinçaient sous leurs pas et dont on n'entendait que le bruit.
Aucun insecte ne pouvait être entendu,
aucun signe de vie autre que les mouvements tremblants d'Éléonore.
-Le monstre me voit-il maintenant ? Se cache-t-il, juste au-delà de
ma torche ? Ce doit être un monstre,
car il me retient prisonnière...
Elle savait par la petite fenêtre qu'elle avait dans sa chambre qu'elle était bien au-dessus du niveau du sol, donc même si elle avait trouvé une ouverture
assez grande pour qu'elle puisse passer, elle ne pouvait pas sauter.
Elle se demandait si le monstre
ne sortait que la nuit et s'il ne valait pas mieux qu'elle essaie de s'échapper pendant la journée.
Mais elle devinait qu'à la lumière du jour, les fidèles serviteurs de la bête seraient réveillés, et elle ne pouvait pas tous les combattre.
Peut-être que dans l'obscurité, la bête ne la verrait pas et alors, elle parviendrait à s'échapper.
Ou, tout du moins, elle pourrait se promener un peu pour voir le
château.
Le long du mur, incrusté dans la pierre, se trouvaient de petites portes sculptées pour les torches, mais ces dernières étaient inexistantes.
Eléonore frissonna en avançant.
C'était comme si personne ne vivait dans cette partie du château.
Elle traîna prudemment ses pieds sur le sol dur.
Elle était sur le point d'accélérer
son rythme quand elle entendit une voix étonnante lui murmurer depuis l'obscurité.
- Que fais-tu hors de ta chambre ?
Eléonore étouffa un cri et laissa tomber la torche, ses braises tombèrent au sol et se dispersèrent jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'une petite flamme à la base.
Son cœur s'accéléra et elle s'éloigna de l'endroit d'où venait la voix.
Elle se força à bouger et prit une inspiration saccadée.
La silhouette était juste à l'extérieur du faisceau de lumière. Un faisceau argenté passa momentanément au-dessus d'une manche noire, avant de disparaître dans l'obscurité.
- Vous êtes là ? Eléonore essaya de se pencher pour ramasser la torche tombée, mais ses hanches ne lui obéirent pas.
-Tu ne m'as pas répondu.
La voix du duc devint plus forte et plus douce, comme si elle l'entourait de tous côtés.
C'était derrière elle, devant, en dessous.
Elle leva les yeux pour le chercher à travers les toiles d'araignées au plafond, mais ne vit rien d'autre que l'obscurité.
-S'il vous plaît, ne me faites pas de mal, je n'ai rien fait.
Eléonore tendit la main en signe de paix.
Elle s'attendait à le heurter, mais elle ne toucha que l'air, elle recula d'un pas.
-J'ai été enfermée là-bas pendant des jours, je voulais juste marcher un peu.
Voulez-vous que je devienne folle de ne rien faire ? N'y a-t-il pas quelque chose que vous pouvez faire ?
- Tu penses toujours que je suis un monstre ?
-Je ne sais pas.
Eléonore glissa sa main sur sa hanche, suppliant les ténèbres de s'éclaircir, mais cela ne fit rien.
Eléonore s'éloigna d'un pas, puis d'un autre, elle effleura une pierre avec
la semelle de sa chaussure, cria et tomba au sol.
Rory se précipita en avant, tendant la main pour l'aider. Eléonore
haleta et s'éloigna.
À la lueur des torches, ses doigts étaient pâles contre l' anneau de la noblesse.
La peau de sa main était ridée en une cicatrice.
Ses ongles manucurés étaient très longs, beaucoup plus longs que ceux de n'importe quel noble actuel normal.
Il était entièrement vêtu de noir, à l'exception du fil d'argent qui couvrait le col de sa tunique de laine.
Il avait une mèche de cheveux noirs attachée avec un cordon de cuir marron
à sa tempe, qui lui tombait dans le dos, presque jusqu'à sa taille.
Certaines des mèches à l'avant étaient plus courtes et tombaient juste en dessous de ses sourcils.
Mais ce n'étaient ni ses vêtements, ni ses cheveux qui effrayaient Eléonore,
ni la vue de sa main brûlante, mais ses yeux.
Ils étaient aussi énigmatiques et
lumineux que le reste de son être, mais ils brillaient d'une lumière étrange qu'elle n'avait jamais vue auparavant.
Ils étaient sombres comme une nuit sans lune, comme dans ses rêves.
Elle se força à détourner les yeux de leurs orbites mystiques et à la place,
erra sur son visage et sur le côté de son cou.
Une cicatrice brûlante coulait de son menton et disparaissait le long du col de sa tunique et sans se rendre compte, elle le toucha.
Sa main brûlait au souvenir, impatiente de recommencer.
Elle fit un pas en arrière, refusant de tomber sous son charme diabolique.
Si sa mémoire était réelle, peut-être que le reste l'était aussi ? Son corps s'enflamma rien qu'en y pensant.
Elle avait en fait, touché sa poitrine, la pétrissant avec la paume de
sa main et la mordillant.
Ses mamelons jaillirent immédiatement en réponse, ses cuisses se resserrèrent et, à son grand embarras, elle se surprit à vouloir qu'il la touche à nouveau.
Rory ne s'était pas séparé de la lumière.
Se forçant à rester immobile, il
la laissa l'étudier, attendant que ses yeux se remplissent de mépris et de dégoût.
Elle pensait toujours qu'il était un monstre, et maintenant qu'elle
le voyait, elle en aurait la preuve.
En voyant ses lèvres roses et délicates, il pensa au nombre de choses désagréables qu'il voulait lui faire.
Son membre était sur le point de craquer, il palpitait douloureusement en lui, le pressant d'agir comme la bête qu'il était et de l'emmener là, sur le sol sale, pour exiger qu'elle prenne son sexe gonflé entre ses lèvres et le suce jusqu'à ce qu'il jouisse.
Il pensait avoir calmé cette réaction la
dernière fois qu'il l'avait vue.
De toute évidence, il faudrait plus que de se toucher lui-même pour la faire sortir de son esprit.
Il fléchit sa main, voulant toucher ses seins, mais se retint déterminé à agir comme un gentleman en partie… au moins pendant quelques secondes.
D'ailleurs, la dernière fois qu'il l'avait touchée, il avait été sur le point de
devenir fou de luxure.
Il ne voulait plus ressentir ça.
Quand il l'avait regardée marcher dans le couloir, il avait vu son appréhension alors qu'elle défiait les ténèbres.
Elle était précieuse, bien plus qu'il ne l'aurait imaginé, malgré le fait que ses
traits ressemblaient un peu à ceux de son père.
Pendant un instant, sa beauté le prit au dépourvu et il fut incapable de bouger.
Il resta juste là, la regardant comme un fou, jusqu'à ce qu'elle s'approche trop près et qu'il soit forcé de dire quelque chose pour l'empêcher de s'approcher.
Elle était bien rétablie, même si elle avait encore une marque bleue et noire
sur le bout de son nez.
Des cheveux bruns tombaient sur ses épaules, la couleur exacte de
ses yeux.
Ses vêtements, en lambeaux mais propres, semblaient raccommodés à quelques endroits.
Le corsage de la jaquette, trop bas, avait été raccommodé comme si son agresseur l'avait déchiré en essayant de la violer.
Aurait-il pu y arriver ? pensa Rory malgré lui. Il baissa les yeux sur son corps fragile.
Il savait qu'elle avait peur de lui, comme il avait l'intention de l'être, mais dès que ses yeux virent ses cicatrices, il sut.
Il vit la panique dans ses yeux et ressentit de la pitié.
Une profonde tristesse s'empara de lui et, pendant quelques secondes, il eut envie de redevenir ce qu'il était dans sa vie : diablement beau, charmant et irrésistible pour le sexe opposé.
Il y a dix ans, il l'aurait emmenée au lit sans hésiter. Il y a dix ans, elle l'aurait suivi de bon gré. Il y a dix ans, elle se serait laissée tomber à genoux devant lui, son sexe contre ses lèvres et ses ongles fermement enfoncés sur son postérieur.
Argh ! Il jeta son manteau de laine sombre sur son épaule, pour cacher
son visage à son regard accusateur.
Il se retourna avec l'intention de partir.
Il voulait, avait besoin, d'échapper aux maudits yeux d'Éléonore. Il commença à se laisser entraîner par eux.
Avec ses yeux, elle pouvait le contrôler, et avec ses lèvres, elle pouvait
le commander.
-Attendez ! S'il vous plaît, ne partez pas, revenez...
Il obéit en se maudissant.
Elle le commandait déjà.
-Êtes-vous toujours là, mon seigneur?
Je ne peux pas vous voir.
Sa voix était aussi douce qu'une
brise d'été rafraîchissante.
-S'il vous plait, revenez, pardonnez-moi. Je ne voulais pas dire ces choses. Je ne sais pas pourquoi je dis des choses aussi horribles.
Rory se tourna et marcha lentement vers elle.
Il s'arrêta juste au moment où la torche s'éteignit complètement.
Ses yeux étaient habitués à l'obscurité, et il voyait parfaitement ses traits terrifiés.
-Je suis vraiment désolée. Eléonore s'arrêta pour se lever. Veuillez pardonner mon manque de tact.
Rory ne bougea pas.
Elle fit un pas hésitant en avant, se mordit la lèvre et tendit une main, sentant l'air pour voir où il se trouvait, manquant à chaque fois.
-Êtes-vous là? Eléonore s'approcha un peu plus lentement. Je ne vous entends pas.
-Je suis là, répondit le duc, ne sachant pas trop pourquoi, mais se tenant hors de sa portée.
-Êtes-vous Rory Lennon-Watts, duc de Nottingham?
-C'est ainsi, répondit-il.
Il pressa ses lèvres l'une contre l'autre,
se refusant le goût de sa bouche.
- Pourquoi m'enfermez-vous ici ?
Qu'est-ce que mon père vous à fait ? Quoi qu'il en soit, je suis désolée, je voudrais vous aider à régler le problème.
Rory se tendit en se rappelant de qui elle était la fille. Gémissant au
souvenir, il se dirigea vers elle dans l'obscurité pour la saisir par les bras.
-Tu es ma prisonnière. Promets-moi que tu n'essaieras plus de t'échapper.
-Je ne peux pas vous le promettre, monseigneur. Si vous ne me donnez pas une meilleure raison, je ne peux pas vous promettre que je resterai ici sans connaître le crime pour lequel vous me punissez, je ne peux pas reconnaître ma culpabilité.
-Donne moi ta parole, ordonna-t-il en se penchant sur elle.
Il l'avait si proche, à sa merci. Elle se balançait sous sa force brutale et pouvait presque toucher ses oreilles avec son nez.
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