Ses yeux se rouvrent avant qu'il ne comprenne qu'il n'est pas mort. Niko ne pensait pas qu'il n'aurait finalement pas le courage d'appuyer. Peut-être qu'il s'est évanoui sous la pression de l'acte avant de le faire. Peu importe, il n'est pas mort et son dos est sur un lit pour la première fois depuis des jours et des jours... Bien sûr, il est heureux d'être toujours en vie, mais il ne peut que se demander qui l'a récupéré dans le désert, qui a réussi à le sortir de là, si le corps de l'autre soldat a aussi été rapatrié. Il tourne légèrement la tête sur le côté pour voir des perfusions à ses bras, du sang et d'autres choses qu'il ne cherche pas à analyser quand ses tempes commencent à battre dans son crâne. Un respirateur sur sa bouche, il ne pensait pas être autant endommagé avant de s'évanouir. Il doit être dans l'un des hôpitaux de fortune de l'ONU, et même s'il a dû dormir depuis plusieurs heures déjà, ses yeux sont lourds et ne demandent qu'à se refermer. Ses doigts se débattent un moment avec l'une des perfusions, on aurait dû le prévenir que c'était aussi désagréable que ça d'en avoir une. Sa tentative connaît une fin prématurée quand une main se pose sur son bras pour lui faire comprendre qu'il ferait mieux d'arrêter pour ne pas être blâmer. Niko lève les yeux pour voir un infirmier avec sa fiche entre les mains, sûrement pour voir tout ce qui ne va pas avec son corps blessé. L'aide respiratoire lui est retirée, sûrement pour qu'il puisse réapprendre tout seul à user de ses poumons, même s'il tousse à la première vraie bouffée d'air. L'infirmier l'aide à s'asseoir dans le lit, il ne peut pas le faire tout seul à cause de sa jambe toujours aussi mal au point, des tâches noires à cause de l'hémorragie encore là.

« Niko, bon retour parmi nous ! Ce n'était pas facile de vous stabiliser durant les premières heures à cause de votre jambe, et de tout le sang que vous avez perdu, mais on dirait que c'est un peu mieux avec du repos. Comment vous sentez-vous ? » Il comprend tous les mots, mais c'est sa première discussion depuis ce qui semble être un an, alors c'est comme s'il ne parlait pas la même langue

« Hm... Je vais bien, mais, qui êtes-vous et où sommes-nous ? » Il a à première vue pensait qu'il était dans un hôpital de l'ONU, mais il pourrait très bien se retrouver dans le camp opposé en tant qu'otage

« Oh excusez-moi j'ai oublié l'essentiel ! Darijo Srna, infirmier pour le compte de l'ONU, nous ne sommes pas très loin de là où nous vous avons trouvé. Votre radio avait laissé un dernier message avant de ne plus fonctionner, si j'ai tout compris, c'était juste compliqué de vous retrouver à cause du sable recouvrant les traces. Votre jambe était vraiment dans un sale état, mais vous avez fait du bon boulot, sinon, on aurait dû la couper pour éviter les infections. Ils vous ont retrouvé évanoui contre un rocher, votre arme en main, ils ont supposé que quelqu'un était dans le coin, mais, ce n'est que mon avis, je pense que vous aviez une autre idée pour ce pistolet, je me trompe ? »

« Non, je comptais le faire, j'aurais dû le faire, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais je ne l'ai pas fait parce que je me suis évanoui. J'ai passé deux jours et deux nuits seul dans le désert, un cadavre devant moi, et la mort me cherchant. Vous pensez vraiment que je n'aurais pas dû avoir ses pensées ? » Niko resserre sa prise avec ses doigts sur la couverture pour essayer de masquer ses tremblements, il peut essayer de convaincre Srna autant que possible, il aura toujours l'air brisé, sa voix ne fait que chevroter depuis le début de la conversation

« Effectivement, ce n'est pas à moi de juger... Pour autant, je vais devoir vous prescrire des anti-douleurs pour votre jambe, mais aussi des anti-dépresseurs à cause du stress post-traumatique que vous devez avoir. J'ai fait appel aux services d'un psychologue pour d'autres cas similaires, je pense qu'il pourra vous être utile quand vous retournerez à Salzbourg, et vous ne pourrez pas y échapper, vous discuterez avec lui autant que nécessaire jusqu'à ce qu'il vous considère comme de nouveau apte à vivre sans envie suicidaire. »

« Je ne suis pas suicidaire docteur. »

« Vraiment ? Lâchez donc ce drap comme si vous teniez l'arme qui aurait pu vous tuer. Vous aurez des séances de récupération pour votre jambe sur plusieurs mois, vous ne pourrez pas courir un marathon avant un moment. »

« Quand est-ce que je rentre ? » Niko ne cherche même plus à rencontrer le regard de Srna, il doit être si facile à analyser dans cet état

« Dans une semaine, le temps que vous puissiez au moins bouger votre jambe pour sortir du lit. Je vais vous prescrire des somnifères, prenez-les si vous ne pouvez pas dormir. »

« Docteur. Pour l'autre soldat. Celui avec moi ? »

« Son corps va bientôt être rapatrié, mort au combat. Vous n'avez pas à vous en vouloir, nous faisons notre métier. »

« Merci... » Il déteste son métier.

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Robert rabat le voile sur son visage alors qu'il arrive à rentrer dans Téhéran, après un long chemin dans le désert. Les terroristes ont sous-estimé sa patience, et ses cuisses. Il a étranglé celui qui voulait lui tirer dessus, avant de casser les menottes qu'il avait peu à peu abîmées avec ses deux mois de longue et douloureuse patience. Une arme en main pour la première fois depuis un moment, il a récupéré de nouveaux vêtements pour se fondre un peu plus dans le décors, tore nu n'aurait pas été très utile pour lui. Il en a tué autant que possible avant de déguerpir le plus vite possible, il n'avait aucune intention de mourir là-bas, encore mois comme un vulgaire otage alors que son gouvernement le croit mort. Il doit retourner à Munich, pour retrouver celui qui l'a trahi et lui faire payer. Il doit être mort pour tout le monde, pour sa famille, pour ses amis, pour l'armée, sa vengeance ne sera pas un problème à mettre en œuvre s'il arrive à rentrer. Les vols Téhéran-Munich ne sont pas si courants, encore moins pour un polonais sans papiers et armés, disparus de la circulation depuis deux mois, des blessures encore ouvertes et pas désinfectées sur tout le corps.

Travailler dans les services secrets puis à l'armée a du bon, il a des connaissances dans toutes les grandes villes, même en Iran. Robert savait qu'Ivan ne serait pas ravi de le voir, lui revenu de la tombe pour tout le monde, mais il ne pensait pas qu'il finit par être fouiller par son ami. Mais si c'était nécessaire pour emprunter sa douche et des vêtements, il ne regrette rien. Sa première douche en huit semaines, du tissu frais sur sa peau, ça lui avait définitivement manqué. Premier vrai repas depuis un moment aussi, mais Robert ne montre pas ses blessures à Ivan, il n'a pas envie qu'il se rende compte entièrement de l'état dans lequel il est. Il l'aurait presque embrassé s'il avait eu accès à des pastilles à la menthe pendant son doux séjour en cellule, mais il le remercie simplement pour les faux papiers d'identité, le passeport, et le billet d'avion direction Munich, il ne peut pas attendre de mettre au point un plan entier pour abattre le traître.

Des longues heures d'avion plus tard à redécouvrir les nuages et les turbulences, à avoir des plaies lui grattant et du sang cherchant à fuir ses vêtements, Robert pose enfin le pied à Munich pour la première fois depuis une éternité. Il devrait aller à l'hôpital pour se faire soigner, mais il ne veut pas que n'importe qui puisse le reconnaître et dévoiler sa position, alors il prend le métro vers le centre-ville pour retourner à son appartement, dans l'espoir que ce dernier n'ait pas été vendu. Sa tête commence à tourner quand plus de gens s'installent près de lui à côté des portes, il manque d'air, son corps lui fait mal, il n'a pas dormi depuis si longtemps... Robert titube jusqu'à la sortie du wagon pour descendre, mais il ne peut que se sentir tomber face contre terre sans pouvoir lutter. Ses yeux se referment lentement alors que le sang inonde sa bouche une énième fois.

Robert s'évanouit à peine rentré à Munich, on repassera pour la discrétion.

À suivre...

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comme vous vous en doutez, Ante va bientôt apparaître (avec un doctorat en plus), mais je vous laisse essayer de deviner quel rôle Thomas aura dans l'intrigue, faites vos théories ;)