Chapitre 16 : Un road trip vraiment...

Vue de Giyu

  J'avais vérifié ma valise au moins treize fois mais il me manquait encore quelque chose, et j'avais beau me creuser les méninges, je n'arrivais pas vraiment à savoir quoi. J'étais là, au beau milieu de ma chambre, dans mon vieux bermuda d'un beige crème qui me ferait vomir si ce n'était pas ma mère qui me l'avait acheté, un T-shirt bleu sans saveur et sans espoir et un petit bob offert par Mitsuri qui m'avait forcé à le porter ou toujours l'avoir avec moi durant notre road trip qui s'annonçait fort en émotions et en conneries, surtout... Après quinze secondes de réflexion intense, je me suis souvenu ce qu'il me manquait : ma peluche en forme de saucisson sec que ma soeur m'avait ramené des States lors de son stage afin de devenir une voyante bilingue capable de lire l'avenir d'un taille-crayon !

  Après avoir vérifié une énième fois que j'avais bien tous mes papiers judiciaires et autres, je suis passé une dernière fois aux toilettes car ma vessie faisait la taille d'un mouchoir, j'ai accroché à ma valise ma peluche nommée Élégarde parce que j'étais fan du film d'animation Minecraft sorti sur Netflix que j'avais toujours regardé en mangeant des anchois avec mon père qui ne comprenait pas ce qu'il foutait là à me regarder répondre à Dora l'Exploratrice lorsqu'elle me demandait si elle devait suivre le chemin des Sucettes Géantes ou celui des Pains d'Épices abandonnés par leur daron parti chercher du lait, j'ai regardé ma montre, il était 17:27, dans trois minutes, une voiture remplie de neufs cons professionnels allait apparaître comme par magie devant ma porte d'entrée pour venir me chercher et partir.

  Avec la dégaine d'un scout qui vend des cookies aux enfants à la sortie de l'école, j'ai dévalé les escaliers après m'être lavé les mains comme me l'avait toujours dit ma maman, j'ai fait un saut digne d'une Tortue Ninja avec un taille-crayon dans la bouche car j'ai sauté la dernière marche et que je suis encore un gamin, ma valise a failli me tomber dans la gueule, mais je l'ai rattrapée avant qu'elle ne me détruise les omoplates, et je me suis dirigé avec entrain vers la porte d'entrée après avoir jeté un coup d'oeil vers le salon pour savoir si la voie était libre. Vu qu'il n'y avait que mon père affalé sur le canapé entre trois bières à moitié renversées à ronfler comme un cochon qui fait une crise d'asthme, j'ai ouvert la porte d'entrée avec toute la douceur du monde quand le crissement le plus désagréable du monde, faisant rejoindre mes tympans désormais décédés mon chien en enfer. Mon père a bondi tel un scarabée-rhinocéros enrhumé pour émettre un cri très curieux à délecter alors que j'écarquillais les yeux.

-Epepep, jeune homme, où vas-tu comme ça ? a demandé ma soeur venue de je ne sais où.

-Bah... Je pars manger des churros en Antarctique, bon week-end à t... ai-je commencé en refermant la porte d'entrée.

Tels les réflexes d'un homme mûr, Sabito a aussitôt bloqué la porte de son pied et l'a réouverte pour me fixer de haut parce qu'il était grand et que je faisais juste la moyenne mais que j'avais la gueule d'un éclopé venu d'Argentine avec pour seule raison de vivre celle de boire des bouteilles d'eau.

-Giyu, où est-ce que tu vas ? a-t-il répété d'une voix grave bourrée de testostérone, pourquoi tu as une valise à la main ?

  J'ai aussitôt entendu une série de klaxons m'empêchant de lui répondre, et une odeur putride de camembert périmé m'assaillir les narines et toutes celles de mes congénères. En tournant la tête vers mon portail, j'ai vu ma bitch préférée ouvrir la porte de sa voiture ('fin, celle de son père mais il lui a prêté, t'as capté ?) tout en défonçant le klaxon de son poignet alors qu'Obanai, assis à côté d'elle, se demandait pourquoi les canards ont des plumes, ça se voyait dans son regard de victime qu'il était perdu physiquement et psychologiquement tel l'homme fragile qu'il était (si on peut parler d'un homme, en fait...).

-GIYU, MV, ON T'ATTEND, RAMÈNE TON PETIT CUL DE KIM BASINGER DANS MA CAISSE !!! a hurlé Mitsuri avec un sourire aussi frais que les vagues de Plougastel.

- "MV" ?! a répété Makomo, outrée, "MV", c'est qui cette meuf sortie du cul d'une vache pour t'appeler "ma vie" ?! C'est MOI ta meilleure amie !

Alors que Makomo commençait à casser des verres sur le sol, je leur ai claqué la porte au nez en courant dans mes claquettes-chaussettes tel l'Allemand des Montagnes que je suis (oui, je suis né en Allemagne, ça pose un problème à quelqu'un ?!) en faisant de grands signes de la main.

-Bitch ! Tu m'as trop manqué ! ai-je hurlé alors que Mitsuri m'ouvrait le coffre pour que j'y balance ma valise.

-On s'est vus hier... a-t-elle répondu dans un petit sourire en acceptant mon étreinte broyeuse de côtes, allez, tu vas au volant, MV ?

J'ai claqué la portière à la volée alors que tout le monde hurlait d'excitation sauf Sanemi qui frappait la vitre sans raison apparente.

-Bon ! On se casse où ?! a hurlé Mitsuri en attachant sa ceinture, assise à côté de moi après avoir dégagé Obanai dans le coffre. On a maximum dix heures de route, pour qu'on puisse arriver demain matin !

-Je vais déjà sur l'autoroute, vous vous décidez pendant ce temps-là ! ai-je annoncé en démarrant le moteur de la voiture.

Après trente minutes de débat, ils n'étaient toujours pas décidé.

-Je vous dis que Hiroshima, c'est super ! a pesté Mitsuri.

-Pourquoi tu veux aller à Hiroshima ? Moi je dis Kyoto pour retrouver des gens que je connaissais là-bas ! a hurlé Kanae.

-Pourquoi on ne pourrait pas aller dans un pays étranger ? Tout le monde a un passeport et une carte d'identité, ici ! a protesté Shinobu.

-Je veux partir en France ! a crié Kyojuro.

-Et moi, en Ch... a commencé Tengen.

-EH OH, VOS GUEULES !!! ai-je hurlé, déjà saoûlé. On va faire simple, Mitsu, prends une pièce de monnaie !

Elle s'est exécutée.

-Pile, on reste au Japon et on choisit une BELLE ville à visiter. Face, on se casse dans la ville que je veux. Ça va à tout le monde ? ai-je lancé.

-Bien sûr que n... a commencé Sanemi.

Mitsuri a soupiré pour le faire taire et a lancé la pièce avant de la retourner sur sa main dans le silence complet qui s'était formé.

-Face, a-t-elle annoncé. Tu veux aller où ?

-À Barcelone, ai-je dit.

Il y a eu un petit silence dans la voiture avant que tout le monde n'explose de joie à ma grande surprise.

-On va pouvoir aller à la Sagrada Familia ! s'est extasiée Shinobu en serrant son appareil photo contre sa poitrine.

-Pourquoi pas, mais où est-ce qu'on va dormir ? a demandé Sanemi.

-C'est moi qui gère ! s'est exclamée Mitsuri, mais du coup, tout le monde est d'accord ?!

-Bro, le Japon c'est une île et on est en voiture, comment vous voulez aller en Espagne ? a alors lancé Kyojuro.

-T'inquiète...

J'ai lancé un regard complice à Mitsuri.

-Vous m'inquiétez, tous les deux...

Le grand cri de joie qui m'a suivi m'a presque fait sourire, j'ai demandé à ma bitch de règler le GPS, puis j'ai mis la playist de mon téléphone pour m'ambiancer sur un son de l'été où Obanai et Sanemi ont commencé à se taper un karaoké désastreux mais qui a réussi à faire rire Muichiro (ou peut-être pensait-il à autre chose ?).

-Shi et Kanae, vous faites une liste de ce qu'on doit faire, je vais chercher un hôtel pendant ce temps-là ! s'est exclamée Mitsuri, emballée.

-Baby gurl, ça va être trop cher, non ? Faut qu'on garde de la thune pour la bouffe et pour des machins à acheter ? ai-je marmonné, sceptique.

-Je vais comparer avec des Airbnb, j'ai dix heures devant moi pour nous trouver un lit pour demain soir au plus tard... a-t-elle soupiré en commençant à fixer avidement son téléphone.

Alors dans les deux premières heures du trajet, tout le monde parlait avec son voisin, regardait par la fenêtre ou cherchait des trucs sur son téléphone, tout le monde commençait à se faire chier à partir de la troisième heure où c'était toujours à moi de conduire. J'ai regardé l'heure, il était 20:43, j'ai passé ma tête par-dessus mon épaule.

-Vous n'avez rien apporté à manger ? ai-je demandé.

-Je pensais qu'on faisait une pause dans une aire d'autoroute... a marmonné Kanae tout derrière. Il serait peut-être temps, non ?

-C'est bientôt à mon tour de conduire, aussi... a baîllé Kyojuro en se réveillant, j'ai fait une bonne sieste, je suis au taquet ! Sinon, tu trouves, Mitsuri ?

-Y'en a plusieurs qui ont l'air pas mal... ET c'est seulement à 100 € la nuit...

Je me suis arrêté à l'aire la plus proche, je suis sorti et je me suis étiré, mes muscles étant ankylosés d'être resté trois heures devant le volant, j'ai retiré mon vieux bob qui avait glissé sur mon épaule durant le trajet pour le balancer dans le coffre, et mon téléphone a vibré contre ma fesse gauche pour la vingt-et-unième fois de la journée, mais j'avais la flemme de répondre.

-C'est ta mère ? m'a demandé Shinobu en me voyant le sortir de ma poche de jean, à moitié éveillée.

-Ouais, elle est chiante à appeler.

-Tu ne lui as pas dit où est-ce qu'on allait ?

-Non, parce que je ne savais pas, moi aussi...

-Mais est-ce que tu lui as au moins dit que tu partais en vacances ?

-Bah en théorie, oui...

Elle a posé sa tête contre mon torse en croisant ses bras dans mon dos alors qu'on était au beau milieu du parking, mais j'ai fermé les yeux en posant ma tête sur la sienne et passant mes bras autour de sa taille.

-Tu peux me porter ? m'a-t-elle chuchoté.

-Pourquoi ?

-J'ai mal au dos...

-Ça n'empêche pas de marcher...

-Mais je suis fatiguée...

-BON, C'EST QUAND VOUS VOULEZ !!! a hurlé un vieux monsieur à la barbe blanche mais aux cheveux gris, au volant d'une Fiat 500, visiblement aigri et prêt à appuyer sur le champignon pour nous écraser. C'EST BIEN MIGNON ROMÉO ET JULIETTE, MAIS FAUT REVENIR À LA RÉALITÉ ET VOUS BOUGER, GROS CONS, VA...

J'ai failli vomir en apercevant son affreux pull en laine rouge.

Nous nous sommes décalés sur le côté pour rejoindre nos amis dans l'aire. J'ai pris un sandwich Daunat à l'emmental et au blanc de poulet avec une pointe de mayonnaise avec une pointe de moutarde de Dijon et une pauvre bouteille d'Oasis fruits rouges car j'avais pas vraiment faim, puis j'ai acheté un couteau suisse sous les yeux apeurés de Kanae.

-Mais qu'est-ce que tu vas foutre avec ça ? a-t-elle marmonné en payant sa pauvre salade.

-Tu vas voir...

Nous sommes ressortis dans le froid de la nuit bien que nous soyons au mois de mai, je me suis dirigé vers la vieille Fiat 500 du vieillot pour lui creuver ses pneux de merde tout en laissant un Post-It avec marqué : "Reviens me traiter de con quand t'auras du respect, pauvre Papa Noël de chez Wish.", puis je suis revenu vers la voiture en m'installant une nouvelle fois au volant avec Shinobu à côté de moi et Muichiro sur elle qui s'était déjà endormi sans avoir touché son sandwich et son Twix qu'il avait réussi à faire acheter à Kyojuro après un gros caprice d'ado en crise... 

  Kyojuro a insisté pour conduire pour le simple fait qu'on devait se relayer pour éviter que le conducteur fatigue et ne produise un accident sur la route, mais Mitsuri a foutu des somnifères dans la bouffe de tous les autres et a dégagé Shinobu dans le coffre pour venir se mettre à côté de moi, puis nous avons échangé un regard encore plus complice.

-Quand ils se réveilleront, on sera déjà arrivés en Espagne depuis au moins quelques heures... ai-je marmonné, mais comment t'as réussi à foutre un mode de transformation en avion sur la caravane de ton père, Mitsu ?

-J'arrive très bien à bricoler, tu sais...

-Mais tu l'as déjà testé, avant ?

-Euh... non...

-Et ça fonctionne, au moins ? me suis-je inquiété alors que la voiture s'élevait déjà dans les airs d'un air bancal en penchant un peu sur la droite, pas beaucoup mais de quoi s'inquiéter un peu quand même.

-Eh bien... On va voir.

  Je ne me suis pas posé plus de questions que ça et j'ai continué à conduire la voiture volante qui se penchait des deux côtés et d'avant en arrière comme un vrai bateau, et nous avons même croisé un vrai avion qui devait se poser des questions, qu'est-ce que la voiture des Weasley foutait dans les nuages en pleine nuit avec des ado ou des jeunes adultes complètement cons à l'intérieur ? C'est la question que je me serais posé si j'étais à la place du pilote avec ses grosses lunettes noires qui étaient dirigées vers nous.

  Nous avons survolé bien nombre de pays, et j'ai même augmenté la vitesse pour que nous atteignons les 2000 km/h, et heureusement que les autres étaient endormis ou complètement drogués, parce que Mitsuri et moi étions en train d'en chier, comme si nous étions dans les montagnes russes, et ma bitch me servait de GPS.

-Tu tournes à droite de la Bulgarie et tu vas tout droit jusqu'à l'Italie, ok ?! a-t-elle beuglé parce que nous allions si vite que le moteur était à fond lui aussi, au point qu'on devait hurler pour s'entendre, et encore, on aurait dit qu'elle chuchotait.

-OUI CHEF !!!

  Nous sommes donc arrivés en Espagne en manquant de nous crasher durant l'atterrissage parce que, si je savais conduire une voiture, ce n'était pas la même histoire avec un avion, et l'atterrissage fut donc un peu rude, mais nous nous en sommes bien sortis, Mitsuri m'a même aidé en me montant à moitié dessus, paniquée, pour tourner le volant au dernier moment. Il devait être quatre heures du matin et les rues étaient silencieuses jusqu'à notre arrivée bruyante et périlleuse qui avait sûrement attiré l'attention des habitants qui voulaient juste dormir tranquillement. 

  Vu qu'il restait encore un peu d'essence même si le moteur avait beaucoup été sollicité, Mitsuri m'a guidé, plus calmement cette fois jusqu'à la résidence qu'elle avait trouvé, et le propriétaire avait laissé les clés dans la boîte aux lettres pour ne pas nous attendre jusque tard dans la nuit, ce qui était complètement compréhensible.

  J'ai garé la voiture, Mitsuri est partie nous acheter des cafés et des Redbull à l'épicerie au coin de la rue pendant que je posais les bagages dans le salon et que je portais tout le monde jusqu'à une des nombreuses chambres, et elle a dû venir m'aider pour transporter Gyomei. On a bu nos boissons, parce qu'on savait pertinemment qu'on n'aurait pas le temps de dormir jusqu'au lendemain, mais j'ai quand même rejoint Shinobu dans le lit pour la serrer contre moi et respirer le doux parfum de son shampoing à la lavande qui émanait de ses cheveux lisses et délicats.

-T'as bien choisi ta ville... a-t-elle marmonné, à moitié réveillée, ou inconsciemment dans son sommeil qui ne devait pas être très profond.

-Dors, chaton... lui ai-je soufflé à l'oreille en continuant de lui caresser les cheveux.

  Je suis resté comme ça, contre elle, à réfléchir de tout et de rien, jusqu'à ce que tout le petit monde se réveille, et nous nous sommes réunis dans l'immense salon-séjour. Avec l'obscurité de la nuit, je n'avais pas vu que nous séjournions dans une immense maison qui ressemblait plus à une villa qu'autre chose, penchée sur une falaise avec la mer ou l'océan, que sais-je je suis éclaté sa race en géographie, et le soleil se levait à l'horizon alors que nous contemplions le spectacle en mangeant notre petit-déjeuner ma foi très fruité dans la véranda. J'ai envoyé un selfie de moi-même en train de bouffer un verre rempli d'un jus très vitaminé pour rassurer ma mère qui voulait que je prenne des vitamines tous les jours depuis que le piqueur avait dit que j'avais un manque de fer et d'énergie (je ne pense pas vraiment que des jus vitaminés complètement mon manque en fer, mais si elle le disait... De toute façon, qui peut contredire sa maman ?).

-Ok les gars, on a deux semaines devant nous ! s'est exclamée Mitsuri.

-Ah merde, mes parents pensent que je parte en week-end... ai-je marmonné, bon, t'inquiète, je vais gérer avec eux...

-Qui veut visiter quoi ? Il faut qu'on se fasse un petit planning ! s'est écriée Mitsuri. On est à Barcelone pour une durée illimitée, le propriétaire a très bien dit qu'on pouvait repartir ce soir si on voulait !

-Je propose qu'on reste deux-trois jours en Espagne pour visiter Barcelone parce qu'il y a pleins de trucs à voir, ou alors juste pour chiller sur la plage en-dessous de la falaise, a commencé Kanae, puis on peut remonter en France après, non ?

-Pour aller à Paris ?! s'est extasié Kyojuro, ça me va, j'ai toujours eu envie d'aller à Paris !

-Et dans la région Centre-Val-de-Loire aussi, il y a pleins de beaux châteaux à visiter ! a proposé Muichiro, c'est ma mère qui ne parle que de ça, au moins je pourrai lui envoyer des photos et elle se rendra peut-être enfin compte qu'elle a un deuxième fils...

-Ok, on se dit deux jours en France ? a complété Mitsuri qui notait à toute vitesse sur son cahier, après, on reste en Europe pendant la première semaine, au pire ?

-Après on va en Italie pour aller visiter Venise ! a exigé Gyomei, même s'il était aveugle, mais personne n'a protesté parce qu'on a tous voulu au moins voir Venise une fois dans notre vie, moi ça me donnait envie, en tout cas. Et aussi pour manger des pâtes et des pizzas... 

  On a eu la flemme de continuer alors on s'est dits qu'on ferait au feeling, nous sommes partis faire nos douches et nous préparer, puis nous nous sommes dirigés vers la Sagrada Familia, la chose qu'on voulait le plus faire à Barcelone. Shinobu et Kanae ont pris des photos de partout, comme si elle voulait faire un reportage, Muichiro a discuté avec un petit allemand de son âge qui semblait avoir paumé sa famille dans l'immense bâtisse, tandis qu'un guide nous racontait des trucs en espagnol où on captait absolument rien mais on hochait la tête juste pour faire genre et ne pas le vexer, car, même si un guide est censé être polyglotte en théorie, il ne pouvait point parler japonais car il y avait peu d'asiatiques qui venaient visiter. J'avais un peu du mal à croire cette affirmation qui ne semblait même pas vérifiée, c'était juste une excuse pour ne pas apprendre à parler le japonais, mais je peux comprendre que notre langue puisse désespérer les européens, déjà par notre alphabet bien différent.

  On est partis manger dans un restaurant qui nous a proposé des lasagnes en jurant que c'étaient des spécialités espagnoles, du coup je me suis embrouillé avec la serveuse parce que pour moi, c'était plus une spécialité italienne qu'autre chose, mais elle m'a complètement envoyé balader et a craché dans mon plat avant de me le servir, c'était dégueulasse mais j'avais tellement faim parce que je n'avais presque rien mangé pendant le petit-déjeuner que j'ai quand même dévoré mon plat aspergé de bave gluante et collante. 

  On a ensuite fait le téléphérique de Montjuïc, qui s'est transformé en séance de vomis collectif pour plus de la moitié de l'équipe, et j'ai dû aidé à nettoyer la cabine avec Shinobu alors que les vomitos avaient été emmenés dehors par Mitsuri pour qu'ils prennent l'air et se remettent de leurs émotions trop soudaines. Mais ma chérie avait quand même réussi à prendre de belles photos depuis l'intérieur du téléphérique.

  Quand le reste de l'équipe fut remis sur pied, il était environ seize heures, et nous crevions de chaud, la transpiration commençait à se faire sentir, alors nous avons fait une pause dans les premières toilettes que nous trouvions pour remettre la dose de déodorant, puis Muichiro a vu un vendeur de glaces pas loin et nous a suppliés jusqu'à ce qu'on accepte de prendre des glaces pour le goûter.

  Vu que nous n'étions pas loin, nous nous sommes rendus à pied au Zoo de Barcelone, et alors qu'on rigolait bien, qu'on prenait des photos des animaux et que Muichiro chouinait parce qu'une girafe avait réussi à chopper le cornet de sa glace pour tout bouffer par la suite, Kyojuro a demandé à ce qu'on prenne un selfie de lui avec l'autruche du zoo.

  Et c'était presque parfait, avec son grand sourire, sa glace à la fraise dans sa main, l'autre faisant un pouce vers le haut, et l'autruche qui semblait danser la salsa derrière, la photo aurait pu être admirable si une mouette ne lui avait pas chié dessus au même moment. Et tel l'ami de merde que je suis, j'ai préféré prendre pleins de photos dossiers de lui en PLS avec la crotte d'oiseau puis partir dans un grand fou rire avec Shinobu et Sanemi plutôt que d'aller le secourir en lui donnant du papier comme Mitsuri l'a fait avec son grand coeur, puis on lui a acheté une casquette avec une autruche dans le magasin de souvenirs pour qu'il cache l'horreur qu'étaient devenus ses cheveux mélangés au liquide visqueux d'une couleur très étrange, d'une matière particulièrement collante et puante.

  Nous sommes donc rentrés et j'ai remarqué qu'il y avait un barbecue dans le garage, et Tengen, l'homme de la situation, a dit qu'il s'occupait de nous faire des petites chipos et des merguezs dont on allait se souvenir toute sa vie. C'est pas par leur goût qu'on s'en ait souvenu, mais bien par le fait qu'il a failli cramer la baraque.

  Je me suis endormie contre ma chérie en se foutant avec elle de la tête paniquée de Kyojuro sur les photos que j'avais prises, puis, le matin, nous nous sommes rendus au parc Güell, apparemment un incontournable à faire à Barcelone d'après les sites que j'avais consultés. Les filles ont encore une fois profité de l'occasion pour mitrailler le parc de leurs téléphones ou de l'appareil photo de Shinobu.

  J'ai voulu faire un selfie avec la fontaine-iguane, mais je me suis cassé la gueule dedans.

-Le karma, m'a alors rappelé Kyojuro d'un sourire satisfait mais aussi bon joueur en me tendant une serviette qui sortait de nulle part.

-Je ne suis pas le seul à m'être moqué ! ai-je protesté.

-Le karma les aura aussi, ne t'inquiète pas... a-t-il marmonné en jetant un coup d'oeil à Sanemi et à ma chérie.

-Nan, qu'il touche pas à Shinobu ou je le démonte, ce karma de merde.

  Nous sommes rentrés pour que je prenne ma douche et pour chiller le reste de la journée, nous sommes allés sur la plage, et j'ai fait des mots croisés sur une serviette de plage avec des motifs de rhinocéros dégueulasses en bronzant malgré mes quinze couches de crème solaire que nous avait tous imposé Mitsuri parce qu'elle avait déjà attrapé des coups de soleil quand elle était plus jeune et qu'elle ne le souhaitait à personne. Muichiro construisait un château de sable dans un coin en rigolant tout seul, et je trouvais cette scène adorable, on aurait dit un petit garçon. Shinobu cherchait des morceaux de porcelaine anciens avec des motifs, sa passion quand elle venait à la plage, tandis que Kanae cherchait des angles précis pour photographier le paysage de façon originale, que Mitsuri collectionnait des coquillages même s'ils se ressemblaient tous un peu, en soit. Sanemi et Obanai étaient partis faire du surf entre mecs, Tengen lisait un guide pour faire des barbecues parfaits sans brûler qui ou quoi que ce soit, Gyomei méditait, les yeux fermés (même si ça ne changeait pas grand-chose...) en écoutant le bruit apaisant des vagues qui venaient s'écraser sur la plage, et Kyojuro nageait et faisait des longueurs sous les encouragements de Tengen qui faisait mine de le regarder de temps à autre.

  Nous sommes restés jusqu'au soir, où nous avons replié bagages pour remonter en France pendant la nuit, et c'était encore une fois moi qui conduisait, mais ça ne me dérangeait pas de conduire, j'aimais bien ça. Pendant ce temps, Mitsuri restait éveillée pour me tenir compagnie pour que je ne parle pas dans le vent, et elle faisait des montages photos à envoyer à Yushiro pour lui faire croire qu'on faisait notre entraînement chaque soir, ce qui était bien évidemment faux, parce que je n'allais pas me pourrir deux heures de la journée à faire du sport quand le but de ce road trip est de s'éclater et de prendre des vacances, loin du stress de notre vie au Japon, à Tokyo, avec tous nos problèmes.

  Nous sommes arrivés à Tours dans les alentours de sept heures du matin, étant partis à minuit, nous logions chez une gentille dame qui avait une grande maison, qui était veuve et qui, pour ne pas s'ennuyer, accepter d'avoir des inconnus chez elle pendant un certain temps, surtout que ça lui rapportait de l'argent. Tous les meubles étaient propres, elle était tellement adorable qu'elle nous préparait des spécialités françaises à chaque repas (en plus sa cuisine était vraiment excellente, je me régalais à chaque fois !). Nous avons visité plusieurs châteaux, mais celui qui m'a le plus marqué était celui de Chambord, mais les autres étaient très beaux aussi. Et le guide, dans un anglais où il parlait si rapide et si peu d'articulation fournie de sa part que ça ressemblait plus à du rap qu'autre chose, a essayé de nous expliquer l'Histoire française, et même si nous n'avions absolument rien pigé, ça semblait quand même intéressant, surtout les rois et les reines, contrairement au Japon.

  On a dû abandonner la petite dame au bout de trois jours où nous avons bien profité de cette belle région riche en histoire pour aller à Paris, où je me suis embrouillé avec un parisien qui n'avait pas mis ses clignotants et qui ne comprenait manifestement pas l'anglais parce qu'il était con comme un balai, et nous avons passé le reste de la semaine, soit le week-end, à Paris, entre les visites à la Tour Eiffel, Mitsuri qui nous a forcés à porter des bérets et des marinières, à manger des viennoiseries typiques pour le petit-déjeuner, à faire un stock de baguettes de pain à congeler pour quand on reviendra au Japon, puis nous sommes ensuite partis en Italie, mais les filles ont quand même pris des photos pour les souvenirs.

(Je sais que la Tour Eiffel est une magnifique aquarelle et que la deuxième image n'a pas de rapport, mais j'avais très envie de les mettre, ok ? Vous êtes qui pour juger ? Personne. Désolée de vous agresser mes bebews <3 !)

  De peur d'être tués par Gyomei, nous avons donc foncé à Venise, où on s'est baladés dans les rues en amoureux, Shinobu et moi, main dans la main, on a fait des balades dans des pirogues avec des mecs hyper musclés et beaux gosses qui faisaient avancer le petit bateau en bois long, fin et élégant avec sa couleur rouge peinte par-dessus la matière première, on a visité la petite île de Murano, l'île du verre, où j'ai acheté un verre spécial de là-bas très beau pour ma mère qui avait une grande collection de verres et de tasses dans un placard spécial, dans la cuisine, et il était strictement interdit de l'ouvrir sans son autorisation. Notre séjour en Italie s'est élargi à Milan et à Rome, qui sont des villes tout bonnement magnifiques. On aurait voulu faire Florence, mais le temps nous manquait un peu, alors on a décidé de passer par la ville pendant le trajet, juste histoire de prendre quelques photos.


  Après, Mitsuri a drogué les copains avec des somnifères pour que nous puissions voler tranquillement la nuit à plus de 2000 km/h dans le calme sans risque de vomis de la part des plus faibles d'entre nous, pour nous envoler vers un autre continent qui nous donnait tous assez envie, j'ai cité : l'Amérique (du Nord). A vrai dire, il n'y avait qu'une ville qu'on avait de visiter aux Etats-Unis, parce que nous n'avions pas tout notre temps non plus.

Faites-vous plais', les reufs : 

  On a donc débarqué à New York en début de matinée, où j'ai failli m'embrouiller encore une fois avec un chauffeur qui ne connaissait manifestement pas qu'on ne devait pas avancer quand le feu est rouge, mais bref, les gens sur la route sont un grand sujet, et je m'exprimerais sur ce sujet un jour où je serais encore plus de mauvaise humeur. Je devais être de bonne humeur pour la visite de New York où les filles me tueraient.

  On a juste foutu la merde, entre les hamburgers et les pizzas (moins bonnes qu'en Italie, mais bonnes quand même), les MacDo où on mangeait comme des gros porcs, on a visité l'usine Coca-Cola illégalement, on a vu la statue de la Liberté, on est allés à Manhattan et on est montés en haut des plus grands buildings plus ou moins illégalement également... Nous y sommes restés pendant trois jours, mais nous nous étions bien amusés et on était complètement crevés.

  Pour le reste de la semaine, nous avons enchaîné la Chine, le Singapour, manger des bons plats sains et équilibrés pour oublier les dix kilos qu'on avait pris en trois jours à New York. On a aussi visité des petites îles japonaises dont j'ai complètement oublié le nom, puis nous avons dû rentrer, mais Shinobu m'a envoyé toutes les photos qu'elle avait prises avec son appareil photo que ses parents lui avaient offert pour l'anniversaire de ses treize ans ou un truc dans le genre (elle ne se souvenait plus de quand tellement ça semblait faire longtemps qu'elle l'avait), je l'ai félicitée comme quoi elle était très douée en photographie.

  Notre petit road trip catastrophique a pris fin, mais grâce aux photos de Shinobu et aux souvenirs, pour moi, ce petit voyage n'est jamais vraiment mort, du moins, il restera gravé dans ma mémoire.




Hey mes très chers lecteurs ! 

Comment allez-vous ? Avant tout, je voulais vous remercier pour les plus de cent vues, c'est énorme et ça me fait vraiment très plaisir. Putain, par contre t'as mon chat qui pue la merde là vraiment c'est abusé, on dirait que c'est Kiku-Kiku le bail...

Bref, j'espère que ce chapitre vous a plu et vous a fait un peu voyager ! J'ai visité Venise pendant les vacances d'avril ainsi que Milan, et j'ai vraiment adoré, surtout Venise, même si la cathédrale de Milan et les pigeons m'ont évidemment beaucoup marqué, même que j'ai un carnet avec la cathédrale de Milan et une giga ombre de pigeon dessus, mon padré a bien évidemment accepté de me l'acheter, parce que pour moi, ce carnet était tout bonnement parfait !

Merci beaucoup encore pour tout et on se retrouve pour le chapitre 17, mes loulous !

Mots écrits : 5 560

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