L'enfant avait bien grandit. Elle courait et sautillait partout où elle pouvait. Ses rires et ceux du jeune fils de Lucius et de sa femme, Narcissa, formaient des échos dans le manoir. La petite se nommait Marie, l'anagramme parfait de Aimer, ce que Lord Voldemort avait été incapable avant sa naissance. Ils avaient formé une grande complicité. Mais la demoiselle ignorait tout de son père...
Elle ne faisait que gazouiller, ne sachant pas parler, et s'amusait avec Nagini, le serpent de son père. Mais elle ne savait pas que ce soir, une information le ferait très vite changer.
Alors sous l'ordre de Narcissa, elle alla se coucher tandis que le Seigneur des Ténèbres partait rejoindre ses serviteurs, accompagné de Lucius Malfoy.
***
Le lendemain, alors que son père était rentré hors de lui, elle se mît à émettre une série de sifflements au serpent. Son père, ayant entendu, s'approcha, intéressé. Les Malfoys, quant à eux, furent effrayés et dégoûtés. Le petit Drago, qui ne comprenait pas, jouait tranquillement avec un cristal arraché au lustre du grand hall d'entrée.
«Ma fille, me comprends-tu? dit-il dans une langue semblable à celle du serpent.
- Oui, père. Clairement et distinctement.»
Le Prince des Ténèbres fut frappé par le vocabulaire avancée de sa fille. Elle avait donc le don de la parole, mais autrement qu'il ne l'aurait pensé.
«Le Fourchelangue! s'affola le père de famille. La langue du Diable!»
Le maître laissa un long silence lourd de reproches s'insinuer, laissant au serviteur le temps de peser ses paroles. L'homme, d'une laideur repoussante, se retourna vivement dans un grand cris. "Endoloris!". Le maître des lieux tomba au sol dans un râle de douleur. Sa femme s'éloigna vivement, emportant leur enfant avec elle.
«Vois-tu, ma fille, notre langage est souvent méprisé et insulté, mais souvient-toi que tu es la dernière descendante de Salazar Serpentard, et donc l'une des rares à le comprendre.»
La jeune fille buvait ses paroles tel du jus de citrouille. Et elle imprima ses quelques phrases dans sa mémoire, à jamais. Tandis que Lucius se tordait au sol dans des gémissements atroces, Lord Voldemort se retourna vers sa fille avant de déclarer, grave et solennel:
«C'est à ton tour, de pouvoir nous appeler. Car bientôt, la prophétie ne sera plus. Viens, ma chérie, viens et donne-moi ton bras...»
Sans crainte, l'ignorante s'avança vers son père et lui tendit son bras droit. Laissant Lucius libre, il tendit sa baguette dans le creux du coude de la jeune fille. Une douleur aiguë s'insinua dans tout son être. La jeune fille ne parvenait pourtant pas à crier, ni à s'enlever de l'emprise de son père, et maître désormais.
Quand il ôta enfin sa baguette, une marque en forme de crâne dont un serpent sortait par la bouche était gravée dans sa chair. La petite fille s'apprêtait à l'effleurer du doigt quand son géniteur s'exclama:
«Non! Tu ne dois la toucher que lorsqu'il faut m'appeler...»
Cette information aussi, elle s'en souviendrait. Et sans prévenir, le Seigneur des Ténèbres pointa sa baguette contre le thorax de sa fille, et dit dans un souffle à peine audible, le sort qui allait faire que leurs liens changent, à jamais.
«Endoloris.»
Ce fut comme si on lui avait donné un coup de poing au ventre. Ce sort lui coupa le souffle et la projeta au sol. La bambine frétillait au sol tel un poisson hors de l'eau. Elle hurlait de douleur, elle hurlait tant que sa voix se brisa. Ses cris résonnaient dans les murs du manoir, plus forts et plus aigus que ceux de Lucius.
«Ma fille, s'écria-t-il, pris d'une de ses nombreuses crises de folie. Il te faut être forte! Bientôt je tuerai cet enfant né à la fin juillet! Je tuerai ce Potter! Il te faut être plus forte que n'importe qui pour devenir, un beau jour, comme moi!»
Lorsqu'il fut calmé, et qu'il eut cessé de torturer sa propre fille, il l'enferma dans les cachots de la demeure. Ce n'est qu'à partir de ce moment, qu'elle vit son vrai visage. Elle ne voyait plus le père aimant et tendre d'autrefois, mais un monstre rongé par les horcruxes qui le poussaient aux limites de la folie.
La fillette avait peur de ce père odieux et capricieux que le monde lui avait donné. Elle était presque soulagée qu'il l'enferme dans ce lieux sombre et humide. La jeune fille y était plus en sécurité qu'avec cet homme.
La demoiselle, silencieuse et craintive, entendit des reniflements par-dessus le ploc léger des gouttes tombant du plafond.
Marie se dirigea vers le bruit. Lorsqu'elle le vit assis contre un mur, tremblant. Vêtu d'une simple taie d'oreiller, ses oreilles longues comme des ailes miniatures, de grosses larmes coulaient de ses yeux globuleux le long de son nez. La jeune fille, dans un murmure qui lui brûla la gorge lui dit:
«Qui es-tu?»
C'était sa première phrase en anglais. Le Fourchelangue avait lentement été battu par l'anglais dans son langage.
Le petit elfe de la maison des Malfoys prit peur, avant de répondre.
«Dobby n'a rien fait de mal! Dobby est un elfe sage!
- Mais, je n'en doute pas.»
La petite Marie ne comprenait pas. Longtemps elle avait vu des créatures en figurines ou en photo qui se mouvaient d'elles-mêmes, mais jamais elle n'avait entendu parler des elfes.
«Pourquoi es-tu là? le questionna-t-elle.
- Dobby est un elfe de maison. (Il réfléchit un instant avant de continuer:) C'est dans sa nature d'être battu et enfermé.
- Mais ce n'est pas juste! s'exclama-t-elle.
- Une maîtresse ne doit jamais dire ça! Dobby est contraint, il doit obéir!»
Une étincelle de malice brilla dans les yeux de la jeune fille.
«Alors tu vas m'obéir...»
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