Chapitre 79

Je descends de l'avion en quatrième vitesse et je sors de l'aéroport. Plus que vingt-cinq petites minutes. Comment je fais ? Je n'y serai jamais à temps en courant et il y a tellement d'embouteillages que le taxi ce n'est même pas la peine d'y penser. Je vois un garçon plus loin monter sur son scooter avec un autre garçon. Je cours vers lui pour le rattraper.

- Hey ! Hey toi !

J'arrive devant lui et je lui souris.

- Salut. J'ai besoin que tu m'emmènes à l'église Sainte-Anne en moins de vingt-cinq minutes.
- Tu plaisantes là ? C'est beaucoup trop loin.
- Je te donne 200 dollars.
- 300.
- D'accord.
- Embarques.

Je souris et je monte sur le scooter. Son ami me prête son casque et je le mets à contrecœur. Il empeste la transpiration. Si après ça Dylan ne me demande pas en mariage je le tue. Mon dieu non, ne parlons pas de mariage. On commence à rouler et...tout ce que j'ai en tête c'est Dylan. Je dois aller voir Dylan. Et de longues et interminables minutes plus tard me voilà devant l'église. Je vois des gens assis à l'intérieur alors je descends du scooter et je cours jusqu'à l'entrée où je crie de toutes mes forces :

- Attendez !

Tout le monde se tourne vers moi mais moi j'ai l'impression que je ne tiens plus debout. J'ai trop fait d'efforts en trop peu de temps et je sens que les courbatures demain me le feront bien sentir. Mais tout le monde continue de me fixer y compris ma mère qui me regarde bizarrement. Ah oui le casque. Je l'enlève aussitôt et le donne au garçon qui m'a accompagnée jusqu'à dans l'église.

- Merci. Si je le pouvais je t'embrasserais.
- Tu ne peux pas ?
- Non.

Il hausse les épaules comme pour dire tant pis j'aurais essayé et je me tourne vers l'assemblée toujours à bout de souffle.

- Je m'oppose à ce mariage. Je m'oppose totalement à ce mariage.

Charlie qui étonnamment est présent avec Mike tout au fond de la salle se tourne vers moi et chuchote.

- On en n'était pas encore à là.
- Oh. D'accord. Ça ne fait rien, je suis venue arrêter le massacre alors !
- Sécurité ! s'écrie soudain ma mère.

Sécurité ? Deux hommes baraqués viennent aussitôt vers moi mais je recule en les menaçants de mes index.

- Wow wow wow je vous arrête tout de suite je viens de faire plus de deux heures et demi de vol pour venir ici, j'ai dû courir d'aéroport en aéroport et j'ai dû louer un scooter pour 300 dollars alors ce ne sont pas deux gros bras comme vous qui vont-

Mais je laisse échapper un petit cri quand l'un d'eux me soulève sur son épaule. Je commence à lui donner des coups alors qu'il marche dangereusement vers la sortie.

- Lâchez-moi ! Je vous jure que je vais vous coller un procès ! Raphaël ! Raphaël Dahlia est ta fille ! Lâchez-moi ! J'ai fait du taekwondo quand j'étais petite je vous préviens ! Raphaël merde !
- Lâchez la !

Je tombe aussitôt sur le sol dur.

- Aïe !

Charlie vient m'aider à me relever et je remets mes cheveux en place. La voix de Raphaël a résonné dans toute l'église. Ma mère tente de le dissuader de m'écouter.

- Raphaël. Chéri ne l'écoute pas elle ne fait que mentir. Regarde-moi elle ment. Raphaël-
- Non ça suffit maman !

Elle se tourne vers moi. Je tire sur mon t-shirt pour le remettre bien sur moi et je commence à avancer vers elle.

- Y en a marre de tes conneries maintenant. Désolée mon père.

Le prêtre me fait signe que ça va en secouant son livret devant lui pour se faire du vent comme si il était sur le point de perdre connaissance. Je me retourne vers ma mère.

- Tu sais quoi ? Aujourd'hui c'est vraiment un très grand jour. C'est le jour où moi, je vais te détruire toi.

Ma grand-mère diabolique se lève quand j'atteins le premier rang.

- Améthyste sors de cette église tout de suite !
- Tiens tiens grand-mère, contente de te voir. Cette robe te grossit je trouve. Comment tu dis déjà ? Une femme de ta classe ne peut pas se permettre de porter ce genre de choses ?
- Alors écoute-moi bien-
- Non toi tu vas m'écouter. Je suis venue ici pour maman mais si tu veux je peux aussi révéler à tout le monde ici présent ce que tu as fait à Cassie. Parce que tu es une grand-mère parfaite non ? Et tu aimerais le rester aux yeux des autres.

Elle me regarde en colère et se tourne vers ma mère avant de se rasseoir ce qui fait apparaître une expression de désespoir sur le visage de ma mère.

- Maman ? sanglote tristement celle-ci.
- C'est juste toi et moi maman.

Je tourne la tête et c'est là que je vois Dylan assis au premier rang à côté de Jimmy sur la rangée de bancs de l'autre côté de l'église. Il a l'air perdu mais...juste de voir son visage ça me rappelle pourquoi je suis là. Et pourquoi j'ai fait tout ce que j'ai fait pour arriver jusqu'ici. Je me tourne vers ma mère en souriant fièrement.

- Bon alors ? On commence par quoi ? Par le fait que tu aies trompé papa il y a quatorze ans avec l'homme que tu t'apprêtes à épouser ?

J'entends des murmures dans toute l'église.

- Ou alors par le fait que tu aies eu une fille avec lui, que tu lui aies caché son existence et qu'ensuite toutes les deux vous soyez allées vivre sous le même toit que lui en te gardant de lui révéler encore une fois la vérité après la mort du père adoptif de celle-ci ?

Raphaël me regarde puis la regarde elle.

- Gina elle dit la vérité ?
- Bien sûr que non Raphaël chéri. Tu sais bien que je ne te-
- Mentirai jamais ? Je t'en prie maman. Ce refrain ridicule tu te le gardes pour tes pigeons mais ça ne marche pas avec moi.

Elle se tourne vers moi en colère et s'approche de moi.

- Alors toi je te jure que-
- Que quoi ? Que tu vas me gifler encore une fois ? Vas-y je t'en prie. Et puis tant que tu y es on peut bien se mettre dans l'angle des caméras pour qu'on ait un bon souvenir de celle-là.

Elle s'arrête aussitôt quand elle entend toute cette assurance que j'ai dans la voix. C'est vrai que je suis sûre de moi. Plus que je ne l'ai jamais été. Et puis de toute façon c'est trop tard pour revenir en arrière maintenant. Je lui souris encore puis je me tourne vers les invités.

- Mesdames et messieurs, que ceux qui savent que j'ai eu une histoire avec...ce garçon incroyable qu'est Dylan O'Brien lèvent la main !

Mais personne ne le fait.

- Allez ne soyez pas timides !

Des mains commencent à se lever et bientôt c'est toutes les mains qui sont dans les airs.

- Ma mère a voulu se faire passer pour la victime dans l'histoire n'est-ce pas ? C'est ce que vous avez dû lire dans les journaux en tout cas. Mais en réalité elle m'avait menacée de le révéler à tout le monde si je disais à ma petite sœur ou si je disais à Raphaël qu'ils étaient en réalité père et fille.

Et de nouveaux murmures.

- Vous imaginez bien ce que j'ai fait pour qu'elle aille directement le dire aux journalistes et qu'elle leur révèle l'adresse de mon domicile pour qu'il viennent nous harceler, moi et mes sœurs. Et en particulier celle qui venait d'apprendre que sa vie entière était un mensonge à cause de ma mère. Mais ça ma mère, elle s'en fichait totalement parce que tout ce qu'elle voulait c'était me faire perdre tout ce que j'avais ! Tout ce qui l'a toujours intéressée c'est elle !
- Améthyste ça suffit !
- Pourquoi ?!

Je me retourne vers ma mère toujours hors de moi.

- Tu as fait de ma vie un véritable enfer ma chère, chère maman. Grâce à toi j'ai pleuré plus de fois en trois mois quand une année entière. Grâce à toi j'ai eu une enfance sans l'amour d'une mère. Et tu veux que je te dise ? Tu auras beau me dire des centaines de fois que j'ai tué papa en l'épuisant, moi au moins je pourrai dormir tranquille parce que je l'aimais. Et que si tu avais fait ne serait-ce qu'un tout petit effort pour ta fille que tu regrettes tant d'avoir mise au monde comme tu le dis si bien, il serait toujours des nôtres.

Et encore des murmures. Ma mère commence à paniquer en voyant tous les regards accusateurs sur elle.

- J'aimais ton père Améthyste. Je l'aimais.
- Non. Tu ne sais même pas ce que c'est d'aimer quelqu'un. Aimer quelqu'un c'est...

Je m'arrête et me tourne vers Dylan qui me regarde captivé.

- Aimer quelqu'un c'est vouloir être avec lui chaque seconde de chaque minute. C'est avoir des milliers de papillons dans le ventre quand tu sais qu'il est à proximité. C'est ne plus pouvoir respirer quand il est loin de toi. C'est sentir ton cœur se mettre sur pause quand il te manque trop. C'est penser à lui tout le temps même quand vous êtes ensemble. C'est faire des énormes sacrifices pour lui parce que tu sais au plus profond de toi qu'il en vaut la peine. Et puis c'est faire des milliers de kilomètres, juste pour pouvoir t'excuser parce que tu as été une vraie idiote et que tu n'as pas eu le cran de lui dire tout ce que tu ressentais pour lui quand tu en as eu l'occasion, en espérant sincèrement qu'il puisse te pardonner d'être aussi tête en l'air et te donner une seconde chance.

Je vois un sourire se former sur le visage de Dylan et il baisse la tête pour le cacher à tous les regards indiscrets qui sont rivés sur lui. Je souris à mon tour puis je me tourne vers ma mère.

- Tu ne sais rien à l'amour. Et crois-moi même après tout ce que tu as fait...ça me rend vraiment triste pour toi. Parce que je peux t'assurer que tu rates quelque chose.

Ma mère regarde à nouveau autour d'elle au bord des larmes, puis elle part en courant pour sortir de l'église suivie de mes grands-parents. Je me retrouve alors seule devant cette grande assemblée et je me rends compte de ce que je viens de faire et dire. C'est moi qui ai dit tout ça ? Un grand silence s'installe puis j'entends des pas derrière moi et Raphaël vient poser ses mains sur mes épaules.

- Le mariage est annulé. Vous pouvez toujours aller vous amuser à la salle de réception tout est déjà payé.

Tout le monde se lève alors et je me mets à sourire. J'ai réussi. Cette fois c'est moi qui ai gagné. Et pas ma mère. Ce foutu mariage est annulé !

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Voilà pour le chapitre 79. J'espère qu'il vous a plu, n'hésitez pas à commenter et à voter.

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