❦ 2- Une voix dans la tête ❦

Chapitre 2 :
Je pourrais pas te le dire, il faut que tu t'imagines.




𝐌𝐀𝐑𝐈𝐍𝐄𝐓𝐓𝐄



À travers mon pull en maille noir, je sentis de violentes sueurs froides envahir tout mon corps. Les palpitations de mon cœur enchaînaient des pulsations à un rythme qui tâchaient ma vue de petits points noirs et blancs.

" Dit-le, Marinette. "

Ma main tremblait lorsqu'elle tira sur la petite porte gelée de mon casier métallique aussi bleuté et sombre que les profondeurs de la fosse des Mariannes. J'aspirai une grosse goulée d'air quand des pas retentirent droit dans ma direction.

La sonnerie de midi retentit si fort qu'elle faillit me faire exploser les tympans. Je grimaçai et me pressai à ranger mes livres de textile, environnement et design de mode.

Les jambes flageolantes à cause d'une voix dans ma tête que je pensais disparus pour toujours rendit la tâche de rester debout bien plus compliquée que je ne l'aurais imaginé.

Pourquoi était-elle revenue ?

Pourquoi après toutes ces silencieuses années ?

" J'ai besoin d'entendre ta voix, j'ai besoin de toi, princesse... "

Bonjour... princesse, murmura une voix grave à mon oreille, et je sursautai brutalement une main sur le cœur.

Un olé cardiaque avait faillis m'emporté dans l'au-delà et ma main frappa violemment l'épaule du garçon devant moi.

Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça, Nathaniel ! Pestai-je les sourcils froncés alors que le roux souriait, prêt à rire.

Ce surnom te va pourtant si bien, fit-il une moue déformant ses lèvres roses.

Que fais-tu ici ? Demandai-je aussitôt pour ne pas traîner le sujet.

Dois-je avoir forcément une raison pour venir voir ma personne préférée ? Sourit-il en passant son bras autour de mon cou quand je fermais mon casier en levant les yeux au ciel.

Nous avancions dans le long couloir jusqu'à la sortie et je retirais son bras.

Nathaniel, j'ai beaucoup de travail et je ne sortirais pas avec toi ce soir.

Très bien alors je vais profiter de notre rendez vous avec Alya pour passer du temps avec toi, insista-t-il sans lâcher son sourire enjoué. 

Mon ami fut toujours d'une grande joie ce qui le distinguait considérablement des autres qui n'hésitaient pas à faire apparaître leur lassitude de la vie. Je l'appréciais pour cela, pour cette dose d'amour et de bonheur qu'il apportait quotidiennement aux autres. Sa gentillesse surpassait de loin l'amer aigreur des gens que j'avais pour habitude de fréquenter à l'université. Le travail compliquait la tâche à rester joyeux mais certains préféraient relativiser et camper sur l'optimisme pour survivre à la dureté du quotidien journalier et éprouvant des études.

Néanmoins, il aimait partager son affection à mon égard d'une manière bien particulière dont nos amis n'hésitaient pas à se moquer.

Un jour, nous sortirons ensemble. Ce n'est qu'une question de temps, je le sais. Finit par avouer alors que nous descendîmes les marches.

Mon silence flotta dans l'atmosphère afin d'optimiser mes chances de survivre à ses relances d'avances le plus longtemps possible.

Nathaniel ne cachait plus ses sentiments pour moi, mais j'avais toujours douté de sa sincérité à cause de ce côté don Juan qu'il possédait et dont il se jouait abusivement. Cette réputation enlaidissait sa personne pourtant dotée d'une des plus sincère et belle personnalité que j'avais jamais rencontré. 

Alors, pour tempérer entre l'amitié et l'amitié oppressées par une barrière fine, je dansais d'un pieds à un autre.

Alya est là-bas, annonça Nath d'un geste du menton désignant le banc à pic nique sous le grand chêne brun à quelques mètres situé au fond du parc de l'université.

Surplombant mon corps d'une bonne demi-tête de plus, il me fit un clin d'œil lorsque je levais les yeux vers lui. Je ne pus m'empêcher de presser mon livre fort contre ma poitrine.

Vous voilà enfin, s'exclama Alya en levant la tête.

J'embrassais sa joue et saluai Rose, Mylène et Alix avant de m'asseoir à côté d'elle. Nathaniel n'eut guère d'autre choix que de s'asseoir à côté de Mylène face à Alya car il n'y avait plus d'autre place.

Pourquoi as-tu insisté pour cette réunion ? Demanda Rose, curieuse.

Ses grands yeux bleus trahissaient l'empressement qui l'envahissait.

Écoutez, j'ai appris par des rumeurs dans la boîte de journaliste où je travaille qu'une personnalité publique est de retour à Paris. Et... elle marqua une pause et me lança un coup d'œil attristé, puis se reconcentra sur les autres pendus à ses lèvres. Il semblerait que cela concerne Agreste Entreprise.

Boum.

Mon cœur lâcha violemment et s'effondra au fond de ma poitrine en morceaux. Mon corps s'immobilisa malgré que Alya posait aussitôt sa main sur mon épaule.

Je suis désolée Mari, souffla-t-elle d'une voix si douce qu'elle me poignarda le cœur.

" Pardonne-moi, Adrien, je t'en prie..."

J'entendis et ressentis l'ancienne fissure qui avait brisé impunément mon cœur trois ans avant, intensément.

Attends... T'es sûr ? Rétorqua Alix réticente en fronçant les sourcils.

Je mordis l'intérieur de ma joue en redressant le visage mais les yeux bleus perçants de Nathaniel me dévisageaient et me brûlaient la peau. Un vent frais fit frissonner ma peau, je posai mon livre sur la table et fourrai ma main dans mon sac pour en saisir mon châle rouge cerise et l'enrouler autour de mon corps.

Oui, j'ai vérifié dans le registre et cette information a été confirmée hier soir, plus signée par le directeur générale, répondit Alya en pinçant ses lèvres, désolée.

C'est pas possible...

Et alors ? On ne va pas lui sauter au cou, on en a rien à faire qu'il soit à Paris ou non, n'oubliez pas qu'il nous a abandonné ! Il s'est barré comme un lâche. S'emportait Alix, aussitôt.

Alix a raison. Acquiesça Rose d'une voix douce. De plus, il a profondément été blessant envers Marinette.

Comme si cela n'était pas suffisamment dur, il fallait poser sur la table le sujet Adrien-Marinette. Je ne voulais pas qu'on en parle, je ne cherchais plus de ces nouvelles et je n'avais pas l'intention de le revoir. Notre histoire s'était finis dans les cries et le trop plein de larmes pour que quiconque veuille retourner le couteau dans la plaie.

Si je vous en parle c'est à cause du bal de Noël, expliquait Alya en cessant de me fixer.

Je n'osais plus les regarder mais quand je fis l'effort de vérifier leur état, le visage sombre de Nathaniel me frappa. Sa mâchoire était serrée et ses poings liés sur la table renforçait l'image froide et statufié qu'il arborait.

Personne n'aimait plus Adrien à cause de tout ce qu'il avait fait ainsi que de la déception qu'il nous avait fait subir à son profit. À côté du groupe que nous formions à l'époque du lycée certaines personnes ne faisaient désormais plus partis du cercle.

Un en particulier, le plus proche avant moi de Adrien. Nino.

On ne parlait jamais de Adrien mais encore moins de Nino avec qui Alya avait eu une histoire qui s'était tout aussi mal terminée que la mienne, pour être honnête. Le rêve de mon ancien meilleur ami métisse fixé sur les platines avaient finalement porté ses fruits et durant une période il toucha les étoiles du succès et nagea dans la gloire à grande brassée.

Cependant, la popularité bien loin d'être le miracle que nous avions imaginé devint aussi vite le rêve que le cauchemar de tout le monde, et en particulier pour celui qui l'avait vécu.

Les platines réclamaient des soirées, des fêtes, mais qui dit ces endroits avec ces ambiances impliquent les éléments qui l'accompagnent. Des détails, comme l'alcool et... la drogue.

L'addiction d'après les souvenirs fut lente mais puissante au final. Trop pour maintenir une relation et trop pour rester avec une autre personne que soi-même.

Alya avait beaucoup souffert, je l'avais accompagné dans sa rupture mais je ne l'eus plus reconnus à son retour des Enfers.

Depuis le lycée, l'amour à nos yeux à tous avait bien changé. Il n'était plus le bonheur et l'antidote désormais, mais bel et bien un poison dont il était essentiel de se tenir à l'écart le plus longtemps possible.

Est-ce que tu as les listes des invités, Rose ? Questionna Mylène.

Je crois que je peux me les procurer, bafouilla la petite blonde légèrement déstabilisée.

Parfait, parce qu'il est hors de question qu'on fasse quoique ce soit pour ce mec, abdiqua Alya durement.

Peut-on interdire sa venue lors de cette soirée ?

Cette question piqua mon cœur mais je ne pus m'empêcher de tendre plus longuement l'oreille. Il n'était plus question que de chagrin ni de nostalgie mon être entier inspirait à vivre -survivre- à cette épreuve.

Nous sommes en novembre, il nous reste donc un mois pour l'empêcher de venir à ce bal.

Alya se concertait avec Rose, Alix et Mylène durant plusieurs minutes parmi lesquelles ni le vent ni l'oxygène de l'extérieur ne parvinrent à me sortir de la transe post-traumatique dans laquelle je m'enfonçais.

Pourquoi il vient ? Jaillit le teint grave et accusateur de Nathaniel, soudainement.

Un silence pesant tomba sur la table figeant tous les individus présents. La fin terminale fut emplis de sang et de drames empilés les uns sur les autres pour mieux étouffer les précédents. Il y eut un bal, également, qui se termina en lambeau.

Ça aurait dû être notre plus beau souvenir...

Il n'était qu'un cauchemar, à présent.

Eh bien... Il paraît qu'il a fait un très grand don et qu'il vient faire un discours pour cela, expliqua Alya calmement, d'un ton franc et honnête qui n'était que plus blessant.

Mon esprit ne réalisait pas la situation, pour l'instant. Je me revoyais encore travailler à la bibliothèque à peine une heure plus tôt.

" J'ai mal à l'âme, princesse... J'ai vraiment du mal à respirer, alors s'il te plaît, reste... "

Mon cœur se resserra si puissamment que j'eus crus pendant un instant qu'il exploserait de chagrin.

Tout le monde connaît un jour l'amour dans sa vie sans savoir que celui-ci lui brisera si profondément le cœur qu'il n'en ressortira plus jamais pareil. Je n'aimais pas admettre que mon passé empiétait sur mon présent car cela signifiait reconnaître que je souffrais encore à cause des brins d'amours qui étaient répartis dans mon cœur.

Après tout, qui aimait sentir son souffle se couper et sa raison abandonner ?

Le silence fut maître pendant quelques minutes avant que le groupe se mette d'accord pour créer un plan empêchant Adrien d'intervenir lors de la soirée du bal.

Le feu qui enflammait mon cœur ne s'apaisa guère, malgré cela reprendre contrôle sur mon esprit me tint au cœur. Suite à cette immense déception il n'y avait plus aucun amour à donner, plus de joie à ressentir pour ce triste passé.

Pourquoi ces débris brûlaient la surface de mes yeux, alors ?

Mylène et Rose partirent déjeuner, quant à Alix elle s'en alla à son entraînement. À la fin, il ne restait que Nathaniel, moi et Alya.

La métisse ouvrit la bouche pendant que mon ami roux fixait fixement devant lui le regard plongé si profondément dans ses pensées qu'une explosion n'aurait pu l'en sortir.

Il y a une chose que je n'ai pas dit tout à l'heure, avoua Alya.

Encore au sujet de... ma bouche se ferma, ma gorge se serra. De lui ?

Ce soir, le journal annoncera officiellement son retour à Paris mais dans le dossier il y avait une autre inscription. Des initiales A.E.

Qu'est-ce que ça signifie ? Questionnai-je calmement préservant au maximum ma voix afin qu'elle ne tombe pas en morceaux devant mes amis.

Pour l'heure, assez de mal avait été causé il était préférable de protéger le peu de dignité qu'il me restait. Ils étaient tous mes amis et vivre un événement traumatisant ensemble nous rendit plus soudé. Toutefois, le mal causé ne put jamais se réparer pour nous faire redevenir les personnages que nous étions autrefois.

Une chose cassée est très difficile à réparer. Peu importe le temps où le soutien, le processus restait d'une triste et lente agonie.

Cela ressemble à Agreste Entreprise mais je ne sais pas quel est le lien. Répondit Alya les poings liés sur la table, elle commença à réfléchir les sourcils froncés.

Mon regard dériva vers Nathaniel, complètement éteint du monde réel.

Bon, j'ai rendez-vous avec mon prof de communication, on s'appelle ce soir ?

J'opinai de la tête et elle m'embrassa sur le haut de la tête.

Tout ira bien, je te promets que tout va s'arranger. Murmura-t-elle une main posée chaleureusement sur mon épaule.

J'aurais aimé la croire.

Vraiment.

Alya lança un regard à Nathaniel et enjamba le banc en posant la lanière de son sac de lycée sur l'épaule. Quand elle passait à côté de lui, elle glissa sous son nez un paquet de cigarette. Crispa son épaule puis s'envola vers l'entrée d'université.

Nathaniel et moi étions désormais seuls et, naturellement, silencieux.

Inquiète, j'eus ouvert la bouche prête à engager un morceau de conversation avec lui, bien que mes mains tremblaient que je ne pouvais m'empêcher de les triturer sur mes jambes.

Est-ce que tu penses qu'il sait que nous sommes tous...

Si ta question c'est : est-il au courant ? La réponse est oui.

Sa voix grave envahis par une colère sourde me fit déglutir. Nathaniel était rarement dans un état comme celui-ci où il le camouflait derrière un joyeux sourire.

Pas cette fois-ci.

Comment ? M'empressai-je de l'interroger malgré moi.

Nathaniel leva enfin son beau visage et plongea brutalement son regard dans le mien. Je reçus la sensation d'une claque quand il me lança, froidement :

Adrien sait tout, il ne fait et ne dit rien au hasard. Tu devrais le savoir, Marinette sinon pourquoi serais-tu tomber amoureuse de lui ?

Accusateur et rancunier, Nath se leva d'un bond, saisit les cigarettes d'un geste puis se détourna sans m'adresser un mot de plus.

Dans ses paroles, je crus l'entendre me reprocher : Pourquoi lui et pas moi ? Nathaniel n'était pas tout à fait dans l'erreur car contrairement à Adrien il faisait tout pour me rendre heureuse, et n'aurait jamais hésité entre rester avec moi ou m'abandonner.

Bien sûr... il serait rester.

Une fois seule, mes mains se posèrent sur mon visage, mes coudes sur la table et je fermai les yeux en soupirant.

Seule, le poids de cette annonce fut d'un poids qui écrasa sans pitié chaque os de mon corps. La masse de mon corps ne put rivaliser face à elle.

Je me sentais... tellement stupide que je n'arrivais même plus à voir, respirer ou entendre.

" J'ai mal à l'âme, princesse... J'ai vraiment du mal à respirer, alors s'il te plaît, reste... " se répéta une deuxième fois sa voix aux confins de mon esprit à travers l'obscurité.








Hey, j'espère que ce chapitre vous aura plu. N'hésitez pas à me faire part de vos retours ! Veuillez excusez si il y a des fautes d'orthographe. On commence doucement à poser les bases du livre ainsi que la direction que celui-ci prendra. À bientôt♥️

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