❦5- Soirée Miraculous❦

Chapitre 5:
Parfois, il suffit juste que quelqu'un te regarde vraiment et te dise : « Je te vois. »


𝐌𝐀𝐑𝐈𝐍𝐄𝐓𝐓𝐄

À l'intérieur de la Jeep, un bien appartenant à Luka, Juleka et lui discutaient sérieusement de son ordonnance. Luka insistait sur la nécessité de prendre les médicaments de manière régulière et responsable, mettant en garde contre l'abus d'antihistaminiques en raison des antécédents addictifs de sa sœur cadette.

L'espace généreux de l'automobile offrait une sensation de confort plutôt que de confinement. Dans le coffre, Mylène se reposait, et à ma grande surprise, elle semblait apprécier cet espace clos de la voiture.   

À ma droite, Alya était absorbée par le mystère du canular téléphonique, se concentrant sur son identité avec un enthousiasme que je n'osais troubler.

Je tournais les yeux vers la fenêtre baissée, laissant entrer l'air frais et revigorant de l'extérieur. Grâce au vent, mon cœur se calmait. Un sentiment de liberté m'envahit, me permettant de savourer l'excitation sauvage de la vitesse.

L'air était pur et agréable, une vraie bénédiction. Les craintes se dissipaient lentement, se brisant une à une contre le sol, me laissant enfin retrouver le calme et le repos tant recherchés après les récents événements.

Je regardais défiler les arbres, les bâtiments et les passants, trouvant un réconfort suffisant pour délier les tensions liées au stress et à la peur.

Peut-être que tout pourrait revenir à la normale, finalement ?

Adrien... Adrien... Mais il n'y avait plus d'Adrien depuis des années. Peut-être que son retour n'était pas aussi grave et fatal que je l'avais imaginé ?

Nous allons faire un détour pour nous changer chez Alya, annonça Juleka, demandant à son frère de tourner à la prochaine intersection.

Très bien, répondit-il en vérifiant son rétroviseur.

Son siège était devant le mien, nos regards eurent le hasard de se croiser une demi-seconde. Mes joues s'empourpraient de plus belles alors qu'il redémarrait au feu vert.

Soudain, mon téléphone vibra. En le sortant de ma poche, je découvris un message inattendu : une annonce d'une chaîne que je suivais, motivée par une raison peu flatteuse : suivre la vie d'Adrien.

En lisant : "Le séduisant Adrien en sortie ce soir à Paris...", j'éteignis immédiatement mon portable.

Pas besoin d'en savoir plus. Une curiosité excessive aurait risqué de briser la paix fragile que je m'efforçais de préserver. Il pouvait vivre sa vie et se promener à sa guise ; nous n'avons qu'une vie, mais je ne voulais rien savoir.

Mon objectif était clair : l'empêcher de venir au bal. C'était tout ce dont j'avais besoin de savoir. Rien de plus. Pas de déviation, et je serais bien.

Agir ainsi n'était pas de la lâcheté, mais de la protection. Car feindre le courage peut souvent nous entraîner dans les pièges du chagrin.

Nous arrivons dans quelques minutes, annonça Luka.

J'ai trop hâte ! s'exclama Rose avec enthousiasme.

Nous allons être magnifiques ! Il faut choisir de belles tenues.

Mylène a raison, ajouta Rose en se tournant vers Alya avec un sourire. Tu vas mettre une robe, Marinette ?

Mes pensées s'échappèrent un instant alors que je la regardais, les yeux écarquillés.

Mon pantalon n'est pas assez bien ?

Tu peux faire mieux, non ? répliqua Alya avec un sourire malicieux.

Je levais les yeux au ciel, essayant de contenir l'angoisse qui me nouait lentement l'estomac.

Pour être belle pour Nathaniel, n'est-ce pas ?

La voiture se gara devant l'immeuble de dix étages d'Alya. Je saisis la poignée et bondis hors du véhicule, impatiente. Alya me suivit de près, tandis que Rose sortait du côté le plus proche d'elle.

Luka resterait à nous attendre, désirant veiller sur la sécurité de sa sœur. C'était compréhensible et touchant de sa part.

Je reconnaissais sans peine ma sensibilité à l'amour et au respect qu'un homme peut éprouver pour sa famille. Le respect qu'il manifeste dans chacune de ses actions et paroles, c'était pour moi une forme de beauté encore plus profonde.

Le bruit des portières se fermant résonnait derrière moi alors que je me dirigeais impatiemment vers l'entrée. Ma meilleure amie, qui m'avait suivie de près, se retrouva seule avec moi dans le hall. J'appuyai sur le bouton de l'ascenseur, et elle me demanda d'une voix calme :

Comment trouves-tu Luka ? demanda Alya, en me regardant attentivement.

Qui ? Je tournai la tête vers elle, les bras croisés sous ma poitrine.

Luka, dit-elle en scrutant mon visage.

Il semble être un homme bien, mais je ne le connais pas encore vraiment, c'est notre première rencontre, répondis-je d'une voix distante.

Tu lui plais, affirma-t-elle calmement.

Il est facile de plaire à quelqu'un, mais il est plus difficile de le garder, rétorquai-je.

À cet instant, les filles interrompirent notre discussion lorsque l'ascenseur ouvrit enfin ses portes. Nous montâmes sans trop réfléchir, et je me pressai contre le mur pour reprendre mon souffle un moment.

Les filles continuèrent à parler de la soirée, mais Nathaniel et son projet farfelu restèrent hors de la conversation.

Plus tard, coincée dans la chambre d'Alya pour une séance d'essayage, Rose me tendit une robe rose courte ornée de paillettes, avec des bretelles si fines que j'avais peur qu'elles me coupent les épaules. Mylène avait opté pour un short noir avec des collants fins, un bandeau argenté et une veste de costume noire. Juleka pensait que je devrais choisir la tenue la plus confortable pour moi.

Alya, ma chère Alya, toujours pleine d'idées extravagantes, insistait pour que je porte une jupe rouge avec une chemise élégante blanche.

Toutes étaient unanimes : des talons, pas de ballerines ni de baskets.

La robe bleu clair est bien, avouai-je en caressant la matière légère et douce du vêtement que je tenais dans les mains.

C'est trop simple, voyons ! protesta Alya.

La robe dorée est mieux ! affirma Rose.

Des paillettes partout... j'allais ressembler à une boule de Noël avec ça.

Les filles, allez vous changer, je vais me débrouiller, leur dis-je.

Mylène et Rose hochèrent la tête. Le temps pressait ; cela faisait plus d'une heure que nous débattions pour choisir ma tenue. Une fois de plus, tout le monde savait pourquoi, mais personne n'en parlait, comme si c'était un secret ou une honte à cacher.

Elles se dirigèrent vers la salle de bain, tandis qu'Alya s'installait à sa coiffeuse pour se maquiller aux côtés de Juleka.

Je finis par attraper une robe noire simple, la moins moulante de la penderie d'Alya. Bien que cette robe mette en valeur le décolleté, elle me semblait être la plus sobre.

J'ajoutai un ruban vert émeraude à ma taille et choisis la première paire d'escarpins noirs que je trouvai pour compléter le look.

Viens ici, Mari, m'appela Alya.

Elle m'attrapa par les épaules et se glissa dans mon dos. En un instant, elle défit mon chignon, laissant mes cheveux tomber en cascade sur mon dos et mes épaules.

Devant le miroir éclairé par des ampoules blanches éclatantes, un reflet étranger se dessina. Celui-ci semblait ne plus correspondre à l'identité que je portais réellement.

C'est parfait, comme ça, sourit Alya en me regardant dans le miroir.

Tu es très belle, approuva Juleka, levant les yeux avec un tube de mascara à la main.

Juleka se leva, prit un pinceau et de la poudre rose, et commença à rafraîchir mes joues pour raviver mon teint pâle. Alya, quant à elle, allongea subtilement mon trait d'eye-liner, prolongeant la ligne de mes cils déjà recouverts d'un épais mascara volumisant.

Je me voyais comme une autre femme pleine de potentiel, mais intérieurement, je me sentais plus perdue et vide que jamais. L'image étrangère que je renvoyais me bouleversait.

Que penseraient les hommes en me voyant ? Que diraient-ils si jamais mes mots étaient critiqués ?

Peut-être me trouveraient-ils plus confiante, belle mais sans plus, ou encore me percevraient-ils comme une menteuse cachée derrière des couches de maquillage, prétendant être adulte alors que je suis encore une enfant qui veut grandir trop vite, et dont les paroles démentent l'apparence.

Mon cœur, qui battait la chamade, se calma brusquement lorsque Mylène et Rose revinrent, toutes deux élégamment préparées pour la soirée. Les tenues qu'elles avaient choisies pour elles leur allaient à ravir, bien mieux qu'elles ne m'auraient jamais convenu.

Vous êtes toutes magnifiques, leur dis-je en souriant, et nous nous étreignîmes dans un câlin collectif.

La chaleur et le réconfort de ce contact dissipèrent peu à peu l'angoisse qui me submergeait. Ensuite, Alya attrapa ses clés, et nous sortîmes en trombe de l'appartement, nous engouffrant dans l'ascenseur, laissant derrière nous un sillage de parfum.

Ce n'est pas le moment, Rose, gronda Alya lorsque Rose commença à évoquer une annonce qu'elle avait vue plus tôt.

Je sais, désolée, Mari...

Dis-le, ce n'est pas grave, ne t'inquiète pas, lui répondis-je d'une voix douce.

Rose échappa un regard entendu avec les autres filles, puis sortit son téléphone, pianota dessus et me montra l'écran.

Tout le monde en parle, c'est la grande nouvelle depuis quelques heures. Mais...

Je lus rapidement chaque ligne de l'article qu'elle affichait devant moi, et mon cœur sembla descendre au même rythme que l'ascenseur dans lequel je me sentais soudainement à l'étroit.

"Adrien Agreste aperçu en compagnie de la célèbre championne d'escrime Kagami Tsurugi. Selon les rumeurs, ils sortiraient ensemble depuis un an."

Les journalistes ne disent pas toujours la vérité, il y a beaucoup de sensationalisme pour attirer l'attention, ne te fie pas à ce qu'ils racontent, Mari, intervint Alya, qui, désirant faire carrière dans le journalisme, était bien au fait de ce genre de sujet.

Mais comment calmer un cœur qui, malgré moi, se brisait en mille morceaux ?

Une fille qui pense pouvoir se fier à un garçon comme Adrien est perdue. Marinette, tu n'as rien à lui envier. Si tu voyais à quel point tu es meilleure qu'elle, assura Rose.

Après ce qu'il t'a fait, il est clair qu'il lui fera encore pire, confirma Mylène, le ton dédaigneux et les sourcils froncés. Face à leurs encouragements, bien que critiques à l'égard de Kagami, je me sentais coupable.

Cette fille n'avait rien demandé, mais à cause de ces photos, elle allait bientôt devenir la cible d'attaques injustifiées. Je refusais d'imaginer le cyberharcèlement auquel elle serait confrontée, accablée par l'injustice de son sort.

Pour un homme qui n'était beau que de l'extérieur, finalement.

Je n'étais pas vraiment jalouse, ou peut-être l'étais-je un peu, mais c'était surtout un profond désespoir qui m'envahissait, celui qui ne m'avait plus quittée depuis le départ du mannequin. Ce désespoir remplissait désormais toute ma poitrine.

Leur bonheur ne me concernait pas, alors pourquoi porterais-je un jugement blessant ?

Mon estime de moi m'interdisait d'agir ainsi et me convainquait que je devais réagir en conséquence.

Je me sens bien, ne vous inquiétez pas. C'était une situation prévisible, après tout. C'est... c'est Adrien. Et il est très connu, ajoutai-je en esquissant un sourire rassurant, les mains levées en signe de paix.

De toute façon, on est toutes d'accord pour dire qu'il a vraiment perdu la meilleure personne du monde ! affirma fermement Rose, malgré sa nature habituellement réservée.

Ses mots, bien que touchants, me frappèrent profondément et des larmes commencèrent à perler dans mes yeux. Alya, toujours attentive, intervint immédiatement :

Câlin collectif avant d'aller s'éclater au Pub Miraculous, les filles !

Nous éclatâmes de rire et nous nous étreignîmes. Je cachai ma tête derrière celle d'Alya, luttant pour contenir les larmes de joie et de tristesse qui me serraient la gorge.

Les mots restaient bloqués dans ma bouche, tandis que mon ventre se tordait douloureusement entre excitation et déception. Une seule pensée persistait : oublier.

Les portes métalliques de l'ascenseur s'ouvrirent, et nous courûmes aussi vite que possible vers la Jeep de Luka.

Quand il nous aperçut, il était adossé à sa voiture noire, le regard fixé sur l'écran de son téléphone, une main plongée dans sa poche.

Content de voir que vous avez mis vos chances de côté pour ne pas passer inaperçues, lança-t-il avec un sourire en coin.

Tu plaisantes ? répliqua Alya en croisant les bras. Même sans ça, on aurait volé la vedette à n'importe qui.

On ne peut pas en dire autant de moi avec tous mes pansements... souffla Juleka, légèrement peinée.

Ne doute pas de toi, ma chérie. Tu es toujours aussi belle à mes yeux, la réconforta aussitôt Rose en posant une main sur son épaule.

Les deux femmes échangèrent un regard tendre et s'offrirent un doux baiser, que Alya s'empressa de capturer.

Souriez, tout le monde ! s'exclama-t-elle en levant son téléphone pour que tous se dirigent vers la caméra.

Non loin, je sentis Luka se glisser à mes côtés. Il inclina légèrement la tête dans ma direction, souriant au téléphone. Alya remarqua le rapprochement, mais attendit de compter jusqu'à trois avant de toucher l'écran. Nous souriions et riions tous ensemble.

C'était un moment magnifique.

Un instant si pur, sincère et joyeux que j'aurais voulu qu'il dure éternellement, sans jamais s'arrêter.





***

𝐀𝐃𝐑𝐈𝐄𝐍

Kagami, sors de cette voiture, ordonnai-je, commençant à perdre patience, me tenant devant la portière ouverte.

Deux minutes, répondit-elle en ajustant ses cheveux dans le petit miroir de poche. Elle rabattit le miroir et bondit hors de la Mercedes, ses talons résonnant sur le bitume.

Je soupirai en fermant la portière derrière elle, puis passai une main dans mes cheveux pour les recoiffer.

Ton costume semble trop formel pour cet endroit, observa-t-elle calmement en rangeant son rouge à lèvres dans sa pochette noire.

Elle s'approcha, se plaça devant moi, et, sur la rue, retira ma veste de costume. Des passants s'arrêtèrent, reconnaissant certains d'entre nous, et dégainèrent leurs téléphones pour prendre des photos.

Je laissai échapper un soupir d'exaspération et lui murmurai :

Bouge, ne me touche pas.

Imperturbable, elle réajusta calmement le col de ma chemise blanche et défit deux boutons.

Remercie-moi, je fais grimper ta popularité.

Tu gâches surtout mon plan pour retrouver la fille que je cherche, pensai-je sans rien dire.

Kagami se recula et se tourna vers l'immeuble que nous étions venus inspecter. La brasserie, bruyante et bondée, crachait une musique assourdissante, presque offensante, avec des paroles pleines d'insultes et de jugements envers les femmes.

Le contraste avec le silence que je préférais était frappant.

Je me rappelais une époque où, naïf et insouciant, je dansais et riais au rythme de ce genre de chansons. Aujourd'hui, ces souvenirs semblaient aussi douloureux que futiles.

Le lycée, Paris, et tout ce qu'ils impliquent.

Miraculous, lut Kagami en observant les néons de l'établissement. C'est un nom étrange, non ? Elle haussait les sourcils, sceptique, une cigarette entre les doigts.

Je restai silencieux, me remémorant ce lieu où j'avais traîné après les cours avec Nino et... mes anciens amis. Le passé était devenu un terrain miné, difficile à traverser.

C'est rempli de gens malodorants et mal éduqués. Si j'avais su, je serais venue en survêtement. Je vais attirer tous les gros porcs du coin, grommela Kagami en exhalant une fumée opaque.

Nous ne sommes pas ici pour nous amuser, lui rappelai-je d'un ton glacé, les mains dans les poches, tandis qu'elle pendait ma veste sur son bras.

Un point pour toi, soupira-t-elle en écrasant presque entièrement sa cigarette.

Le plan de la soirée était simple : Nathaniel avait des intentions que je ne pouvais ignorer. Mon cœur m'avait conduit dans cet endroit dégradé, et je comptais bien conclure cette soirée par une victoire. J'avais traversé trop de choses pour laisser cette chance me glisser entre les doigts.

Nathaniel était un bon garçon, fondamentalement, mais il était emporté par ses émotions. Sa jalousie ne faisait que renforcer une rivalité déjà perdue d'avance.

Je t'avais prévenu qu'il essaierait quelque chose en apprenant ce que tu voulais faire, annonça Kagami, les bras croisés.

Nous attendions que Kagami finisse sa deuxième cigarette. Pendant ce temps, je m'efforçais de maîtriser mes émotions. Mon esprit était envahi par des scénarios embarrassants, et chaque pensée la concernant compliquait davantage le maintien de mon calme.

Ça ne changera rien, assurai-je avec une froideur soigneusement contrôlée.

À toi de voir. Personnellement, je sais déjà comment ça va se terminer.

Partage donc tes certitudes, me moquai-je avec un sourire forcé, trouvant son assurance presque risible.

Mal. Si elle rejette l'un de vous deux, la guerre éclatera et il y aura de nombreuses victimes innocentes... Tout ça pour une femme, soupira-t-elle, incrédule face à l'absurdité de la situation.

Ce n'était pas n'importe quelle femme, mais je préférai ne pas le lui faire remarquer. Elle le savait déjà.

Enfin bon, murmura-t-elle en laissant tomber sa cigarette au sol et en l'écrasant sous son pied. Tu connais déjà mon avis.

Kagami prit l'initiative d'entrer dans l'établissement, et je la suivis de près, restant vigilant. Nous nous installâmes au bar, où presque toutes les tables étaient déjà occupées ou réservées pour de grands groupes. Je commandai pour nous deux, et Kagami fit de même.

Un rhum sans glace.

Une grenadine gazeuse, demanda-t-elle.

Le barman haussa les sourcils mais se mit au travail. Kagami le dévisagea pendant qu'il préparait les boissons et me souffla :

Pas d'embrouilles, c'est ça ?

Exactement.

Elle soupira, visiblement agacée, tandis que je balayais la pièce du regard. Nathaniel entra alors dans mon champ de vision, entouré de quelques amis que je reconnus immédiatement : Ivan, Alix et Kim.

Ils étaient regroupés autour d'une grande table à moitié vide, sans doute en attente de l'arrivée de plus de convives.

Accoudé au bar sombre, je m'efforçais de rester patient. Un homme s'approcha de Kagami et engagea la conversation sans se faire repousser.

Il donna des détails intéressants : le roux à la table, Nathaniel, était un habitué et s'apprêtait à faire une demande en mariage imminente à sa petite amie.

Sa copine est une jolie chinoise, je l'ai vue plusieurs fois. Mais toi, ma belle, tu la surpasses de loin, bien sûr... Il sourit à Kagami avec un air charmeur.

Kagami lui répondit par une gifle magistrale qui fit percuter son visage contre le bar. La foule, trop alcoolisée, ne réagit guère, à l'exception du barman et d'un autre homme. Le coup de Kagami semblait presque exagéré, à peine un effleurement mais suffisant pour faire saigner l'homme.

Kagami se leva de son tabouret en soupirant :

J'étouffe ici avec ces abrutis, je vais sortir fumer.

Sans même m'en rendre compte, je découvris en consultant mon téléphone que nous étions là depuis presque une heure. Combien de temps Kagami avait-elle enduré pour en arriver à ce point de rupture, explosant contre un homme qui ne méritait guère mieux ?

Heureusement que je t'ai dit de ne pas créer d'embrouilles, grognai-je dans ma barbe.

Deviens une femme un jour, et tu verras, rétorqua-t-elle froidement en s'éloignant.

Je serrai la mâchoire. La musique ralentit soudainement, transformant la piste de danse en une scène intimiste pour les couples. Ma popularité m'empêchait de céder à l'envie de tout laisser tomber, mais la pression autour de mon cou me rendait presque fou. Alors que mes nerfs étaient à vif, une silhouette apparut à mes côtés.

Je tournai la tête rapidement, et mon cœur manqua un battement. Ou peut-être plusieurs, jusqu'à en perdre le compte.

Ma belle Marinette ! s'exclama le barman avec un grand sourire, alors qu'il avait jusqu'alors affiché un visage ferme et froid.

Bonsoir, Gile, répondit-elle avec un sourire, tandis qu'à ses côtés, je remarquai une petite touffe violette.

Juleka.

La jeune femme portait un bandage autour de la tête, et son visage était couvert de bandes et de pansements, notamment sur ses lèvres et ses joues.

Pour ne pas compromettre ma couverture, je détournai la tête et me tournai légèrement, afin qu'aucune d'elles ne puisse me reconnaître. J'ouvris grand mes oreilles et me concentrai sur leur conversation.

Comme d'habitude, réclama Marinette d'une voix si douce que je faillis tomber de mon tabouret alors que j'étais stablement installé.

Cela faisait une éternité que je n'avais plus entendu sa voix, ni ressenti sa présence.

Mon cœur, libéré de chaînes invisibles, battait furieusement dans ma poitrine, comme un prisonnier enfin délivré, ne sachant plus où se poser.

Ma respiration devint brève, presque imperceptible, comme suspendue dans le vide.

Ce n'était ni la peur ni la terreur qui me clouait sur place, ni même le désir ardent de réparer les liens brisés entre nous. C'était un sentiment inexplicable, surgissant soudain en moi, brûlant chaque fibre et chaque veine de mon être, comme une explosion intense.

Mari, mon frère est parti garer la voiture, mais il va nous rejoindre bientôt, intervint Juleka à travers le brouhaha de la musique.

Qu'est-ce qu'il veut ? demanda aussitôt la bleutée.

Pas d'alcool pour lui, il n'en boit pas. Une menthe à l'eau lui ira très bien, répondit Juleka.

C'est d'un adolescent dont vous parlez, mesdemoiselles ? se moqua gentiment le barman.

Non, rétorqua Marinette d'une voix claire et, par moments, irritante. Il est notre aîné de quatre ans.

Deux ans pour moi, contredit Juleka, qui était en redoublement.

Alors, mesdemoiselles, je vous assure que ce garçon peut boire autre chose qu'une menthe à l'eau ! affirma l'homme. Laissez-moi lui préparer une belle potion magique.

Je connaissais les termes. Et malgré les souhaits exprimés par les filles, la boisson serait, en effet, alcoolisée.

Pourtant, elles n'élevèrent aucune objection, laissant le barman libre de ses choix.

Alors qu'il se tournait pour préparer leurs verres, je me perdais dans les murmures des femmes qui conversaient.

Comment tu te sens ? demanda Juleka.

Bien, je te l'ai déjà dit. C'est la troisième fois que tu m'interroges, rouspéta Marinette, visiblement nerveuse.

Le tremblement fébrile de sa voix me semblait étrangement familier, me transportant immédiatement dans les méandres du passé.

Dans mes souvenirs, elle avait souvent du mal à parler sans bégayer. Sa peur, à la fois vive et inutile, la faisait trembler. Je n'aimais pas la voir ainsi.

Pourtant, avec le temps, nos échanges avaient apaisé son malaise. Nos conversations étaient devenues fluides, sans les hésitations d'autrefois.

Nous partagions nos confidences, innocentes et naïves, dans une sérénité totale.

Nous nous faisions une confiance totale, ce qui témoignait de tout l'amour que nous nous portions. Mais tout a été détruit, brutalement et bruyamment.

Il ne restait plus que des éclats de nos cœurs brisés que je voulais réparer et recoller ensemble. Pour nous unir à nouveau, pour l'éternité.

Après toutes ces années, garder Marinette dans mon cœur était devenu une question de vie ou de mort.

Nathaniel est installé avec les autres.

Je sais.

Si tu ne veux rien, tu peux toujours te retirer, dit Juleka doucement, visiblement inquiète pour son amie.

Mais tu sais que je ne peux pas... répondit Marinette avec une expression triste.

De quoi parlaient-elles ? Était-il possible qu'elles soient au courant des intentions de Nathaniel et que Marinette ait accepté de participer à ce qu'il se préparait ?

C'était inconcevable.

Tu es libre de choisir ta voie, Mari. De toute façon, Adrien ne s'approchera pas. On te l'a promis, et nous tiendrons notre promesse.

Marinette la prit dans ses bras en signe de gratitude. Le barman se tourna vers nous juste au moment où je sentis une présence derrière moi, se glissant rapidement dans la foule tel un serpent.

Le prédateur les rejoignit, et la voix de Juleka résonna :

Le prédateur se joignit à eux, et Juleka lança :

Luka, voici un cadeau du barman.

Exactement. Et, jeune homme, faites-moi savoir ce que vous en pensez, ajouta l'homme avec fierté.

Je risquai un regard pour fixer une personne, elle seule. Son visage, tourné vers ses amis, et ses yeux perdus dans un vide pensif, furent interrompus par une question posée par le frère de Juleka :

Tu veux danser, Marinette ? demanda-t-il d'une voix calme et douce qui me fit serrer ma main autour de mon verre.

Elle le regarda, et dans ce regard, une étincelle me transperça le cœur. Comment pouvait-elle s'intéresser à cet homme qu'elle ne connaissait même pas ?

Kagami m'avait prévenu : Marinette avait probablement tourné la page. Pourtant, après mes recherches, j'avais cru que la voie restait ouverte. Pourquoi devais-je découvrir maintenant que ce n'était pas le cas ?

Merde ! Je refusais qu'elle appartienne à quelqu'un d'autre que moi.

Et pourtant, alors que je fulminais contre ce type incapable de voir qu'elle n'était pas disponible, le destin me frappa en traître. Quand j'entendis sa voix répondre...

Je veux bien.

Elle voulait bien ? Bien quoi ?

Ma tête se releva brusquement, et je me tournai complètement vers elle. Mais ses yeux étaient uniquement rivés sur Luka. Rien d'autre n'existait pour elle, juste ce contact visuel.

Si seulement elle avait élargi son regard, elle m'aurait vu. J'étais là, à seulement cinq mètres, pas à des milliers de kilomètres.

Mais non, elle saisit simplement la main de Luka et le suivit sur la piste de danse, sans même me remarquer.

Comme si je n'avais jamais existé.






Salut ! C'est toujours amusant de voir Adrien et Marinette dans le même endroit. C'est comme si chaque fois qu'ils se retrouvent, il y a forcément un drame. Jamais une soirée ne se passe sans que leurs retrouvailles ne dégénèrent !

Je suis désolée pour le retard de la suite, j'ai été pas mal occupée ces derniers temps. Je vais m'atteler à l'écriture tout de suite, en espérant qu'elle vous plaira.

À bientôt ! Passez une très bonne soirée, et j'espère à très vite ❤️

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