❦ Chapitre 10 : Ce qui Restait de Nous ❦
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Chapitre 10:
Prends mon âme, car je ne peux la supporter si tu n'es plus là, près de moi, pour l'envelopper et l'aimer.
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𝐀𝐃𝐑𝐈𝐄𝐍
Après chaque soirée, je me disais que je ne verrais jamais l'aube. Alors, je buvais encore un verre, encore une bouteille, m'assurant que le soleil ne se lèverait jamais pour moi. Détruire ma santé apaisait mon âme déchirée par la douleur de cette rupture.
Inconsciemment, j'ai envisagé la mort sans m'en convaincre.
J'excusais mon mauvais comportement par un deuil amoureux qui perdait tout sens au fil des mois. Enchaîner les conquêtes, les flirts et les partenaires ne put jamais remplir le vide béant laisser par Marinette.
La souffrance m'a poussé à douter de toutes mes certitudes, la gentillesse disparut très vite ensuite selon les bons désirs de la méchanceté et de la froideur. Une humeur mélancolique dont je n'ai plus pu me défaire, et qui désormais tenait hors de ma portée toutes les meilleures choses que le monde apportait.
Pour alléger le poids de la peine, en général on responsabilise quelqu'un d'autre que soi. Mon courant s'est retourné sur elle, cette belle cible féminine, Marinette Dupain-Cheng que j'ai laissé derrière moi alors que la jeunesse fleurissait encore son doux visage.
Peut-être suis-je devenu mon propre martyr par intermittence. Mais comment parvenir à oublier la disparition si brutal d'un tel bonheur ?
Pendant des années, je l'ai détesté et puis, je l'ai revue. Belle et sereine, elle flânait, insouciante. En face de moi, comme si les années n'avaient rien changé.
La colère qui me dévorait bourdonnait dans ma tête. Marinette tressaillit lors de la rencontre frontale et frappante de nos yeux ensembles. La voiture klaxonna malgré les dégâts infligés au capot. Rien de grave, juste d'insupportable à réparer et à un prix cher au garage.
Le conducteur, un homme, ne sortit pas de son automobile. Il se mit à l'abri du monstre que je devais surement lui sembler.
— On rentre. Maintenant, articulai-je, d'une voix rauque et gelée.
Ma petite noiraude ne fit aucune réaction, et je m'approchai subitement vers elle, attrapait fermement sa main sans la blesser et d'un jet l'emportait à ma suite. Le temps ralentit apporta un charme à ce moment inédit que nous partagions tous les deux.
Si je voulais que nos retrouvailles soient inoubliables, grâce à elle, c'était le cas.
Marinette me suivit sans dire un mot. Elle n'essaya guère de m'ôter sa main, pensive, craintive, vulnérable, mais tellement sexy. Sa réaction alimentait mon imagination malsaine, vicieuse, un chouya trop accro à elle.
J'étais arrivé en voiture, me voila faire le chemin retour à pieds. Mais pas en mauvaise compagnie, et cette remarque me permis de supporter la distance, les pas, les rues, le monde autour de nous parmi lequel des personnes me reconnaissaient et me photographier d'un geste qui se voulait discret.
— Où m'emmènes-tu ? demanda-t-elle enfin, la voix douce, presque timide.
— Chez moi.
La haine affluait dans mes veines qui faisaient bouillirent mon sang. Je luttais contre la colère à proximité de sa source et c'était vraiment le meilleur sentiment que j'ai pu ressentir depuis ces trois ou quatre dernières années.
— Adrien, murmura-t-elle.
Je lâchais un profond soupir d'exaspération avant de m'arrêter pour me retourner et retrouver face à elle. J'ai relevé la tête vers elle. Ses yeux brillaient, hésitants.
Elle hésitait, comme si elle cherchait les mots ou l'envie de continuer cette conversation.
— On dit que les hommes qui reviennent n'ont jamais vraiment trouvé mieux, elle soumit. Alors, dis-moi : tu es revenu parce que tu n'as pas trouvé mieux ?
Je voulus hausser un sourcil mais ses paroles prirent soudainement leur sens dans mon esprit et mes yeux dévisagèrent une brève fraction de secondes nos mains jointes dont la chaleur contrastait harmonieusement avec la fraicheur ardente de l'air.
J'ai senti une pointe d'amertume, un éclat de défi dans son regard. Une intense hésitation retenu par un haussement de sourcils m'a poussé à saisir l'occasion. La chaleur de ses mains brula les miennes, et je sentis un battement cardiaque m'échapper.
— Marinette, ai-je soufflé, aucune fille ne t'égalera jamais. Personne n'a pris ta place.
Elle a souri tristement, les joues rosies.
— Tu as essayé de me remplacer, pourtant ? demanda-t-elle, avec une innocence qui me serrait le cœur.
Un moment de silence, pendant lequel ses mots résonnaient en moi. Puis, enfin, j'ai hoché la tête, lentement.
— Si j'avais vraiment voulu, j'aurais pu. Mais chaque fois, ton image revenait, envahissant tout. C'était comme si j'étais marqué... ton absence étant un tatouage gravé sous la peau.
Elle détourna le regard, ses yeux embués, un voile de tristesse glissant sur son visage. Mais elle se reprit, regardant un instant le sol, comme si elle cherchait à rassembler son courage.
Pourquoi as-tu l'air si triste, ma princesse ?
— Moi, j'ai essayé d'aller de l'avant, dit-elle doucement. Mais... ça n'a jamais été jusqu'au bout.
Sa voix était basse, comme un secret qu'elle m'offrait, malgré elle. Un sourire nerveux naquit au coin de ses lèvres, mais elle se taisait, fuyait mon regard.
Un silence se posa entre nous, lourd de choses non dites, de blessures à peine refermées.
— Et pourquoi cette déception, alors ? demandai-je, avec un mélange de curiosité et de tristesse, cette pointe amère qui s'accrochait dans ma voix. Pourquoi j'entends du regret dans ce que tu dis, Marinette ?
Elle haussa les épaules, comme si elle ne trouvait pas de réponse elle-même, puis prit une grande inspiration.
— Parce que je croyais que le passé finirait par être juste... le passé, murmura-t-elle. Je pensais que je serais libre de tout ça, et que toi aussi, tu serais libre de moi.
Elle me regardait avec cette douleur qui se nichait, douce et tenace, entre chaque mot.
Je sentais la colère remonter, mais cette fois, elle était dirigée ailleurs – contre moi-même, peut-être.
— Marinette, ce que tu dis n'a pas de sens. Pourquoi m'aurais-tu fuis, alors ? Et pourquoi voudrais-tu que j'oublie tout ? gronda-je, un peu trop brusquement.
Elle inspira, lentement.
— Quelques temps après ton départ, Nino est entré à l'hôpital. Il t'appelait les soirs où il... Tu lui manquais, Adrien. Articula-t-elle, et elle reprit une voix claire et nette. Parce que ton départ a laissé des traces, Adrien. Ton absence, ton silence... ils ont brisé des liens qui me semblaient indestructibles. As-tu pensé à cela avant de revenir ? As-tu seulement conscience du mal que tu as laissé derrière toi ?
Ma mâchoire se contracta. La colère refait surface et ce doux moment disparu à des kilomètres de nous, aussitôt.
— Je suis là maintenant, ça devrait suffire, non ? Et puis, je croyais qu'on parlait de nous. Pourquoi tu me parles de Nino ? Tu mélanges tout, Marinette !
Je lâchai sa main, sec et sans retenue, sentant la frustration monter en moi.
Elle resta un instant immobile, les yeux grands ouverts, surprise par ma réaction. Puis elle leva le menton, le regard durci, comme prête à se battre.
— Tu penses pouvoir revenir comme ça, balayer le passé et ignorer les gens que tu as blessés ? Tu crois qu'il suffit de dire "je suis là maintenant" et tout va s'effacer ?
J'ai pris une profonde inspiration, mes doigts cherchant nerveusement mon paquet de cigarettes. J'en allumai une, comme pour repousser un peu de cette colère qui menaçait d'exploser.
Elle secoua la tête, en riant nerveusement, comme si elle découvrait enfin une vérité amère.
— Tu n'as jamais changé, Adrien. J'espérais que le temps t'aurait au moins appris quelque chose, mais apparemment... on ne change pas.
Je laissai échapper un rire amer, incapable de contenir le sarcasme dans ma voix.
— Peut-être que c'est toi qui rêves, Marinette.
Elle me regarda, bouche entrouverte, déçue, comme si je venais de détruire le dernier pont entre nous.
Elle serra les bras contre elle, comme pour se protéger de mes mots. Un silence glacial s'étira entre nous, et pendant un instant, je crus qu'elle allait tourner les talons et partir sans se retourner. Mais au lieu de cela, elle me fixa de ses yeux sombres et profonds, et il y avait dans son regard une force que je n'avais encore jamais vue.
— Tu veux vraiment qu'on soit honnêtes ? demanda-t-elle d'une voix basse, vibrante d'émotion contenue.
J'acquiesçai sans un mot, soudain incapable de trouver la moindre réponse.
Elle secoua la tête, comme pour se préparer à prononcer des mots difficiles.
Je sentais que je perdais le contrôle. D'habitude, il suffisait d'un mot, d'un geste, pour tout changer entre nous. Mais cette fois, elle ne pliait pas, et cela m'agaçait autant que cela me fascinait.
— Tu ne comprends pas, Marinette, répliquai-je enfin, essayant de rester calme. Si je suis revenu, c'est parce que tout ce que j'ai trouvé, partout, était sans importance. Rien n'avait de sens, sauf toi. J'ai été un con, je le sais, mais tu ne peux pas me reprocher d'avoir tout fait pour revenir vers toi.
Elle me dévisagea, l'air sceptique, comme si elle tentait de lire au travers de mes mots.
— Tu crois que tu es revenu pour arranger les choses. Mais c'est facile pour toi de dire ça maintenant. Toi, tu étais parti, tu t'es construit ailleurs, tandis que moi... je suis restée.
Elle marqua une pause, cherchant ses mots, puis plongea son regard dans le mien, ses yeux brillant d'une détermination nouvelle.
— Peut-être que tu es revenu parce que tu n'as trouvé nulle part ce que tu voulais... mais pas parce que tu m'aimes encore, Adrien. Peut-être que tu es juste accro à l'idée de moi, du passé, de tout ce que tu crois avoir perdu. Mais ce vide, je l'ai ressenti tous les jours, pendant des mois. Mais je ne pouvais pas m'effondrer. Alors j'ai dû m'en sortir toute seule. Apprendre à avancer sans toi, m'obliger à me dire que je ne te reverrais plus, même si une part de moi espérait toujours...
Ses derniers mots étaient un murmure, presque un aveu arraché de force. Sa voix se brisa, mais elle redressa le menton, son regard plus intense que jamais.
Je laissai échapper un rictus amer, déstabilisé par la précision de ses mots. Elle m'avait percé à jour, exposant une vérité que je ne voulais pas affronter.
— Et maintenant, tu reviens comme si rien n'avait changé, avec tes airs de conquérant blessé... Mais tout a changé, Adrien. Moi, j'ai changé. Peut-être que tu ne l'as pas encore réalisé, mais ce que tu vois là... ce n'est plus la même Marinette.
Je la fixai, pris de court par la force tranquille qui émanait d'elle.
— Tu crois tout savoir ? m'emportai-je. Tu penses vraiment pouvoir lire en moi, comme ça ? Tu crois que c'est facile pour moi de revenir ici, de tout affronter, de faire comme si rien n'avait changé alors que tout est différent ?
Elle secoua la tête, croisant les bras, ses traits marqués par une tristesse que je reconnaissais.
— Peut-être que c'est le problème, Adrien. Tout est différent... sauf toi.
Je sentis ma gorge se serrer. Elle prenait une distance qui, cette fois, semblait irréversible.
— J'ai passé trop de temps à t'attendre, Adrien. À espérer que tu reviennes, que tu sois celui que j'avais idéalisé. Mais ce n'était qu'un rêve. Aujourd'hui, je ne veux plus vivre dans ce rêve. Je veux avancer, sans toi.
Ses mots frappèrent comme des coups de poignard. Tout ce que je pensais, tout ce que je voulais lui dire, s'effondra dans le silence.
Elle recula d'un pas, gardant cette dignité étrange, cette force que je lui enviais soudainement. Puis elle murmura, presque pour elle-même :
— Prends soin de toi, Adrien.
Sans un mot de plus, elle se retourna et s'éloigna dans la nuit, laissant derrière elle une ombre de regrets et des fragments de souvenirs épars. Je restai là, figé, à la regarder s'éloigner, emportant avec elle tout ce que j'avais cru retrouver.
Et tandis que la silhouette de Marinette se fondait dans les ombres, je sentis pour la première fois le poids du véritable vide qu'elle laissait dans mon existence.
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Coucou !
J'ai terminé et corrigé le chapitre suivant à l'instant! Donc j'ai publié celui-ci.
Veuillez m'excuser pour le retard je croule sous le travail ces derniers temps.
Le chapitre suivant est vraiment différent de ceux de d'habitude car je voulais vraiment qu'il ressemble au thème que j'avais pour l'histoire à l'initial.
Voili voilou :3
Je vous embrasse et vous dit à bientôt ❤️
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