Chapitre 4 : Nos rendez-vous
Vue d'Obanai
Jeudi 8 décembre
Cher journal,
Ca fait déjà presque un mois qu'on a entraînement tous les soirs, et j'ai l'impression que Yushiro augmente la difficulté un peu plus chaque jour, après, j'aime bien le sport, ça ne me dérange pas. Et des fois, il demande des travails en groupe de deux ou de trois, et Mitsuri se mettait toujours avec Shinobu pour soutien féminin (j'imagine), moi avec Sanemi, Tengen, Kyojuro et Gyomei formaient un trio pendant que Giyu traînait Muichiro derrière lui qui semblait dormir tout le temps mais qui se révélait être assez fortiche quand il s'agissait de faire des démonstrations de force ou autres.
Mitsuri se mettait tout le temps avec Shinobu jusqu'à hier soir, où elle m'a proposé qu'on se mette tous les deux pour qu'on se coach mutuellement en plein apprentissage de notre souffle (au passage, cher journal, on a enfin pigé ce que c'était), j'ai l'impression que je me débrouille plutôt bien, mais Mitsuri a l'air d'exceller dans tous les domaines : elle y arrive déjà au bout d'une semaine ! Je me sens un peu nul, du coup, mais pour l'instant, c'est la seule à y arriver, et elle continue quand même de s'entraîner à souffler dans les gourdes de Yushiro qui semblait sponsorisé par Air Up pour perfectionner son souffle.
Mais bref... ELLE M'A PROPOSE QU'ON SE METTE ENSEMBLE POUR UN EXERCICE ?!
Au début, ça a un peu vexé Sanemi qui a dû se mettre avec Shinobu, et que c'était pas la grande amitié entre les deux, mais j'étais tellement heureux, et mon pote a dû le comprendre car il s'est cassé vers la naine sans plus de commentaires. Je voyais bien qu'elle voulait que j'y arrive, elle me donnait pleins de conseils sur comment elle avait réussi et elle m'encourageait quand j'explosais des gourdes de plus en plus grosses !
-C'est pas grave si tu n'y arrives pas, m'a-t-elle dit, ça prend du temps. Moi j'y arrive, mais c'est vraiment un niveau très bas que j'ai, pour l'instant...
-T'as pas à te dénigrer comme ça, c'est formidable que tu y arrives, ça se voit que t'es forte ! ai-je répondu, comme un con.
Elle a rougi à ma réponse, je ne savais pas trop comment je devais le prendre, mais d'un côté, ça me fait plaisir ! Ou peut-être qu'elle était gênée, je ne sais pas, et je n'ai pas envie de penser ça, je te raconterai la suite bientôt, mon p'tit journal, bisous !
Vue de Muichiro
Je me suis mis une alarme sur mon téléphone pour me rappeler que j'avais entraînement le soir, le problème, c'est que j'oublie de l'activer, et que quand elle est activée, j'oublie pourquoi j'ai mis une sonnerie avec le meme de "Je suis le laitier, mon lait est délicieux". J'oublie souvent la réf aussi, mais j'oublie beaucoup de choses...
J'oublie même pourquoi je vous parle, les lecteurs, et j'oublie pourquoi je vais au collège. J'oublie que j'ai des potes qui me disent bonjour mais vu que j'ai oublié leurs prénoms je leur fous un vent. J'oublie mes cahiers mais les profs ne me mettent jamais de mots tellement je détenais le record d'affaires oubliées dans tout le collège, j'oublie qu'on n'a pas le droit de danser en classe alors je me prends un mot, mais j'oublie que j'ai oublié mon carnet de liaison chez moi alors je m'assois mais je tombe car j'oublie que ma chaise est poussée en arrière et j'oublie que je dansais sur mon bureau.
J'oublie ma vie.
Vue de Shinobu
"Comment me faire remarquer par le directeur... ?", c'est une question que je me posais de plus en plus depuis la semaine dernière, depuis que j'avais rencontré mon destin dans les égouts de la ville. J'ai d'abord pensé à me proposer à être déléguée, mais les élections étaient déjà passées depuis le mois de septembre dans ma classe, alors je me suis tournée sur le fait d'avoir des notes excellentes car le directeur, le dernier jour, remettait des prix et des médailles en personne aux meilleurs élèves de chaque année, mais ce qui voudrait dire que je devrais attendre le dernier jour, et qui nous fallait des informations bien avant la fin de l 'année, alors j'ai eu une idée : il fallait que je fasse un exploit et qu'on parle de moi en bien, de sorte à ce qu'il s'intéresse à ma petite personne. Pour ça, j'ai exposé mon idée de devenir en quelques sortes "célèbre" dans l'Académie des Sangs Froids sur le groupe des Piliers, enfin, le groupe "GEDAGEDIGEDAGDAO", et les autres ont approuvé, mais ceux qui n'étaient pas à l'Académie s'en foutaient totalement.
Bref, une sorte de routine s'était installée pour moi depuis un mois. J'avais fait croire que je m'étais inscrite dans un club de course à mes parents car ils savaient que j'étais douée en ça et que je courais chaque soir pendant deux heures pour m'entraîner et j'avais choisi le jeudi soir pour mon club de course imaginaire, et ils avaient gobé ça comme ça. Seule Kanae avait trouvé ça bizarre, elle m'avait posé des questions sur ce club avant de lâcher l'affaire. J'avais donc trouvé une excuse pour fuir les questions et aller à l'entraînement tranquillement.
Nous avons tous su maîtriser notre souffle et notre respiration au bout de deux semaines où les entraînements devenaient de plus en plus dur. Nous devions faire de plus en plus de tours jusqu'à pouvoir en faire une quinzaine sans être essoufflés grâce à la maîtrise de notre souffle, on faisait aussi de la gym pour notre précision et notre agilité, on vivait donc à la fois des moments très hilarants en acrosport mais aussi très gênants parfois quand Yushiro nous demandait des figures à plusieurs, mélangeant donc des filles à des garçons. On faisait aussi de l'escrime avec des sabres en bois construits par Yushiro lui-même dans son temps libre quand il se faisait chier à nous attendre toute la journée, et du handball ou du football. Bref, c'était bien chargé, et on avait le droit à des pauses de seulement cinq minutes.
Giyu emmenait toujours une enceinte pour mettre de la musique pour nous motiver et nous donner de l'énergie, et je dois dire que ça marchait plutôt bien. En plus, il avait des bons goûts musicaux et des playlists vraiment entraînantes, et après l'entraînement, je lui prêtais mon déo à la cerise en spray que je prêtais à quasiment toute l'équipe pour éviter de puer la merde, puis on rentrait tous les deux parce qu'on habitait pas très loin et on critiquait les autres membres de l'équipe, je lui parlais de Kanae et de ma famille, et il me racontait les cours éprouvants avec Kiku-Kiku, nos discussions étaient assez mouvementées.
-Tu savais que Mitsuri et Obanai allaient en date, demain soir ? lui ai-je alors demandé alors qu'on marchait dans le froid de l'hiver qui s'installait, avec les premières décorations de Noël dans les rues.
-Comment tu sais ? s'est-il exclamé.
-On discute entre filles, toutes les deux ! ai-je fait avec un grand sourire. Et elle était tellement excitée qu'elle m'a tout avoué parce qu'elle ne sait pas tenir en place ni garder un putain de secret, donc je sais que ce n'est à elle que je vais confier mes plus profonds secrets...
-Et ils vont où, en date ?
-Devine.
-... Ils vont venir dans ton resto ?
-Gagné !
-TU VAS FILMER ?
-BIEN EVIDEMMENT, ENFIN !!! Je t'enverrai la vidéo et on se foutra d'eux en appel, si tu veux ?
-C'est un programme qui m'intéresse fortement, ma foi !
J'aimais bien appeler Giyu la nuit, parce qu'on arrivait pas à dormir (lui faisant des insomnies et moi m'endormant extrêmement tard), soit on regardait un film en même temps et on critiquait, soit on parlait de tout et de rien, soit je filmais Kanae en train de ronfler et de parler dans son sommeil de son rêve, ses rêves étaient tellement étranges que je les écrivais et que j'en avais un carnet entier de mots tous plus bizarres les uns que les autres et je les lui lisais chaque matin.
Vue de Mitsuri, vendredi soir à 19h
Je m'étais préparée pendant deux heures pour qu'il y ait de la pluie. Génial.
J'avais tout donné, j'avais pris une douche où j'avais un triple shampoing à la douceur et à l'éclat éclatant au parfum amande douce parce que j'avais les veuch archi gras, je me suis enduite le corps d'une crème qui sentait la fraise. Je me suis coiffée les cheveux en un énorme chignon où j'ai piqué un noeud rose et des perles, puis j'ai laissé quelques mèches rebelles retomber le long de mon visage pour encadrer ma frange, je m'étais maquillée pendant environ trente minutes parce que j'avais galéré à faire un trait d'eye-liner parfait avant de lâcher l'affaire et de juste mettre du mascara (on a pas tous les mêmes problèmes dans la vie, ok ?), je me suis dessinée mes habituels petits grains de beauté sur les joues, je me suis mise du rouge à lèvres et un peu de gloss, et quelques paillettes sur les joues parce que je ne faisais pas les choses à moitié. Ensuite, j'ai appelé Shinobu pour la faire chier à choisir ma tenue pour ce soir, et on avait tranché pour une petite robe noire un petit peu sexy dont j'avais enlevé quelques boutons pour laisser voir... mes deux choses, puis j'ai enfilé des collants en laine triple épaisseur avec des bottines noires et un manteau noir comme le désespoir, puis je me suis élancée dans le froid de l'hiver avec le GPS sur l'adresse de Shinobu.
Pourquoi avais-je choisi ce restaurant ? Car, si jamais c'était un désastre ou qu'il y avait un moment de gros blanc gênant, je savais que Shinobu était de service en tant que serveuse dans le restaurant de ses parents et qu'elle pourrait nous venir en aide.
Je me suis tapée la pluie en pleine gueule et j'ai commencé à être sérieusement de mauvaise humeur, mais tout a changé quand je l'ai vu. On s'est croisés sur le chemin et il devait rester cinq minutes de marche, et la première chose qu'il a fait en me voyant n'a même pas été de me dire bonjour, mais de courir vers moi pour m'abriter de son parapluie, faisant en sorte que je sois au sec au prix de n'être qu'à moitié sous le parapluie, et j'ai trouvé ça tellement adorable que ma mauvaise humeur s'est envolée aussi vite qu'elle était venue et que je lui ai offert un de mes plus beaux sourires, et j'ai cru distinguer un petit sourire derrière ses bandages.
J'y pense, je vais voir sa bouche si on mange dans le restaurant... ai-je pensé avant de chasser cette idée, de toute façon, je m'en foutais, à moins qu'il perde tout son charme avec sa bouche et qu'il soit beaucoup moins sexy, alors là ça poserait un petit problème. Je me souviens encore de ce jour à l'entraînement où il faisait étrangement chaud pour un jour d'automne, et aussi parce qu'on venait de faire du sport, il avait carrément enlevé son pull, mais j'ai pu un instant entrevoir ses abdos surdéveloppés car son T-shirt s'est enlevé en même temps, et je suis encore plus tombée sous son charme que je ne l'étais déjà.
Il m'a poussé la porte et m'a laissé entrer tel un gentleman éduqué, puis il a refermé la porte et ce que je crois être Kanae, la prétendue grande soeur de Shinobu, nous a accueilli avec un adorable grand sourire et nous a indiqué une petite table au fond de la salle, éclairée par un lampadaire ma foi très aesthetic, puis elle nous a laissés avec la carte du restaurant.
-Tu veux que je paie ou qu'on fasse moitié-moitié ? m'a-t-il alors demandé. Je sais que c'est un grand débat lors du premier rendez-vous, mais sache que ça ne me dérange pas de payer pour nous deux.
-Ca ne te dérange vraiment pas ? Je t'avoue que je n'ai vraiment pas fait exprès d'oublier ma carte bleue... Mais je peux te rembourser demain, à l'entraînement, si tu veux ? ai-je proposé, un peu gênée.
-C'est comme tu veux, je t'assure que je peux payer !
-Eh bien, si ça ne te dérange pas...
Vu que j'avais un peu faim, j'ai commandé toute la carte, et Obanai a semblé un peu en PLS quand Kanae lui a montré la note, mais a retenu ses larmes et a accepté sa sentence et a commandé un petit plat de rien du tout.
-T'as pas faim ? me suis-je étonnée.
-Non non... C'est juste, j'aime bien les petites quantités... a-t-il balbutié avant de regarder ses comptes sur son téléphone. Putain, c'est le prix de ma bourse...
-Tu veux que je te rembourse demain ? J'ai un peu l'impression de t'utiliser...
-Je veux bien, parce que ça me coûte un peu la peau du cucul, si tu vois...
On a explosé de rire alors que Kanae agrandissait la table en y collant d'autres tables tandis que Shinobu débarquait déjà avec les premiers plats en me jetant des regards inquiets, j'ai esquissé un sourire pour lui indiquer que tout allait bien, pour l'instant, et elle est repartie en me rendant mon sourire.
-Sinon... Je peux te demander pourquoi tu as des bandages sur la bouche ? ai-je tenté.
-C'est vrai que tu vas me voir sans, et je suis désolé, ça va peut-être sembler effrayant... a-t-il marmonné avec honte avant de les retirer petit à petit.
Il n'y avait rien d'effrayant et de honteux là-dedans, et je l'ai trouvé encore plus beau sans ces artifices qui gâchaient son beau visage. On aurait pu dire qu'il avait un sourire de psychopathe car ses cicatrices étiraient sa bouche, mais je trouvais ça à la fois viril et adorable de sa part de me faire assez confiance pour me montrer ça, qui semblait être sa plus grande faiblesse.
-Tu veux savoir pourquoi j'ai ça ? m'a-t-il demandé alors qu'on commençait à manger.
-Si tu veux, je suis là pour toi, Obanai.
-T'es prête à entendre ma longue sad backstory ? T'es sûre ? a-t-il insisté.
-Bien sûr !
Obanai s'est raclé la gorge, a pris une bouchée d'un de ses nems puis a poussé un long soupir avant de se lancer.
-Je suis né dans une famille cruelle où il restait encore certains émons qui ont été exterminés par Muzan, mais cette affaire est restée secrète, cependant, je sais qu'une de mes soeurs s'est échappée à temps et qu'elle se cache encore quelque part dans le Japon. J'étais le seul garçon dans toute cette dynastie de femme, et mon père est mort quelques jours après ma naissance parce que ma mère lui a fait une prise de karaté dans les couilles et qu'il n'y a pas survécu.
-Ouch, ça a dû faire mal... ai-je marmonné en imaginant la douleur de ce pauvre homme maintenant au ciel.
-Ouais, je compatis pour mon pauvre papa... a-t-il soupiré à son tour. En voyant que j'étais un mec, ma mère n'a visiblement pas eu la force de me tuer et m'a jeté dans ma chambre qui est devenu ma cellule, et mes soeurs venaient me frapper tous les jours alors que je m'ennuyais et que je pleurais en silence. Un jour, ma mère m'a déchiré toute la tête (mes cicatrices sur la bouche) pour me faire cracher du sang, je ne sais toujours pas pourquoi mais c'était son kiff. Du coup, quand je suis allé à l'école le jour suivant pour faire comme si de rien n'était, mes maîtresses se sont inquiétés qu'un petit garçon de cinq ans aient des bandages sur la gueule, alors elles me les ont enlevés et ont fait un signalement, les trucs sociaux sont venus me chercher à la sortie de l'école et la police s'est occupée de ma mère et de mes soeurs, mais bref. Tu suis toujours ?
-Yep, continue... ai-je murmuré entre deux bouchées.
-Je suis resté deux ans à l'orphelinat jusqu'à ce que ma famille d'aujourd'hui veuille bien m'adopter, j'ai une grande soeur qui a quatre ans de plus que moi, elle s'appelle Hazel, et mes parents sont adorables. Mon père travaille dans un zoo, et j'ai un serpent en animal de compagnie au plus grand désespoir de ma madré. Mais bref, on a vécu heureux, puis quatre jours après mon adoption, je rentrais de l'école et je me suis fait percuter par un camion qui ne connaît visiblement pas ce que signifie rouge à un feu, et un marchand de glaces qui était dans les parages m'a emmené en urgence à l'hôpital pendant que sa femme appelait mes parents. J'étais en pleurs et en sang, j'ai cru clamser ce jour-là, parce qu'une de mes jambes était complètement écrasée et mes os broyés, et un de mes genoux risquait de ne plus fonctionner à jamais. Je suis donc resté deux mois à déprimer dans ma petite chambre d'hôpital, mais mes parents me donnaient pleins de cadeaux et d'amour, et ma grande soeur me racontait ses problèmes avec ses copines et j'essayais d'arranger leurs disputes en lui donnant des conseils. Au final, j'ai toujours ce fameux genou gonflé mais il ne me gêne pas dans la vie, juste quand je cours, des fois ma jambe droite est un peu plus lente à suivre l'autre, mais ce n'est pas grave, car avec l'entraînement, c'est presque devenu comme avant l'accident.
-Je vois...
-Je me rappelle aussi de ce jour, pour l'anniversaire de mes neuf ans, mon père avait enfin accepté de m'emmener visiter le zoo dans lequel il travaillait, et on a croisé un de ses collègues vétérinaires qui s'occupaient d'un lion à ce moment-là. Sauf que les adultes se sont mis à discuter, et le reuf avait laissé la cage ouverte, et comme j'étais con comme un balai, je suis rentré dedans et je me suis fait mangé le pied, il l'a recraché par le cul parce qu'il a fait caca juste après ça, et on est allés me le laver puis on me l'a recousu à l'hôpital, et ça a fait bizarre les premiers temps, mais c'est redevenu normal.
-Quelle enfance...
-Aussi, une fois, je devais être en quatrième ou en troisième, bref, fin de collège, tu vois ? Et ma prof de géographie avait jugé utile de nous faire visiter une usine de papier toilette pendant une journée pour voir comment marchait l'industrie parce qu'on était sur la Révolution Industrielle, et un moment, je suis allé tout naturellement aux toilettes, mais il n'y avait plus de PQ, du coup, je suis sorti des toilettes le cul nu et j'ai couru dans tout l'usine pour rattraper un rouleau de PQ au vol, mais un de mes camarades de classe a filmé ça et l'a posté sur le site du collège parce qu'il était le fils du directeur et qu'il avait accès au site.
-Wow... Quelle... anecdote... ai-je articulé, de plus en plus inquiète au fait qu'il racontait ça d'un ton posé, comme si c'était normal.
-Du coup, j'ai été victime de harcèlement pendant tout mon lycée, avant que j'ai les meilleures notes au BAC et qu'ils ont arrêté de me faire chier parce qu'on partait tous pour faire nos études, mais quand je revois cette vidéo, ça me fait beaucoup marrer, tu sais ! Et puis, le harcèlement, c'est derrière moi, c'était juste des conneries ! Mais du coup, depuis ce jour, je suis sous Sertraline parce que bon, j'ai un peu une vie de merde, tout était à peu près normal jusqu'à ce que Yushiro m'annonce que j'allais retourner dans le passé avec des gens que je connais pas pour aller vaincre ce putain de Muzan qui a détruit toute ma famille même si je m'en fous parce que ma soeur et mes soeurs étaient des connasses de démones sans coeur. Bref, et toi, c'était comment, ton enfance ?
-Le seul drama que j'ai eu, c'est que ma petite soeur a coupé les cheveux de toutes mes poupées et que j'ai eu un 15,5/20 en histoire, soit la pire note de toute ma scolarité...
-Oh ! Bah ça va, heureusement que tu as une vie bien, c'est ce qui fait que tu es une personne aussi formidable, j'imagine... a-t-il déclaré avant de rougir car il semblait réaliser ce qu'il venait de dire.
-Arrête, tu as une vie de merde, certes, mais ça t'a forgé et ça fait ce que tu es aujourd'hui. Oui, tu as beaucoup souffert, mais dis-toi qu'aujourd'hui, c'est beaucoup moins pire. Oui, il y a Yushiro et l'entraînement, mais on est des personnes sympas, dans l'équipe, non ? Et surtout, je ne t'aurais sûrement jamais rencontré si Yushiro ne nous avait pas réunis...
-On est tous les deux à l'Académie des Sangs Froids.
-Certes, mais je n'ai jamais posé les yeux sur toi avant, parce que je ne savais même pas que tu existais et qu'à l'Académie, je ne fais attention qu'à mes copines, ce n'est pas pour te vexer...
-Nan mais je te comprends, je ne te connaissais pas avant. On s'est peut-être déjà croisés dans les couloirs, mais sans plus... a-t-il murmuré. En tout cas, c'est gentil de m'écouter, parce que Sanemi ne veut jamais connaître mon passé parce qu'il pense que ce serait être une chochotte de dévoiler nos plus grandes faiblesses.
-Ne t'inquiète pas. Et puis, je sentais que tu avais besoin de parler, et je crois que l'annonce de Yushiro cet après-midi nous a tous un peu achevé...
Vue de Mitsuri, quelques heures plus tôt...
On était en pleine séance de danse orchestrée par Giyu qui nous donnait un cours de fitness sur "E.T." de Katy Perry, Yushiro n'était toujours pas là mais il nous avait prévenu qu'il pouvait parfois arriver en retard mais que dans ce cas, on avait intérêt à avoir commencer l'entraînement sinon il nous mettrait une raclée. On s'est tous les neuf demandé ce qu'il pouvait faire pour arriver en retard si sa journée se résumait à nous attendre puisqu'il devait rester caché avec ses gardiens en combi noire.
-Eh bien, vous êtes à fond, s'est amusé Yushiro en nous observant transpirer tous les huit pendant que Giyu semblait parfaitement à l'aise puisque c'était lui le prof de notre petite séance improvisée de fitness alors qu'on était censés s'échauffer en théorie.
On a fait environ une heure et demi d'entraînement, et alors qu'on s'apprêtait tous à rentrer chez nous, Yushiro nous a demandé de nous asseoir sur le sol de la déchetterie avec un air grave.
-Mes très chers, je vais vous annoncer notre date de départ, a-t-il lâché comme ça.
-Notre date de départ ? a marmonné Muichiro sans comprendre, même s'il ne semblait pas comprendre grand-chose dans sa vie.
-Le jour où je vous téléporterai dans le passé.
-Ohhh.
-Je vous ai réuni ici le 6 novembre 2023, alors nous partirons le 6 novembre 2024.
Yushiro n'a rien ajouté et est parti comme ça, sur cette phrase. On s'est tous alors regardés. Même si nous savions bien un jour que nous allions partir, on ne pouvait s'empêcher de penser que c'était peut-être notre dernière année sur Terre, et que même si Yushiro nous entraînait de sorte à être imbattable, on avait tous cette peur au ventre d'échouer et de mourir, mais si Yushiro meurt aussi, alors il n'y aura plus aucune chance de vaincre Muzan et il détruira la Terre de ses pouvoirs démoniaques.
Cette annonce a laissé place à un grand silence où certains regardaient le sol, d'autres le plafond troué de la déchetterie abandonnée, et moi, je comptais les jours jusqu'à ce fameux 6 novembre 2024. J'avais peur, très peur, mais j'étais aussi très optimiste, et je me suis alors levée d'un coup.
-Allez les gars, c'est dans presque 11 mois, on a encore le temps ! me suis-je exclamée, on devrait plutôt profiter de ce long temps qui nous reste, non ?
Je ne sais pas s'ils m'ont souri pour me faire plaisir ou parce que mon optimisme les avait un peu touchés, mais ils ont quand même souri, et nous avons un peu discuté avant de repartir chez nous, et moi, je me suis préparée pour mon petit rencard avec Obanai.
Vue de Mitsuri, retour au rencard
-J'ai eu le temps de réaliser beaucoup de choses... a soupiré Obanai, et j'ai un peu déprimé, mais l'idée du rencard m'a beaucoup remonté le moral. Je suis très heureux de passer du temps avec toi, il faut que tu saches que tu es mon tout premier rencard.
-Toi aussi, tu es mon premier rencard. Et je ne pensais pas que tu me livrerais tous tes plus sombres secrets, mais ça me prouve à quel point tu me fais confiance.
-Mitsuri, m'a-t-il alors dit en manquant de se lever, pas que je veuille aller vite dans notre relation, mais on sait toi comme moi que dans un an pile, on ne sera peut-être même plus vivants et nos efforts n'auront servi à rien... Alors, je sais que c'est un peu brusque de te demander ça, et que tu n'es peut-être pas l'amour de ma vie et vice-versa, mais c'est la première fois que je tombe amoureux d'une jeune femme formidable, et pour moi, même si le destin ne me dit pas oui, je sais que tu seras la femme de ma vie... m'a-t-il expliqué avant de soupirer. C'est peut-être un peu confus ce que je raconte... Ca va peut-être te paraître un peu brusque, mais...
Il s'est raclé la gorge.
-Est-ce que tu veux qu'on ait une histoire, tous les deux ? Est-ce que tu veux donner vie à un "nous" qui nous unirait, toi et moi ? Je suis désolé de te le demander comme ça, j'ai l'impression que ça gâche l'aspect romantique d'une demande, mais... Mitsuri, tu es mon premier amour, depuis que je t'ai vu dans les égouts, je n'arrête pas de penser à toi, je ne me suis jamais senti comme ça avant, et je ne sais pas ce que c'est l'amour et...
-S'il y a bien une personne avec qui j'ai envie de connaître et de découvrir l'amour, c'est avec toi, Obanai, l'ai-je coupé.
On peut dire que ça l'a un peu pris de court, mais il a esquissé un premier sourire depuis le début du rendez-vous, un sourire sincère et un peu timide par le fait qu'il n'avait pas ses bandages et que, j'imagine, pour lui, c'était un peu comme s'il était nu devant moi, m'exposant ses plus grandes faiblesses et ses plus grandes hontes. Je déteste ces femmes qui lui ont fait du mal et qui le font complexer sur son beau sourire, sur cette moitié de visage recouvert de bandages par la honte d'être jugé.
-Obanai, je t'aime... ai-je murmuré du bout des lèvres.
-... Moi aussi.
C'était la fin de journée, dehors, seuls les lampadaires étaient allumés, et le restaurant était quasiment vide, à l'exception d'un groupe d'amis qui rigolaient à l'autre bout de la salle et d'un couple qui mangeait au bar. Notre table avait été débarrassée de tous les plats, il n'y avait que lui et moi, sous la lumière tamisée du petit lampadaire au-dessus de nos têtes, lui sans ses bandages, et je me suis rapprochée de lui pour me coller contre lui, car il faisait un petit peu froid, et ce gentleman m'a accroché sa veste autour du cou juste le premier bouton.
On était au fond de la salle, un peu isolés, et ça m'allait très bien. J'ai posé ma tête sur son épaule, avant de lever mes yeux remplis d'amour vers lui, et il a agrandi son sourire. Ca allait peut-être trop vite aux yeux des gens, mais pour moi, tout était parfait.
J'ai relevé la tête, et il a déposé ses lèvres sur les miennes pour échanger un tendre baiser qui m'a semblé durer trop vite, nos langues se battant dans une danse endiablée, ses bras autour de ma taille, me serrant un peu plus contre lui à chaque seconde, cette douce chaleur qui émanait de lui me rassurait, et son parfum m'était de plus en plus familier. Pour moi, c'était un premier baiser parfait, et quand on s'est séparés, il n'y a avait que la puissance de l'amour qui était présent dans nos yeux, son regard était si doux et tendre, je ne pouvais que fondre devant ses beaux yeux vairons et son sourire que ses cicatrices ne faisaient que sublimer. Tout était parfait, et tout est parfait.
Voilà pour ce chapitre 4, j'espère qu'il vous a plu, mes très chers quelques lecteurs (merci de me lire en fait, ça me fait plaisir même si vous n'êtes pas beaucoup :) !), je ne fais ça que pour le plaisir d'écrire, parce que je fais ça depuis que je suis toute petite.
J'espère que vous avez apprécié ma version de la backstory d'Obanai T-T. J'ai fait preuve de beaucoup d'imagination, mais quand même, le pauvre...
Bref, on se retrouve pour le chapitre 5, mes très chers !
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