Chapitre 3 : Les effets secondaires de la téléportation
Vue de Shinobu
"La téléportation va peut-être vous retourner l'estomac les premiers jours, mais c'est normal !" avait dit Yushiro avant de nous téléporter à l'endroit où on nous avait enlevés. En voyant le ciel aussi sombre, j'ai commencé à paniquer et j'ai regardé mon téléphone : 21h36. Sachant qu'on était sorties de cours à 17h avec Kanae, elle devait commencer à se poser des questions sur le fait que je me suis perdue sur le chemin de la boulangerie. Oh, et ce n'est pas moi qui ai écrit ce message à ma soeur, c'est les mecs en combi noir qui ont pris nos téléphones et qui ont inventé des excuses minables à chacun d'entre nous en pensant que cela allait marcher pour rassurer nos proches alors qu'on allait juste devoir se démerder pour trouver une excuse plus potable que d'aller chercher du pain à la boulangerie.
J'ai mis le GPS jusqu'à chez moi parce que j'étais encore un peu paumée dans cette grande ville puis j'ai couru aussi vite que j'ai pu pour arriver au restaurant avec notre "maison" au-dessus (notre lieu de vie, si vous voulez), j'ai poussé la porte, si fort qu'elle a failli s'envoler, ce qui a claqué, et ma mère se tenait sur le canapé, les bras croisés, les yeux me lançant des éclairs.
-Shinobu Kocho, te voilà enfin rentrée, a-t-elle susurré de sa voix qui annonçait qu'elle allait me casser la gueule.
-On s'inquiétait, ma puce ! s'est écrié mon père, plus inquiet que fâché, se levant et me serrant dans ses bras, est-ce que tout va bien, tu n'es pas blessée ?
-Non non, tout va bien, ai-je marmonné alors qu'il relâchait son étreinte.
-Et je peux savoir où est-ce que tu étais, exactement ? a lâché ma mère d'une voix sèche et froide, Kanae m'a dit que tu étais aller chercher du pain, mais premièrement, je ne vois aucune baguette sur toi, et deuxièmement, je ne pense pas qu'aller à la boulangerie nécessite autant de temps...
-Maman, je... je ne connais pas encore la ville, je me suis complètement perdue... ai-je plaidé, mais je vais bien, ne t'inquiète pas...
-Et pourquoi tu n'as pas mis de GPS, hein ?! a vociféré ma mère. Tu trouvais ça intelligent de marcher dans les rues en te basant sur ton sens de l'orientation qui est à chier ?!
-Maman, je suis désolée, je ne recommencerai, je voulais bien faire en ramenant du pain... ai-je marmonné en n'ayant pas d'autre idée d'improvisation pour une excuse.
Elle a fini par soupirer et ils m'ont laissé partir. J'ai fait une toilette rapide avant de me mettre en pyjama, puis j'ai délicatement ouvert la porte de ma chambre que je partageais avec Kanae (nous étions deux par chambre, et trois pour les triplettes), elle ne dormait pas encore, elle lisait un livre, avec pour seule lumière dans la chambre la lampe sur sa table de nuit.
-Rentrée de la boulangerie, sista ? m'a-t-elle lancé avec un grand sourire narquois.
-Oui bah, c'est bon... ai-je soupiré. Tu peux éteindre ?
-Je finis mon chapitre, et c'est bon.
J'ai dû attendre une demi-heure car ma soeur avait le don de lire extrêmement lentement, je me suis donc tournée vers le mur pour essayer de m'endormir, mais c'était peine perdue, et j'avais encore le ventre retourné à cause de la téléportation, je crois bien que j'étais un peu malade, et j'ai passé la moitié de la nuit à vomir dans les toilettes, alors que le reste de ma famille dormait tranquille.
Vue de Mitsuri
Le lendemain, le piqueur m'a piqué comme chaque matin avant de repartir avec son air sadique de savant fou, puis je me suis shootée à tous les médocs possibles pour ne pas vomir dans la journée, car la téléportation m'avait complètement barbouillé.
Après avoir déposé ma petite soeur à l'école primaire où elle allait, je me suis dirigée au pas de course, limite en courant, vers l'Académie, et je suis arrivée pile à la sonnerie, mais beaucoup d'élèves arrivaient pile à l'heure et non en avance. J'avais d'abord trouvé ça bizarre en arrivant à cette Académie l'année dernière, puis j'ai pris les mêmes habitudes que les autres.
En attendant ma prof lente dans le rang, j'ai regardé dans les alentours avant de reconnaître un jeune homme blond avec des pointes orange/rouge. J'ai plissé les yeux.
-C'est pas un des gars qui était avec moi, hier soir... ? ai-je marmonné pour moi-même avant d'avoir une illumination, oh ! C'est Kyojuro !
Je lui ai fait un coucou de la main, il a semblé me reconnaître car il m'a lancé un grand sourire rayonnant et m'a fait un signe de la main également, mais déjà Kiku-Kiku nous emmenait en classe (oui, moi aussi je l'ai et je subis les effluves une fois par jour).
En classe, je n'étais pas vraiment concentrée, j'avais surtout hâte que le soir vienne. Et après une journée qui m'a paru super longue, je m'apprêtais à sortir quand une main s'est posée sur mon épaule. Je me suis retournée, et j'ai croisé le regard de Kyojuro.
-Salut ! Comment tu vas, depuis hier ? m'a-t-il lancé.
-Oh... Un peu malade avec la téléportation, et toi ? lui ai-je répondu en faisant le chemin avec lui, attendant d'être un peu éloigné des autres pour qu'ils n'entendent pas notre discussion.
-Oh, j'ai juste bouché les toilettes de chez moi et comme seule excuse j'ai dit à mes parents que j'avais eu une diarrhée explosive...
Nous avons explosé de rire si fort que les passants nous ont mal regardé, puis nous nous sommes repris.
-Je me demande si tous les autres vont venir, ce soir... ai-je ensuite murmuré, je crois que certains n'étaient pas convaincus, comme Sanemi, par exemple.
-Bah, je pense quand même qu'il va aller les chercher chez eux et les téléporter ! a supposé Kyojuro, moi je vais venir, et toi ?
-Moi aussi, mais avant, il faut que j'aille chercher ma petite soeur et que je l'emmène à la maison et que je trouve un prétexte pour fuir pendant une heure ou deux chez moi... ai-je marmonné pour moi-même.
-Oh ! Moi aussi, je dois aller chercher mon petit frère. Ta soeur a quel âge ?
-Huit ans, et toi ?
-Pareil !
Nous avons commencé à parler de nos petits frères et soeurs et nous avons découvert qu'ils étaient dans la même école, du coup nous sommes allés les chercher, nous avons fait la présentation de chacun. J'ai présenté Kyojuro comme mon ami car je ne savais pas vraiment comment le présenter autrement, mais cela n'a pas semblé le déranger et son sourire s'est même agrandi quand il a entendu ce mot, "ami".
Je suis rentrée chez moi avec Miku, ma petite soeur, je l'ai déposée à la maison et ma mère était déjà là, alors j'ai prétexté que j'allais en ville avec mes copines et que j'avais déjà fait mes devoirs pendant l'étude (c'était faux, mais bon...).
-Elle va retrouver son petit ami, Kyojuro ! a piaillé Miku.
LA PESTE ! ai-je pensé en me précipitant dehors avant que ma mère n'ait pu me poser des questions gênantes sur ce garçon que je ne connaissais que depuis hier soir.
J'ai couru jusqu'à l'endroit où était censé se dérouler notre futur entraînement : une déchetterie abandonnée. Nan, Yushiro pouvait pas choisir un endroit plus sexy que ça, mais bon, pour le coup, c'était bien secret, et tellement isolé que j'ai dû marcher vingt minutes et m'éloigner de la ville. J'avais croisé Kyojuro en chemin alors nous avons discuté, et quand nous étions arrivés dans la salle vide qui ne ressemblait plus trop à une déchetterie, avec une grande plaine pour nous entraîner dehors, et un sous-sol pour nous cacher au cas où, il y avait déjà Yushiro, les reufs en combi noire, Sanemi curieusement avec son pote Obanai (je crois qu'ils se connaissaient déjà). Obanai, avec ses bandages qui le rendaient si viril, et ses yeux vairons, mon dieu qu'il est sexy, cet homme... Il est juste plus petit que moi, mais bon.
-Les autres sont en retard ! a pesté Yushiro.
-Soyez indulgent Maître Yushiro, a marmonné l'un des reufs en combi, ils ne savent peut-être pas où c'est, c'est vrai que c'est un peu compliqué à trouver...
-Et alors, je leur ai donné l'emplacement précis, ils n'avaient qu'à faire un effort ! a-t-il râlé.
L'autre fille, Shinobu, est arrivée suivie de près par Muichiro qui semblait complètement perdu, puis Gyomei et Tengen. Et ce n'est que dix minutes plus tard qu'est arrivé le dernier, Giyu.
-Désolé, ça a été difficile de convaincre la madré que j'avais une vie sociale... a-t-il soupiré, complètement essoufflé de sa course.
-Bien, maintenant que nous sommes tous au complet, nous allons pouvoir commencer notre entraînement de pourfendeur de démons, ça va être très sport, donc ceux qui sont venus en short ou en jupe, a-t-il commencé en me jetant un coup d'oeil, pensez à venir en tenue confortable ou même à venir avec un sac de sport et vous pourrez vous changer dans le sous-sol. Mais bref, commençons. Vous me faites cinq tours de la plaine, dix secondes de reprise de souffle puis cinq autres, ça nous fera un échauffement.
-UN ECHAUFFEMENT ?! me suis-je écriée.
-Vous voulez battre Muzan, oui ou non ? Allez, c'est parti les cocos !
Ayant une endurance à chier, je suis tombée de fatigue dès le premier tour, et ça a été l'effondrement jusqu'à la dernière, Shinobu, qui avait couru les cinq tours sans problème.
-Eh bah, je vais peut-être y aller un peu plus doucement... a soupiré Yushiro. Echauffez-vous les articulations.
-On peut pas mettre de la musique pour nous motiver ? a supplié Giyu, ou au pire je mets mon casque mais par pitié le bruit de la nature ne m'inspire pas plus que ça.
-Si tu veux.
Il y a ensuite eu une vraie guerre pour choisir la musique d'échauffement, qui a abouti sur "Physical" de Dua Lipa, puis le petit groupe a commencé à s'élancer en rythme, et j'ai remarqué que, si Shinobu était très douée pour la course, elle était à chier en danse, elle se balançait tellement mal que je n'ai pu réprimer un éclat de rire avant d'emporter tout le reste de l'équipe avec moi, même le dépressif, dans mon fou rire. Shinobu a d'abord pesté, très vexée, puis a fini par reconnaître qu'elle avait un balai dans le cul et s'est jointe à nous.
-Putain, d'abord ils sont épuisés et maintenant ils rient, comment on va faire pour avancer... a soupiré Yushiro, déjà désespéré.
-Courage Maître, ça va aller... lui a soufflé un des reufs en salopette.
Après nous avoir refait courir un tour avec de la musique à fond sur une enceinte ramenée par je ne sais qui, où on poussait des cris comme des gamins excités, nous avons fait les cinq tours sans problèmes tous ensemble en s'encourageant mutuellement.
-Mais je ne les comprends pas, et là ils ne sont pas fatigués... a marmonné Yushiro, à la fois fasciné et épuisé par les spécimens que nous sommes.
-Quand est-ce qu'on apprendra à combattre avec le sabre ? a alors demandé Sanemi.
-Quand vous aurez appris à maîtriser votre souffle.
Il nous a alors fait un long discours ennuyant sur ce qu'était un souffle, puis il a demandé à Giyu de venir faire une démonstration alors que personne même lui n'avait compris le principe, et il lui a tendu une superbe gourde Air Up orange remplie d'eau avec un pod mangue.
-Vas-y, fais-nous une démonstration, Giyu, a incité Yushiro.
Il avait l'air complètement paumé mais aussi ahuri par la situation, il a regardé la gourde.
-Comment vais-je maîtriser mon souffle avec une gourde... a-t-il marmonné tout haut, je dois boire l'eau ? a-t-il ensuite demandé à Yushiro.
-Non, tu dois utiliser ton souffle.
Honnêtement, je compatissais pour le pauvre qui devait passer alors que personne n'avait capté ce qu'était le souffle. Alors, il a fait la chose qui lui semblait, pour lui, le plus logique. Il a pris une grande inspiration bien bruyante en regardant intensément Yushiro (sûrement pour lui montrer qu'il utilisait son souffle pour respirer comme toute personne normale), puis il a balancé la gourde au loin de toutes ses forces.
Yushiro est resté muet quelques secondes avant de pousser un long soupir.
-Tu devais faire exploser la gourde... a-t-il soupiré.
-Bah, je l'ai sûrement explosée vu comment je l'ai lancée... a marmonné Giyu sans comprendre.
-Non, souffler dedans pour faire exploser la gourde.
-Mais elle m'aurait exploser à la gueule...
-Ca c'est pas mon problème. Bon, je vois que la pratique c'est pas trop votre truc, et c'est normal puisque c'est le début, alors je vous propose un peu de théorie !
-OH NON, PAR PITIE, ON A DEJA COURS TOUTE LA JOURNEE ET DES DEVOIRS DE MALADES, ALORS NON ! a hurlé Sanemi comme s'il lançait une manifestation.
-Mais non...
Il s'est assis dans l'herbe et nous nous sommes tous assis.
-On va s'entraîner tous les jours à la même heure, en changeant parfois pour ne pas être trop suspects auprès de vos proches, mais votre rythme de vie va être assez bouleversé et vous risquez d'être très fatigués, mais je vous demande de vous accrocher, puisque vous n'avez pas vraiment le choix. Pour l'instant, c'est le début, alors ça va, même si la téléportation vous a sûrement rendu un peu malade, mais ça va encore...
Nous avons hoché la tête.
-Aussi, qui ici est à l'Académie des Sangs Froids ?
Sanemi, Obanai, Kyojuro, Shinobu, Giyu et moi avons levé la main. Gyomei avait déjà un métier, il était professeur de maternelle, Tengen ouvrait sa propre boîte de cosmétiques naturels et Muichiro était encore au collège, en quatrième.
-Cela va nous être très utile, car le directeur de l'Académie des Sangs Froids est un des nombreux fils de Muzan, et on pourra peut-être obtenir des informations, a continué Yushiro.
-Mais comment voulez-vous qu'on aille voir le directeur et lui demander quand est-ce que son père a prévu de transformer la terre entière en démon ? a cinglé Obanai.
-Hum... Peut-être pas aller le voir directement, c'est vraiment pas discret.
Giyu a alors écarquillé les yeux et s'est levé d'un coup.
-Yushiro, tu es au soleil là, on est dehors.
Yushiro est resté muet quelques secondes avant qu'un sourire ne se dessine sur ses lèvres.
-T'es pas si con que ça, en fait... a-t-il marmonné, en effet, je suis au soleil et je ne brûle pas.
-Tu nous a menti... Toi aussi, tu peux aller au soleil ? ai-je marmonné.
-Oui bon d'accord, moi aussi je suis puissant comme démon. Je n'ai pas vraiment de force, et je suis éclaté sa mère au combat, mais je suis immortel, je peux bouffer de la glycine ou je peux m'exposer au soleil, et ça, seul Muzan et ses disciples sont censés pouvoir le faire, mais moi aussi car je me suis amélioré au fur et à mesure des années.
-Bon, pas qu'on s'en fout de ta vie, mais comment tu veux qu'on aille parler au directeur ? l'a coupé Sanemi.
-Je ne sais pas... Faites-vous remarquer ? Est-ce que l'un de vous est délégué de classe, par exemple ?
-Mes deux meilleurs amis le sont, a marmonné Giyu, et je suis remplaçant.
-Voilà, c'est déjà un début ! s'est exclamé Yushiro, mais on réfléchira à ça plus tard, pour l'instant, on va gérer pour que vous ne soyez pas trop suspects auprès de vos proches, parce que vous aurez beau trouver des excuses tous les jours, ils vont finir par se douter de quelque chose...
-Les entraînements, ça doit vraiment être tous les jours ? a marmonné Tengen, on a une vie, nous aussi. Enfin, personnellement, j'en ai une.
-Je suis désolé, mais si on veut être prêts, il faut agir.
-Bah, ma mère croit que je vois mon petit ami, actuellement... ai-je soupiré.
-PARCE QUE TU AS UN PETIT AMI ?!
Nous nous sommes tous tournés vers Obanai qui venait de crier cette phrase et s'était levé d'un bond, les yeux lançant des éclairs.
-Non... Elle s'est juste imaginée ça à cause de ma petite soeur, lui ai-je répondu.
Ca a semblé le calmer car il s'est rassis en poussant un long soupir de soulagement, sous les regards intrigués des autres et moi pour son étrange réaction.
-Bien, je vous laisse ici, je dois aller nourrir mon chat que j'ai laissé dans ma cave.
Et sur ce, Yushiro s'est téléporté avec ses hommes en combi, et nous nous sommes retrouvés comme ça, tous les neufs, assis dans l'herbe comme des cons.
Voulant briser ce silence un peu gênant, j'ai alors sorti mon téléphone.
-Ca vous dit qu'on fasse un groupe WhatsApp ? ai-je lancé. On l'appellera "Les Piliers de la Muerte" !
-C'est quoi ce nom de merde ? s'est récrié Kyojuro, je conteste ! Je veux que le groupe s'appelle "Les Chaussures" !
-Frère on est pas les cordonniers de Jean-Jacques Goldman ! "Les Chaussures" ? Gros, c'est quoi le rapport ? s'est interposé Tengen.
-Bon, j'admin tout le monde et vous vous battrez entre vous pour changer le nom du groupe et la photo du groupe... ai-je murmuré.
Nous avons créé le groupe, puis je me suis levée pour rentrer chez moi pendant que Kyojuro et Tengen s'entretuaient pour le nom et la photo du groupe. Et quelques minutes plus tard, le groupe s'appelait "GEDAGEDIGEDAGDAO" avec comme photo le meme de la nugget qui dansait. J'ai poussé un soupir avant d'éclater de rire toute seule, puis j'ai poussé la porte de chez moi, il devait être bientôt dix-neuf heures, et une excellente odeur venait de la cuisine.
-Je suis rentrée ! ai-je annoncé tout en enlevant mon manteau.
-Alors, c'était comment ton rencard avec Kyojuro ? a aussitôt piaillé ma petite soeur qui lisait un magazine sur le canapé, dans son pyjama rose avec Marie dans "Les Aristochats".
-On ne sort pas ensemble ! me suis-je écriée, je ne le connais que depuis hier ! ai-je pesté, arrête de t'imaginer des trucs.
-Bah, tu es tout le temps amoureuse d'un mec, alors bon... a soupiré ma soeur avant de lancer son magazine à travers la pièce.
Vue d'Obanai
Mardi 26 novembre
Cher journal,
Depuis que je l'ai vue, elle, je ne fais que penser à elle, je crois bien qu'une femme a capturé mon petit coeur de pierre et le massacre de ses talons roses.
Elle s'appelle Mitsuri Kanroji, elle a 19 ans, seulement deux ans de moins que moi, et elle est magnifique. Un teint de porcelaine si beau, de longs cheveux atypiques roses au dégradé vert pomme, des joues parsemés de taches roses quand elle rougit et elle a des grains de beauté symétriques.
Elle hante mes pensées depuis que nos regards se sont croisés, et je me sens si petit et nul à côté de la jeune femme solaire qu'elle est. Quand je la vois, à l'Académie, elle est entourée de gens, elle sourit toujours et rit aux éclats à quasiment tout, et sa bonne humeur est si communicative, moi qui suis si réservé. C'est comme une princesse, je ne l'avais jamais remarquée à l'académie jusqu'à hier, comment ai-je pu passer à côté d'une telle merveille de la vie ?
Quand je me suis tourné vers elle, ses beaux yeux vert pomme ont rencontré les miens, et les étincelles de son regard se sont comme agrandies, et elle m'a souri, comme elle le fait à tout le monde, certes, mais elle a ce don de faire des sourires qui vous rendent spécial, qui nous donnent l'impression d'exister et de compter pour elle, alors qu'on ne se connaît que depuis hier soir, littéralement.
En 21 ans d'existence, je crois bien que c'est la première fois que je tombe amoureux, mais comme je ne suis jamais tombé amoureux. Mon coeur bat enfin depuis que je l'ai vue rire, dans sa petite robe blanche d'été alors que nous approchons l'hiver, je me sens enfin vivre, et je n'ai jamais ressenti ça pour quelqu'un avant.
L'amour me fait peur, ça a conduit mes parents à l'échec, il n'y a qu'à les voir aujourd'hui : ils se disputent tout le temps à la maison, et mes deux soeurs essaient tout pour les calmer, en vain, alors qu'ils semblaient si heureux sur leur photo de mariage, quand ils étaient beaux, jeunes et cons. Mais l'amour ne me fait pas peur juste à cause de l'exemple que me donne mes parents, mais aussi parce que l'amour rend fou, comme je l'ai si souvent entendu ou lu dans les livres d'amour que je lis parfois en secret parce que je n'assume pas de lire des histoires d'amour.
L'amour rend fou, on ne choisit pas qui on aime, mais dès qu'on voit cette personne pour la première fois, c'est un nouveau monde qui s'ouvre devant nous. Je ne croyais pas à toutes ces conneries jusqu'à hier soir, mais je trouve ça tellement ridicule ! Elle et moi ne nous connaissons que depuis hier soir, et j'ai déjà l'impression que c'est la femme de ma vie ! Il faut vraiment que je me calme... Qu'est-ce qui m'arrive ?
Bref, je viendrais réécrire demain (comme d'habitude) mon p'tit journal chéri ! Ah la la, si Sanemi, même s'il est mon meilleur ami, savait que j'écrivais des journaux intimes depuis l'âge de mes six ans ! Tu es déjà mon quinzième journal, tu sais, mon petit naljour ?
Gros bisous de papa !
Vue de Giyu
Après avoir laissé Kyojuro et Tengen qui semblaient prêts à tout pour la photo et le nom du groupe, je me suis donc dirigé vers moi quand le Minimoys m'a intercepté alors que je m'apprêtais à mettre mon casque pour écouter de la musique tranquille.
-Hey, Giyu !
-Qu'est-ce que t'as, l'moustique ? ai-je lancé en soupirant.
-Bah, on habite pas loin, je me disais qu'on pouvait marcher tous les deux ! a proposé Shinobu avec un sourire extrêmement grand.
Fais chier, j'voulais écouter un peu d'Britney, là... ai-je pensé en réprimant un soupir. Bon, tu vas la côtoyer pendant un certain temps, peut-être qu'on peut un peu apprendre à se connaître ! Mais... Comment elle sait où j'habite ?
-Bah, si tu veux... ai-je marmonné en rangeant mon casque dans mon sac-à-dos.
-Alors, c'est toi le voisin de classe de ma soeur ? a lancé Shinobu.
Je l'ai alors regardée. C'est vrai qu'elle m'avait beaucoup fait penser à Kanae la première fois que je l'ai vue, c'est-à-dire hier soir dans les fucking égouts qui puaient la merde (mais pas autant que Kiku-Kiku, donc autant vous dire que je me sentais un peu immunisé).
-Sûrement, oui c'est moi, ai-je répondu.
-Elle veut que tu saches qu'elle te trouve très beau.
-Et elle ne pouvait pas me le dire en face ?
-T'as jamais eu de copines ou quoi ? a-t-elle pesté, c'est pas facile pour une fille d'aller dire ça à un gars, tout de suite elle pense qu'ils vont s'imaginer des trucs !
-Et tu veux que je m'imagine quoi, exactement ?
-Je sais pas, qu'elle ait envie de sortir avec toi ? a supposé Shinobu.
-Parce que c'est le cas ?
-Je ne pense pas, enfin, elle a bien protesté hier, donc j'imagine que non... Enfin, pour l'instant... a-t-elle continué avec un sourire malicieux. Sinon, tu voulais écouter quoi ? Un podcast pour "Comment se faire des amis quand on est un vieux papier mâché victime de constipation infantile qui ressemble à un dépressif ?". Oh ! Je t'ai trouvé un surnom, tu seras le mystérieux constipé !
-... "Le mystérieux constipé" ? ai-je balbutié. Et tu as trouvé des surnoms pour tous les membres de l'équipe ?
-Obanai c'est "Le CP en manque sévère de virilité", Sanemi c'est "Le reuf aux abdos qui essaie de s'inventer une vie" ou "Le con balafré", et Mitsuri c'est "La kawaii gurl qui croit qu'elle slay".
-C'est longs, pour des surnoms... ai-je marmonné.
-Oui bah, je les connais pas encore assez pour leur donner des vrais surnoms qui leur correspondent vraiment ! a protesté Shinobu. Oh, et c'est vrai que vous avez une prof au nom chelou qui ressemble beaucoup à "KAKOU KAKOU, AUJOURD'HUI DEGUSTATION SUSHIS, ON ENLEVE LE PLASTIQUE NOIR ET ON DEGUEULE LE GINGEMBRE DANS LA POUBELLE !!!" et qui pue de la gueule level boss final ?
J'ai alors commencé à beaucoup apprécier son humour et sa propre personne. Qui l'eut cru qu'une naine avec une barrette en forme de papillon avait une personnalité ?
-C'est Kiku-Kiku, son nom... ai-je soupiré, eh oui, j'ai dû garder mes masques du Covid-19 juste à cause d'elle...
-Wow... Elle pue autant que ça ?
-Tu vois les égouts ?
-Ouais.
-Dix fois pire.
-OUCH...
-Tu l'as dit... a-t-il soupiré.
Elle m'a alors salué car elle tournait au bout de la rue, puis j'ai marché jusqu'à chez moi en essayant d'imaginer le régime alimentaire de ma prof de japonais pour avoir une haleine aussi fatale dès 8 heures, et qui restait toute la journée. Les pauvres autres profs qui devaient manger avec elle le midi pour ne pas qu'elle se sente seule et exclue...
-Tu rentres enfin ! a soupiré ma mère qui était en train de servir de la purée de pommes de terre à table, où est-ce que t'étais ?
-On devait finir notre DM en "Réflexion réfléchie" (oui, c'est vraiment une matière, cette merde) tous les trois pour demain ! a protesté Sabito, et tu nous abandonnes comme ça sans rien dire ?
Oh merde, c'est vrai, le DM de RR... ai-je pensé en venant m'asseoir à table et en réfléchissant mentalement à une excuse potable. Analysons la situation, tu viens de rentrer de deux heures dehors avec des inconnus parce que tu vas bientôt sauver la Terre entière contre Muzan, tu pues la transpiration parce que tu n'as pas remis de déo depuis au moins tes treize ans, tu as "abandonné" tes meilleurs amis pour un fichu DM d'une matière dont le nom n'a aucun putain de sens et tu t'apprêtes à manger de délicieuses pommes de terre allemandes préparées par ta petite maman chérie. Hum... Tu pues la transpiration... J'AI TROUVE !!!
-En fait... Je suis parti courir, ai-je annoncé d'une voix qui se voulait convaincante.
Je pensais qu'ils allaient se foutre de ma gueule parce qu'ils savent pertinemment que je suis éclaté sa sous-race en course, mais ils n'ont fait aucun commentaire et Tsukato a commencé à lancer un débat sur le fait que certains shampoings piquaient les yeux ou non, et ça a tellement emballé Sabito qui semblait prendre le sujet à coeur car il pleurait chaque matin à cause des foutus shampoings à la menthe que le repas n'était animé que par ses protestations et ses cris de peine comme si c'était la cause la plus importante au monde. Nous n'avons fait que hocher la tête à ses plaintes en lui tapotant l'épaule pour le supporter dans cette dure épreuve qu'il affrontait chaque matin pour lui témoigner notre fausse compassion.
Pdv narratif
La salle était sombre, et l'ombre de la personne avançait à travers les effluves rouges du sang qui régnaient, et, elle annonça sa présence en poussant un cri, son nom, inconnu à tout le monde dans cette pièce sombre, et alors, il descendit, d'un pas lent, se levant de son trône où il reposait toute la journée, pour jauger cette personne inconnue qui s'avançait vers lui.
-Comment sais-tu où je me trouve ? Ma résidence est un secret pour toute la population du Japon, tu n'as pas le droit d'être là sans mon autorisation, déclama le roi des démons.
-Ils sont réunis, ils veulent vous tuer... répondit l'autre d'une voix sans aucune hésitation.
-Mais enfin, de qui ? De quoi est-ce que tu parles ?! pesta Muzan, les yeux lançant des éclairs, dégage de là, pauvre imbécile, ou je te tue sur-le-champ !
-Je suis désolé de vous interrompre, je sais très bien que je n'ai pas le droit d'être ici, reprit la personne en s'inclinant, je ne vous dirai pas mon nom, cela serait bien trop révélateur sur mon identité, que je tiens à garder secrète.
Cette personne avait une cape noire qui lui recouvrait sur le corps, et un modificateur de voix ne permettait pas de savoir si c'était un homme ou une femme qui se cachait derrière cette cape dont l'ombre toute entière lui recouvrait le visage qui régnait dans la pénombre.
-De qui parles-tu ? Quelles sont ces personnes qui ont la folle envie de vouloir essayer de ma tuer, qui sont ces inconscients ?! s'écria Muzan.
-Ils ont déjà essayer de vous tuer par le passé, et ils ont échoué, mais il faut dire qu'ils n'étaient pas loin de la victoire... murmura la personne.
-Mais enfin, de qui parles-tu ?! s'impatienta le démon.
-Les Piliers sont de retour, Muzan.
Voici le troisième chapitre, légèrement plus long que les deux autres... Mais je sens que cette fanfiction va être longue, j'ai pleins d'idées et j'ai envie qu'on voit l'évolution des personnages au fur et à mesure de l'histoire, l'évolution de leurs relations !
Mais bref, je m'en vais de ce pas commencer à écrire le chapitre 4, et j'espère qu'il vous plaira (et que ce chapitre 3 vous a plu, d'ailleurs !). A bientôt, mes très chers !
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